Le recul de l’âge des femmes à la naissance de leur premier enfant
L’âge moyen des mères à la naissance de leur premier enfant est en augmentation depuis le milieu des années 1970, fin du « baby-boom ». Il est passé de 26 ans à cette époque, à 30,3 ans en 2014 [3], alors que l’âge moyen lors du premier rapport sexuel reste stable, autour de 17 ans pour les garçons et les filles [4]. Ces chiffres montrent l’importance pour les hommes et les femmes de maîtriser leur fécondité pendant une plus longue période, nécessitant une contraception efficace.
La contraception : un thème qui se conjugue le plus souvent au féminin
Depuis la loi du 28 décembre 1967, dite loi Neuwirth, autorisant l’utilisation de contraceptifs en France, notamment de la pilule, le choix des méthodes de contraception ne cesse de se diversifier. La grande majorité de ces méthodes est destinée aux femmes. Le marché actuel de la contraception propose aux femmes un large panel de contraceptifs oraux : pilules œstroprogestatives ou pilules progestatives « micro-dosées », se déclinant sous des présentations diverses et variées. Le dispositif intra-utérin (DIU), couramment appelé stérilet, peut être au cuivre ou hormonal, de différentes formes et tailles, permettant son utilisation chez les femmes qui n’ont pas eu d’enfant. Il existe également à disposition des femmes l’implant sous cutané, l’anneau vaginal, le patch, l’injection intramusculaire, le diaphragme ou la cape cervicale, les spermicides, le préservatif féminin, les méthodes dites « naturelles », la contraception d’urgence et la ligature des trompes [5]. Pour les hommes, le choix apparaît beaucoup plus restreint. Les méthodes masculines se limitent à l’usage du préservatif, au retrait et à la vasectomie .
La « norme contraceptive » française
Nathalie Bajos, à travers l’enquête Fecond (Fécondité, Contraception, Dysfonctions sexuelles) de 2010, a défini une « norme contraceptive » française, c’est à dire un schéma d’utilisation des différentes méthodes de contraception au cours de la vie. Les résultats montrent que l’utilisation du préservatif est prédominante en début de vie sexuelle, puis lorsque l’activité sexuelle se régularise c’est la pilule qui est utilisée par la majorité des femmes. Une femme sur deux de 15 à 49 ans utilise une pilule [6]. Après avoir eu au moins un enfant le recours au dispositif intra-utérin apparaît comme alternative à la pilule. Seulement 3% des femmes n’utilisent pas de contraception du tout alors qu’elles ne souhaitent pas être enceintes .
Un taux d’interruptions volontaires de grossesse qui ne baisse pas
Le taux d’interruptions volontaires de grossesse (IVG), quarante ans après sa légalisation, ne diminue pas, stable à 210 000 par an depuis les années 80 [7]. Pourtant deux femmes sur trois ayant eu une IVG utilisaient une méthode de contraception [2]. Il existe un paradoxe entre l’augmentation de la couverture contraceptive et la stabilité du taux d’IVG [8]. Une des raisons de ce constat s’explique par davantage de recours à l’IVG en cas de grossesse non désirée : 4 grossesses non prévues sur 10 se terminaient par une IVG en 1975, c’est le cas de 6 sur 10 aujourd’hui .
A travers ces chiffres, nous pouvons constater qu’en France, malgré le développement de nouvelles méthodes contraceptives féminines, théoriquement efficaces, il perdure un nombre d’échecs de contraception élevé. Les grossesses non prévues traduisent les difficultés que rencontrent les femmes à maîtriser parfaitement leur fertilité sur le long terme. Effectivement il existe un écart entre l’efficacité théorique, autrement dit l’efficacité obtenue lors des essais cliniques et l’efficacité pratique, c’est-à-dire en utilisation courante de certaines méthodes contraceptives .
Les principales raisons d’échec de contraception
Les femmes se retrouvant en échec de contraception avancent le plus souvent comme explication :
• un mauvais usage de la méthode, lié ou non à des difficultés de gestion quotidienne ou à une mauvaise connaissance de l’utilisation de la méthode ;
• la non-conscience du risque ;
• la prise d’un risque en s’en remettant à la chance ;
• la non-prévision du rapport sexuel ;
• la non-disposition d’une méthode de contraception ;
• un arrêt ou un refus de contraception suite à une première expérience difficile ;
• la non-connaissance d’un endroit où se procurer la méthode .
Pour faire face à ces échecs de contraception, les autorités nationales et internationales suggèrent en partie d’améliorer l’information délivrée sur les méthodes de contraception et sur leur utilisation correcte [11]. Le choix devrait se faire de façon adaptée aux besoins et au mode de vie de la femme et du couple .
