Le psychomotricien en Soins de Suite et de Réadaptation
Il me semble important dans un premier temps de poser des définitions autour des notions que sont la rééducation et la réadaptation afin de mieux cerner l’univers dans lequel s’inscrit cet écrit. Je décrirai également le cadre clinique d’une part et le cadre théorique du psychomotricien en SSR d’autre part, plus particulièrement les éléments que j’ai jugé les plus présents et importants en psychomotricité dans cette structure.
Présentation du cadre clinique
Les soins de suite et de réadaptation sont, comme indiqué dans leur nom, des soins de réadaptation et de rééducation prodigués à la suite d’une hospitalisation « classique ». Ces structures ont été pensées pour des maladies, accidents, opérations, dont les premiers gestes médicaux de soins aigus ont été apportés par des services hospitaliers adaptés et pour lesquels le patient présente encore trop de difficultés pour simplement rentrer à son domicile. Il faut alors penser à la rééducation de ses capacités lésées et sa réadaptation en fonction de ses limitations. (Ministère des Solidarité et de la Santé, 2016) .
Définition
Rééducation : Selon le dictionnaire le Larousse, la rééducation se définie comme l’ « ensemble des moyens et des soins non chirurgicaux mis en œuvre pour rétablir plus ou moins complètement l’usage d’un membre, d’une fonction » (Larousse en ligne, s.d.).
Réadaptation : Selon le dictionnaire du Larousse, la réadaptation se définie comme la « reprise progressive de l’activité après une maladie ou une blessure » et elle fonctionne comme l’ « ensemble des mesures permettant de réintégrer un malade ou un blessé dans la vie professionnelle » (Larousse en ligne, s.d.).
Cette deuxième définition peut sembler assez limitatrice dans la mesure où la réadaptation des patients dans des structures adaptées ne s’intéresse pas seulement à l’aspect professionnel de leurs vie. En effet, la réadaptation se fait également sur le plan privé de l’individu en lien avec ses activités de la vie quotidienne et son environnement. Pour cela, les professionnels évaluent les capacités d’autonomie maximale de la personne et proposent en fonction des difficultés et des besoins des adaptations au niveau du domicile par exemple (rampe à la place des escaliers, douche à la place d’une baignoire…), des aides techniques (fauteuil roulant, barre de douche…) ou encore des aides humaines pour l’ensemble des gestes que la personne n’est plus en mesure de réaliser seule (habillage, soins d’hygiène, ménage, tâches administratives…) Ces deux définitions désignent donc des notions relativement différentes mais qui se complètent dans la prise en charge des patients en Soins de Suite et de Réadaptation. En effet, quand le patient arrive, il s’agit dans un premier temps de rééduquer la fonction ou le membre lésé au maximum. Quand il n’est pas possible de rétablir les capacités préaccident/opération/maladie, on oriente vers la réadaptation. Il s’agit alors, de venir compenser la perte de capacités par des adaptations du quotidien de la personne concernée, tant sur le plan privé que professionnel, tel que décrit ci-avant.
Ces soins sont prodigués dans des centres de rééducation qui correspondent à des structures de Soins de Suite et de Réadaptation définis comme suit : (Ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion, 2016) .
Service de Soins de Suite et de Réadaptation : « l’activité de soins de suite et de réadaptation (SSR) a pour objet de prévenir et/ou de réduire les conséquences fonctionnelles, physiques, psychologiques et/ou sociales des déficiences et des limitations de capacité des patients et de promouvoir leur réadaptation et leur réinsertion » .
3 missions sont dégagées :
– La rééducation : prendre en charge le patient pour qu’il retrouve au maximum ses capacités physiques, cognitives et psychologiques. Le but est de permettre un retour optimal de la fonction lésée.
– La réadaptation : dans le cas où les lésions sont irréversibles, il s’agit d’accompagner le patient dans son adaptation à ces limitations.
– La réinsertion : après les soins, l’accompagnement du patient se fait afin qu’il acquiert la plus grande autonomie possible et lui permette de se réintégrer socialement et professionnellement.
Une structure de SSR dispense une prise en charge globale : soins médicaux, curatifs et palliatifs, rééducation et réadaptation, éducation thérapeutique et accompagnement à la réinsertion, grâce à une équipe pluridisciplinaire. Les SSR sont des structures spécialisées, on y retrouve des affections :
– Du système nerveux
– Cardio-vasculaires
– Respiratoires
– Onco-hématologiques
– Liées à des brûlures importantes
– Liées à des conduites addictives
– Des systèmes digestifs, métaboliques et endocriniens
– Poly-pathologiques des personnes dépendantes ou en risque de dépendance .
Les SSR sont donc des structures s’adressant à un large public avec de multiples pathologies et problématiques. Les psychomotriciens y sont peu représentés et leur pratique vient à différer selon le public accueilli. Il convient donc d’affiner cette présentation quant au type de SSR et aux patients desquels prend source ma problématique.
