Le produit local, un produit valorisable auprès des consommateurs
Les consommateurs sont de plus en plus inquiets sur l’origine et la qualité des aliments qu’ils consomment notamment suite aux scandales sanitaires qui ont touchés régulièrement ces dernières années la filière agroalimentaire.
Les cas les plus médiatisés tels que «la vache folle » à partir de 1996, « les poulets à la dioxine » dès 1999, et plus récemment le lait maternel frelaté (2008), les steaks contaminés par E.Coli (2012), ou encore les « lasagnes à la viande de cheval » ont fortement marqué les consommateurs. Une enquête réalisée par IPSOS en février 2014 sur les français et le consommer local révèle ainsi qu’ « un Français sur deux a « souvent » le sentiment de ne plus trop savoir ce qu’il mange».
En conséquence, les Français ont accordé davantage d’importance au lieu de fabrication (81% des consommateurs interrogés disent privilégier plus qu’il y a 5 ans un produit fabriqué en France) ainsi qu’à l’origine des produits (77% des consommateurs interrogés disent chercher plus qu’il y a 5 ans l’origine d’un produit avant de l‘acheter). Si la proximité géographique apparait comme un véritable gage de réassurance3, l’origine des ingrédients ainsi que les signes officiels de qualité rassurent également les consommateurs et sont donc autant de points que doivent prendre en compte les IAA si celles-ci veulent profiter de l’avantage concurrentiel que peut leur fournir ces produits.
En décidant de consommer local, le consommateur choisit aussi de soutenir l’économie de sa région. De même, lorsqu’il choisit de consommer un produit made in France pour contribuer à la sauvegarde des emplois français.
Les consommateurs qui achètent localement souhaitent ainsi que l’argent dépensé localement soit réinvesti localement4. Les distributeurs U ont dernièrement lancé une campagne avec pour slogan « un prix aussi bon pour vous et pour l’emploi [….] », preuve que les consommateurs ont une réelle attente en la matière. L’essor de la consommation de produits locaux est aussi dû à l’attente de moindres impacts environnementaux et en particulier d’un bilan carbone plus faible notamment au vu de la plus faible distance parcourue par les produits.
Ainsi les sites prônant ce nouveau mode de consommation n’hésitent pas à pointer du doigt la distance moyenne parcourue par un produit alimentaire : « la distance moyenne parcourue par un produit alimentaire entre son lieu de production et l’assiette du consommateur se situe, en moyenne en 2010, entre 2400 et 4800 km, soit 25% de plus qu’en 1980, et cette distance ne cesse de s’allonger ».5 Certains distributeurs ont alors décidé d’afficher le bilan carbone de certains de leurs produits comme argument de vente.
A ces implications politico-économiques, vient s’ajouter ce que l’institut IPSOS a identifié comme « une envie de retour à la nature ». Plus de 8 français sur 10 expriment un désir de retour « au vrai, aux choses essentielles » et se tournent vers les produits locaux pour répondre à cette envie. Pour l’ensemble de ces raisons « la consommation de produits locaux est rentrée dans les habitudes », et « plus d’un consommateur de produits locaux sur deux prévoit d’en consommer davantage dans les 6 prochains mois » c’est en tout cas ce que conclut l’enquête réalisée par IPSOS.
Une volonté de structurer l’approvisionnement local des transformateurs du grand sud est
Différents organismes ayant des missions de soutien au développement du territoire ou à la filière agricole ont entamé des démarches pour structurer l’approvisionnement local des industries agroalimentaires de leurs régions. L’objectif pour ces organismes est de structurer l’approvisionnement des transformateurs en produits locaux de manière durable.
Une filière est dite durable quand elle a pour finalité « d’amener à un développement le plus harmonieux possible de l’offre et de la demande en produits avec des engagements réciproques des acteurs pour sécuriser à la fois les débouchés pour les producteurs et les approvisionnements pour les transformateurs et les distributeurs 18».
L’enjeu de cette structuration sera donc de répondre aux besoins de l’ensemble des acteurs en levant les freins exposés précédemment pour aboutir à une filière économiquement stable. Dans certains territoires, ceu sont les chambres d’agricultures qui se sont chargés de cette mission. Ainsi la chambre d’agriculture du centre a défini une stratégie de filière dont l’objet est la mise en place de projets rapprochant les entreprises et les producteurs en accompagnant notamment la constitution ou le renforcement de groupes d’amélioration interprofessionnel propres à la région afin de renforcer le lien marché/production19.
