LE PROJET DE SOIN ET LES OBJECTIFS EN PSYCHOMOTRICITE 

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Une psychomotricité différente pour chaque psychomotricien ?

Cela signifierait que, derrière le nom de psychomotricien, chacun pourrait avoir sa propre orientation, en résonnance à ce qu’il est. Certes, nous faisons avec ce que nous sommes. Mais alors, plutôt que de retrouver une orientation propre à chaque psychomotricien, qui donnerait de fait une psychomotricité différente pour chaque professionnel, il semble en réalité que les psychomotriciens se regroupent derrière quelques orientations dominantes. Ces dernières ont ensuite parfois du mal à cohabiter ensemble, sous le même toit qu’est celui de la psychomotricité.

Des grandes orientations dominantes ?

De ce point de vue, il ne semble pas qu’il y ait autant de psychomotricités que de psychomotriciens, mais quelques psychomotricités, d’orientations différentes, derrière lesquelles se rejoignent des psychomotriciens : des obédiences différentes, inspirées d’autres disciplines, plutôt qu’une approche psychomotrice, propre à la psychomotricité et unique, réunissant tous les professionnels derrière elle. Nous interrogerons ces différentes conceptions de la psychomotricité, qui peuvent participer à la construction d’une identité professionnelle fragile.

Les questionnaires :

Construction des questionnaires

Après avoir observé et décrit les pratiques psychomotrices vues en stage, j’ai décidé d’élaborer un questionnaire s’adressant aux psychomotriciens que j’ai pu accompagner, pour leur donner un espace de parole sur leurs propres pratiques psychomotrices et ensuite comparer les données obtenues avec mes propres observations pour y mettre davantage de sens.
J’ai construit le questionnaire avec une de mes maîtres de stage, au travers d’échanges cliniques. C’est un questionnaire qualitatif6, de onze questions, reprenant le parcours du psychomotricien : son école, le choix de son métier, ses stages et formations, ses lieux d’exercice et leurs populations. Dans une seconde partie, les questions sont plus ciblées sur la définition de la psychomotricité selon le professionnel, la place des objectifs dans le suivi psychomoteur, et l’appartenance ou non à un courant de pensée spécifique au sein de la pratique professionnelle.
J’ai envoyé ce questionnaire à six psychomotriciens, que j’ai pu suivre lors de différents stages, afin de mettre en lien leurs réponses avec mes observations et questionnements.

Le retour des questionnaires

Lorsque j’ai reçu les questionnaires remplis, les réponses n’étaient pas toujours en adéquation avec ce que je pensais avoir observé. Mes interrogations étaient triples.
Peut-être était-ce moi qui avait mal observé, compris ou analysé les pratiques dans leur ensemble. Dans certains de mes stages, je n’ai pas toujours eu la possibilité d’échanger sur les situations cliniques. Il m’a paru difficile, à plusieurs reprises, de pouvoir mettre du sens sur ce que qui se passait devant moi, ou sur les pratiques psychomotrices observées. Il est donc possible qu’il y ait parfois un écart entre ce que je décris et ce que le professionnel semble raconter de sa pratique. Peut-être aussi que les dires des professionnels ne sont pas toujours en adéquation avec leurs pratiques. Des différences peuvent parfois être relevées entre ce qui est dit et ce qui est fait, que ces différences soient volontaires ou non. C’est ce qu’étudie Marie Langiaux dans son mémoire de master de santé intitulé Les positionnements déclaratif et en acte des psychomotriciens relatifs à la dyade thérapie/rééducation. (Langiaux, M., 2019). Par exemple, la réponse à la question onze de mon questionnaire, concernant l’appartenance à une obédience dominante ou à un courant de pensée spécifique, est assumée pour certains, plus délicate pour d’autres. Elle semble parfois plus assurée dans les dires et plus nuancée dans la pratique, ou à l’inverse plus floutée dans les paroles et davantage visible en pratique, ou bien homogène quel que soit le versant.
Enfin, je me suis demandé si la connaissance de mon sujet de mémoire, pour ceux qui le connaissaient, avait pu potentiellement influencer certaines de leurs réponses.

Analyse des retours des questionnaires

Je ne parlerais ici que des questionnaires en lien avec les observations cliniques faites précédemment, donc ceux des psychomotriciennes que j’ai pu accompagner lors de mes deux stages de troisième année.7

Définitions de la psychomotricité

Au niveau des définitions données à la psychomotricité, des différences émergent sur la conception même de l’être humain, et donc de l’être psychomoteur.
Une psychomotricienne définit la psychomotricité comme « une discipline s’inscrivant dans une approche holistique de l’individu » en veillant à « l’harmonie » des sphères motrices, affectives, cognitives et relationnelles de la personne.8 D’après le Robert en ligne, l’holisme est « une théorie selon laquelle l’homme est un tout indivisible qui ne peut être expliqué par ses différentes composantes (physique, psychologique, psychique) considérées séparément ».
Une autre psychomotricienne semble avoir une conception différente de la psychomotricité : « C’est pour soigner les bobos du cœur, qui font des bobos à la tête et au corps et inversement ».9 L’homme serait donc divisible en parties, à l’inverse de l’holisme, notamment avec un « cœur », un « corps » et une « tête ». A l’issue de quelques échanges supplémentaires, il semblerait pour elle que la psychomotricité soit « un pont entre le psycho et le moteur », entre l’esprit et le corps.
Cette compréhension de l’être humain renvoie plutôt à une pensée dualiste, que nous approfondirons ultérieurement10. A l’image du pont, Christian Ballouard parle lui de frontière : « Entre le psy et le moteur, entre le neurologique et le psychologique, entre les maladies nerveuses et les maladies mentales, la psychomotricité travaille les frontières. C’est sur ce chevauchement, cet éternel entre-deux que se fondent la position de ce métier et ses professionnels. Faire bouger les gens dans leur corps pour les faire bouger dans leur tête. » (Ballouard, C., 2011, p. 6). Selon que nous nous situons dans un cadre idéologique dualiste ou moniste, l’holisme faisant partie du monisme, nous nous apercevons que la psychomotricité ne se conçoit pas de la même façon.

Appartenance à une obédience spécifique

En lien avec le cadre idéologique de référence dans lequel nous situons la psychomotricité, se pose aussi la question d’appartenance à une orientation spécifique au sein même de la psychomotricité. Elle semblerait expliquer les différences de pratiques et de points de vue selon que nous privilégions un courant de pensée plus qu’un autre, qui viendrait à son tour colorer d’une certaine manière les pratiques psychomotrices des professionnels. J’ai donc souhaité interroger les professionnelles rencontrées, sur leur affiliation potentielle à un courant spécifique de pensée, pouvant justifier les différences de pratiques observées.
La plupart dit ne pas avoir d’approches exclusives. Certaines admettent avoir plus d’affinités avec certains courants sans pour autant s’y enfermer : « Je tends à m’inscrire dans une pensée psychodynamique en confrontant et associant des apports psychanalytiques (Winnicott surtout) mais aussi des connaissances issues de la neurologie et du cognitivisme11 ».
Une autre professionnelle affirme quant à elle se retrouver dans un courant dominant : « J’ai trouvé les outils qui me correspondent le plus en analyse comportementale appliquée »12, tout en assurant que son approche psychomotrice reste globale. Mais peut-on être global avec un prisme comportemental, ou tout autre prisme dominant ? Au-delà des affinités que chacun peut avoir vis-à-vis de certaines approches, cela pose question de savoir comment garder une vision globale de l’individu, propre à la psychomotricité, tout en ayant une vision dominante qui potentiellement influence la prise en charge et ses objectifs.
Une troisième psychomotricienne admet être « très imprégnée par le courant psychanalytique »13, bien qu’il y ait aussi des éléments intéressants dans les méthodes comportementales.
Derrière le métier de psychomotricien, nous retrouvons donc des professionnels avec des orientations dominantes différentes, des orientations venant d’autres disciplines, ce qui pourrait expliquer les grandes différences de pratiques parfois constatées, même si les orientations peuvent tout aussi bien se compléter d’un point de vue plus intégratif.
L’une des professionnelles ajoute également : « La psychomotricité est l’art de réunir »14. Réunir corps et esprit dans une vision dualiste ? Réunir les disciplines dans une vision occidentale de la psychomotricité ? La psychomotricité ne viendrait-elle pas, dans un monde dualiste, réunir des disciplines qui n’auraient jamais eu besoin d’être préalablement séparées, là où dans un monde plus moniste, la psychomotricité pourrait être considérée comme une discipline à part entière, une façon de penser globalement l’individu, en une unité plutôt qu’en une juxtaposition d’éléments ? Pour R. Bolduc, « si la notion de psychomotricité s’est historiquement imposée, c’est probablement à cause de notre mode de pensée traditionnellement dualiste qui a longtemps considéré la vie mentale et l’activité corporelle comme deux réalités absolument hétérogènes. » (Bolduc, R., 1997, p. 75). Le métier de psychomotricien n’existe d’ailleurs pas partout dans le monde, notamment dans le monde oriental et extrême-oriental où les sociétés ne sont pas dualistes mais monistes. La psychomotricité permettrait alors d’aller au-delà de « l’erreur de Descartes » (Damasio, A., 1994), au-delà d’une vision dualiste pour penser l’être humain dans son unité et sa globalité.

