Les Fronts d’eaux urbains, qui se définissent par tous les fleuves, rivières, canaux, lac, etc… traversant une ville, sont depuis plus d’une vingtaine d’années un sujet d’actualité. (« La reconquête des fronts d’eau | Mediarchi », 2015). Ils ont progressivement vu décroître leur fonction traditionnelle qui était d’acheminer des marchandises ou des hommes d’une ville à une autre. Pour des raisons économiques ou de relocalisations des activités portuaires à l’extérieur des villes, tous les aménagements qui en découlent tels que les pontons d’accostage, les quais de déchargement et de stationnement ou les routes les desservant, etc…, ont cédé la place à des friches industrielles et portuaires, des routes ou des parkings. Ces espaces inutiles se trouvent être délaissés et posent souvent des problèmes d’accessibilités alors qu’ils se situent, majoritairement, en cœur urbain. C’est pour cette raison que les communes ont décidé de revaloriser ces espaces en créant un nouveau lien entre les villes et leurs fleuves, tant dénigrés auparavant. Pour obtenir une réelle valorisation de ces fleuves, elles ont mis en place de nombreux projets tels que rendre les berges accessibles, les intégrer dans l’organisation urbaine, retourner la ville vers son fleuve ou remettre le fleuve au cœur de la ville, par exemple, (Lechner, 2006). Il s’agirait donc dans le cas des fronts d’eau urbains, de rétablir toute l’importance qu’ils ont pu avoir dans le passé. Le fleuve constitue un lieu identitaire, qu’il semble aujourd’hui nécessaire, de révéler mais aussi de le rendre accessible et utilisable pour le plus grand nombre. L’objectif étant de lui inventer de nouveaux usages, afin de lui rendre la nécessité de l’époque. Le fleuve permet non seulement de répondre à une volonté croissante des citadins de voir des espaces naturels dans leur environnement proche et d’améliorer ainsi leur cadre de vie, mais aussi d’améliorer l’image de la ville par des aménagements de qualité. Débutant dans les années 1960 aux Etats Unis, ce phénomène est loin d’être nouveau. Aujourd’hui, il s’est généralisé et la presque totalité des villes situées au bord de l’eau, portuaires ou non, se sont engagées dans un processus de «reconquête» de ses berges (Bocchiaro, Zamperini, & INTECH, 2016). En France, dès le début des années 1980, plusieurs villes fluviales françaises ont commencé à étudier des projets sur ces espaces mais ont, cependant, pu constater de nombreux obstacles que ce soit d’ordre juridique, financier ou technique que peuvent engendrer de tels aménagements.
La ville de Lyon apparait, en France, comme précurseur de ce type de projets. Comptant plus de 500 000 habitants et située dans le Sud-Est de la France, elle se place comme une ville majeure du pays, avec pour particularité d’être traversée par le Rhône et la Saône. Préoccupée depuis les années 1980 de l’état des rives de son fleuve Rhône et de sa grande rivière Saône, souvent qualifiée de « fleuve » également, l’agglomération lyonnaise est la première ville française à élaborer un plan d’ensemble pour le réaménagement des berges qui s’étirent dans le Grand Lyon sur plus de deux cents kilomètres (Lechner, 2006).
Intérêts d’un tel réaménagement des Fronts d’Eau Urbains
Enjeux environnementaux
La demande croissante, des citadins, d’espaces naturels au cœur des villes, amène un intérêt environnemental sans précédent pour ces espaces extrêmement bétonnés. Cette volonté va devenir un objectif primaire des projets de « reconquête » des fronts d’eau urbains et va grandement favoriser la biodiversité sur ces lieux en préservant des continuités naturelles et permettant l’accueil d’espèces. La création de ces espaces naturels va engendrer l’expansion de la faune et la flore locale que ce soit par l’apparition de nouvelles espèces, du nombre d’individus ou du taux de recouvrement pour la flore. Dans un second temps, cela a aussi pour objectif d’améliorer la qualité de l’air en diminuant la pollution majoritairement plus présente en centre-ville, favorisée entre autre, par le trafic important.
Cadre de vie
L’aménagement des fronts d’eau urbains a aussi comme objectif d’améliorer le cadre de vie des habitants. La sensation de nature au cœur de la ville valorise considérablement le facteur esthétique de celle-ci et donne un visuel agréable.
De plus les nuisances sonores sont diminuées pour donner place à des lieux de calme et de repos bénéfiques au bien-être des concitoyens. Enfin l’amélioration de la qualité de l’air peut avoir un impact sur les nuisances olfactives qui peuvent se ressentir dans les grandes villes, causées par un trafic important et de nombreuses activités industrielles. Ces différents effets favorisent le cadre de vie des habitants, qui en ressentent un bien fait psychologique.
Intérêts économiques
Les activités économiques, même non liées à la voie d’eau, sont très largement implantées en bordure de Saône et du Rhône. L’objectif est de lier les activités économiques et les activités de loisirs tout en requalifiant l’environnement de ces sites afin d’apporter une valeur économique à tous ces aménagements tout en favorisant le cadre naturel. De plus l’amélioration du cadre de vie, sur ces lieux, dynamise leur attractivité et engendre, encore une fois, un intérêt économique. Non seulement, le nombre de touristes s’intensifie, ce qui permet de développer toute l’activité touristique qui en découle (commerces, restauration, activités de loisirs, etc..), représentant un profit économique conséquent pour ces villes. Mais cette valorisation peut aussi permettre aux communes d’augmenter légèrement le prix de leurs logements et ainsi de réaliser quelques bénéfices supplémentaires.