Dans les territoires marqués par une industrie agroalimentaire, les entreprises ont généralement l’opportunité de se rassembler au sein de pôles de compétitivité ou de clusters qui viendront alors épauler les organismes consulaires ou impulser une démarche de structuration de filière. De par leur mission de rapprochement des acteurs des territoires, dans le but de favoriser l’innovation de manière générale, les pôles de compétitivité sont en effet compétents sur cette problématique.
Les risques de l’accompagnement de projets d’entreprises
Les données quantitatives fournissent une « photographie » des besoins de 24 transformateurs ayant accepté de répondre à cette enquête entre les mois d’avril et août 2014. L’objectif était qu’une fois ces données obtenues, les chambres d’agriculture régionales de PACA et Rhône Alpes puissent estimer si cela pouvait donner lieu à des collaborations avec des producteurs locaux. Devaient ainsi être impliquées, les chambres d’agricultures régionales de Provence alpes côte d’azur et Rhône alpes.
Cependant, la chambre Rhône Alpes s’est finalement désengagée de la démarche faute de moyen financier. Sur l’ensemble des 50 demandes identifiées, seuls quelques projets en PACA pourront espérer voir le jour. La chambre d’agriculture de PACA, en effet, la aussi, pour des raisons budgétaire, ne pourra accompagner que quelques projets (environ 4 ou 5).
Pour rappel, la chambre d’agriculture de Languedoc a dès le départ refusé de participer à cette démarche et donc aucun projet ne sera accompagné dans cette région. Le refus de participation est probablement dû au fait que la région Languedoc Roussillon a, de son côté, mis en place une marque régionale imposant aux produits d’être produits et transformés uniquement en Languedoc. L’enquête va donc permettre de travailler sur quelques projets d’entreprises, ce qui ne constitue pas vraiment une structuration durable de la filière.
De telles démarches ont de plus déjà été tentées plusieurs fois et ont abouti à des échecs qui ont relativement marqué les différents transformateurs et producteurs impliqués de près ou de loin. Ces projets qui devaient être des exemples moteurs ont finalement eu des répercussions négatives et les chambres d’agriculture et TERRALIA sont tenus responsables de ces échecs par un certain nombre de transformateurs qui n’ont pas bien appréhendé le rôle du pôle.
Le risque est donc d’aboutir à la même situation. Les producteurs et transformateurs locaux ont encore des appréhensions à travailler ensemble et lorsqu’un tiers (chambre, pole, …) est impliqué, il a tendance à être tenu responsable en cas d’échec.
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Table des matières
INTRODUCTION
I : CONTEXTE
1.Le regain d’intérêt des producteurs et industriels pour des partenariats locaux
1.1 Le regain d’intérêt des IAA pour l’approvisionnement local
1.1.1 Le produit local, un produit valorisable auprès des consommateurs
1.1.2 Le produit local, un produit
1.2. Le regain d’intérêt des producteurs pour les débouchés industrie locaux
1.2.1 Un moyen d’échapper à la volatilité du marché du frais
1.2.2 Un moyen de sécuriser l’écoulement des volumes
2.L’approvisionnement en produit locaux des transformateurs de fruits et légumes du sud est
2.1. Des rapports tendus entre la production et la transformation limitant l’approvisionnement
local des transformateurs.
2.2. Une volonté de structurer l’approvisionnement local des transformateurs du grand sud est
II : MISSIONS DE STAGE
1.présentation de la mission
2. Méthodologie
2.1. Recueil des données auprès des transformateurs
2.1.1 Délimitation du territoire pertinent
2.1.2 Identification des premiers transformateurs
2.1.3. Enquête auprès des 1ers transformateurs
2.2. Présentation des résultats aux partenaires
III : DISCUSSION
1.Analyse de la donnée
1.1 Exploitabilité de la donnée – Représentativité des résultats
1.1.1 Représentativité selon le critère de la filière
1.1.2 Représentativité selon le critère de la localisation géographique:
1.2 Résultats et analyses
1.2.1 Analyse de la demande en fonction du tonnage
a) tonnage par filière
b) tonnage par espèce
1.2.2 Analyse de la donnée en fonction du contexte
1.2.3. Analyse de la donnée en fonction de l’engagement de l’entreprise
2.Recommandations
2.1. Quel rôle pour le pôle dans la structuration de la filière ?
2.1.1. Les risques de l’accompagnement de projets d’entreprises
2.1.2. La légitimité dans l’animation des relations production-transformation
2.2 Le pôle de compétitivité, un réseau d’acteurs qui doit se penser comme tel
Conclusion
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