Le Mali est un vaste pays avec une superficie de 1 241 238 km2 . Il est situé au cœur de la zone soudano-sahélienne. Cette situation géographique lui confère des avantages et des inconvénients dans tous les domaines. Parmi ces conséquences, la variation climatique et ses effets sur la santé sont prépondérants. En effet, cette zone géographique subit les variations climatiques durant les trois saisons qu’elle contient (pluvieuse, sèche froide et sèche chaude). En plus, cette zone est le domaine de développement de nombreux vecteurs qui agissent sur la santé de la population. De ce fait, la santé devient un impératif de développement dont la gestion incombe à plusieurs acteurs.
C’est la raison pour laquelle, le gouvernement du Mali a adhéré à la politique des Soins de Santé Primaires pour permettre une meilleure accessibilité de sa population aux structures de soins. En 1987, l es ministres africains se sont retrouvés à Bamako, capitale du Mali pour adopter l’Initiative de Bamako après le désengagement des Etats et des partenaires dans le financement de la santé par les politiques d’ajustement structurel. Il a été décidé que chaque population gère sa santé et participe ainsi à son financement.
Le gouvernement a ainsi initié la politique des Centres de Santé Communautaires (CSCOM) ; ce sont des centres qui pratiquent le Paquet Minimum d’Activités (PMA). Ils sont initiés et gérés par la population à travers des Associations de Santé Communautaire (ASACO) avec l’appui de l’Etat et des partenaires. De nombreux CSCOM ont donc vit le jour dans toutes les localités du Mali. L’extension de la couverture sanitaire a augmenté avec une augmentation des indicateurs d’utilisation des services. En plus de nombreuses structures privées furent également créées.
Cependant, la situation sanitaire demeure caractérisée, en dépit des progrès réalisés, par une morbidité et une mortalité élevées surtout en ce qui concerne la mère et l’enfant. Selon les résultats de l’Enquête Démographique et de Santé du Mali (EDSM IV) de 2006, les taux sont les suivants : mortalité infantile : 96 pour 1000 naissances vivantes (EDSM IV) ; mortalité infanto-juvénile : 191%o ; mortalité maternelle : 464 pour 100 000 na issances vivantes. La prévalence contraceptive reste faible (6,9%). A l’intérieur du pays, les disparités sanitaires sont notées entre les zones de l’intérieur, loin des centres de décisions concernant l’organisation et le financement de la politique sanitaire mais aussi à l’intérieur des villes entre quartiers. Alors, l’accès aux structures de soins de toute la population demeure un défi pour le gouvernement. De nos jours, les autorités se trouvent confronter entre la croissance rapide de la population et l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Des stratégies novatrices ont été initiées et mises en œuvre (gratuité de la césarienne, de la prise en charge du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans et la femme enceinte,…), afin d’accélérer l’atteinte des objectifs. Les résultats de l’EDSM IV (2006), ont montré que le financement des dépenses de santé pour les pauvres et les personnes indigentes se pose dans un contexte d’équité. Les difficultés financières que rencontrent les populations surtout celles des régions périphériques et rurales font que la fréquentation des services de santé par ces dernières reste limitée et souvent les motive à recourir à d’autres types de soins (traditherapeutes, marabout, etc.) (SOUANE. M, 2002).
PROBLEMATIQUE
« Le phénomène d’urbanisation de la planète constitue un événement démographique, géographique, social, culturel et politique majeur notamment dans les pays du sud. Le phénomène est récent, brutal, massif et n’est pas soutenu par une croissance des richesses (équipements, emplois, services, etc.). Parmi les multiples dimensions déconcertantes de la croissance urbaine des pays d’Afrique, les aspects sanitaires, au regard de leur importance sont probablement les moins étudiés ». (SALEM, 1998).
Le Mali, comme la plupart des pays africains connait une urbanisation croissante. Aujourd’hui, l’urbanisation constitue une préoccupation des décideurs, des chercheurs et des partenaires au développement.
La ville de Bamako, créée au XVI ème siècle n’échappe pas à cette situation. Elle connait l’un des taux d’accroissement les plus élevés au monde (4,8%) selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH 2009). Entre 1998 et 2009, la population a été multipliée par près de 1,8 (RGPH, 2009). Sa population qui était de 419 239 habitants en 1976 est passée à 1 809 106 habitants en 2009 soit un triplement de la population en 33 ans seulement. Cependant, le niveau des équipements collectifs, des infrastructures notamment sanitaires et l’évolution économique ne sont pas généralement adaptés à cette augmentation de la population .