La psychomotricité : une identité plurielle dans notre société occidentale dualiste

L’occident : un monde dualiste

C’est à notre modèle judéo-chrétien, qui sépare le corps et l’âme, ainsi qu’à René Descartes (1596-1650), mathématicien, physicien et philosophe français du XVIIème siècle, que nous devons le modèle de la pensée dualiste largement répandu dans notre société occidentale.

Conception de l’être humain d’après René Descartes

Pour Descartes, « l’âme par laquelle je suis ce que je suis est entièrement distincte du corps » (Descartes, cité par Jaquet, C., 2001, p. 3). Selon lui, l’être humain se compose donc de deux substances distinctes : l’âme et le corps, qu’il nomme respectivement res cogitans et res extensa.

L’esprit d’une part, le corps d’autre part

Dans les Méditations métaphysiques, Descartes se décrit comme « une chose qui pense (res cogitans) c’est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent. » (Descartes, 1979, p. 85). La « res cogitans » est alors une substance intelligente, dont la nature première est de penser. Elle est immatérielle. La « res extensa » est une étendue tant en longueur, en largeur et en profondeur. Descartes la qualifie de « machine » : « Je me considérais, premièrement, comme ayant un visage, des mains, des bras, et toute cette machine composée d’os et de chair, telle qu’elle paraît en un cadavre, laquelle je désignais par le nom de corps. » (Ibid, p. 81). Le corps serait donc une mécanique au service de l’esprit.
C’est dans son ouvrage Méditations métaphysiques (1641) que Descartes différencie l’esprit ou l’âme du corps (il ne fait pas de différence entre le mens pour l’esprit, et l’anima pour l’âme), séparant une nature immatérielle non étendue, d’une nature matérielle étendue. Plus tard, en 1644, dans son ouvrage Les principes de la philosophie, Descartes déclarera : « Nous savons que notre âme est jointe à un corps, […] parce que nous apercevons clairement que la douleur et plusieurs autres sentiments nous arrivent sans que nous les ayons prévu, et que notre âme, par une connaissance qui lui est naturelle, juge que ses sentiments ne procèdent point d’elle seule, en tant qu’elle est une chose qui pense, mais en tant qu’elle est unie à une chose étendue qui se meut par la disposition de ses organes, qu’on nomme proprement le corps d’un homme. » (Descartes, cité par Ramond, C., 1992, p. 113).

Un lien entre le corps et l’esprit

Descartes introduit alors l’idée d’une union, d’une mise en relation entre ces deux substances distinctes. Evoquer un lien entre le corps et l’esprit, entre une substance corporelle et étendue, et une substance intellectuelle et pensante, « c’est se représenter ‘‘une seule personne qui a ensemble un corps et une pensée’’». (Descartes, cité par Jaquet, C., 2001, p. 40). Descartes fait donc évoluer sa pensée, en passant d’une dualité corps-esprit bien marquée à une pensée plus souple, admettant une interaction entre les deux substances, chacune d’entre elles gardant sa nature et ses spécificités. (Ibid.).
La philosophie de Descartes permet une approche scientifique et rationnelle du corps. Ce dualisme cartésien, renforcé par l’héritage de la culture judéo-chrétienne prépondérante en France, participera au clivage entre maladies somatiques et maladies psychiques, dans le monde médical occidental, encore très influencé par ce modèle dualiste aujourd’hui. Pour Denis Grabot, « le clivage du corps et de l’esprit, né du catholicisme et construit par les philosophes, est ainsi positionné comme un déterminant de l’utilité des psychomotriciens, réconciliateurs de la psyché et du soma. » (Grabot, D., 2004, p. 14). La psychomotricité serait donc la médiatrice, la réunificatrice du corps et de l’esprit, dans un cadre de référence dualiste.
D’autres philosophes, tel Spinoza et sa pensée moniste15, proposeront des modèles de pensée différents. Des médecins ou scientifiques vont par ailleurs, sur la base de leurs observations, requestionner les liens corps-esprit chez l’être humain.

Premières apparitions et utilisations du terme psycho-moteur

Wilhem Griesinger

C’est en 1844 que le terme « psycho-moteur » apparaît pour la première fois dans la littérature. Nous le devons au neuropsychiatre allemand Wilhem Griesinger (1817-1868) qui l’utilise pour décrire l’hypotonie des déprimés. Selon lui, « dans les états de mélancolie nous pouvons observer, sur le plan psycho-moteur, une inhibition de l’élan vital et de l’action ». (Griesinger, cité par Grabot, D., 2004, p. 265). Les postures, attitudes et mouvements peuvent donc être modifiés par des troubles psychiques, la mélancolie semblant provoquer dans son exemple, un ralentissement psycho-moteur.

Léonard Landois

En 1872, c’est au tour du physiologiste allemand Léonard Landois (1837-1902) de découvrir des aires corticales qui, lorsqu’elles sont stimulées, entraînent des décharges motrices. Ces aires seront nommées aires psychomotrices ou centres psychomoteurs.

Carl Wernicke

Dès la fin du XIXème siècle, Carl Wernicke (1848-1905), neuropsychiatre allemand, s’interroge sur l’existence d’un lien constant entre le corps et l’esprit au sein de désordres psychomoteurs, ces derniers ne pouvant pas toujours s’expliquer par des troubles purement organiques ou purement psychologiques.

Ernest Dupré

En 1907, le psychiatre français Ernest Dupré (1862-1921) évoque la « débilité motrice » qu’il définit comme « une perturbation tonique, une maladresse des mouvements et des réflexes anormaux amenant à l’impossibilité d’effectuer une action volontaire, qu’il dialectise avec la ‘‘débilité mentale’’ en soulignant le rapport entre acquisitions motrices et développement intellectuel ». (E. Dupré, cité par Grim, O., 2017, p. 259-260).
Dupré précisera : « Plus on étudie les troubles moteurs chez les sujets psychopathes, plus on acquiert la conviction que les étroites relations qui unissent les anomalies psychiques et les anomalies motrices sont l’expression d’une solidarité originelle et profonde entre le mouvement et la pensée. » (Dupré, E., 1925, p. 279). Il montre alors les rapports entre l’intelligence, le psychisme et la motricité, et leurs relations les uns avec les autres.
Si ces visions scientifiques restent attachées au dualisme cartésien qui sépare l’être humain en deux substances distinctes, que sont l’esprit et le corps, ces découvertes permettent un début de considération de leur lien, leur relation et éventuellement de leurs interactions.

Séparation de la psychiatrie et de la neurologie

Mai 68. La période de luttes et de contestations sociales a marqué un tournant dans la formation des psychiatres en France.
Avant 1968-1969, les psychiatres se formaient au travers du secteur hospitalier et du secteur universitaire. D’un point de vue universitaire, il n’existait pas d’enseignement spécifique. La psychiatrie était généralement rattachée à d’autres chaires, comme celles de Médecine Interne, Médecine Légale ou Neurologie. Il y avait un Certificat Universitaire de psychiatrie, mais sans valeur de spécialité.
A partir de 1949, les chaires de Neurologie, qui ne proposaient jusque-là qu’un enseignement facultatif de psychiatrie, voulurent créer un certificat de Neuro-Psychiatrie, avec une reconnaissance universitaire mais aussi reconnaissance de la Santé et de la Sécurité Sociale. Mais la neurologie restait très prévalente, là où la psychiatrie était considérée comme secondaire. Les psychiatres diplômés des Internats des Hôpitaux psychiatriques n’étaient pas reconnus par la sécurité sociale pour exercer la neuro-psychiatrie tandis que les neurologues l’étaient. L’influence de la psychanalyse, qui s’est développée en France dans les années 70, est venue renforcer l’opposition entre « une Neuro-Psychiatrie résolument organiciste et une Socio-Psychiatrie teintée de Psychanalyse ». (Guyotat, J., 1987, p. 72).
C’est donc le 30 décembre 1968, à la suite des évènements de mai 68 en faveur d’une restructuration de l’enseignement universitaire, notamment en médecine, que la psychiatrie est séparée de la neurologie. Un Certificat d’Etudes Spécialisées (C.E.S) de Psychiatrie fut créé, et le C.E.S de Neuro-Psychiatrie supprimé. En 1983, la psychiatrie devient une spécialité, à la suite d’un concours hospitalo-universitaire, qui en cas de réussite, permet d’obtenir la fonction d’Interne de Spécialité. (Guyotat, J., 1987).
Cette séparation de la neurologie et de la psychiatrie, du cerveau et de la psyché, c’est ce que Françoise Giromini nomme un « dualisme en acte » (Giromini, F., 2015b, p. 274), rangeant du côté de la neurologie les rééducations fonctionnelles telles que la kinésithérapie et l’ergothérapie, et du côté de la psychiatrie tout ce qui renvoie au domaine de la « psyché ». « Seule la psychomotricité prendra en charge le corps dans son interaction avec la ’’psyché’’ ». (Giromini, F., 2014, p. 40). Si les matières dispensées en formation de psychomotricité restent proches de la sphère médicale, au travers de l’étude de l’anatomie et la neuro-anatomie du corps humain, de la physiologie et neuro-physiologie, la psychanalyse est elle aussi représentée, en lien avec son influence sur la pédopsychiatrie.
Jacques Corraze déplore pour sa part l’existence de tant de dualismes qui n’amènent rien de fructueux : « Les dualismes corps-esprit, neurologie-psychiatrie, organique (ou instrumental) – fonctionnel, neurogène-psychogène apparaissent comme des cadres où s’abritent des querelles ancestrales totalement dépourvues de sens. » (Corraze, J., 2009, p. 85).
Au moment de cette scission neurologie-psychiatrie, de cette séparation des soins somatiques et des soins psychiques, une nouvelle discipline va naître et se développer : la psychomotricité.

Etymologie du terme psychomotricité

Avant de s’écrire en seul mot, le terme psychomotricité était séparé d’un trait d’union « psycho-motricité », traduisant l’association de deux affixes, « psycho » et « motricité », donnant à la psychomotricité une double racine gréco-latine. L’affixe « psycho », vient du grec psukhê, et signifie âme, conscience et esprit, auxquels nous pouvons ajouter respiration, haleine ainsi que souffle de vie. L’affixe « motricité » vient pour sa part du latin mobilis signifiant mobile, qui peut se mouvoir, être en mouvement, mettre en mouvement. Cet affixe « motricité » est à considérer comme verbe d’action et non comme substantif, pour bien saisir l’action de mouvement.
Ainsi, la psychomotricité est une mise en mouvement de l’âme, une mise en mouvement de la psyché, dans une perspective dualiste où l’être humain est considéré comme une âme incarnée dans un corps, où il est compris comme composé de deux substances distinctes. Dans une perspective moniste16, où l’être humain est considéré comme un tout, une unité, la psychomotricité serait alors à envisager comme une mise en mouvement de l’être. (Grim, O., 2017).

Rencontre entre Gisèle Soubiran et Julian de Ajuriaguerra

Giselle Soubiran a une trentaine d’années lorsqu’elle entre dans le service de guidance infantile de l’hôpital Henri Rousselle. Elle y fait la rencontre de Julian de Ajuriaguerra, rencontre qui marquera un tournant dans l’histoire de sa vie professionnelle. (Giromini, F., 2014).
Le parcours de Giselle Soubiran, alliant médecine, kinésithérapie et psychologie intéresse Julian de Ajuriaguerra, qui par sa « tendance globalisatrice » (Aguirre, J.-M., 1994, p. 34) caractérisant toute son évolution personnelle, voit l’opportunité de « mettre en lien pratique, la corporéité et la psyché dans le développement et dans le soin du jeune enfant. » (Giromini, F., 2014, p. 14). C’est ainsi qu’une nouvelle discipline voit le jour : la psychomotricité !

Naissance de la psychomotricité

En 1948 est alors créé le Centre de rééducation psychomotrice et du langage, où Suzanne Borel-Maisonny sera la cheffe du service des troubles du langage, Giselle Soubiran, la cheffe du service de psychomotricité, et Julian de Ajuriaguerra le coordinateur scientifique. L’hôpital Henri Rousselle devient donc le « creuset de l’histoire de la psychomotricité, lieu de création d’une nouvelle manière de soigner. » (Giromini, F., 2014, p. 21). Cette discipline naissante qu’est la psychomotricité « se fonde sur l’idée que corps et psychisme sont intimement mêlés et que l’un ne saurait exister sans l’autre. » (Giromini, F., 2015b, p. 272).
Giselle Soubiran qualifiera la psychomotricité d’approche globale de la personne et lui donnera une première définition : « La psychomotricité consiste dans l’étude et le traitement des conduites motrices inadéquates, inadaptées à des situations évolutives qu’elles soient imposées ou choisies, que les difficultés soient liées soit à des troubles psychogènes provoquant une attitude réactionnelle, soit à une insuffisance d’équipement. » (G. Soubiran citée par Giromini, F., 2014, p. 18).

Texte fondateur de la psychomotricité

En 1959, Julian de Ajuriaguerra et Giselle Soubiran, publient dans la revue La Psychiatrie de l’Enfant, un article intitulé « Indications et techniques de rééducation psychomotrice en psychiatrie infantile ». C’est « un texte inaugural de la psychomotricité, […] véritable charte de naissance de ladite psychomotricité » (Joly, F., 2008, p. 17) : « 1° Les syndromes psychomoteurs ne répondent pas à une lésion en foyer donnant des syndromes neurologiques classiques ; 2° Ils sont plus ou moins automatiques, plus ou moins motivés, plus ou moins subis, plus ou moins voulus ; 3° Liés aux affects, mais attachés au soma par leur fluence à travers la voie finale commune, ils ne présentent pas pour cela uniquement des caractéristiques de dérèglement d’un système défini ; 4° Persistants ou labiles dans leur forme, mais variables dans leurs expressions, ils restent, chez un même sujet intimement liés aux afférences et aux situations ; 5° Ils ont souvent un caractère expressionnel caricatural et gardent des caractères primitifs, quoique modifiés par l’évolution ultérieure, qui les rapprochent de phases primitives de contact ou de répulsions, de passivité ou d’agression. Parfois ils n’ont même plus la forme du mouvement primaire mais seulement la valeur de symbole. » (J. de Ajuriaguerra et G. Soubiran, cités par Grabot, D., 2004, p. 61).
Cet écrit résulte de nombreux travaux de recherche effectués au sein de leur Centre de rééducation psychomotrice et du langage, écrit publié plus d’une décennie après la création du centre. Giselle Soubiran et Julian de Ajuriaguerra y définissent les troubles psychomoteurs et leurs caractéristiques.

