LE RÉCIT AU SERVICE DE LA HANTISE

LE RÉCIT AU SERVICE DE LA HANTISE

Les dernières années, bon nombre d’écrivains ayant expérimenté l’écriture filiale ont montré que l’individu a parfois besoin de se projeter hors de soi pour se définir. Cet éclatement du sujet se traduit par des récits qui s’intéressent au passé laissé dans l’ombre et aux failles de l’histoire familiale de qui écrit pour mieux se comprendre. Si le rapport mèrefille a grandement été analysé, il n’en va pas de même pour le lien père-fille, encore peu étudié, quoique de plus en plus exploré par les écrivaines de notre époque. Dans le corpus à l’étude, trois auteures-narratrices se lancent le défi d’écrire à propos de leur père ; or, on se rend bien vite compte que leur écriture révèle surtout le manque, l’oubli, le silence et la mort, thèmes qui caractérisent leur relation avec celui qu’elles tentent de restituer. Ce mémoire s’intéressera ainsi à la manière dont s’articule la relation père-fille dans Mort d’un silence (2003) de Clémence Boulouque, Un père (1994) de Sibylle Lacan et La Reine du silence (2004) de Marie Nimier. J’entends montrer comment Boulouque, Lacan et Nimier enquêtent sur leur ascendant pour se raconter ; on verra comment l’écriture filiale contribue à mettre en lumière l’identité de la fille oubliée en accordant un second souffle à celui qui n’est plus et qui a manqué à son rôle dans le passé.

Une commune souffrance relie ces trois auteures françaises : avoir vécu dans l’ombre d’un homme connu et d’un père absent. Clémence Boulouque, « fille de juge »(MS, p. 44), a perdu son père alors qu’il s’est enlevé la vie, emportant du coup les repères dé toute une famille. Sibylle Lacan, fille légitime de l’éminent psychanalyste, a souffert toute sa vie de la non-reconnaissance de son père. Marie Nimier, écrivaine fille d’écrivain, a perdu son père dans un accident de la route alors qu’elle n’avait que 5 ans. Comme les deux autres auteures, elle n’a conservé que quelques souvenirs de son enfance marquée par l’absence paternelle, puis par la mort. Pour se dire, les trois sont confrontées à un récit qui, comme leur identité, leur fait défaut. Qui sont-elles, si elles ne sont pas d’abord la fillede leur père? Pour ces trois auteures-narratrices, il importe plus que tout de restituer le récit de leurs origines pour pouvoir affirmer qui elles sont. Le père représentant la pièce manquante de leur histoire, Boulouque, Lacan et Nimier n’ont d’autre choix que de revisiter leur filiation pour écrire leur histoire.

LES ŒUVRES À L’ÉTUDE

MORT D’UN SILENCE BE CLÉMENCE BOULOUQUE

Le récit de Clémence Boulouque s’ouvre en plein cœur des attentats terroristes du 11 septembre 2001. Alors étudiante à l’université de New York, Boulouque se voit replongée dans un passé qu’elle pensait avoir fui : l’histoire de son père. Nommé juge responsable de la lutte anti-terroriste à Paris, Gilles Boulouque était un magistrat connu à l’échelle nationale dans les années 80. C’est en ce sens que Fauteure-narratrice raconte son enfance, une époque où la vie de famille ne se définissait que par celle du père qui la faisait vivre dans la crainte constante de la vengeance de ceux contre qui il luttait. Pour ce faire,elle rassemble souvenirs, témoignages et archives à partir desquels elle constituera le récit de sa filiation, un court texte fragmenté par l’absence et la mort du père. Mort d’un silence se divise en neuf chapitres où les souvenirs naïfs d’une enfant se mélangent aux absences d’un père qui se savait coupable de ses manquements. Son texte relate les faits précédant le décès du père et demeurés accessibles à son auteure-narratrice qui reprend là où tout a commencé : en 1986, l’année où Gilles Boulouque s’est vu attribuer de nouvelles fonctions en lien avec le terrorisme. Clémence Boulouque avait 13 ans quand son père s’est enlevé la vie en 1990, enrayant du coup toutes les menaces qui pesaient sur les siens. Elle date ainsi les événements qu’elle raconte, mêlant ses souvenirs à l’actualité française de l’époque. Au matin du 11 septembre, elle semble avoir ce même âge, cette même peur, ce même sentiment d’abandon et de culpabilité qui la ronge depuis la disparition de son père qui a emporté dans la mort tous ses repères. Les attentats du World Trade Center lui rappellent qu’un deuil a été laissé en souffrance. C’est pourquoi elle décide d’écrire enfin l’histoire qui était celle de son père, qui est aussi la sienne et qu’elle doit s’approprier une fois pour toutes afin de s’affirmer.

