LE RASAHARIAÑA OU LE PARTAGE DES BIENS CHEZ LES TSIMIHETY

Explication originelle du mot tsimihety

                     « Si l’on se tourne vers l’histoire, il existe deux groupes d’ethnies qui voulaient coloniser les Tsimihety avant les Merina par Radama I. L’un à l’est, dirigé par le prince Zafirabay, un prince de l’ethnie betsimisaraka-nord et l’autre à l’ouest, le groupe de Zafinimena sous la direction du prince Bararativokoko. Ces deux troupes royales utilisent tous les moyens possibles pour pouvoir coloniser les Tsimihety. Ces derniers organisent une fête pour recevoir leurs ennemis en sacrifiant quelques bœufs. Devant ce geste d’amitié, les adversaires sont devenus leurs camarades parce lorsqu’il y a de décès de prince sakalava, la règle d’or de soumission imposée, exigée en guise de signe de deuil lors des funérailles royales, les hommes et les femmes doivent impérativement avoir les cheveux coupés. Devant cela, les Tsimihety n’ont pas coupé leurs cheveux mais ont offert des bœufs au prince pour marquer le deuil lors des funérailles royales. En d’autres termes, les Tsimihety sont farouchement contre la monarchie dès le début jusqu’à présent, parce que le refus de la coupe des cheveux lors d’un décès royal confirme leur révolte contre le régime. Ils ne veulent pas être dominés par des princes parce qu’ils se sentent libres dans leur propre autonomie. Le fait d’accepter la coupe des cheveux est pour les Tsimihety une soumission au régime royal. Alors, pour garder leur autonomie, se faire couper les cheveux, pour les Tsimihety était, dans les vieux temps, un tabou, d’où le nom de Tsimihety11.

Les sports

              Les gens du district de Befandriana-Nord pratiquent toujours les sports traditionnels qu’on appelle morengy et tôlon’ömby. Le morengy est un combat entre deux hommes seulement dans un lieu donné et au milieu des spectateurs, avec un arbitre ou une sécurité qui fait l’intermédiaire au moment du conflit entre ces deux combattants. En outre, pendant ce jeu, il y a aussi ceux qui assurent la sécurité, deux ou trois hommes qui rangent et calment les spectateurs de ne pas faire de désordre en entrant au milieu du terrain ou lieu de combat, pour libérer les gens qui circulent à la recherche d’un adversaire. Si un jeune garçon a trouvé un adversaire, après quelques minutes, le combat commence et dure à peu près 15 minutes au maximum. Pendant ce combat, la règle du jeu interdit de donner des coups de pied. Donc, ce sont les mains tout simplement qu’on emploie. Au moment de l’affrontement, il y a des groupes de jeunes garçons et filles qui font le koro24 de chacun de ces deux côtés afin d’encourager les combattants. Nous remarquons que ce jeu est un jeu qui montre la solidarité et il n’y a pas de rancune après le combat. Le tôloñ’ömby met en rapport un homme et un bœuf. Parfois, ces gens vont jouer au football en pratiquant des matches inter-fokontany. Ils nous montrent qu’ils ne suivent pas les actualités dans les règles du jeu surtout les actualités internationales qui changent au jour le jour, à cause de l’isolation du district par rapport aux grandes villes.

Définition du rasahariaña

                 « La signification exacte de ce rite réside dans l’analyse du mot rasahariaña lui-même. En effet, ce mot est composé de rasa = part et hariaña = richesse (prononcé hariaña, dans le dialecte betsimisaraka). Il n’est pas le futur du verbe manary (jeter) comme on a tendance à le croire. En effet, en dialecte betsimisaraka, hariaña, futur du verbe se prononce et s’écrit de la même façon que hariaña (richesse). Il s’agit donc ici de la part de richesse que l’on donne et qui met en communion avec le mort. Le mort n’est pas un oublié, un absent, mais bien un présent envers qui on a des devoirs d’amour. Ce sacrifice guidé par l’amour, l’est aussi et surtout par la fidélité à une coutume ancestrale et par la crainte. Le prêtre lui-même avoue ignorer l’origine de cette coutume, mais il en rappelle le devoir : (il faut donner au mort sa part de richesse et de pleurs). Ne pas accomplir ce devoir envers le mort, c’est pour l’âme malgache une faute grave. Faute qui sera vengée non par lui-même, mais par les Ancêtres intermédiaires entre Dieu et les vivants. En effet, le mort peut se manifester soit en comblant sa famille, s’il a reçu sa part de richesse, soit en envoyant des calamités, maladies, intempéries ou autres phénomènes nuisibles, s’il est mécontent parce que oublié de sa famille »28.

La répartition des tâches entre les familles concernées

                       De bon matin, au jour de l’exécution de la cérémonie du partage des biens, il y a une répartition des tâches entre les familles concernées. Alors, avant d’aller à la place spéciale où l’on doit accomplir cette cérémonie rituelle, chaque groupe de personnes, à savoir, les personnes âgées, les jeunes et les enfants, a sa responsabilité. Les vieillards marchent en tête pour aller à la place spéciale de l’exécution de ce rite. Les autres familles de la ville suivent lentement derrière ces vieillards de la famille organisatrice. Ensuite, les jeunes assurent la préparation des matériels indispensables, comme le bœuf pour faire l’invocation, les grandes marmites, les assiettes, les cuillères, les sacs de riz blanc, les haches, … tandis que les enfants sont chargés des hirakiraka (commissions), car ils ne saisissent pas encore beaucoup de choses.

Le rôle des razaña

                      Les razaña peuvent intervenir réellement et facilement pour sauver une situation difficile. Non seulement, ils permettent à l’individu de s’amarrer fortement à la vie, mais le partage des biens assure aussi un trait d’union entre le monde divin et le monde des hommes. Cela veut dire tout simplement que le monde divin est le monde des idées. C’est l’idée qui a la primauté par rapport à la matière. En un mot, on appelle idéalisme; la doctrine philosophique qui néglige le monde vécu ou le corps, car le monde des hommes est le monde de la matière. C’est la matière qui a la priorité par rapport à l’idée. Dans ce cas, il n’y a plus de sentiment. Le matérialisme, est une doctrine philosophique qui néglige plutôt l’esprit, mais c’est le corps qui est indispensable dans notre vie terrestre. Ces deux mondes coexistent dans la croyance tsimihety. D’où, les razaña, après la cérémonie du partage des biens ou rasahariaña, jouent le rôle de relais de transmission pour toutes les communications avec Dieu.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU TERRAIN D’ETUDE : LE DISTRICT DE BEFANDRIANA-NORD 
CHAPITRE I : LE CADRE GEOGRAPHIQUE
I.- SITUATION DU DISTRICT DE BEFANDRIANA-NORD LOCALISATION ET CARTE DU DISTRICT DE BEFANDRIANA-NORD
II.- La forêt
III.- Le climat
1.- La saison sèche
2.- La saison humide
IV.- L’hydrographie
V.- La situation économique
1.- L’agriculture
A.- Les cultures vivrières
B.- Les cultures d’exportation
2.- L’élevage
3.- Le commerce
CHAPITRE II : LE CONTEXTE HISTORIQUE
I.- Le groupe ethnique tsimihety
1.- Origine de l’ethnie tsimihety
2.- Explication originelle du mot tsimihety
3.- Origine du village
4.- La population
A.- Les jeunes et les enfants
B.- Les vieillards
CHAPITRE III : LE CONTEXTE SOCIO-CULTUREL
I.- La croyance
II.- La scolarisation
III.- Les sports
IV- Le mode de vie des Tsimihety
V.- La forme et la répartition de la maison tsimihety
VI.- La forme de la société
VII.- Le fihavanana selon les Tsimihety
DEUXIEME PARTIE : LA DESCRIPTION DU RITE 
CHAPITRE I : LES ETAPES PREPARATOIRES AVANT LA CEREMONIE
I.- Définition du rasahariaña
II.- La conception des Razaña de la réalité
III.- La recherche des jours favorables au rite
IV.- Les jours favorables
V.- Discours familial fait par le chef de famille
VI.- L’invitation du chef de famille aux autres familles de la ville
VI.- Linvitation du chef de famille
aux autres familles de la ville
CHAPITRE II : LA MANIFESTATION DU PARTAGE DES BIENS
I.- La répartition des tâches entre les familles concernées
II.- Les éléments indispensables
1.- Un bœuf parfait
2.- Le rhum de fabrication locale
3.- La recherche de l’eau forte (rano mahery)
4.- Une petite invocation faite par le chef de la famille
III- La préparation
1- L’annonce présentée par le chef de famille
2- La préparation du bœuf
3- La place du bœuf devant l’autel
IV- L’invocation proprement dite
1.- L’offrande du cru
A.- La deuxième invocation
B.- La troisième invocation
V.- L’offrande du cuit ou quatrième invocation
VI.- Les remerciements adressés aux invités par l’aîné de la famille
TROISIEME PARTIE : LA VALEUR PHILOSOPHIQUE DE CE RITE
CHAPITRE I : LA VALEUR DE PARTAGE DES BIENS OU RASAHARIAŇA
I.- Entre les vivants et les morts
II.- Entre les vivants eux-mêmes
CHAPITRE II : LES AVANTAGES
I.- Pour la santé
II.- Pour la richesse
III.- Pour l’honneur
CHAPITRE III : LES CONSEQUENCES FACHEUSES
I.- Au niveau économique
II.- Au niveau social
CHAPITRE IV : LE SENS FONDAMENTAL
I.- La place des razaña
II.- Le rôle des razaña
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
I. DICTIONNAIRES
II. OUVRAGES GENERAUX
1. ETHNOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE
2. PHILOSOPHIE ET RELIGION
III. OUVRAGES SUR MADAGASCAR
1. OUVRAGES HISTORIQUES ET GEOGRAPHIQUES
2. ETHNOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE DE MADAGASCAR
A. OUVRAGES EN FRANÇAIS
B. OUVRAGES EN MALGACHE
IV. JOURNAL
V. MENSUELS INDEPENDANTS D’INFORMATION
INDEX-GLOSSAIRE

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