Le développement de la psychomotricité en quelques dates

Dès 1961, le premier enseignement de psychomotricité va être délivré, d’abord à la Pitié-Salpêtrière, sur un an, puis deux, et est destiné uniquement aux futurs rééducateurs.
Le 4 février 1963 est créé un certificat de capacité en rééducation psychomotrice, obtenu à la suite de deux ans de formation : la première année à la Pitié-Salpêtrière, et la seconde à l’hôpital Henri Rousselle où l’enseignement est donné par Giselle Soubiran. « L’orientation de la psychomotricité sera dès lors plutôt neurologique, gymnique et sportive à la Salpêtrière alors qu’elle sera humaniste, psychocorporelle et relationnelle à Henri Rousselle. » (Giromini, F., 2014, p. 30).
Diverses raisons, en particulier un nombre d’élèves trop nombreux en première année pour un nombre limité de places en seconde année, ainsi qu’une absence de poste de responsabilité de direction de l’enseignement à la Pitié-Salpêtrière, poussent Mme Soubiran à quitter l’hôpital public, et à créer en 1967, avec ses deux fils et ses collaborateurs, sa propre école de psychomotricité : l’Institut supérieur de rééducation psychomotrice et de relaxation psychosomatique, actuelle école de l’ISRP.
1974 est l’année où le diplôme d’Etat de psycho-rééducateur est créé grâce au décret du 15 février 1974. En 1985, le terme psycho-rééducateur est finalement remplacé par celui de psychomotricien. Trois ans plus tard, en 1988, est créé un décret de compétence reconnaissant le statut paramédical des psychomotriciens. En 1995, la profession des psychomotriciens obtient le statut d’auxiliaire de la médecine, et est inscrite au livre IV du code de la santé publique.

L’œuvre d’Ajuriaguerra

Les parents de la psychomotricité

Giselle Soubiran confiera qu’elle « considère que le père de la psychomotricité est Monsieur de Ajuriaguerra. Moi, je l’ai mise en pratique et véhiculée ensuite à travers le monde. » (Giselle Soubiran, citée par Giromini, F., 2014, p. 15). Jean Bergès, qui succèdera à Ajuriaguerra à l’hôpital Henri Rousselle lorsque ce dernier partira pour Genève, dira pour sa part que la psychomotricité en France manquait de théorisation, et que c’est Julian de Ajuriaguerra qui l’a théorisée. Si c’est bien lui qui a construit les bases de la psychomotricité, « Gisèle Soubiran les a, elle, introduites dans une démarche clinique et thérapeutique » (Ibid., p. 180).
Nous pourrions alors dire à propos de la psychomotricité, qu’Ajuriaguerra en fut le théoricien et que Mme Soubiran en fut la clinicienne.

La pensée ajuriaguerrienne sur le développement de l’enfant

Ajuriaguerra a travaillé auprès de nombreux publics, de la psychiatrie infantile à la psychogériatrie. Il s’est aussi particulièrement penché sur le développement précoce de l’enfant.
Pour lui, « si on veut dépasser les contradictions entre ce qui est d’ordre biologique et ce qui relève du psychologique ou encore, entre le psychologique et le sociologique, il faut étudier l’homme dès le commencement. » (Ajuriaguerra, cité par Lasa, A., 1994, p. 91). Ajuriaguerra est notamment l’auteur d’une œuvre très reconnue, le Manuel de Psychiatrie de l’Enfant, publié en 1970. C’est d’ailleurs dans ce manuel, qu’Ajuriaguerra déclarera : « Ce n’est qu’en considérant l’individu comme un tout fonctionnel en relation avec son milieu qu’il sera possible de parvenir à une véritable neurobiologie. » (Ajuriaguerra, cité par Aguirre, J.-M., 1994, p. 50).
Pour lui qui s’est profondément intéressé à l’ontogénèse de l’être humain, l’enfant possède à la fois un équipement biologique, qu’il considère comme inné, mais également un « potentiel neurobiologique » (Lasa, A., 1994, p. 87), acquis, comprenant les possibilités épigénétiques postnatales que sont la maturation neurobiologique, les expériences dans l’environnement, ainsi que la qualité des relations et interactions entre le bébé et son environnement.
Il y a donc trois niveaux indispensables à prendre en compte dans le développement d’un sujet : son équipement de base inné (aspect bio-génético-physiologique), sa capacité à réaliser des expériences motrices, sensorielles, permettant le déploiement de fonctions neuropsychologiques, cognitives et instrumentales, et son état de sécurité affective. Ces trois niveaux s’influencent réciproquement, se nourrissent les uns des autres, s’entrelacent et évoluent en même temps que le sujet lui-même. Il ne faut pas négliger un niveau, mais considérer l’individu dans toute sa globalité. (Joly, F., 2008).

Définition de la pratique psychomotrice, d’après Ajuriaguerra

Ajuriaguerra considère l’individu de façon globale, dans son être entier, en alliant les données neurologiques, psychologiques et environnementales sans les dissocier. C’est dans cette optique qu’il donnera une définition de la pratique psychomotrice : « Technique qui, par le truchement du corps et du mouvement, s’adresse à l’être dans sa totalité. Elle ne vise pas la réadaptation fonctionnelle en secteur et encore moins une survalorisation du muscle, mais la fluidité du corps dans l’environnement. Son but est de permettre de mieux se sentir, et ainsi, par un meilleur investissement de sa corporalité, de se situer dans l’espace, dans le temps, dans le monde des objets et de parvenir à un remaniement et à une harmonisation de ses modes de relation à autrui. » (Ajuriaguerra, cité par Fauché, S., 1993, p.13).

Influences et références d’Ajuriaguerra

Cette vision globale de l’être humain et celle du soin sont le fruit d’un personnage aux multiples facettes et influences. La vision ajuriaguerrienne intègre en même temps la neurologie, la psychologie génétique, la psychanalyse et la philosophie dont la phénoménologie en particulier. Ajuriaguerra propose une vision globale de l’individu, non pas en juxtaposant les points de vue de ces disciplines, mais en les intégrant, en les rendant indissociables les uns des autres, afin de pouvoir appréhender l’être humain dans sa globalité. Fabien Joly dira d’ailleurs de lui qu’il a « incarné (dans sa personne, sa culture, ses objets de recherches et ses apports théoriques autant cliniques que thérapeutiques), le croisement des cultures et des savoirs, le multidimensionnel et le complexe. » (Joly, F., 2008, p. 17).

Influence piagétienne

Jean Piaget (1896-1980) est un psychologue suisse qui s’est intéressé au développement cognitif de l’enfant et de l’adolescent. Selon lui, la pensée humaine n’est pas innée mais se construit progressivement lorsque l’enfant entre en interaction avec le monde environnant. Pour Piaget, l’intelligence se trouve être une construction active et dynamique, d’où sa préférence pour une théorie constructiviste de l’intelligence, plutôt qu’innéiste.
Piaget fait état de trois grands stades dans le développement intellectuel de l’enfant : le stade de l’intelligence sensori-motrice, celui des opérations concrètes (intelligence pré-opératoire puis intelligence opératoire) et enfin le stade des opérations formelles. Au moment de la période sensori-motrice, entre zéro et deux ans, l’intelligence est pratique. Elle fait intervenir des schèmes, éléments principaux de cette période sensori-motrice, qui sont des structures ou organisation des actions. A partir d’un équipement de base, puis par la répétition d’expériences et d’interactions avec son milieu, l’enfant construit ses fonctions cognitives. Le développement cognitif se réaliserait donc grâce à une mentalisation progressive de l’action. (Piaget, J., 1992).
Denis Grabot dira de Piaget que son apport au développement de la psychomotricité provient de « l’idée essentielle de son œuvre, [qui] est que l’intelligence naît de l’action, et non le contraire. » (Grabot, D., 2004, p. 41). La motricité et le mouvement permettent donc l’intelligence. Cela nous renvoie à la signification étymologique du terme psychomotricité, considérée dans un cadre dualiste comme la mise en mouvement de la psyché17, celle-ci permettant alors le développement intellectuel, du fait de sa mise en mouvement préalable.