UN PÈRE DE SIBYLLE LACAN

Si le nom de Lacan évoque celui d’un psychanalyste bien connu, ce n’est pas dans cette optique que Sibylle Lacan entend parler de Jacques Lacan dans Un père. Il est plutôt question, dans ce récit, de la relation filiale qui a existé entre eux deux. Il faut dire que Sibylle n’a toujours vécu qu’avec sa mère. Durant son enfance, son père n’était pas là. S’il a tenté par la suite d’assumer son rôle, il a grandement négligé sa relation avec sa fille fortement affectée par le divorce de ses parents et par le fait qu’il ne la reconnaissait pas comme sa fille. L’écriture permet à Sibylle Lacan de nommer, des années plus tard, la souffrance qui pèse sur elle depuis : l’absence d’identité. Par ce récit filial, Sibylle Lacan réclame enfin son dû : son titre de fille légitime et, de fait, ce nom légué par le père. En revisitant l’histoire de son passé, elle ressasse certes les douleurs dont elle a hérité, mais elle donne également une seconde vie à sa relation filiale déchue. Ainsi, elle restitue non seulement son identité, mais aussi le portrait du père qu’elle n’a pas eu, réparant en quelque sorte les fautes du passé dont elle tente de s’affranchir. Pour ce faire, Lacan opte pour un texte formé exclusivement de courts fragments mémoriels : l’auteure-narratrice entend témoigner d’une expérience « purement subjective » {UP, p. 9) en fondant son récit sur ses seuls souvenirs. Un père, qui débute avec la naissance de la fille et se termine avec la mort du père, met en place les pièces qui permettront à Sibylle Lacan de constituer le « puzzle » entourant le mystère paternel. Au final, son écriture se présente comme le moyen d’affirmer l’identité de celle qui avait jusque-là été laissée dans l’ombre.

LA REINE DU SILENCE DE MARIE NIMIER

Auteure désormais connue comme l’a été Roger Nimier, Marie Nimier affronte enfin l’histoire de sa filiation, cherchant l’identité de la fille derrière l’écrivaine et du père derrière le hussard. Roger Nimier se trouve donc au cœur de ce texte qui s’intéresse non pas à sa brillante, quoique controversée, carrière dans le domaine des lettres, mais à cette part de lui qui le reliait à sa fille qu’il n’a que très peu connue. Il faut dire que sa mort précoce il est décédé dans un accident de voiture à l’âge de 36 ans alors que Marie Nimier n’en avait que cinq — est pour quelque chose dans la rupture de leur relation filiale. Marie et Roger Nimier n’ont, en fait, passé que de rares moments ensemble et ce témoignage révèle une part plutôt sombre de l’homme en question, entre autres parce que, durant les quelques années qu’ils ont partagées, le père n’a manifesté qu’un piètre intérêt pour sa fille. Dans son livre, celle que Roger Nimier lui-même avait surnommée la Reine du silence va à l’encontre de son père alors qu’elle transgresse la loi imposée par ce surnom. C’est pour l’auteure-narratrice le seul moyen d’enfin raccorder les pièces qui manquent non seulement au portrait paternel, mais également à sa propre histoire et à son identité. À la recherche de celui qui n’est plus et qu’elle n’a pas connu, elle enquête de diverses façons sur la vie de Roger Nimier en interrogeant entre autres ses proches, revoyant des écrits, des photos, des archives, des lieux ou des objets lui ayant appartenu. Au fil de ses recherches, Marie Nimier constate que les souvenirs qu’elle recueille n’ont rien à voir avec son enfance : le portrait du père qui s’en dégage lui est complètement étranger et le mystère à son sujet demeure. Tourmentée par le silence et la mort hérités du père, elle écrit pour s’affirmer et pour accomplir un deuil jusque-là inachevé, proposant un récit qui va à l’encontre de la logique narrative et dont la forme reflète la hantise de son auteure-narratrice.

ARRIÈRE-PLAN THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE

Ce qu’on désigne aujourd’hui comme récits de soi se distingue en plusieurs points des autobiographies d’autrefois qui prenaient la forme d’un regard rétrospectif sur la vie depuis son enfance jusqu’à la fin de celle-ci {Les confessions de Rousseau en constitue l’exemple emblématique). On remarque, en effet, que l’écriture autobiographique contemporaine est marquée par la recherche d’une mémoire perdue que les écrivains tentent de reconstituer, entre autres, par des récits de filiation. Inspiré par ce retour particulier vers le sujet, typique de l’époque actuelle, mon mémoire s’intéressera à la relation père-fille dans une perspective de constitution de soi. Clémence Boulouque, Sibylle Lacan et Marie Nimier prennent plusieurs détours pour affirmer leur identité, explorant du coup leur passé qui se mêle à celui de leur père méconnu, puis disparu. Leur texte met en scène une parole qui cherche à se dire malgré l’histoire fragmentée qui constitue le sujet. C’est pourquoi j’aborderai des questions à la fois d’énonciation et de poétique narrative.

Pour ce qui est de renonciation, on verra que, pour se dire, Clémence Boulouque, Sibylle Lacan et Marie Nimier doivent nécessairement se positionner par rapport à leur père autrefois absent et désormais disparu. Je montrerai que la posture énonciative des écrivaines ne va pas sans rappeler celle du témoin. Le point de vue qu’elles défendent est unique et témoigne d’une expérience, celle d’avoir été la fille de, qu’elles seules peuvent authentifier. En ce sens, Boulouque, Lacan et Nimier s’écrivent à travers une parole que je qualifierai de testimoniale, au sens défini par Jacques Derridatel qu’on peut le lire dans Demeure : « Par essence un témoignage est toujours autobiographique : il dit à la première personne, le secret partageable et impartageable de ce qui m’est arrivé, à moi, à moi seul, le secret absolu de ce que j’ai été en position de vivre, voir, entendre, toucher, sentir et ressentir. »2 Je m’appuierai sur ces fondements pour préciser le statut des auteuresnarratrices. Je verrai que ce n’est pas sans malaise que Boulouque, Lacan et Nimier abordent la question de leur filiation paternelle. D’abord, parce qu’elles se butent aux lacunes de leur mémoire qui constituent leur récit, une particularité propre à cette pratique d’écriture selon Dominique Viart : Le récit de filiation s’écrit à partir du manque : parents absents, figures mal assurées, transmission imparfaites, valeurs caduques — tant de choses obèrent le savoir que le passé en est rendu obscur : […] il faut construire des hypothèses, imaginer. La plupart de ces textes font la part de l’incertain, déploient les conjectures, proposent plusieurs versions possibles d’un même événement. Ils affichent leurs hésitations, quand la littérature des générations antérieures se voulait plus assertive.3 Puis, parce que la relation qu’elles tentent de restituer rappelle la douleur de l’absence et de la mort du père. Sur ce point, je m’inspirerai des travaux de Bruno Blanckeman4 et de Laurent Demanze5 afin de spécifier le sentiment de mélancolie qui résulte de l’acte d’énonciation propre à chacun de récits étudiés. Le premier me servira à illustrer en quoi la restitution de la figure paternelle s’apparente à la restitution à la fois d’un don et d’une dette. Le deuxième me permettra de soutenir l’idée que les auteures narratrices doivent s’affranchir de leur passé et de l’héritage laissé par le père pour enfin se réapproprier le statut qui leur revient.

D’un point de vue narratif, j’analyserai la poétique des textes de mon corpus afin de faire ressortir les stratégies utilisées par les auteures-narratrices pour raconter leur père disparu. Je comparerai les moyens mis à contribution par Boulouque, Lacan et Nimier dans la restitution du portrait paternel dans la mesure où leur enquête prend forme à même leur récit. Ces observations me permettront de confirmer que les auteures de Mort d’un silence, d’Un père et de La Reine du silence procèdent à une archéologie de soi, allant en quelque sorte à rencontre des fondements autobiographiques traditionnels alors que la figure de l’autre, en l’occurrence du père, se présente comme le détour nécessaire au retour vers soi. Pour le montrer, je m’inspirerai des théories de Dominique Viart qui explique que l’autobiographe contemporain est affecté « [d]e l’intuition ou de la conviction qu’il est insuffisant de se raconter pour se comprendre, se connaître ou se faire connaître  ; qu’aucun sujet ne se résume à ses actes ni à leur mise en texte; qu’il y faut d’autres données. »6 Ses propos me permettront de mettre en lumière plusieurs éléments qui sous-tendent ma problématique alors qu’ils m’aideront à répondre aux questions « Pourquoi et comment écrire le père? » Dans ce même ordre d’idées, je me pencherai sur l’organisation narrative de chacun des textes de mon corpus. Je montrerai que la poétique narrative de Boulouque, Lacan et Nimier reflète à la fois l’histoire éclatée de leur filiation et le mouvement répétitif de leurs hantises. J’évoquerai alors les théories de Paul Ricœur sur la mise en intrigue afin de préciser de quelle façon les textes de mon corpus s’opposent à toute « synthèse de l’hétérogène », l’expérience vécue par les auteures narratrices refusant de se laisser appréhender par la forme du récit conventionnel.

DISCOURS CRITIQUES

La critique littéraire contemporaine s’intéresse depuis plusieurs années aux récits de filiation. D’ailleurs, on s’entend dans plusieurs écrits pour dater l’apparition des récits autobiographiques tels que pratiqués par Boulouque, Lacan et Nimier au début des années 1980 avec la publication de La Place (1983) d’Annie Emaux et de Vies minuscules (1984) de Pierre Michon. Si on reconnaît à ces récits de filiation le projet commun d’une archéologie de soi, on se rend compte également de la singularité de chacun dans le retour vers l’individu qu’ils opèrent. En fait, la quête identitaire des textes à l’étude évoque une question littéraire à la fois intemporelle, celle de l’origine, et propre à la contemporanéité de son sujet. Dans ma recherche, je tiendrai donc compte des discours écrits sur les récits père-fille et plus précisément de ceux qui traitent des textes de mon corpus afin de nourrir mes interprétations sur la manière dont s’articule la relation filiale dans Mort d’un silence, Un père et La Reine du silence.

Le récit de Clémence Boulouque est reconnu par plusieurs pour faire partie des récits de filiation, comme ceux de Lacan et Nimier. Reste qu’à ce jour on ne s’est toujours pas penché sur cette œuvre pour en faire une analyse telle que je le proposerai dans cette étude. En comparant le récit de Boulouque à celui des deux autres auteures de mon corpus, je mettrai en lumière ce qui le distingue des deux autres et ce qui le rattache au genre autobiographique contemporain. Je me servirai de ce qui a été dit sur Un père, sur La Reine du silence et sur d’autres récits père-fille pour identifier les stratégies énonciatives et narratives employées par Clémence Boulouque dans sa quête filiale.

Un père est le premier texte publié par Sibylle Lacan, qui n’a écrit que deux livres à ce jour. Son récit sur le père a toutefois suscité l’intérêt de plusieurs. En effet, on peut se demander ce que la fille du psychanalyste aura à dire de celui qui s’est démarqué dans son domaine pour ses théories sur le Nom-du-Père. Martine Delvaux s’est d’ailleurs grandement intéressée à la question du nom dans le texte de Sibylle Lacan. Pour elle, il apparaît évident que le fait que Jacques Lacan ait manqué à son rôle auprès de sa fille justifie la quête identitaire menée dans Un père alors qu’elle affirme que « [l]e drame de Sibylle Lacan repose sur le fait que ce nom du père, reçu à la naissance, au lieu de lui conférer l’existence, s’est révélé créateur d’absence. »7 Et ce nom est d’autant plus significatif, qu’il porte le visage d’un homme connu. L’écriture de Lacan s’exprime dès lors comme une réappropriation, ce sur quoi Delvaux ne manque pas d’insister et ce que j’approfondirai dans ma recherche en analysant l’imposture dans laquelle se trouve l’auteure-narratrice, mais aussi les stratégies mises en place à même le texte par Lacan pour reprendre ce nom qui est le sien.

Evelyne Ledoux-Beaugrand étudie également les récits de filiation. Plus spécifiquement, dans son article intitulé « Filles du père ? Le spectre paternel chez quelques auteures contemporaines », elle parle d’une « filiation mortifère » incarnée par le spectre paternel. Elle affirme que le poids de celui revenu hanter sa descendante est si envahissant qu’il se traduit par une menace de mort. À ce sujet, elle compare quatre textes dont ceux de Lacan et de Nimier : la présence entêtante du spectre paternel est, dans chacun de ses récits, une invitation à la mort, à la folie, au suicide. Une invitation en somme à incarner ce père absent, et plus littéralement à incarner l’absence et à s’absenter à leur tour, non pas de leur famille, mais d’elles-mêmes, de leur corps, de leur vie.9 Ledoux-Beaugrand poursuit en précisant que les auteures-narratrices doivent se libérer de l’emprise du spectre pour sortir de l’ombre. Je m’inspirerai de sa pensée pour montrer par quels procédés d’écriture Boulouque, Lacan et Nimier y parviennent. J’exposerai de quelles façons se manifeste le fantôme du père dans chacun des récits et comment l’écriture ellemême s’avère, au final, le moyen d’enterrer symboliquement le père. Cette analyse m’amènera à conclure que Boulouque, Lacan et Nimier sont parvenues à reconstituer leur identité de fille de malgré les lacunes de leur histoire filiale. Marie Nimier est la plus connue des trois auteures à l’étude, sans doute parce qu’elle compte plusieurs titres à son actif. C’est donc dire que La Reine du silence a déjà fait l’objet d’analyses. Je retiendrai, dans le cadre de ce mémoire, celles qui sont le plus étroitement liées à la relation père-fille.

D’un point de vue énonciatif, je soulignerai que l’écriture de Nimier se distingue de celle de Boulouque et de Lacan alors que l’énonciatrice de son récit se divise en plusieurs voix, comme si son texte comportait plus d’un sujet d’énonciation. C’est ce que Valérie Dusaillant-Fernandes soulève dans un article consacré à La Reine du silence, avançant qu’il s’agit d’une « énonciation hybride »10 . Suivant sa pensée, j’étudierai ce procédé discursif propre à Nimier en mettant l’accent sur la question identitaire. Je détaillerai la manière dont ces différentes voix s’expriment dans son texte et en quoi ces multiples postures énonciatives contribuent à la reconstitution de soi de Fauteure-narratrice .

