ย Historique
En 1747, lโabbรฉ Nollet met au point lโรฉlectroscope. ร lโorigine, cet instrument servait ร mettre en รฉvidence la charge รฉlectrique dโun objet. Il se compose de deux feuilles mรฉtalliques reliรฉes ร une รฉlectrode et placรฉes dans une enceinte sous vide. Lorsque lโรฉlectrode est chargรฉe, les feuilles se chargent ร leur tour et se repoussent lโune lโautre. Lโรฉlectroscope se dรฉcharge en prรฉsence dโun rayonnement ionisant, et ce dโautant plus vite que le rayonnement est intense. Au dรฉbut du XXรจme siรจcle, cet instrument a permis de mettre en รฉvidence un rayonnement ionisant prรฉsent dans lโatmosphรจre dont lโorigine extra-terrestre a รฉtรฉ รฉtablie par Victor Hess entre 1911 et 1913 . Ce dernier a montrรฉ, en mesurant la vitesse de dรฉchargement des รฉlectroscopes lors de vols en ballon, que la densitรฉ de ce rayonnement ionisant augmente avec lโaltitude (Hess, 1912). Cependant, la nature de ce rayonnement nโรฉtait pas encore clairement dรฉterminรฉe. Certains physiciens, comme Compton pensaient quโil sโagissait de particules chargรฉes tandis que dโautres, comme Millikan, dรฉfendaient lโhypothรจse de photons ฮณ. La question est finalement tranchรฉe lorsque Clay (1927) observe une dรฉpendance de lโintensitรฉ avec la latitude, montrant ainsi que ce rayonnement est sensible ร lโorientation par rapport au champ magnรฉtique terrestre.
En 1939, Pierre Auger (Auger et collab., 1939) met en รฉvidence la nature secondaire des particules observรฉes au sol. Il parvient ร dรฉtecter des particules chargรฉes en coรฏncidence temporelle dans des dรฉtecteurs รฉloignรฉs de plusieurs dizaines de mรจtres. Il dรฉcouvre alors les grandes gerbes atmosphรฉriques initiรฉes par des rayons cosmiques dโau moins 10ยนโต eV. Lโรฉtude de ces rayons cosmiques a jouรฉ un rรดle essentiel dans lโhistoire des sciences. Elle a permis dโรฉlaborer et de tester les thรฉories naissantes de physique des particules en fournissant naturellement des particules ร trรจs haute รฉnergie. Elle a conduit notamment ร la dรฉcouverte du positron (Anderson, 1933), mais aussi ร celle du muon, des pions, des kaons et des particules รฉtranges ฮ, ฮ et ฮฃ.
Au dรฉbut des annรฉes 1950, les physiciens des particules sont parvenus a construire des accรฉlรฉrateurs suffisamment puissants pour รฉtudier et produire de nouvelles particules en laboratoire tout en contrรดlant un maximum de paramรจtres. La communautรฉ de la physique des hautes รฉnergies sโest alors scindรฉe pour รฉtudier les particules รฉlรฉmentaires dโune part et lโastrophysique des hautes รฉnergies dโautre part avec notamment comme objectifs la comprรฉhension et lโidentification des sources des rayons cosmiques. Le dรฉveloppement du domaine de lโastroparticule, utilisant les techniques de dรฉtection dรฉveloppรฉes pour la physique des particules pour รฉtudier les phรฉnomรจnes cosmiques de trรจs haute รฉnergie, rapproche ces deux communautรฉs ร nouveau.
Spectre et composition
Spectre en รฉnergie
Le spectre en รฉnergie des rayons cosmiquesย est bien dรฉcrit par une loi de puissance dN/dE โ E โฮ sur plus de 12 ordres de grandeur en รฉnergie et prรจs de 32 ordres de grandeurs en flux.
Composition
Le rayonnement cosmique Galactique est composรฉ ร 99% de nuclรฉons et ร 1% dโรฉlectrons. Les protons reprรฉsentent la majeure partie des nuclรฉons (89%), les noyaux dโhรฉlium sont รฉgalement prรฉsents en nombre significatif (10%) tandis que les noyaux plus lourds ne reprรฉsentent que 1%. Les surabondances dโรฉlรฉments comme le Lithium, le Bรฉryllium et le Bore, par rapport ร celles observรฉes dans le systรจme solaire (cf. figure 1.5), montrent leur origine secondaire : il sโagit de produits de spallation. Ces surabondances permettent dโestimer la quantitรฉ moyenne de matiรจre traversรฉe lors de la propagation des rayons cosmiques dans la Galaxie ร โผ 5โ10 g cmโ2 . Les isotopes radioactifs prรฉsents dans ces produits de spallation permettent quant ร eux dโestimer le temps de confinement des rayons cosmiques dans la Galaxie et dโen dรฉduire la densitรฉ moyenne du milieu dans lequel ils se propagent ร 0.2 proton cmโ3 . Cette densitรฉ, infรฉrieure ร la valeur moyenne dans le plan de la Galaxie (1 proton cmโ3 ), montre que les rayons cosmiques ne restent pas dans le disque Galactique mais se propagent aussi dans le halo.
Le genou observรฉ vers 5 ร 10ยนโต eV pour les protons est รฉgalement observรฉ pour les autres espรจces mais ร des รฉnergies dโautant plus importantes que les รฉlรฉments sont lourds. Ainsi, le rรฉgime spectral entre les deux genoux serait dรป ร la superposition des genoux des diffรฉrents รฉlรฉments et le changement de pente ร 10ยนโท eV correspondrait au genou du Fer (Kampert et collab., 2004).
Originesย
Le spectre en รฉnergie des rayons cosmiques, en loi de puissance, est caractรฉristique de phรฉnomรจnes non thermiques. Les particules chargรฉes sont accรฉlรฉrรฉes dans des sites astrophysiques oรน ont lieu les phรฉnomรจnes les plus violents de lโunivers.
Sources potentielles
Les sources potentielles du rayonnement cosmique peuvent รชtre dรฉterminรฉes en considรฉrant lโรฉnergie maximale des particules que ces sources seraient capables dโaccรฉlรฉrer. De maniรจre gรฉnรฉrale, les particules peuvent รชtre accรฉlรฉrรฉes tant que leur rayon de Larmor ne dรฉpasse pas la taille caractรฉristique (R) de la zone dโaccรฉlรฉration , aprรจs quoi elles sโรฉchappent. En connaissant la taille et le champ magnรฉtique des objets astrophysiques, on peut ainsi dรฉterminer lโรฉnergie maximale ร laquelle ils sont capables dโaccรฉlรฉrer des particules.
Mรฉcanismes dโaccรฉlรฉration des particules chargรฉes par ondes de chocย
Nous nous intรฉressons ici aux mรฉcanismes dโaccรฉlรฉration ร lโorigine des rayons cosmiques dโรฉnergie infรฉrieure ร โผ 10ยนโต eV, trรจs probablement dโorigine Galactique. Les mรฉcanismes vraisemblablement responsables des rayons cosmiques de plus haute รฉnergie impliquent des ondes de choc relativistes. Ils ne seront pas traitรฉs dans ce manuscrit mais le lecteur intรฉressรฉ pourra se rรฉfรฉrer ร la revue de Gallant (2002).
Mรฉcanismes dโaccรฉlรฉration de Fermi
En 1949, Enrico Fermi propose un mรฉcanisme permettant lโaccรฉlรฉration des particules chargรฉes (Fermi, 1949). Pratiquement, les particules gagnent de lโรฉnergie par rรฉflexions successives sur des rรฉgions du milieu interstellaire en mouvement oรน la densitรฉ ainsi que la norme du champ magnรฉtique sont plus รฉlevรฉes que la moyenne . Ces rรฉgions sont communรฉment appelรฉes โnuages magnรฉtiquesโ.
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Table des matiรจres
Introduction
1 Le rayonnement cosmique
1.1 Historique
1.2 Spectre et composition
1.2.1 Spectre en รฉnergie
1.2.2 Composition
1.3 Origines
1.3.1 Sources potentielles
1.3.2 Mรฉcanismes dโaccรฉlรฉration des particules chargรฉes par ondes de choc
2 Lโastronomie ฮณ
2.1 Prรฉsentation
2.2 Liens entre astronomie ฮณ et rayonnement cosmique
2.3 Les processus de production de photons ฮณ de trรจs haute รฉnergie
2.3.1 Processus leptoniques
2.3.2 Processus hadronique : Dรฉsintรฉgration des pions neutres
2.3.3 Processus exotique : Annihilation de particules de matiรจre noire
2.3.4 Absorption de photons par crรฉation de paires
2.4 Les dรฉtecteurs de lโastronomie ฮณ
2.4.1 Dรฉtecteurs spatiaux
2.4.2 Dรฉtecteurs au sol
3 Les sources du rayonnement ฮณ
3.1 Sources Galactiques
3.1.1 Le phรฉnomรจne de supernova
3.1.2 Les vestiges de supernovรฆ
3.1.3 Nรฉbuleuses ร vent de pulsar
3.1.4 Systรจmes binaires
3.1.5 Amas dโรฉtoiles massives et vents stellaires
3.1.6 Les รฉmissions diffuses
3.1.7 Les sources non identifiรฉes
3.2 Les sources extragalactiques
3.2.1 Les noyaux actifs de galaxies
3.2.2 Les galaxies ร sursaut de formation dโรฉtoiles
3.2.3 Les sursauts ฮณ
4 Le rรฉseau de tรฉlescopes H.E.S.S.
4.1 Le site
4.1.1 Disposition des tรฉlescopes
4.1.2 Instruments complรฉmentaires
4.2 Les tรฉlescopes
4.2.1 Description
4.2.2 Alignement des miroirs
4.2.3 Correction de pointรฉ
4.3 Les camรฉras
4.3.1 Instrumentation du plan focal
4.3.2 รlectronique
4.4 La stratรฉgie de dรฉclenchement
4.4.1 Objectif et principe
4.4.2 Description
4.4.3 Choix des seuils et performances
4.5 Dรฉroulement des observations
Conclusion
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