Influence wallonnienne

Henri Wallon, grâce à ses nombreux travaux sur l’évolution psychologique de l’enfant ainsi que sur le tonus et les émotions dans le développement de l’enfant, a lui aussi inspiré la psychomotricité française, fondée par Julian de Ajuriaguerra. (Calza, A. et Contant, M., 2007).
Henri Wallon (1879-1962), médecin psychiatre, s’intéresse à la psychologie de l’enfant et va étudier son développement. Wallon publie une thèse intitulée L’enfant Turbulent en 1925. Il y conçoit une théorie de l’émotion, sans toutefois délaisser « son intérêt pour la motricité, mais en l’intégrant dans sa nouvelle perception. La motricité, en ses aspects toniques, est indissociable du phénomène émotionnel. » (Zazzo, R., 1985, p. 314).
H. Wallon étudie le développement de l’enfant selon six stades. Nous nous attarderons sur les deux premiers. Le stade numéro un, celui de l’impulsivité motrice se traduit par des décharges motrices pures, sans motivation externe, de l’enfant de zéro à six mois. Les agitations impulsives de l’enfant vont progressivement prendre sens pour l’entourage. La maturation du système nerveux additionnée à l’action du milieu humain va favoriser les échanges.
Le stade émotionnel, jusqu’à un an, vient chevaucher celui de l’impulsivité motrice. L’enfant émet des signes, des manifestations expressives et émotionnelles entraînant des réactions de l’entourage. Il y a une prépondérance des expressions émotionnelles ainsi que des fonctions tonico-émotionnelles représentant le mode d’échange principal entre l’enfant et son entourage. (Wallon, H., 1941).
Ajuriaguerra, dans son article intitulé « Le corps comme relation », repartira des idées d’Henri Wallon pour édifier la notion de « dialogue tonique » : « La préoccupation constante chez Wallon a été de bien montrer l’importance de la fusion affective primitive dans tous les développements ultérieurs du sujet, fusion qui s’exprime au travers de phénomènes moteurs dans un dialogue qui est le prélude du dialogue verbal ultérieur et que nous avons appelé le ’’dialogue tonique’’. Ce dialogue tonique qui jette le sujet tout entier dans la communication affective ne peut avoir comme instrument à sa mesure qu’un instrument total : le corps. » (Ajuriaguerra, J., 1962, p. 171).
Les émotions de l’enfant, exprimées au travers de son tonus, représentent le premier vecteur de communication avec le milieu humain. La source de l’émotion est donc le tonus et par extension le corps. Pour Wallon, la conscience débute alors grâce à l’émotion. (Wallon, 1941). Emotion, intelligence et motricité sont donc liées. Denis Grabot précise qu’« Henri Wallon s’efforce, tout au long de ses explications, […] de maintenir en interaction ces phénomènes affectifs, cognitifs et moteurs. » (Grabot, D., 2004, p. 43). Wallon considère toujours l’enfant dans ses dimensions bio-psycho-sociales.
Ajuriaguerra s’est nourri des travaux d’Henri Wallon, de Jean Piaget, et de certains psychanalystes tels Sigmund Freud, Donald Woods Winnicott avec ses concepts de holding et handling (soins maternels, tant physiques que psychiques apportés à l’enfant pour son bon développement), ou encore René Spitz et ses travaux sur l’hospitalisme, John Bowlby et sa théorie de l’attachement. En neurologie, ses maîtres les plus proches sont André Thomas, avec qui il écrira notamment L’Axe corporel en 1948, ainsi que Jean Lhermitte avec qui il étudiera le fonctionnement du cerveau et la neuropsychologie. (Aguirre, J.-M., Guimon, J., 1994).
La grande force d’Ajuriaguerra a été de réunir ces différents travaux, mais plus que de les juxtaposer, de les intégrer entre eux. (Grabot, D., 2004). Une autre influence majeure dans l’œuvre de Julian de Ajuriaguerra a été celle de la phénoménologie.

L’apport de la phénoménologie

La phénoménologie est un courant philosophique né au début du XXème siècle, inaugurée par le philosophe allemand Edmond Husserl. La phénoménologie est l’étude d’un ensemble de phénomènes, une science du phénomène ou science de l’expérience. « Il s’agit de comprendre et d’expliquer ce qu’est un vécu » (Giromini, F., 2015b, p. 275). La phénoménologie octroie une place très importante aux corps et aux vécus, c’est un rapport de soi au monde.

Edmond Husserl

Husserl (1859-1938) se met à étudier les phénomènes, et un en particulier : celui de la conscience. Pour lui, « toute conscience ne peut être que conscience de quelque chose. » (Meurin, B., 2016, p. 96). Avoir conscience d’une chose, c’est déjà avoir conscience d’un vécu, de son vécu. « Face au ‘‘ je pense donc je suis’’ [de Descartes], il oppose un ‘‘je suis parce que je pense quelque chose’’. » (Ibid.). Il vient questionner et remanier l’opposition sujet-objet définie par Descartes. Selon Husserl, « le cogito qu’il nomme ego cogito est donc une expérience, un ‘‘présent vivant’’ que je peux faire varier. » (Giromini, F., 2019, p. 8).
Pour lui, il faut se laisser imprégner par l’expérience, laisser les choses se faire spontanément, en suspendant tout jugement, à l’image de la clinique psychomotrice où nous accueillons le patient, ses attitudes et sa manière d’être au monde, sans jugement ni a priori. (Meurin, B., 2016). Pour exemple, lors de la passation d’un bilan sensori-moteur d’André Bullinger, seul l’âge de l’enfant et le motif de la demande de bilan sont évoqués au départ, l’anamnèse étant réalisée dans un second temps. (Bullinger, A., 2007). Ceci afin de ne pas avoir d’idées préconçues mais de se laisser aller pour vivre l’expérience de la rencontre en même temps que le patient lui-même.
Si Husserl s’est penché sur la conscience, il n’en a pas oublié le rôle essentiel du corps, source de toutes les expériences. Ce corps « éprouve ce que vit la conscience qui s’alimente aussi de ce qu’il éprouve. » (Meurin, B., 2016, p. 97).

Maurice Merleau-Ponty

Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) est un philosophe français qui en s’inspirant de la pensée d’Husserl, a développé une phénoménologie de la perception ainsi qu’une philosophie du corps. Pour lui, « le corps sujet, lieu des perceptions, des émotions, de la pensée, de la parole, de l’expression est celui qui m’appartient, ce n’est pas le corps mais mon corps. » (Giromini, F., 2015a, p. 204). C’est ce que Merleau-Ponty appelle le corps propre. Le corps n’est plus considéré comme un objet, comme un réceptacle de la conscience au sens de Descartes, mais représente à la fois notre extériorité et notre intériorité. Il y a ce qui est transcendant, à l’extérieur de nous, et ce qui est immanent, ce qui est vécu en nous, à l’intérieur de nous. Merleau-Ponty développe la notion du corps comme « véhicule de l’être au monde ». (Merleau-Ponty, M., 1945, p. 97). Il rajoutera : « Je ne suis pas devant mon corps, je suis dans mon corps, ou plutôt je suis mon corps. » (Ibid., p. 175). Le corps est donc conçu comme un tout, comme une globalité. En étant ce corps, c’est comme cela que nous communiquons avec le monde et avec les autres.
La phénoménologie permet de dépasser la pensée cartésienne, dans le sens où il n’y a pas d’un côté l’objet et de l’autre côté le sujet, soit d’un côté le corps et de l’autre l’esprit au sens de Descartes, mais cette union de l’âme et du corps « s’accomplit à chaque instant dans le mouvement de l’existence. » (Ibid., p. 105)
Julian de Ajuriaguerra, homme aux multiples casquettes, aux multiples références, a su « rompre avec des modèles qui avaient fait leur temps » (Marcelli, D., 2008, p. 370). En se nourrissant des travaux de nombreuses personnalités, dans des domaines très variés, en les complétant avec les siens, puis en les dépassant, il vient proposer un nouveau paradigme : celui de la psychomotricité !

La Psychomotricité est-elle un carrefour ?

La psychomotricité d’Ajuriaguerra, plutôt que d’être considérée comme une nouvelle discipline, ayant une identité propre, semble être envisagée davantage comme l’articulation ou la juxtaposition de différentes disciplines.
Dans notre société occidentale dualiste, avoir une conception globale de l’individu semble représenter une nouveauté, venant réunir le corps et l’esprit, vus comme deux substances distinctes au sens de Descartes. Dans cette perspective, la psychomotricité serait alors une nouvelle discipline, inspirée des autres.

La psychomotricité : un carrefour de disciplines ?

Pour Fabien Joly, si Ajuriaguerra a fondé la psychomotricité, il n’a pas seulement « inventé une discipline et ouvert la voie à un ensemble de techniques réadaptatives ou thérapeutiques, et plus loin, à un corps professionnel de praticiens, [mais il a également] proposé en cet endroit fécond quelque chose de plus : un paradigme et un objet épistémique » (Joly, F., 2016, p. 72) qu’il « appelle pour [sa] part le ’’carrefour’’ ou ’’le nouage psychomoteur’’ ». (Joly, F., 2010, p. 27).
Le professeur Michel Basquin vient lui aussi qualifier la psychomotricité comme étant un carrefour de disciplines diverses et variées, venant emprunter « son vocabulaire à tous ces registres ». (Basquin, M., 2014, préface). Pour lui, la psychomotricité est issue d’une « fécondité épistémologique » (Ibid.) qu’il ne faut pas chercher à effacer. Jérôme Boutinaud évoque, quant à lui, la psychomotricité comme étant le « fruit d’un entrecroisement de courants de pensée et de perspectives théoriques pluriels » (Boutinaud, J., 2016, p. 15).

Le carrefour : une approche intégrative des pratiques psychomotrices

Si nous considérons la psychomotricité comme un carrefour de disciplines, alors celle-ci doit faire la synthèse de toutes ses branches, convoquer tous les apports théoriques, que ce soit du côté des neurosciences, de la psychologie du développement, de la psychanalyse, de la phénoménologie et de tant d’autres références. La psychomotricité, ou le carrefour psychomoteur, représente une intersection, où toutes les routes se croisent et donc se rencontrent. Ce n’est pas le choix d’une voie plus qu’une autre, car « à perdre un élément de ce nouage, […] on perd la psychomotricité toute entière… » (Joly, F., 2016, p. 41).
La psychomotricité doit donc intégrer toutes les dimensions du carrefour, d’une part car la psychomotricité représente le point d’entrelacement, d’autre part pour s’adapter aux patients, tous différents. C’est d’ailleurs une « approche, dite actuellement ’’intégrative’’ » (Vachez-Gatecel, A., et Valentin-Lefranc, A., 2019, p. 495) de la psychomotricité que prônait Ajuriaguerra, en considérant l’individu dans sa globalité, dans ses dimensions biologiques, psychologiques et sociales.
Cette idée de carrefour psychomoteur, lieu d’entrecroisement de diverses disciplines, constitue un mélange qu’est la psychomotricité. Pour rester fidèle à ce modèle et en avoir une vision d’ensemble, intégrer toutes les dimensions du carrefour est donc essentielle et primordiale.

Le carrefour : une approche complexe et transdisciplinaire ?

Cette « polyphonie de références » (Boutinaud, J., 2016, p. 16) pourrait signifier la complexité même de l’approche psychomotrice. (Girardier, N., 2016). La complexité, venant du latin complexus, est la qualité de ce qui est complexe, c’est-à-dire de ce qui est tissé ensemble, qui contient plusieurs idées ou éléments. (Le Robert en ligne).
Pour Edgar Morin, « la méthode de la complexité nous demande de penser sans jamais clore les concepts, de briser les sphères closes, de rétablir les articulations entre ce qui est disjoint, d’essayer de comprendre la multidimensionnalité, de penser avec la singularité, avec la localité, avec la temporalité, de ne jamais oublier les totalités intégratrices. » (E. Morin cité par Bénavidès, T., 2015, p. 8). Cette multidimensionnalité obligerait alors le professionnel « à diversifier et coordonner les approches ». (Le Camus, J., 1980, p. 188).
Cette démarche complexe, multidimensionnelle et intégrative que représente la psychomotricité est aussi pour Thierry Bénavidès une démarche transdisciplinaire, qu’il distingue de pluridisciplinaire. Pour lui, il ne s’agit pas de juxtaposer les disciplines, de les faire coexister les unes à côté des autres (aspect pluridisciplinaire), mais bel et bien de les entrecroiser, les entrelacer, les faire se rencontrer et transcender. (Bénavidès, T., 2015).

La psychomotricité comme carrefour : une identité plurielle fragile ?

La diversité des théories, références et pratiques aux médiations multiples vient questionner l’identité professionnelle des psychomotriciens. Catherine Potel se demande si « cette diversité est synonyme d’éclatement […] [ou] signe d’une impossible ou illusoire identité ? Ou [si] elle est révélatrice au contraire d’une richesse et d’une inventivité ? » (Potel, C., 2010, p. 20).
L’identité peut se définir comme « l’ensemble des caractéristiques et des attributs qui font qu’un individu ou un groupe se perçoivent comme une entité spécifique et qu’ils sont perçus comme telle par les autres. » (Castra, M., 2010, p. 72-73). Si nous transposons cette définition au monde professionnel, l’identité professionnelle permettrait d’une part aux membres d’une même profession de se reconnaître entre eux, mais aussi de se faire reconnaître de l’extérieur. Cette identité professionnelle « suppose donc un double travail, d’unification interne d’une part, de reconnaissance externe d’autre part. » (J. Ion, cité par Decreuse, A., 2017, p. 12).

La place des psychomotriciens à l’intérieur de la psychomotricité

Si la psychomotricité est un carrefour, c’est donc un point de croisement et de rencontre de toutes ses composantes. Et comme nous l’avons dit, il apparaît essentiel de considérer toutes les branches de ce carrefour, de les intégrer, pour ne pas perdre un bout de la psychomotricité.

Orientations professionnelles

Cependant, dans la pratique, nous pouvons distinguer des « orientations, [des] tendances » (Soppelsa, R., Albaret, J.-M., 2015, p. 7) au sein même du groupe des psychomotriciens.
Pour Catherine Potel, ces orientations parfois très marquées dans les pratiques psychomotrices s’expliquent par la pluralité des « concepts qui ont éclairé la psychomotricité depuis sa création » (Potel, C., 2015, p. 14). Patrick-Ange Raoult déclare : « Dans le même champ de la psychomotricité, […] se côtoient des professionnels demeurant proches d’une orientation neuropsychologique et à l’autre extrême, d’autres proches d’une orientation psychanalytique. » (Raoult, P-A., 2001, p. 75). Même s’il ajoute que des différences peuvent s’expliquer par la diversité des publics ainsi que des institutions (Ibid.), cela ne nous semble pas justifier pour autant l’existence d’orientations, quelles qu’elles soient, à partir du moment où nous considérons la psychomotricité comme un entrecroisement de toutes les branches, pas plus une qu’une autre. Chaque psychomotricien est un être humain avant tout, avec sa propre histoire, sa personnalité, sa sensibilité et ses affinités. « Chaque psychomotricien développe une partie du champ de la psychomotricité mais ne peut à lui seul en recouvrir l’ensemble. » (Girardier, N., 2016, p. 25). Pour Pascal Bourger, « exposer des généralités quant à la prise en charge en psychomotricité est une démarche délicate tant les pratiques psychomotrices sont diversifiées. » (Bourger, P., 2010, p.68). Est-il alors utopique de penser qu’il pourrait tout de même y avoir une vision commune à tous les psychomotriciens ? Un socle fondateur commun ? Une empreinte psychomotrice qu’importe le public ? Ou la psychomotricité se définirait-elle uniquement par ses divers champs d’application ? Et cette diversification justifierait-elle des orientations et positionnements différents ?
Si le psychomotricien souhaite avoir une vision globale de l’individu, de son patient, pourquoi alors avoir une orientation dominante ? Ne serait-ce pas s’éloigner de l’objet psychomotricité si nous empruntons une voie du carrefour plus qu’une autre ? Et pouvons-nous garder une vision globale malgré une orientation dominante ? Pourquoi nous retrouvons-nous face à un clivage intra-professionnel là où nous aurions besoin d’une unification interne pour renforcer notre identité professionnelle ?

Conceptions différentes du métier de psychomotricien

Aux orientations, ou courants de pensée dominants, qui s’éloignent de la définition même du carrefour psychomoteur, s’ajoute un autre clivage intra-professionnel qui « se fonde sur une vision différente du métier. » (Potel, C., 2013, p. 41). Selon Catherine Potel, deux versants existent : « les thérapies relationnelles et psychothérapeutiques orientées vers la construction psyché-soma du sujet ; [et] les pratiques plus médicalisées ou rééducatives qui se concentrent sur des fonctions spécifiques ». (Potel, C., 2015, p. 15).
Devons-nous en tant que psychomotriciens choisir un camp ? Un versant plus qu’un autre ? Pouvons-nous faire les deux à la fois ? Ou bien pratiquer la psychomotricité sans se revendiquer soit thérapeute, soit rééducateur, mais tout simplement, ou complexement, psychomotricien ? Pascal Bourger nous rappelle que « quelle que soit l’orientation professionnelle du psychomotricien, l’objectif est le même : le mieux-être de son patient. » (Bourger, P., 2010, p. 68). Si l’objectif est le même, devons-nous justement avoir une orientation professionnelle ? Si ce n’est être psychomotricien.

Se diviser ou se rassembler ?

Si le patient est au centre de tout, n’est-ce pas à nous, psychomotriciens, de nous adapter au patient, plutôt qu’au patient de s’adapter à notre tendance professionnelle si nous en possédons une malgré tout ?
Pour Fabien Joly, opposer la rééducation psychomotrice à la thérapie psychomotrice, le côté instrumental à l’aspect relationnel est « un faux débat, qui ampute l’objet même de leur nouage, et maltraite la richesse d’une identité plurielle. » (Joly, F., 2010, p. 28). Cette opposition rééducation-thérapie, ce clivage entre professionnels viendrait fragiliser l’identité plurielle et complexe de la psychomotricité si nous la considérons toujours comme un carrefour, qui est par essence intégratif.

Le carrefour : une notion floue, mal comprise ?

Le carrefour psychomoteur, censé transcender les disciplines entre elles pour créer « l’ensemble » psychomoteur, semble pourtant être davantage pris comme un simple assemblage de disciplines où chaque psychomotricien serait libre de piocher dedans ce qui lui convient. Pour Bernard Robinson, « une juxtaposition d’éclairages théoriques différents ne peut pas fonder une discipline spécifique. Dans la juxtaposition, il n’y a pas la cohérence qu’exige un modèle global. » (Robinson, B., 2014, p. 24). Cette interprétation du carrefour renforce l’idée d’une psychomotricité bien imprégnée de dualisme, délaissant son aspect princeps de globalité. Des qualificatifs de la psychomotricité se multiplient, semblant accentuer un peu plus encore le flou de son identité.

Une orientation dominante : un renvoi au dualisme et non à la globalité ?

Plutôt que de représenter les professionnels de la globalité, certains psychomotriciens, en se positionnant derrière une orientation dominante, quel que soit le patient accueilli, semblent être encore bien influencés par notre société dualiste. C’est ce que Françoise Giromini semble dénoncer : « On appartient à une école de pensée plutôt qu’à une autre. On est du côté de la maîtrise du corps ou du côté d’une expression corporelle plus libre et interprétable. Ou bien, ou bien… Chacun vient se dire et témoigner, au moyen de la théorie qui lui semble la plus juste. Bref, on est en parfaite harmonie avec le clivage instauré par le monde médical. »18 (Giromini, F., 2015b, p. 275). Au lieu de considérer le patient dans son entièreté, loin du dualisme de Descartes, elle ajoute que « les psychomotriciens sont donc là, entre Corps et Psyché, à essayer de tisser d’hypothétiques liens théoriques entre les deux instances. » (Ibid.).
Pour Catherine Potel, le terme Psychomotricité, composé des « deux termes conjoints psycho et motricité [implique] une articulation fondamentale entre le corps et la psyché. » (Potel, C., 2010, p. 17). Les psychomotriciens auraient donc une posture d’intermédiaire entre le corps et la psyché, un peu à l’image d’un funambule « en équilibre sur une crête qui joint les versants neurologique et psychologique » (Pujol, C., 2015, p. 7).
Selon Bernard Robinson, si nous considérons ce positionnement d’intermédiaire ou d’entre-deux des psychomotriciens, alors ces derniers seraient des « passeurs entre corps et psyché » (Robinson, B., 2014, p. 28). Cependant, il critique cette idée qui remettrait en cause la conception même de la psychomotricité : « si le psychomotricien est un passeur, c’est qu’il y a bien deux espaces subjectifs distincts, le corps et la psyché ; ce qui est contraire aux thèses toujours soutenues par les psychomotriciens : il n’y a pas deux espaces, mais un seul le corps-psychique. » (Ibid.).

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Table des matières

PARTIE 1 : LE TERRAIN CLINIQUE 
I. PRESENTATION DES LIEUX DE STAGES ET DES PRATIQUES PSYCHOMOTRICES 
A. LE CABINET LIBERAL
1. LE CADRE DU STAGE
2. LE PROJET DE SOIN ET LES OBJECTIFS EN PSYCHOMOTRICITE
3. LES SEANCES
4. EXEMPLES D’OUTILS UTILISES AU SEIN DE LA PRATIQUE PSYCHOMOTRICE
5. AUTRES DISPOSITIFS
B. LE CMP : CENTRE MEDICO-PSYCHOLOGIQUE POUR ENFANTS ET ADOLESCENTS
1. LE CADRE DU STAGE
2. LES OBJECTIFS EN PSYCHOMOTRICITE
3. DESCRIPTION D’UNE JOURNEE DE STAGE TYPE
4. LANGAGE ET REFERENCES DE L’INSTITUTION
C. COMPLEMENTARITES ET HETEROGENEITE DES PRATIQUES PSYCHOMOTRICES
1. DIVERSITE DES PRATIQUES SELON LE LIEU D’EXERCICE ?
2. DIVERSITE DES PRATIQUES SELON LES PATIENTS OU LES PSYCHOMOTRICIENS ?
II. LES QUESTIONNAIRES : 
A. CONSTRUCTION DES QUESTIONNAIRES
B. LE RETOUR DES QUESTIONNAIRES
C. ANALYSE DES RETOURS DES QUESTIONNAIRES
1. DEFINITIONS DE LA PSYCHOMOTRICITE
2. APPARTENANCE A UNE OBEDIENCE SPECIFIQUE
PARTIE 2 : LA PSYCHOMOTRICITE : UNE IDENTITE PLURIELLE DANS NOTRE SOCIETE OCCIDENTALE DUALISTE 
I. L’OCCIDENT : UN MONDE DUALISTE 
A. CONCEPTION DE L’ETRE HUMAIN D’APRES RENE DESCARTES
1. L’ESPRIT D’UNE PART, LE CORPS D’AUTRE PART
2. UN LIEN ENTRE LE CORPS ET L’ESPRIT
B. PREMIERES APPARITIONS ET UTILISATIONS DU TERME PSYCHO-MOTEUR
1. WILHEM GRIESINGER
2. LEONARD LANDOIS
3. CARL WERNICKE
4. ERNEST DUPRE
C. SEPARATION DE LA PSYCHIATRIE ET DE LA NEUROLOGIE
D. ETYMOLOGIE DU TERME PSYCHOMOTRICITE
II. LA NAISSANCE DE LA PSYCHOMOTRICITE 
A. JULIAN DE AJURIAGUERRA : ELEMENTS BIOGRAPHIQUES
B. L’HOPITAL HENRI ROUSSELLE
1. CREATION DU PREMIER SERVICE DE PSYCHOMOTRICITE
2. MADAME GISELLE SOUBIRAN
3. NAISSANCE DE LA PSYCHOMOTRICITE
4. TEXTE FONDATEUR DE LA PSYCHOMOTRICITE
C. LE DEVELOPPEMENT DE LA PSYCHOMOTRICITE EN QUELQUES DATES
D. L’OEUVRE D’AJURIAGUERRA
1. LES PARENTS DE LA PSYCHOMOTRICITE
2. LA PENSEE AJURIAGUERRIENNE SUR LE DEVELOPPEMENT DE L’ENFANT
3. DEFINITION DE LA PRATIQUE PSYCHOMOTRICE, D’APRES AJURIAGUERRA
E. INFLUENCES ET REFERENCES D’AJURIAGUERRA
1. INFLUENCE PIAGETIENNE
2. INFLUENCE WALLONNIENNE
3. L’APPORT DE LA PHENOMENOLOGIE
III. LA PSYCHOMOTRICITE EST-ELLE UN CARREFOUR ? 
A. LA PSYCHOMOTRICITE : UN CARREFOUR DE DISCIPLINES ?
B. LE CARREFOUR : UNE APPROCHE INTEGRATIVE DES PRATIQUES PSYCHOMOTRICES
C. LE CARREFOUR : UNE APPROCHE COMPLEXE ET TRANSDISCIPLINAIRE ?
IV. AMBIGUÏTE AUTOUR DE LA NOTION DE CARREFOUR PSYCHOMOTEUR 
A. LA PSYCHOMOTRICITE COMME CARREFOUR : UNE IDENTITE PLURIELLE FRAGILE ?
B. LA PLACE DES PSYCHOMOTRICIENS A L’INTERIEUR DE LA PSYCHOMOTRICITE
1. ORIENTATIONS PROFESSIONNELLES
2. CONCEPTIONS DIFFERENTES DU METIER DE PSYCHOMOTRICIEN
3. SE DIVISER OU SE RASSEMBLER ?
C. LE CARREFOUR : UNE NOTION FLOUE, MAL COMPRISE ?
1. UNE ORIENTATION DOMINANTE : UN RENVOI AU DUALISME ET NON A LA GLOBALITE ?
2. DES APPELLATIONS MULTIPLES QUI ACCENTUENT L’AMBIGUÏTE
3. LE CARREFOUR PSYCHOMOTEUR : UN ENTRETIEN DU DUALISME ?
4. LE CARREFOUR PSYCHOMOTEUR : PEUT-IL S’ENVISAGER DIFFEREMMENT ?
D. POSITIONNEMENT DE LA PSYCHOMOTRICITE PAR RAPPORT AUX AUTRES DISCIPLINES
E. LES ENSEIGNEMENTS D’AJURIAGUERRA
1. LA PSYCHOMOTRICITE D’AJURIAGUERRA : UN REEL CARREFOUR OU UNE NOUVELLE DISCIPLINE ?
2. LA PENSEE DUALISTE : UNE VISION DONT AJURIAGUERRA SEMBLE VOULOIR SE DISTANCIER
3. LA PENSEE AJURIAGUERRIENNE : DAVANTAGE PHENOMENOLOGIQUE ET MONISTE ?
F. AJURIAGUERRA : UN CARREFOUR A LUI-MEME ?
V. CONCLUSION PARTIE 2 
PARTIE 3 : LA PSYCHOMOTRICITE : UNE IDENTITE PROPRE A PARTIR D’UNE PERSPECTIVE MONISTE 
I. CONCEPTION DE L’ETRE HUMAIN SOUS L’ANGLE MONISTE 
A. L’HOLISME
B. LE MONISME SPINOZISTE
1. SPINOZA : UN PHILOSOPHE MONISTE DANS UNE SOCIETE OCCIDENTALE
2. LA VISION DE L’ETRE HUMAIN SELON SPINOZA
3. QUEL LIEN ENTRE LES ATTRIBUTS DE L’UNIQUE SUBSTANCE ?
4. PUISSANCE D’AGIR ET PUISSANCE DE PENSER
5. L’ESPRIT : UN EPIPHENOMENE DU CORPS ?
6. THEORIE DES AFFECTS
II. IDENTITE ET SPECIFICITES DE LA PSYCHOMOTRICITE 
A. DEFINITIONS DE L’IDENTITE ET DES SPECIFICITES
B. LA PSYCHOMOTRICITE : UNE APPROCHE CORPORELLE ET DE LA RELATION
1. LE CORPS : UN OUTIL CENTRAL DE L’APPROCHE PSYCHOMOTRICE
2. LE LANGAGE DU CORPS
3. DIALOGUE PATIENT-PSYCHOMOTRICIEN
C. LA PSYCHOMOTRICITE : UNE CONCEPTION GLOBALE ET HOLISTIQUE DE L’INDIVIDU
1. LIEN ETYMOLOGIQUE
2. LA PSYCHOMOTRICITE : UNE APPROCHE GLOBALE DE L’INDIVIDU
3. LA PSYCHOMOTRICITE : UNE DEMARCHE ADAPTATIVE ET CREATIVE
III. LE TERME PSYCHOMOTRICITE : UN SENS AMBIGU 
A. RACINE ETYMOLOGIQUE
B. LE TRAIT D’UNION
C. PSYCHO-MOTRICITE DEVIENT PSYCHOMOTRICITE
D. BESOIN D’UN NOUVEAU NOM UNIVOQUE POUR PARLER DE LA PSYCHOMOTRICITE ?
1. DIVERGENCE DES PRATIQUES PSYCHOMOTRICES LIEE A L’AMBIVALENCE DU TERME
PSYCHOMOTRICITE ?
2. RICHESSE DE LA PSYCHOMOTRICITE DILUEE PAR L’AMBIGUÏTE DE SON NOM ?
3. LA DENOMINATION PSYCHOMOTRICITE : UN RENVOI AU DUALISME ?
E. LA PSYCHOMOTRICITE : UN ENRACINEMENT DIFFICILE DANS UN MONDE DUALISTE ?
1. UN DUALISME ANCIEN A TRANSCENDER ?
2. LA PSYCHOMOTRICITE : UN DUALISME ENTRETENU MALGRE ELLE ?
3. LA PSYCHOMOTRICITE : UNE DISCIPLINE MONISTE DANS UNE SOCIETE DUALISTE ?
PARTIE 4 : DISCUSSION GENERALE 
I. LA PSYCHOMOTRICITE : UNE IDENTITE PLURIELLE OU SINGULIERE ? 
A. LA PSYCHOMOTRICITE D’AJURIAGUERRA ET LA PSYCHOMOTRICITE MONISTE
B. LA PSYCHOMOTRICITE : UNE SINGULARITE ? UNE PLURALITE ? UNE GENERALITE ?
1. L’IDENTITE DES INDIVIDUS : UNE CONSTRUCTION EVOLUTIVE
2. L’IDENTITE PROFESSIONNELLE DES PSYCHOMOTRICIENS, AMBASSADEURS DE LA PSYCHOMOTRICITE
3. PARALLELE ENTRE IDENTITE PROFESSIONNELLE ET NOTION DE PERSONNALITE
C. THEORIES PROPRES A LA PSYCHOMOTRICITE OU EMPRUNTEES ?
1. UN MANQUE DE THEORISATION SPECIFIQUE A LA PSYCHOMOTRICITE
2. LE CARREFOUR PSYCHOMOTEUR : UNE INTERPRETATION DE LA PSYCHOMOTRICITE D’AJURIAGUERRA ?
D. DES CONFUSIONS AUX INTERPRETATIONS
1. SYNTHESE ET GLOBALITE, DESCARTES ET SPINOZA
2. LA PSYCHOMOTRICITE : UN BESOIN DE VOCABULAIRE PROPRE ET CLAIR
II. L’ETRE HUMAIN 
A. DEFINITION
B. L’ETRE HUMAIN : UN CARREFOUR ?
1. L’ETRE HUMAIN : UN ETRE A PLUSIEURS NIVEAUX
2. L’ETRE HUMAIN : LE CARREFOUR PSYCHOMOTEUR ?
C. L’HUMAIN : UN ETRE COMPLEXE ?
1. EDGAR MORIN, LE THEORICIEN DE LA PENSEE COMPLEXE
2. LA PSYCHOMOTRICITE : UNE DISCIPLINE COMPLEXE
3. COMPLEXITE ET TRANSDISCIPLINARITE
D. PATIENT ET PSYCHOMOTRICIEN
1. UNE CONSIDERATION GLOBALE DU PATIENT
2. DIVERSITE DES OUTILS ET MEDIATIONS A ADAPTER A LA SINGULARITE DU PATIENT
III. LA FORMATION 
A. LA FORMATION INITIALE EN PSYCHOMOTRICITE
1. L’ENTREE EN INSTITUT DE FORMATION DE PSYCHOMOTRICITE
2. BREVE DESCRIPTION DES TROIS ANS EN FORMATION INITIALE
3. FAIRE DU LIEN : UN ENJEU MAJEUR DES ETUDES
4. LA PSYCHOMOTRICITE : UNE DIFFICULTE POUR SE DEFINIR
B. LA FORMATION CONTINUE
1. LE DEVELOPPEMENT PROFESSIONNEL CONTINU
2. FORMATIONS COMPLEMENTAIRES
3. QUESTIONNER SES PRATIQUES PROFESSIONNELLES
C. L’IMPORTANCE DE L’ETHIQUE EN PSYCHOMOTRICITE
IV. CONCLUSION 
CONCLUSION 
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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