Le rapport des jeunes à l’actualité par les médias

Le rapport des jeunes à l’actualité par les médias

Enquêtes préliminaires

La question du rapport des jeunes à l’actualité et à l’information a été depuis longtemps un de mes sujets de réflexion quant à la manière dont je comptais orienter ma pratique enseignante. Par le fait, j’ai réalisé un travail d’enquête en troisième année de licence dans le cadre d’une recherche sociologique sur le rapport des lycées à l’actualité. Ce rapport assez exhaustif visait à comprendre de manière assez précise les éléments suivants :

– Avoir une idée du taux de pénétration des équipements du numérique dans les habitudes des lycéens ;
– Savoir quels étaient les médias privilégiés par les lycéens pour s’informer parmi les 4 grands médias (presse, radio, télévision, internet) ;
– Connaître les sujets d’actualité sur lesquels les lycéens étaient le mieux et le moins bien informés.

Les conclusions de cette étude sont disponibles en annexe, ainsi que le questionnaire utilisé et les détails sur le public interrogé . Il ressort de cette enquête que dans le public de lycéens étudié, il existait de grandes disparités, au moins sur le dernier critère. Sur le premier point de l’étude, à savoir le taux de pénétration du numérique sur le public lycéen, on retient les éléments suivants :

« Cette étude a montré que plus 9 lycéens sur 10 interrogés ont accès à un ordinateur avec internet, et dans la moitié des cas, il s’agit même de leur ordinateur personnel. Ces mêmes 9 lycéens sur 10 ont aussi presque tous un téléphone portable doté d’une connexion internet (88% du public interrogé). En complément à ces équipements, ils ont les connaissances pour s’en servir puisqu’ils estiment là encore à 90% être « à l’aise », voir « très à l’aise » (71%), avec le numérique dans le cadre de leurs recherches sur l’actualité . 

Le public de lycéen parait donc ainsi très connecté à l’information et à l’actualité de base, ou pour le moins ont en leur possession les connaissances et les outils pour y accéder. Si cette étude n’avait pas pour vocation à être exhaustive sur l’ensemble des élèves du second degré –elle ne concernait que des lycéens-, elle laisse néanmoins apercevoir leur grande capacité à se tenir informer.

Toutefois, elle laisse aussi apparaître que si la majorité des élèves sont équipés, il existe toutefois une minorité qui n’a pas accès à ses outils. On comprend alors l’application avec laquelle les textes officiels insistent sur l’importance de l’éducation aux médias dans les établissements scolaires : il ne s’agit pas de laisser cette minorité en marge du système scolaire à cause du fait qu’elle n’a pas les moyens financiers d’accéder à cette richesse de l’actualité dans leur quotidien extrascolaire.

Sur le deuxième point de l’étude, à savoir les médias préférés par les 164 lycéens interrogés, les conclusions sont les suivantes :

« […] c’est sans surprise que cette étude a révélé que les outils numériques étaient les moyens préférentiels pour les lycéens pour accéder à l’actualité, avec une prédominance nette de l’ordinateur et de la tablette (93% des interrogés) devant tous les autres médias, et un portable connecté (81%) qui  tente toujours de s’imposer timidement devant une télévision encore forte (90%). » 

Les deux médias qui répondent absent à cette étude sont alors les médias dit traditionnels, à savoir la radio et la presse, au moins dans sa version papier pour cette dernière. Les lycéens interrogés sont en effet 92% à répondre qu’il ne consulte pas ou peu de journaux papiers . La radio quant à elle, interrogée dans l’étude au moyen d’une question ouverte et donc limitant ainsi par le fait le caractère général de l’étude, n’obtenait que 9% d’adhésion dans les pratiques des lycéens . Le prisme du numérique parait donc pratiquement indissociable de la manière dont les lycéens s’informent aujourd’hui sur l’actualité, qu’elle soit locale ou globale.

Enfin, le dernier point de cette étude préliminaire à la recherche est au cœur de ce que j’aspire à travailler avec ce mémoire. Il s’agissait de voir si par le fait d’une connexion à l’actualité des lycéens bien réelle, la connaissance sur les différents sujets d’actualité était aussi bonne que le laissait supposer la multiplicité de moyens qu’ils avaient pour s’informer. Les résultats obtenus sont résumés dans les conclusions de l’étude :

« En dépit de tous ces outils et de toutes ces connaissances, les lycéens ne paraissent globalement pas autant connectés à l’actualité que ce qu’on pourrait croire. En effet, sur des sujets concrets et fortement médiatisés au cours de la dernière année, ils sont une majorité à répondre « non, il me manque des informations » (39%) quand on leur demande s’ils sont bien informés sur ces sujets. 

Cette moyenne sur l’ensemble des sujets cache tout de même de grandes disparités : les lycéens sont globalement bien informés sur les sujets dont ils se sentent proche, comme ceux qui touche le local ou la technologie, et les évènements dont la médiatisation a été extrême. A l’inverse, tout ce qui touche à l’économie et à la politique semble moins les toucher, de sorte à aboutir même à certains extrêmes (comme avec la loi Macron où 30% des élèves reconnaissent ne pas savoir du tout ce qu’elle est).

Par ailleurs, il y aussi des disparités au niveau des profils des élèves qui donnent un accès ou un intérêt inégal à l’information et à l’actualité. A priori, cette étude révèle que le taux d’équipement, l’âge, la filière et le niveau de réussite scolaire sont autant de paramètres qui font varier à plus ou moins grande importance le niveau d’accès ou d’intérêt à l’information et à l’actualité ».