La question est de savoir si ce fait démographique a été suivi par un développement parallèle du système de santé. Il s’avère nécessaire d’en mesurer les modalités et impacts sur le système de soins notamment dans les quartiers spontanés de la périphérie. Ces quartiers périphériques sont nombreux à Bamako et sont les plus peuplés. Mais de nos jours, les nouveaux quartiers viabilisés se trouvent en périphérie avec l’étalement de la ville sur les deux rives. Ces nouveaux quartiers sont en dur et bénéficient de l’essentiel des infrastructures, comme c’est le cas dans les logements sociaux construits par le gouvernement en 2003. « En outre, la croissance urbaine est très contrastée entre les deux rives du fleuve Niger qui divise la ville en deux : » la rive droite accueille près de 60% des nouvelles populations urbaines de l’agglomération entre 1976 et 1983. Dans les deux dernières décennies, son croît démographique annuel est supérieur à 10% alors qu’il plafonne entre 4 et 7% dans les secteurs occidentaux et orientaux de la rive gauche ». La rive droite représentait 21% de la population agglomérée en 1975 et 34% vingt ans plus tard. Elle en représentera sans doute 43% à l’horizon 2010 » (Troisième Projet Urbain du Mali, 1996). « A ce contraste Nord/Sud, s’ajoute une opposition entre les lotissements de croissance modérée et les extensions irrégulières qui ont absorbé la plus grande partie du croît démographique. Par delà ces grandes oppositions, l’urbanisation présente de réelles constantes sous le régime colonial, puis sous les trois Républiques depuis 1960(1960, 1968 et 1992). La progression s’étend des zones anciennement urbanisées vers les nouvelles extensions (périphéries, rive méridionale) et des quartiers lotis vers les zones irrégulières ». (M. Bertrand, 1997).
Cet accroissement incontrôlé entraîne des difficultés importantes en terme de circulation, d’hygiène, d’infrastructures (accès à l ’eau potable, assainissement), de pollution et au développement des pathologies (paludisme, maladies hydriques, etc.). Le gouvernement du Mali et les autorités du district se trouvent dans un di lemme : maîtriser la croissance démographique et faire une prise en charge de cette nouvelle population souvent sans qualification et sans ressource financière d’où l’adhésion du Mali en 1978 à la politique de Soins de Santé Primaires (SSP) d’Alma-Ata et à partir de 1987 à l’initiative de Bamako (IB) pour faciliter l’accès des populations aux soins de santé primaires à travers une participation communautaire à tous les stades.
La collecte et l’exploitation des registres de consultation
Les registres de consultation journalière des centres de santé nous ont été d’un apport inestimable. En effet, ce sont nos sources d’informations sanitaires. Nous avons collecté tous les registres de consultation journalière de 2010 disponibles dans les centres d’étude. L’exploitation de ces données nous a permis de connaitre :
– le taux de fréquentation par quartier et par secteur pour Banconi et Korofina Nord ;
– le taux d’utilisation des CSCOM et du centre de référence.
– la fréquence des épisodes morbides par âge et par sexe.
Malheureusement encore, les contraintes de temps nous ont empêchées de consulter les registres des CPN, CPON et le PEV.
Nous aurons voulu compléter les informations sanitaires collectées dans les centres publics par l’ensemble des centres privés qui opèrent dans la zone d’étude mais le manque de temps, de moyens et le refus de certains centres ont compromis cette opération. Nous tenons ici à saluer le promoteur et médecin chef du centre Sadhia pour sa collaboration. Il a été compréhensible à notre égard. C’est le seul centre où nous avons pu travailler. Nous tenons également à nous excuser auprès des centres privés qui nous avaient donné leur accord et que nous n’avons pas eu le temps d’étudier. La difficulté pour étudier les centres privés est due au fait que le médecin chef du district n’a aucune autorité sur les privés. Or, c’est lui qui nous a délivré l’autorisation de recherche. Nous aurions voulu compléter notre étude par le centre traditionnel Binafou Fofana qui est très sollicité surtout p ar les personnes âgées et les femmes mais nous n’avons pas pu le rencontrer à cause des intermédiaires qui étaient réticents à notre recherche. Comme l’a dit PICHERAL, ces é tudes ont été complétées par des enquêtes auprès des patients et les différents entretiens dans le quartier de Banconi.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : CARACTERISTIQUES PHYSIQUES, DEMOGRAPHIQUES ET SOCIOECONOMIQUES DE LA COMMUNE I
CHAPITRE I : PRESENTATION ET CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
CHAPITRE II : POPULATION ET INFRASTRUCTURES
DEUXIEME PARTIE : LA GEOGRAPHIE DE L’OFFRE DE SOINS DANS LA VILLE DE BAMAKO ET DANS LA COMMUNE I
CHAPITRE III : LE SYSTEME DE SANTE DU MALI
CHAPITRE IV : LA DESSERTE MEDICALE
TROISIEME PARTIE : LA GEOGRAPHIE DU RECOURS AUX SOINS DANS LA COMMUNE I DU DISTRICT DE BAMAKO
CHAPITRE V : LE TAUX D’UTILISATION
CHAPITRE VI : LE TAUX DE FREQUENTATION
CHAPITRE VII : CHOIX DU RECOURS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
TABLE DES MATIERE
ANNEXE
LISTE DES PHARMACIES
Liste des centres de santé communautaire
LISTE DES CARTES
LISTE DES GRAPHIQUES
LISTE DES FIGURES ET IMAGE
LISTE DES TABLEAUX