Modes de Réalisations
Revaloriser les espaces délaissés
Au fil du temps, les différentes activités initialement effectuées sur les fronts d’eau urbains, notamment l’activité portuaire, ont perdu de leur importance pour laisser place, aujourd’hui, à des zones délaissées par les villes. Afin de dynamiser les fronts d’eau urbains au mieux, les différents projets sont donc programmés sur ces lieux ayant un grand potentiel attractif mais qui sont désertés par la population. Les friches industrielles, bas-ports, etc.., deviennent ainsi les lieux les plus propices au renouveau et une priorité pour les communes.
Développer les espaces naturels
La volonté accrue des villes à développer des espaces verts, ou espaces naturels, en cœur urbain, s’est traduite par une végétalisation conséquente et, dans la presque totalité des cas, au niveau de ses fronts d’eau. Cette végétalisation se caractérise par différents procédés comme l’implantation de parcs le long des fleuves (Parc de la tête d’or ou le parc de la Saône par exemple), la plantation d’arbres et de végétations le long des chemins de promenade, par exemple. Cet apport d’espaces naturels représente, pour la biodiversité locale, un bénéfice total que ce soit pour la flore ou pour la faune. Dans le cas de Lyon, la ville a pour objectif de relier tous les parcs, les uns aux autres en établissant des continuités naturelles, ou « continuités vertes » grâce notamment à l’élaboration d’une Trame Verte et Bleue. Le développement des espaces naturels représentent, non seulement, un apport écologique non négligeable, mais aussi un cadre de tranquillité ou s’enchaine lieux de repos et espaces de loisirs. Une sensation de nature en centre-urbain, peu commune dans de si grandes villes, qui améliore nettement le cadre de vie des habitants. L’attractivité de Lyon se voit croitre, favorisant le facteur économique.
Favoriser le déplacement doux
Le mode de « déplacement doux », que ce soit avec les piétons, les cyclistes, etc.., est devenu une priorité des communes depuis de nombreuses années afin de limiter au maximum l’utilisation, abondante et polluante des voitures.
Les berges des fleuves, par leur intérêt paysagé, sont devenues des lieux propices à ce développement. C’est pourquoi, une grande partie des projets, réalisés au niveau des fronts d’eau urbains, intègrent cette notion avec l’implantation de longues pistes cyclables ou piétonnes, avec des chemins de promenades. Le « développement doux » a un intérêt écologique important. Permettant le déplacement, sans l’utilisation systématique des voitures, il contribue à la diminution de la pollution atmosphérique et des nuisances olfactives et sonores. (Le Grand Lyon, 2009) Ces parcours permettent aussi, régulièrement, la mise en relation des différents espaces verts présents dans la ville. Ils représentent un véritable moyen de repos et de tranquillité à la population, tout en leur permettant de pratiquer du sport en centre urbain, améliorant nettement leur cadre de vie.
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Table des matières
1 Introduction
2 Méthodologie
2.1 Choix du Sujet
2.2 Développement de la recherche
2.3 Déroulement de l’étude
2.3.1 Premier semestre
2.3.2 Deuxième semestre
3 Revalorisation des Fronts d’eau Urbains
3.1 Intérêts d’un tel réaménagement des Fronts d’Eau Urbains
3.1.1 Enjeux environnementaux
3.1.2 Cadre de vie
3.1.3 Intérêts économiques
3.1.4 Intérêt politique
3.2 Modes de Réalisations
3.2.1 Revaloriser les espaces délaissés
3.2.2 Développer les espaces naturels
3.2.3 Favoriser le déplacement doux
3.3 Lyon et le projet Plan Bleu
3.3.1 Aménagement de la rive gauche du Rhône
3.3.2 Projet de la Confluence
3.3.3 Aménagement de la Saône
3.4 Un Risque Inondation
3.5 Trame Verte et Bleu
3.6 Des Projets limités
4 Résultats obtenus
4.1 Environnementaux
4.1.1 Evolution de la biodiversité
4.1.2 Qualité de l’eau
4.2 Cadre de vie
4.2.1 Impacts sur le niveau sonore
4.2.2 Impact sur la qualité de l’air
4.3 Economiques
5 Résumé du travail réalisé au premier semestre
6 Discussions
6.1 Un bilan positif
6.1.1 Un nouveau lien établi entre la ville et ses « fleuves »
6.1.2 Un cadre de vie favorisé
6.1.3 Un milieu plus naturel
6.2 Contraintes rencontrées
6.2.1 Financières
6.2.2 Accessibilité durant les travaux
6.3 Des intentions critiquables
6.3.1 Des projets trop politiques
6.3.2 Un enjeu environnemental trop négligé au profit de l’intérêt économique
6.3.3 Une « reconquête » trop partielle ?
7 Des projets possibles pour tous ?
8 Méthode de Recherche utilisée
9 Autres Projets Réalisés
9.1 Cas de Vienne
9.1.1 Contexte de la ville
9.1.2 La dimension économique
9.1.3 Une forte notion environnementale
9.1.4 Considération de l’inondation
9.2 Cas de Madrid
9.2.1 Contexte de la ville
9.2.2 Des berges attractives
Figure 16 : Photographie avant / après travaux
9.2.3 Une Capitale tournée vers l’environnement
10 Conclusion
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