Résumer grossièrement que les lycéens ont les moyens de tout savoir et ignorant de tout en même temps serait à la fois grossier et inexact. S’il est vrai qu’on peut se laisser surprendre de la méconnaissance des élèves –dans l’échantillon interrogé, une nouvelle fois- il n’en reste pas moins que le rapport met en évidence des nuances qui font nettement varier les réponses des élèves. Ainsi, les sujets proches géographiquement -le festival des Accroche-cœurs dans cette étude- et temporellement –les attentats du 13 novembre à Paris- ou de leurs centres d’intérêts –l’iPhone 6S- sont ceux sur lesquels les lycéens sont le plus au fait. A l’inverse, les sujets plus globaux ou politiques ne semblent pas être la priorité des élèves, même s’ils en ont l’accès de facto par les outils numériques. Par ailleurs, l’étude insiste sur la diversité des facteurs qui peuvent intervenir dans la connexion importante ou non à l’actualité –âge, formation, taux d’équipement et niveau scolairenous évitant par la même occasion de tirer des conclusions trop hâtives.  Si cette étude a permis de dresser une première approche sur la réalité du rapport des lycéens à l’information, ces apports sont toutefois à nuancer compte tenu de l’échantillon interrogé. En effet, il s’agissait de la réponse de 164 élèves d’un lycée qui en comporte plus de 900. Ces réponses sont en plus limitées à l’étude de public en lycée général et technologique, n’embrassant pas ainsi la multiplicité des profils qu’il existe chez les lycéens, notamment en excluant la filière professionnelle. Enfin, cette étude nous renseigne sur les habitudes des lycéens, ne nous permettant ainsi pas de tirer des conclusions sur l’ensemble du second degré, puisqu’on supposera que le taux d’équipement –pour ne citer que ça- d’un collégien et d’un lycéen ne sont pas identiques. Cette étude a toutefois l’avantage de brosser un portrait assez précis sur un type d’élève dans un espace donné. Son apport pour notre étude est donc pertinent et les conclusions qui y sont tirées donnent une première approche sur le rapport des élèves à l’actualité.

Par ailleurs, les informations de cette enquête préliminaire sont d’autant plus pertinentes qu’elles sont globalement reprises dans les observations résumées dans un ouvrage Sophie JEHEL qui traite de la question .

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
1. ÉDUCATION, ÉCOLE, MÉDIAS ET ACTUALITÉS : ÉTAT DES LIEUX
1.1. Définir l’actualité et son application scolaire au sens large
1.1.1. Définir l’actualité
1.1.2. L’actualité dans le cadre légal des apprentissages scolaires
1.2. Le rapport des jeunes à l’actualité par les médias
1.2.1. Enquêtes préliminaires
1.2.2. L’éducation aux médias et l’éducation par les médias
1.2.3. Penser l’éducation par les médias dans l’enseignement
1.3. L’Éducation aux Médias et à l’Information (É.M.I.) dans l’École de la République
1.3.1. Définir l’É.M.I. aujourd’hui
1.3.2. Une É.M.I. dans les nouveaux programmes
1.3.3. Comprendre le rôle du Clemi et du réseau Canopé dans l’É.M.I
1.3.4. Médiaparks : un exemple d’application de l’É.M.I. en histoire-géographie
1.4. L’enseignement de l’actualité en histoire-géographie et en l’E.M.C
1.4.1. L’actualité enseignée comme Q.S.V
1.4.2. L’actualité enseignée comme histoire immédiate
1.5. Conclusions partielles
2. ÉTUDE DES PRATIQUES ENSEIGNANTES ACTUELLES : ANALYSE DES DONNÉES PAR INTERVIEW CROISÉE
2.1. Définir l’outil d’enquête : l’interview croisée
2.1.1. L’interview croisée : une forme d’entretien et d’interview spécifique
2.1.2. Principe de fonctionnement de l’outil d’enquête
2.1.3. Intérêts de l’outil
2.2. Méthologie d’enquête appliquée à la situation d’étude
2.2.1. L’interview croisée : quels intérêts dans la situation donnée ?
2.2.2. Présentation des profils des interviewées
2.2.3. Présentation du questionnaire et de ses intérêts dans la recherche
2.3. Résultats et analyses de l’interview croisée réalisée
2.3.1. Informations sur les interrogées
2.3.2. L’actualité, les jeunes et les médias
2.3.3. L’É.M.I., la formation enseignante et les NTIC
2.3.4. Pratiques didactiques/pédagogiques, Q.S.V. et histoire immédiate
2.3.5. Fin de l’interview
2.4. Conclusions partielles
3. VADE-MECUM DES STRATÉGIES DE L’INTÉGRATION DE L’ACTUALITÉ EN CLASSE, LIMITES DE LA RECHERCHE ET APPROFONDISSEMENTS POSSIBLES
3.1. Comment intégrer l’actualité en classe : précautions d’usage
3.1.1. Apprendre à avoir du recul
3.1.2. Encourager le débat, mais le débat de faits
3.1.3. L’enjeu des Q.S.V. : enseigner les faits sans juger les croyances
3.2. Tableau récapitulatif des procédés, leurs avantages et leurs inconvénients
3.3. Limites de la recherche
3.3.1. L’interview croisée : un outil de recherche peu expérimenté
3.3.2. Attitude de l’interviewer dans la conduite des entretiens
3.3.3. Une étude (trop) restreinte
3.4. Approfondissements possibles du sujet
3.4.1. Élargir le panel d’interviewés
3.4.2. Penser l’intégration de l’actualité en dehors de l’histoire-géographie-E.M.C
3.4.3. Penser l’intégration de l’actualité en dehors du temps en classe
CONCLUSION
TABLE DES FIGURES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *