Beaucoup dโรฉtudes ont รฉtรฉ entreprises dans le domaine de la santรฉ. Elles visent dans une large mesure ร trouver des solutions ร court et long terme aux diffรฉrentes pathologies plus particuliรจrement au paludisme. Affection parasitaire majeure, le paludisme (palus : marais ou malaria : mauvais air) est une maladie transmise par la femelle dโun moustique appelรฉ anophรจle. Ce moustique se dรฉveloppe plus facilement dans les zones chaudes et humides. Le plasmodium falciparum est le principal responsable de la grande majoritรฉ des infections en Afrique subsaharienne. Il affecte le quotidien des millions dโindividus qui, privรฉs de leur travail, sโenfoncent encore dans la pauvretรฉ.ย En effet, vu lโampleur de lโendรฉmie, lโEtat du Sรฉnรฉgal en 1995 a mis en place un Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) dont les activitรฉs ont รฉtรฉ intรฉgrรฉes dans le Plan National de Dรฉveloppement Sanitaire (PNDS) 1998-2007 et le Programme de Dรฉveloppement Intรฉgrรฉ de la Santรฉ (PDIS). Il a รฉtรฉ renforcรฉ en 1997 par un plan dโaccรฉlรฉration de lutte antipaludique. A la mรชme pรฉriode, la lutte contre le paludisme a รฉtรฉ intรฉgrรฉe dans le Projet de Lutte Contre les Maladies Endรฉmique (PLCME) au Sรฉnรฉgal. En juin 1999, le Sรฉnรฉgal a adhรฉrรฉ ร lโInitiative Roll Back Malaria (Faire reculer le paludisme) lancรฉe conjointement par lโOMS, la Banque Mondiale et lโUNICEF. A cet effet, des stratรฉgies dโintervention ont รฉtรฉ mises en place parmi lesquelles la recherche opรฉrationnelle dont les principaux axes sont entre autres, la surveillance de la morbiditรฉ et de la mortalitรฉ et lโรฉvaluation de la sensibilitรฉ des parasites aux antipaludiques.
Cependant malgrรฉ ces efforts consentis par lโEtat dans la recherche des stratรฉgies pour lutter contre le paludisme, il reste toujours endรฉmique sur lโรฉtendue nationale mais avec une morbiditรฉ diffรฉrente selon les rรฉgions. La rรฉgion de Ziguinchor (26,01%), fait partie des rรฉgions dont la moyenne morbide palustre est en dessus de la nationale qui est passรฉe de 33,57% en 2006 ร 22,25% en 2007 . Cette moyenne rรฉgionale est le rรฉsultat de ses trois dรฉpartements que sont Ziguinchor, Bignona et Oussouye. Ce dernier (Oussouye) se trouve ร lโOuest ร quelques 40 km de son chef lieu de rรฉgion. Il est limitรฉ au Nord par le fleuve Casamance, au Sud par la rรฉpublique Bissau Guinรฉenne, ร lโEst par le marigot de Kamabeul et ร lโOuest par lโOcรฉan Atlantique. Il couvre une superficie de 891 kmยฒ avec une population estimรฉe ร 44600 habitants. Le dรฉpartement dโOussouye est formรฉ par deux arrondissements (Kabrousse et Loudia Ouolof). Lโarrondissement de Loudia Ouolof qui couvre une superficie de 517 kmยฒ oรน se trouve notre zone dโรฉtude (Huluf), est composรฉ de deux communautรฉs rurales (Oukout avec 17 villages et Mโlomp avec 24 villages) et dโune commune Oussouye formรฉe de trois quartiers.
Huluf est un terroir dont une partie forme la commune (Calobone et Oussouye) et lโautre se trouve dans la communautรฉ rurale dโOukout. Ce dรฉcoupage administratif a certes une influence sur la vie traditionnelle et coutumiรจre des populations du milieu. Huluf authentique est composรฉ de six villages dont Oussouye, Calobone, Senghalรจne, Kahinda, Djivent et Edioungou (cf. carte nยฐ1). Il est limitรฉ au Sud par le plateau de Selekh, ร lโEst par celui de Eyoun, au Nord par le bolong dโEdioungou et ร lโOuest par la communautรฉ rurale de Mโlomp. Ce terroir est rรฉgi par un vรฉritable bloc coutumier et religieux marquรฉ par les ยซ bachines ยป (autels ou fรฉtiches) ร lโimage de Ehounia (fรฉtiche des riziรจres) qui regroupe toutes les femmes de Huluf ; le Houmobeul (sรฉance de lutte organisรฉe par le roi dโOussouye, regroupant non seulement tout le terroir mais aussi dโautres entitรฉs environnantes). Les diola constituent lโethnie majoritaire. Ainsi, lโagriculture reprรฉsente la principale activitรฉ avec un mode dโexploitation ancestrale. Le Kadiandou est outil de travail. Le systรจme cultural est basรฉ sur un amรฉnagement des bas-fonds qui fait suite ร la construction des diguettes pour retenir lโeau de pluie. Les rendements sont sous la dรฉpendance des alรฉas climatiques. Mais dโautres activitรฉs y sont menรฉes comme la pรชche artisanale, lโarboriculture, la cueillette des fruits forestiers et halieutiques et lโartisanat. Le tourisme est peu dรฉveloppรฉ du fait de la raretรฉ des campements dans la zone. Lโรฉlevage a un caractรจre traditionnel. Lโanimisme (traditionalisme) est la religion la plus pratiquรฉe aprรจs le christianisme et lโislam.
PROBLEMATIQUE ET JUSTIFICATION DU SUJET
Le paludisme reste un problรจme de santรฉ majeur. Selon lโOrganisation Mondiale de la Santรฉ (OMS), environ 40% de la population mondiale, vivant essentiellement dans les pays en voie de dรฉveloppement, sont exposรฉs au paludisme. Cette maladie parasitaire tue chaque annรฉe 1,5 ร 2,7 millions de personnes ร travers le monde dont 1 million dโenfants de moins de cinq ans. Environ neuf cas sur dix concernent lโAfrique subsaharienne . Le paludisme est ร lโorigine dโun dรฉcรจs toutes les 30 secondes ร travers le monde et 9/10 de ces dรฉcรจs surviennent en Afrique (PNLP 2007).
Dans la plupart des pays au Sud du Sahara, le paludisme reprรฉsente 35% ร 50% des motifs de consultation et une personne en meurt chaque heure. Il demeure lโendรฉmie et la premiรจre cause de morbiditรฉ et de mortalitรฉ (ENPS 2006). De ce fait, le paludisme constitue la premiรจre cause de maladie et de dรฉcรจs au Sรฉnรฉgal. Or dโune maniรจre gรฉnรฉrale, les maladies transmissibles et endรฉmiques comme le paludisme, dรฉpendent des caractรจres gรฉographiques du milieu. Lร oรน la chaleur est toujours รฉlevรฉe et lโhumiditรฉ forte, elles sont liรฉes aux phรฉnomรจnes naturels notamment climatiques. Ces derniers les dรฉterminent une localisation prรฉcise dans lโespace et dans le temps. Ces maladies sont aussi liรฉes aux comportements des populations ร travers leurs activitรฉs, leurs modes de vie et leurs migrations. Cโest pourquoi, le Sรฉnรฉgal dans sa politique de dรฉcentralisation sanitaire a promu lโapplication de lโInitiative de Bamako de 1991. A cet effet des comitรฉs de gestion sont mis en place pour renforcer la viabilitรฉ institutionnelle des centres et postes de santรฉ et lโaccessibilitรฉ gรฉographique et รฉconomique de la population.
Dans la rรฉgion de Ziguinchor, dominรฉe par un climat subguine en et une pluviomรฉtrie abondante de 1700 mm/an en moyenne, le paludisme y est endรฉmique. Il cause dโรฉnormes problรจmes ร la population sur une superficie de 7339 kmยฒ peuplรฉe par 465748 habitants. La morbiditรฉ est de 33,58% et la mortalitรฉ 23,92% dont les 47% sont des jeunes de moins de 15ans . Comme partout au Sรฉnรฉgal, ils constituent la tranche dโรขge la plus vulnรฉrable au paludisme. Ce qui constitue une lourde prise en charge au niveau รฉducatif et surtout sanitaire dans une localitรฉ oรน lโagriculture reprรฉsente la principale activitรฉ avec des rendements faibles sous lโinfluence des alรฉas climatiques. Issue de la rรฉforme administrative de juillet 1984, la rรฉgion de Ziguinchor comprend trois dรฉpartements (Ziguinchor, Bignona et Oussouye).
Le dรฉpartement dโOussouye est implantรฉ dans une vaste plaine entourรฉe de forรชts, de mangroves et de riziรจres arrosรฉ par une pluviomรฉtrie abondante avec des tempรฉratures et humiditรฉs รฉlevรฉes. Ces conditions et le manque dโassainissement du terroir, favorisent le dรฉveloppement des gรฎtes larvaires propices ร la vie de lโanophรจle femelle. En plus, les carriรจres creusรฉes entre les villages du terroir pour la construction des routes stockent lโeau durant des mois voir mรชme toute lโannรฉe. Avec un caractรจre rural du milieu marquรฉ par une conservation des rituels et des habitudes traditionnelles, le bois sacrรฉ et les espaces verts, cadre de reproduction et de refuge idรฉal ร lโanophรจle femelle, occupent une place importante ร lโintรฉrieur de lโhabitation. A cela, sโajoute un dรฉficit du personnel qualifiรฉ dans le centre de santรฉ devant couvrir une superficie de 81kmยฒ pour une population estimรฉe ร 44600 habitants . Le dรฉficit et la chertรฉ des mรฉdicaments accentuent le problรจme de santรฉ devant une population agricole ร revenu faible.
En dรฉfinitif, le terroir de Huluf constitue un observatoire important de faits de santรฉ comme le paludisme en raison de son caractรจre endรฉmique suite au manque de personnels sanitaires qualifiรฉs, ร son environnement naturel propice au dรฉveloppement des moustiques et ร son faible dรฉveloppement รฉconomique ayant un impact sur le recours aux soins. Il est marquรฉ par plus de vingt ans de conflit armรฉ et dont le retour des populations constitue un facteur de risque de transmission du paludisme et bien dโautres maladies. Cโest dans le souci du bien รชtre de la population, que nous avons jugรฉ opportun de faire une รฉtude de gรฉographie de la santรฉ basรฉe sur le paludisme dans ce terroir.
Analyse de la morbiditรฉ et de la mortalitรฉ palustre dans le terroir de Huluf
La morbiditรฉ palustre varie dans lโespace et dans le temps. Au niveau du terroir de Huluf, notre analyse porte sur la morbiditรฉ palustre diagnostiquรฉe au centre de santรฉ. Elle est fournie par le systรจme dโinformation sanitaire ร savoir les registres de consultations journaliรจres du centre de santรฉ dโOussouye de lโannรฉe 2007. Par consรฉquent, elle reprรฉsente seulement les patients qui se sont prรฉsentรฉs et enregistrรฉs au centre de santรฉ. Donc elle nโest pas la morbiditรฉ palustre rรฉelle du terroir de Huluf durant lโannรฉe 2007.
Cependant, comme la morbiditรฉ palustre diagnostiquรฉe, la mortalitรฉ palustre est analysรฉe ร partir des donnรฉes des malades hospitalisรฉs pour paludisme ainsi que les patients hospitalisรฉs et dรฉcรฉdรฉs par la suite dans le centre de santรฉ. Donc elle nโest pas la mortalitรฉ rรฉelle du terroir durant lโannรฉe 2007.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
Problรฉmatique
Mรฉthodologie
PREMIERE PARTIE : MORBIDITE, MORTALITE ET FACTEURS DE RISQUE DE TRANSMISSION DU PALUDISME DANS LE TERROIR DE HULUF
Chapitre 1 : Morbiditรฉ et mortalitรฉ palustre dans le terroir de Huluf
Chapitre 2 : Facteurs de risque de transmission du paludisme
DEUXIEME PARTIE : LE RECOURS AUX SOINS ET LES STRATEGIES DE LUTTE EN CAS DE PALUDISME DANS LE TERROIR DE HULUF
Chapitre 3 : Recours aux soins en cas de paludisme
Chapitre 4 : Les stratรฉgies adoptรฉes par les autoritรฉs sanitaires pour lutter contre le paludisme dans le terroir
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES TABLEAUX
LISTES CARTES
LISTE DES GRAPHIQUES
TABLE DES MATIERES
ANNEXE