Présentation du lieu de stage
L’établissement dans lequel je réalise mon stage fait partie d’un groupement hospitalier. Il est composé de quatre services : un service neurologique, un service locomoteur, un service de pneumologie et un service de diabétologie-nutrition. Cette structure est équipée de deux plateaux techniques de rééducation dont un spécifique à l’exploration respiratoire, d’une salle d’ergothérapie avec cuisine thérapeutique, d’une salle de psychomotricité, d’une salle d’activités physiques adaptées et d’un bassin de balnéothérapie. Pour les patients, le site est également doté d’espaces extérieurs, de salles de repas, d’une boutique-presse, d’un espace coiffure et de salons collectifs permettant des activités d’éducation thérapeutique et de détente.
• Le service de Soins de Suite et Réadaptation Diabétologie Nutrition
Ce service est composé de 30 lits d’hospitalisation (dont 20 d’hospitalisation de semaine) et accueille des personnes souffrant de diabète, d’obésité ayant des conséquences physiques, psychologiques et sociales ou de pathologies endocriniennes. L’hospitalisation est indiquée afin de permettre à ces personnes d’obtenir une amélioration de la qualité de vie et de l’autonomie avec la maladie chronique, de ralentir la survenue des complications et de réduire les hospitalisations en permettant un maintien durable des paramètres biologiques (en lien avec le diabète et l’obésité). Pour cela, le service propose un programme d’éducation thérapeutique sur le diabète et l’obésité, une évaluation de l’équilibre nutritionnel, des soins médicamenteux ou techniques liés à ces pathologies chroniques. La présence d’un orthoprothésiste permet également un appareillage et une réadaptation à la marche de l’amputation du membre inférieur (complication possible du diabète).
• Le service de Soins de Suite et de Réadaptation de l’Appareil Locomoteur
Ce service est constitué de 27 lits d’hospitalisation complète et 21 places d’hôpital de jour. Il accueille des patients souffrants de pathologies ostéo-articulaires de toute origine (rhumatologique, infectieuse, traumatique, post-chirurgicale), de douleurs invalidantes chroniques (lombalgie, fibromyalgie, arthrose) ou d’amputation avec suivi post-opératoire et appareillage. L’hospitalisation des patients leur permet d’accéder à des soins de rééducation/réadaptation, de bénéficier d’infiltrations ostéo articulaires, de consultations d’appareillage, d’évaluation et d’adaptation de fauteuils roulants (manuels ou électriques), et d’éducation thérapeutique chez le lombalgique chronique et chez l’amputé du membre inférieur.
• Le service de Soins de Suite et Réadaptation en Pneumologie
Possédant 31 lits d’hospitalisation, ce service accueille toute personne atteinte d’une affection respiratoire aigue ou chronique responsable d’une dégradation de la qualité de vie (bronchopneumopathie chronique obstructive, emphysème, « Covid long »…). L’hospitalisation est indiquée après un séjour en service aigue pour une déstabilisation de la maladie respiratoire, avant ou après une chirurgie thoracique, ou en cas d’aggravation progressive de la maladie. Le service propose un programme d’éducation thérapeutique de réhabilitation respiratoire, des préparations ou suivis de chirurgie thoracique et la poursuite de soins médicamenteux ou technique complexes à visée respiratoire. Cette prise en charge a pour but d’améliorer la qualité de vie, diminuer les dyspnées, augmenter la capacité à l’effort et diminuer les hospitalisations futures.
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Table des matières
Introduction
Partie 1. Le psychomotricien en Soins de Suite et de Réadaptation
I. Présentation du cadre clinique
A. Définition
B. Présentation du lieu de stage
II. Psychomotricité en Rééducation et Réadaptation
A. La représentation de la psychomotricité par les autres professionnels de santé
B. Distinction par rapport aux autres métiers
III. Notions théoriques psychomotrices
A. Schéma corporel
B. Image du corps
C. Tonus
D. Enveloppe et sentiment d’unité
Partie 2. Cas cliniques : comment se traduit la psychomotricité chez les patients et quels en sont ses apports
I. Psychomotricité et sclérose en plaque
A. Présentation de la pathologie
B. Cas de Mme B
C. Apports de la prise en charge
II. Psychomotricité et amputation
A. Présentation de la pathologie
B. Cas de Mme O
C. Apports de la prise en charge
III. Fibromyalgie et psychomotricité aquatique : un exemple de séance
A. Présentation de la pathologie
B. Présentation des patients et du déroulé de l’ETP
C. Déroulé des séances
Partie 3. Les apports et limites de la psychomotricité en centre de rééducation
I. Apport des médiations psychomotrices
A. Relaxation et toucher thérapeutique
B. Miroir
C. Eau
II. Apports et limites des prises en charges psychomotrices
A. Apports
B. Limites
C. Etre stagiaire en psychomotricité dans un SSR
Conclusion
Bibliographie
Sitographie
Annexes