D’un point de vue narratif, je verrai que, de plusieurs façons, les auteures-narratrices à l’étude renversent les fondements de la mise en récit. À ce sujet, je citerai un exemple de Marinella Termite qui, dans un article sur La Reine du silence, évoque ce qu’elle appelle « la technique du gant ». Je décrirai ce qui en est de cette technique observée dans le récit de Nimier que Termite qualifie de «mécanismes différents de mise en forme de l’absence. » n Je me servirai de cette référence pour illustrer la poétique narrative de Nimier, mais aussi de Boulouque et Lacan qui, toutes les trois, racontent une histoire, celle de leur filiation, qui semble avoir pris fin avant même d’avoir commencé. Cela m’amènera à aborder la question du temps qui n’a pour logique que les fragments éclatés qui constituent les trois récits de filiation étudiés et à confirmer leur incohérence narrative.

ÉCRIRE LE PÈRE OU TÉMOIGNER DE SON ABSENCE LE RÉCIT AU SERVICE DE LA HANTISE :

Dans ce chapitre, on étudiera les stratégies énonciatives des narratrices des trois textes dans lesquels les auteures ont un projet commun bien précis : écrire le père. D’abord, dire le père, c’est parler de celle qui raconte, en l’occurrence de la fille. C’est en ce sens qu’on se penchera sur la posture de Clémence Boulouque, Sibylle Lacan et Marie Nimier, posture qui s’avère, dans les trois cas, inconfortable. Sur ce point, on verra précisément comment s’exprime la subjectivité des énonciatrices dans la mesure où elles racontent d’un point de vue qui leur est propre et qui dévoile la part intime de leur identité. Cette modalité énonciative ne va pas sans remettre en question la vérité de la parole des écrivaines et celles-ci éprouvent le besoin de préciser que leur récit ne se situe ni du côté de la fiction, ni du côté de la vérité. En fait, les textes à l’étude se disent plutôt « authentiques » et leurs auteures demandent clairement dans leur récit qu’on croie à leur parole en guise de garantie de leur histoire. D’un point de vue théorique, cette posture est celle du témoin, au sens où l’entend Jacques Derrida dans son ouvrage Demeure. Maurice Blanchot. On examinera, ainsi, comment la parole de Boulouque, de Lacan et de Nimier s’inscrit dans une perspective testimoniale alors qu’elles témoignent, chacune à leur manière, d’une expérience unique, celle de leur relation père-fille, une relation brisée, déchirée par l’absence et rompue par la mort. Par ailleurs, si l’absence et la mort s’avèrent des thèmes récurrents lorsque vient le temps d’aborder ce qui exista entre le père et la fille, c’est que celles qui écrivent se révèlent hantées. Clémence Boulouque est principalement hantée par le passé, Sibylle Lacan par l’absence et Marie Nimier par la mort. On a donc affaire à des récits spectralisés par le retour du père fantôme. Ce dernier refuse de se laisser oublier et trouve demeure dans le récit filial qui l’invite et l’anime par l’écriture. Tout compte fait, Boulouque, Lacan et Nimier proposent des récits de filiation, à la fois lieu du spectre et lieu de hantise, où elles tentent d’apprivoiser l’autre en soi, le père dans ce cas-ci, ce qui nécessite avant tout de définir leur identité en regard de cet autre. C’est pourquoi la présente partie de cette analyse aura pour but de démontrer comment les auteuresnarratrices traitent de leur lien avec leur père et de leur rapport à soi en regard de leur antériorité ; en d’autres termes, on observera comment s’exprime l’intériorité des énonciatrices à travers leur quête des origines.

LA POSTURE DE L’IMPOSTURE

Trois auteures françaises, trois pères différents, trois récits empreints de souffrances, tantôt si semblables qu’on pourrait presque les confondre, tantôt bien distincts par l’identité propre de celle qui écrit. Néanmoins, un thème bien précis lie les récits de Clémence Boulouque, Sibylle Lacan et Marie Nimier : le père. Dans leurs textes, les trois adoptent une même position : celle de la fille, mais plus encore celle de la fille d’un homme connu publiquement, une figure qui demeure dans la mémoire de ceux qui l’ont côtoyée, et qui cependant peine à prendre une forme claire dans le souvenir des énonciatrices. Malgré les nombreuses lacunes qui caractérisent les relations père-fille dont il est question dans ces textes, écrire le père s’avère le détour nécessaire pour parvenir à soi ; écrire le père, c’est donc avant tout, pour Boulouque, Lacan et Nimier, se positionner par rapport à lui, se définir à la lumière de ce qu’il fut .

CLÉMENCE BOULOUQUE : FILLE DE JUGE

Sur ce point, Clémence Boulouque spécifie, dès le début de son texte, le lien identitaire qui la relie à son père : Je suis la fille du juge Boulouque, du terrorisme des années quatrevingt, des attentats parisiens. Et je suis orpheline de tout cela. […] Je suis la petite fille qui a connu les menaces de mort et les gardes du corps autour de sa sixième année — les campagnes de presse, les phrases assassines. (MS, p. 20) Elle adoptera le point de vue de la petite fille qu’elle a été : celui dont elle fait le récit a cessé de vivre alors qu’elle avait treize ans. Ces lignes annoncent également la place qu’ont prise dans sa vie les préoccupations du père, en l’occurrence le terrorisme de cette époque .

SIBYLLE LACAN : FILLE NON-DÉSIRÉE, MAIS LÉGITIME

Pour Sibylle Lacan, il importe aussi de préciser la position énonciative à partir de laquelle elle tentera de parler de Jacques Lacan, ce qu’elle fait dans les premières lignes de Un père : Quand je suis née, mon père n’était déjà plus là. Je pourrais même dire, quand j’ai été conçue, il était déjà ailleurs, il ne vivait plus vraiment avec ma mère. Une rencontre à la campagne, entre mari et femme, alors que tout était fini, est à l’origine de ma naissance. Je suis le fruit du désespoir, d’aucuns diront du désir, mais je ne les crois pas. (UP, p. 15) Son point de vue est, pour ainsi dire, celui d’une enfant non désirée qui porte pourtant un nom qui la fait exister malgré elle, ce qui lui fait dire, plus tard, « Voulais-je vraiment être la fille de Lacan? En étais-je fière ou irritée? Était-il agréable de n’être, aux yeux de certains, que « la fille de », c’est-à-dire personne? » (UP, p. 67 ; tel quel dans le texte) Pour Sibylle Lacan, prendre la parole en tant que fille de Jacques Lacan l’oblige à nommer la blessure filiale en mettant au jour le lien inavoué qui l’unit à l’homme : celui de fille, de fille niée quoique légitime. Autrement dit, l’énonciatrice écrit à partir d’une position qui n’est pas reconnue par celui-là même qui la lui concède. C’est un ami qui lui fait part que, pour l’homme public que son père était, elle n’existait pas : Alors que j’étais au Select, une vieille connaissance — un garçon devenu entre-temps psychanalyste — vint vers moi dès qu’il me vit. Il avait une nouvelle intéressante à me communiquer. Sais-tu, me dit-il, que dans le Who’s Who ton père n’a qu’une fille : Judith? Le noir se fît dans ma tête. La colère ne vint qu’après. (Quelques jours plus tard, j’éprouvai le besoin d’aller vérifier moi-même à la maison d’édition : Pami-qui-me-voulait-du-bien ne s’était pas trompé.) (UP, p. 55) C’est donc dire que, par son récit, elle revendique la place qui lui revient, qu’elle conteste la parole de son père pour être ce qu’elle est : sa fille. Bref, il s’agit d’une posture énonciative fondamentalement paradoxale.

MARIE NIMIER : REINE DU SILENCE

Quant à Marie Nimier, elle présente à même le titre de son œuvre la posture qu’elle tient par rapport à son père : la Reine du silence. Bien qu’elle se décrive dans les premières pages comme étant « la fille d’un enfant triste » (RS, p. 11) ou, plus loin, comme « la fille d’un conte de fées qui se termine mal » (RS, p. 76), Nimier adopte une posture énonciative qui traduit beaucoup plus que la mélancolie de son père. En fait, ce titre qui la désigne en première de couverture, elle l’a obtenu pour s’être démarquée, à l’école, dans ce jeu destiné ramener les élèves au calme. Son père avait sans doute été informé de l’exploit de sa fille puisque, peu de temps après, il lui écrivait « QUE DIT LA REINE DU SILENCE? » (RS, p. 171) Cette question, toute de lettres capitales, confronte Marie Nimier à la posture dans laquelle elle se trouve : Si cette phrase m’a tant marquée, si j’éprouve le besoin de la retranscrire encore et encore, c’est qu’elle posait une énigme impossible à résoudre pour la petite fille que j’étais, énigme cruelle et envoûtante qui résume toute la difficulté du métier d’enfant. Énigme qui, à l’époque se formulait ainsi : Que pourrait bien dire la Reine du silence sans y perdre son titre, et l’affection de son papa? Ou encore : Comment, à la fois, parler et ne pas parler? J’étais coincée. Prise au piège de l’intelligence paternelle. (RS9 p. 171) Ce passage dit bien toute la difficulté énonciative à laquelle est confrontée Nimier qui doit s’en remettre à son point de vue d’enfant pour tenter de décrire celui qu’elle a très peu connu, la mort l’ayant emporté alors qu’elle n’avait que cinq ans. Cela étant, elle ne peut raconter ce qu’elle ignore en plus d’être empêchée par la loi imposée par le père. L’opposition parole et silence constitue l’antithèse à la base du récit impossible qu’elle veut écrire, d’où cette posture d’énonciation qu’elle qualifie de « coincée >>. De plus, tout comme Lacan, certaines parts de l’histoire familiale lui font remettre en question ce lien qui l’unit à son père : L’hiver de mes 10 ans, je suis tombée par hasard sur la photocopie jaunie du testament de mon père. Le texte tenait sur une page dactylographiée. Il était sans ambiguïté. Le signataire léguait la plupart de ses livres et sa collection d’armes à ses amis. À une femme dont j’ai oublié le nom allait sa voiture, qui était rouge, précisait-il, au moment où il rédigea le document. Son fils Martin héritait de l’édition complète des œuvres d’Alexandre Dumas et des dix-sept volumes de son dictionnaire Larousse du XIXe siècle, ainsi que du droit moral concernant son œuvre, lorsqu’il serait en âge de l’exercer. Et moi, bernique. […] Pourquoi mon père ne m’avait-il rien laissé, aucun objet, aucune responsabilité? Cela me semblait impossible, il y avait une erreur, quelque chose qui m’échappait. […] Et si je n’étais pas la fille de Roger Nimier? (JRS9 p. 46-47) Fille bafouée, non reconnue dans les dernières volontés de son père, même menacée de mort par ce dernier dans une lettre qu’il écrit à un ami et qui se termine par « Au fait, Nadine a eu une fille hier. J’ai été immédiatement la noyer dans le Seine pour ne plus en entendre parler. » (RS, p. 143), Nimier réclame le titre filial pour lequel elle écrit. Pour arriver enfin à s’inscrire sur le testament paternel, elle devra aller par-delà le silence imposé par son père et sa loi mortifère, dans une position où il sera pour le moins difficile de raconter.

DE LA SUBJECTIVITÉ DANS LE LANGAGE : L’IDENTITÉ DERRIÈRE L’ÉNONCIATION

À défaut de bien connaître celui dont elles tentent de dresser le portrait, les narratrices n’ont d’autre choix que de s’en remettre à elles-mêmes, de partir des non-dits,des secrets, des souvenirs qu’elles détiennent pour construire leur récit et ériger un portrait du père qui sera fidèle non pas à celui-ci, mais à la perception de sa fille, de celle qui écrit. C’est d’un point de vue tout à fait personnel, allant parfois à l’encontre de la personnalité publique connue de plusieurs, que sera révélée la figure dont il est question. D’ailleurs, on verra au fil de l’analyse que, peu à peu, l’identité des énonciatrices prendra forme alors que celle du père demeurera silence, secret et mystère. En d’autres termes, l’écriture de l’autre mènera à la révélation de soi dans la mesure où ce que je perçois révèle qui je suis. Comme le dit la linguiste française Catherine Kerbrat-Orecchioni : Toute assertion porte la marque de celui qui l’énonce. La dénomination que nous avons appelée « absolue », celle qui mettrait en cause le dénoté et lui seul, est une limite fictive : l’objet que l’on dénomme, ce n’est pas un réfèrent brut, c’est un objet perçu, interprété, évalué. L’activité langagière, dans sa totalité, est subjective.12 C’est précisément de cette façon que le père, dans ce cas-ci — ce que Kerbrat-Orecchioni appelle dans ce passage le « réfèrent brut » —-, est raconté : soit tel que les yeux de Pénonciatrice le voient. Parce que parler de quelque chose d’un point de vue qui nous est propre c’est avant tout parler de soi, écrire le père pour Boulouque, Lacan et Nimier se veut un défi avant tout personnel puisqu’il fait appel à l’intimité de celle qui écrit. Clémence Boulouque le mentionne clairement : ce dont elle parlera, c’est de « [s]on histoire » (MS, p. 17), « [s]on père, [s]a perte » (MS, p. 18), « [s]on deuil » (MS, p. 19). Il en va de même pour Sibylle Lacan qui parle de « [s]a réalité à [elle] » (UP, p. 17) et ne manque pas de souligner qu’elle rapporte les événements tels qu’elle les voit en spécifiant, par exemple : « Mais je vois ceci » (UPy p. 23 ; tel quel dans le texte); ou encore « Je me vois sur le balcon à l’heure dite, guettant l’arrivée de mon père » (UP, p. 42; tel quel dans le texte). Il s’ensuit que la présence de la première personne, du «je», est fortement marquée et contribue à accentuer la subjectivité des textes comme on peut l’observer dans cet extrait du texte de Marie Nimier où le rapport entre l’énonciatrice et son histoire s’annonce déjà défaillant : « Je n’étais pas dans la voiture. J’avais 5 ans. Je n’avais pas vu mon père depuis des mois. » (RS9 p. 9) .

CONCLUSION

Mort d’un silence, Un père et La Reine du silence nous confirment que le récit de soi est passé par maintes variations depuis la pratique autobiographique traditionnelle jusqu’aux récits de filiation contemporains. Les récits de filiation se sont ainsi taillé une place dans la littérature, révélant des sujets changés par le temps, pour qui il importe plus que tout de retrouver les traces de leurs origines manquantes et, dans le cas de Clémence Boulouque, Sibylle Lacan et Marie Nimier, de leur père. Qui plus est, c’est de l’absence du père qu’il est question dans les œuvres étudiées, de l’image paternelle désincarnée au profit du personnage public. Boulouque, et Nimier encore plus, ont perdu leur père alors qu’elles avaient à peine eu le temps de le connaître. Lacan était reniée par son père qui n’a jamais été là pour elle. Pour ces auteures, la relation filiale rime avec la douleur d’avoir vécu dans l’ombre d’un homme qui a manqué à son rôle, mais qui était connu publiquement et qui a survécu dans la mémoire collective. Ainsi, celui qui est associé au nom de Gilles Boulouque, Jacques Lacan ou Roger Nimier ne correspond en rien au père tel que réclamé par sa fille. D’où cette nécessité, pour les narratrices, de creuser leur histoire afin de se réapproprier celui qui n’a pas été et qui n’est plus de manière à affirmer celle qui n’a pas été et qui veut être. En d’autres termes, le récit de filiation s’est avéré un détour essentiel dans le récit autobiographique de Boulouque, Lacan et Nimier qui devaient avant tout connaître leur père pour ensuite se dire, soit procéder à une archéologie de soi pour reprendre l’expression de Dominique Viart.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : ÉCRIRE LE PÈRE OU TÉMOIGNER DE SON ABSENCE : LE RÉCIT AU SERVICE DE LA HANTISE
1.1 La posture de Pimposture
1.1.1 Clémence Boulouque : fille déjuge
1.1.2 Sibylle Lacan : fille non-désirée? mais légitime
1.1.3 Marie Nimier : reine du silence
1.2 De la subjectivité dans le langage : l’identité derrière renonciation
1.2.1 Énonciation hybride dans La Reine du silence
1.3 Entre fiction et vérité : le point de vue de l’énonciatrice
1.3.1 Le point de vue de Clémence Boulouque
1.3.2 Le point de vue de Sibylle Lacan
1.3.3 Le point de vue de Marie Nimier
1.4 Le statut de témoin
1.5 Mort qui survit et parole hantée
1.5.1 Hantise du passé chez Clémence Boulouque
1.5.2 Hantise de l’absence chez Sibylle Lacan
1.5.3 Hantise de la mort chez Marie Nimier
1.6 Écriture et sujets spectralisés
1.6.1 Le père fantôme dans Mort d’un silence
1.6.2 Père absent ou figure spectrale dans Un père
1.6.3 L’influence du spectre du père dans La Reine du silence
CHAPITRE II : RESTITUTION IMPOSSIBLE : RÉCITS DÉTRAQUÉS
2.1 Restituer le père
2.1.1 La mémoire mise à contribution
2.1.1.1 Mort d’un silence : l’insuffisance de la mémoire
2.1.1.2 Un père : se souvenir pour restituer
2.1.2 Le récit de filiation : autobiographie du détour
2.1.2.1 L’enquête chez Marie Nimier et Clémence Boulouque
2.1.2.2 La posture de l’historien dans La Reine du silence et Mort
d’un silence
2.2 Forme narrative
2.2.1 Raconter sans réparer
2.2.2 Raconter « comme si tout était déjà accompli »
2.2.3 Le temps réversible de la répétition
2.2.3.1 Le retour de l’origine dans Mort d’un silence
2.2.3.2 Le temps disloqué de la répétition dans La Reine du silence
2.2.4 Le récit de soi hors de ses gonds : l’absence du père chez
Sibylle Lacan
CHAPITRE III : L’ÉCRITURE AU SERVICE DE LA RECONSTRUCTION DE SOI, DU PÈRE ET DE LA RELATION FILIALE
3.1 Le rôle de l’écriture dans la quête identitaire
3.2 Restituer pour rendre une dette
3.2.1 Clémence Boulouque : le rachat d’une vie
3.2.2 Sibylle Lacan : pour que justice soit rendue
3.2.3 Marie Nimier : des mots pour racheter le silence
3.3 Mort du sujet
3.3.1 Clémence Boulouque : une existence qui ne fait pas le poids
3.3.2 Sibylle Lacan : la fille de personne
3.3.3 Marie Nimier : contre la loi mortifère du père
3.4 Conquérir l’héritage du père pour s’affirmer
3.5 La confirmation d’une identité : un père et une fille enfin réunis
3.5.1 Clémence Boulouque : une vie portée par son histoire
3.5.2 Sibylle Lacan : se nommer aux yeux de tous
3.5.3 Marie Nimier : une auteure qui trouve sa place
CONCLUSION

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