IMPLICATION DES HOMMES DANS LA CONTRACEPTION : RECOMMANDATIONS ET DONNEES DE LA LITTERATURE
Le choix des méthodes de contraception
Un dossier intitulé « Stratégies de choix des méthodes contraceptives chez la femme » a été réalisé en collaboration par l’AFSSAPS, l’HAS et l’INPES en 2004, à l’intention des professionnels de santé pour améliorer leur pratique clinique. Le groupe de travail a souhaité replacer la contraception en tant que :
• moyen souhaité par une femme ou un couple de ne pas s’exposer à une grossesse non souhaitée ;
• possibilité pour une femme ou un couple de choisir d’avoir un enfant, à un moment opportun ;
• possibilité pour une femme et son partenaire de mieux vivre leur sexualité .
Le message délivré se résume par la nécessité d’associer les personnes concernées au choix de leur méthode contraceptive. Cette pratique engendre une plus grande satisfaction et donc une utilisation plus efficace de la méthode. L’implication des hommes dans ce domaine permettrait une meilleure « efficacité pratique » de la contraception, en favorisant l’observance et l’acceptation de la méthode choisie [10]. Ces recommandations soulignent l’importance de l’accord du partenaire et le cas échéant, de prendre en compte le couple dans la démarche contraceptive .
Responsabiliser les hommes dans la contraception
En effet, d’après l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, les femmes ne doivent pas assumer seules les conséquences de leur vie sexuelle, il apparaît primordial d’encourager les hommes « à s’intéresser davantage à la planification familiale et à se préoccuper de leur hygiène sexuelle et de leur santé génésique » [12]. Le rôle des hommes dans la contraception est important pour responsabiliser leurs comportements sexuels, les inciter à comprendre et à soutenir les femmes dans leurs choix contraceptifs et améliorer la communication entre les partenaires, en particulier chez les jeunes .
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Table des matières
INTRODUCTION
Partie 1 : INTRODUCTION
I. LA CONTRACEPTION EN FRANCE
1 ) Le recul de l’âge des femmes à la naissance de leur premier enfant
2 ) La contraception : un thème qui se conjugue le plus souvent au féminin
3 ) La « norme contraceptive » française
4 ) Un taux d’interruptions volontaires de grossesse qui ne baisse pas
5 ) Les principales raisons d’échec de contraception
II. IMPLICATION DES HOMMES DANS LA CONTRACEPTION : RECOMMANDATIONS ET DONNEES DE LA LITTERATURE
1 ) Le choix des méthodes de contraception
2 ) Responsabiliser les hommes dans la contraception
3 ) Inciter le dialogue entre les partenaires
4 ) Connaissances et implication des hommes
III. LA CONTRACEPTION MASCULINE
1 ) Les méthodes actuelles de contraception masculine
2 ) ARDECOM : Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine
3 ) La contraception hormonale masculine
4 ) Autres méthodes non hormonales
5 ) Des freins à la contraception masculine à la fois économiques et culturels
6 ) La majorité des Français et Françaises se dirait prête pour une pilule masculine
7 ) Le « pouvoir de fécondité » appartient aux femmes
Partie 2 : PRESENTATION DE LA DEMARCHE
I. PROBLEMATIQUE
II. OBJECTIFS
III. OUTILS
1 ) Choix de l’étude qualitative
2 ) Choix de l’entretien semi-directif
3 ) Méthode de constitution du panel
a) Échantillon étudié
b) Mode de recrutement
c) Population
d) Période
e) Lieux
IV. DEROULEMENT DES ENTRETIENS
V . RETRANSCRIPTION DES DONNEES
Partie 3 : PRESENTATION DES RESULTATS
I. CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION
II. SYNTHESE DES ENTRETIENS
1) Arnaud
2) Bruno
3) Charles
4) David
5) Etienne
6) Félix
7) Guillaume
8) Hugo
Partie 4 : ANALYSE ET DISCUSSION
I. CRITIQUE DE L’ETUDE
1) Points faibles
2) Points forts
II. ANALYSE THEMATIQUE ET DISCUSSION
1) CONNAISSANCES DES HOMMES SUR LA CONTRACEPTION
a. Connaissances et idées reçues sur la contraception
Une bonne connaissance globale
Un schéma contraceptif ancré
Satisfaction de la contraception
Manque de connaissances ou désintérêt du sujet ?
b. Principales sources d’informations des hommes
Rôle du médecin ambigu
L’éducation à la sexualité au cours de la scolarité
Rôle des parents
Rôle de l’entourage féminin
Discussion avec l’entourage
2) L’IMPLICATION DES HOMMES
a) La participation
Rappel de la prise
Laisse la gestion à sa partenaire
La communication entre les partenaires
Participation financière
Accompagnement aux consultations
b) Le choix contraceptif
Choix pris par la partenaire ou en accord commun
Critères de choix masculins
3) L’AMBIVALENCE DU DISCOURS
Bouleversement des statuts de genre
Sentiment d’être mis à l’écart
Discordance entre le discours et les actes
Conditions nécessaires à la prise d’une contraception masculine
4) LA CONTRACEPTION MASCULINE
Le préservatif masculin
La contraception masculine médicalisée
Les hommes ne seraient-ils pas moins rigoureux que les femmes ?
Point de vue des féministes
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE