Le programme inter-régionales et la création de l’Espace Atlantique

En 1995, alors que la Loi d’Orientation sur l’Aménagement du Territoire voit le jour, J. BONNAMOUR fait un bref retour sur l’état de la recherche rurale en France. Elle note ainsi que les approches ont considérablement évolué depuis quelques années dans la manière d’aborder les espaces ruraux. La négative n’est désormais plus de mise et on parle de plus en plus d’une « renaissance rurale ». De nouveaux outils d’action publique voient également le jour, comme les Pays, qui semblent alors être un bon moyen de créer, autour des petits pôles urbains présents dans les espaces ruraux, de nouvelles dynamiques de territoires.

La même année, le Colloque de Nantes sur les Bourgs et petites villes est lui aussi l’occasion de revenir sur la réalité de ces petites agglomérations urbaines distantes des grandes conurbations. Certains leur prédisent un déclin inexorable. Ce constat est d’autant plus alarmant qu’ elles restent les premiers « lieux centraux» en milieu rural, concentrant les principales fonctionnalités, les services et l’emploi dans des espaces où l’activité agricole n’occupe plus qu’une partie limitée de la population. La question de leur devenir est donc cruciale, lorsqu’on s’interroge sur les dynamiques des espaces ruraux.

L’ESPACE ATLANTIQUE, UNE CONSTRUCTION AMBITIEUSE POUR PALLIER LES FRAGILITES DE LA FRANGE OCCIDENTALE EUROPEENNE

L’Espace Atlantique est une construction récente au sein de l’Union Européenne et si les régions qui le composent possèdent de nombreux traits d’histoire et de culture communs, ce regroupement n’est en rien un objet spontané. Ainsi, l’Espace Atlantique est un regroupement avant tout politique, issu de la volonté des régions occidentales de l’Europe de dépasser leurs frontières nationales et de se rassembler afin de mieux faire entendre leurs voix et défendre leurs intérêts .

Les régions qui le composent partagent en effet de nombreuses problématiques communes. Situées aux franges du continent européen, elles se sont tournées très tôt vers l’océan, développant de longues traditions de négoce. Depuis, la façade atlantique est également devenue un espace particulièrement attractif dans les domaines touristique et tertiaire. Cette richesse concentrée sur une mince bande côtière masque cependant de fortes disparités au sein même des régions. Ainsi, les hinterlands sont encore souvent à forte dominante rurale et pour certains fortement fragilisés, du fait de leur éloignement des grandes zones d’activité littorales .

Un objet à forte résonance politique

L’Espace Atlantique est un construit politique, né de la volonté des collectivités de s’associer autour de projets commulis. Néanmoins, il s’inscrit dans «une réalité ancienne» [MORVAN, 19961.

Des éléments d’histoire communs

Dès l’antiquité, de grandes routes commerciales ont acheminé étain et ambre entre Atlantique et Méditerranée, créant de premiers liens entre les villes portuaires de la frange occidentale de l’Europe. Cette intégration commerciale s’est renforcée au fil des siècles. Ainsi, au bas Moyen Age, les ports bretons commercent déjà avec l’Angleterre, les Flandres ou l’Andalousie; ils y ont établi des comptoirs [AUFFRAY, 1998]. Y. MORVAN [1996] parle d’ailleurs pour cette époque dun «fleuve» atlantique, reliant les villes installées sur ses rives.

La découverte du continent américain marque le déclin de cette longue tradition de cabotage nord-sud sur l’axe maritime atlantique et « sonna [J le glas de cette civilisation atlantique » [AUFFRAY, 19981. Cependant, chaque port atlantique a alors pu profiter dune nouvelle ouverture sur l’océan, les Amériques et les colonies d’Afrique et d’Asie.

L’Atlantique est donc traditionnellement un des principaux moteurs d’activité pour ces régions à la périphérie de l’Europe. Aujourd’hui encore, leurs capitales sont pour leur grande majorité d’anciennes villes portuaires, à l’image de Lisbonne, Bordeaux, Nantes ou Bristol… Même une ville comme Orléans, en région Centre, connaît pendant tout l’Ancien Régime et encore au 1 9ème siècle, une intense activité portuaire et manufacturière, grâce au transport de matières premières depuis Nantes par la Loire.

Depuis le début des années 1970, cet espace atlantique n’est cependant plus uniquement une réalité de fait mais bien une construction volontaire, un objet politique audacieux et ambitieux.

Le résultat d’une volonté politique forte

C’est à partir de la décennie 1970 que les régions géographiquement distantes du coeur de la Communauté Economique Européenne (CEE) se rassemblent. L’objectif est alors de faire valoir leurs particularités et de gagner en visibilité.

La naissance de la Commission de l’Arc Atlantique

En 1973, est fondée la Conférence des Régions Périphériques Maritimes d’Europe (CRPM), qui réunit alors une trentaine de régions. Elle &engage dans un long travail de sensibilisation auprès des autorités européennes et souhaite les mobiliser sur différentes problématiques, telles que l’accroissement des disparités entre le coeur «lotharingien» de l’Europe et les régions périphériques de la CEE. Au fil des ans, cette institution gagne progressivement en taille et en notoriété auprès des institutions bruxelloises. Elle rassemble aujourd’hui 149 régions appartenant à 27 Etats, membres ou non de l’Union Européenne [NAD1N, SHAW, 2002].

En élargissant progressivement son cadre géographique, la CRPM défend cependant des espaces aux intérêts de plus en plus contrastés. A la fin des années 1980, des entités géographiques plus restreintes sont constituées, afin de mieux répondre aux priorités de chacun. Six regroupements géographiques naissent alors, organisés en commissions. Ils restent sous la tutelle de la CRPM.

Le 9 octobre 1989 à Faro, la Commission de l’Arc Atlantique est ainsi créée, sous l’impulsion d’Olivier Guichard, alors Président de la Région Pays de la Loire et ancien délégué à la DATAR. Elle rassemble des régions britanniques, irlandaises, françaises, espagnoles et portugaises. Les commissions Interméditerranéenne et de la Mer du Nord voient le jour la même année et celles de la Mer Baltique, des Balkans/Mer Noire et des 11es quelques temps plus tard.

La Commission de l’Arc Atlantique regroupe 23 puis 31 régions. D. AUFFRAY [1998] explique alors que « Les handicaps étaient nombreux: regroupant les régions les plus agricoles de l’Europe, l ‘Arc Atlantique avait une part d’emplois industriels inférieure et un taux de chômage supérieur à la moyenne communautaire f…], il ne possédait en son sein ni grandes métropoles ni places financières notables. Un seul atout: ta mer ». L’objectif de la Commission de l’Arc Atlantique est alors de défendre les intérêts de ses régions partenaires au sein d’une construction européenne qui s’élargit toujours plus. Ce travail de sensibilisation et de lobbying auprès des autorités de Bruxelles reste encore aujourd’hui une de ses principales missions.

Dans les années 1990, elle s’attache également à favoriser le développement endogène des territoires qui la composent. Plusieurs programmes de coopération interrégionale sont ainsi engagés, avec le soutien de la Commission Européenne programme-réseau Arc Atlantique (1990-93), Finatiantic (1991-94) et Atiantis (1993- 95). Ce dernier reste le plus abouti et le plus ambitieux sur la décennie. Il cherche aussi bien à favoriser le développement du tourisme qu’à faciliter les transferts de technologies entre les territoires ou répondre aux problèmes d’eau et d’environnement. L’amélioration des liaisons maritimes et aériennes entre les régions partenaires est également un de ses grands objectifs [MORVAN, 1996].

La seconde phase du programme Atlantis n’est cependant jamais engagée. La Commission Européenne lance en effet au même moment le programme interreg.

Le programme Interreg et la création de l’Espace Atlantique

Lancé en juin 1996 pour soutenir des projets menés dans le cadre de coopérations inter-régionales, le programme Interreg amène les Etats membres à constituer de vastes régions européennes transnationales. Sept entités sont ainsi créées, couvrant l’ensemble du territoire de l’Union.

C’est dans ce cadre que l ‘Espace Atlantique voit le jour. Il rassemble les régions présentes au sein de la Commission de l’Arc Atlantique et élargit encore son périmètre. Ainsi, de nouvelles régions espagnoles et françaises rejoignent le noyau originel. Toutes ne sont cependant pas côtières. En France, les régions Limousin et Centre en font en effet partie, tout comme en Espagne les régions de Madrid, d’Extremadura, de Castilla y Léon, Castilla-la Mancha ou de la Rioja.

Au sein du programme Interreg lic l’accent est mis sur plusieurs objectifs forts [NADIN, SHAW, 2002]:

– la lutte contre les difficultés liées au caractère périphérique des régions membres, notamment par le renforcement des réseaux de transport entre zones côtières et régions intérieures mais également avec le coeur de l’Europe,
– le maintien et le développement des activités dans les ports et villes grâce à de meilleurs transferts de technologie, la diversification des activités en milieu rural et une meilleure utilisation des technologies de l’information,
– la promotion d’une meilleure gestion et protection des zones littorales,
– la promotion des activités liées au tourisme vert.

En 2000, le programme Interreg IIIB succède au programme liC. qui se termine en 2001. Les régions espagnoles de Madrid, Castilla-la Mancha, Extremadura quittent l’Espace Atlantique, mais la région Midi-Pyrénées, en France, est, elle, rattachée (cf. document 1).

Pour la période 2000-2006, le Programme d’initiative communautaire « Espace Atlantique » exprime une volonté forte de promouvoir un développement territorial plus équilibré sur l’ensemble de son territoire. L’accent est mis notamment sur le renforcement des liens entre zones rurales et zones urbaines. Un meilleur accès aux infrastructures et aux communications, le maintien d’un développement rural et l’utilisation maîtrisée des ressources naturelles sont également mentionnés comme étant des axes d’importance.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: QUESTIONNEMENT
CHAPITRE 1: L’ESPAE ATLANTIQUE, UNE CONSTRUCTION AMBITIEUSE POUR PALLIER LES FRAGILITES DE LA FRANGE OCCIDENTALE EUROPEENNE
L Un objet à forte résonance politique
II. Des régions rassemblées autour de problématiques communes
ifi.Les petites villes à la base de l’armature urbaine
CHAPITRE 2: LA PETITE VILLE, LE PREMIER ECHELON DE L’ARMATURE URBAINE AU COEUR DES ESPACES RURAUX
L Le premier échelon de l’armature urbaine
IL La petite ville dans la recherche
ifi.L’Espace Atlantique, un espace où la petite ville conserve une meilleure dynamique?
SECONDE PARTIE: DONNEES DE L’ETUDE
CHAPITRE 3: LA DEFINITION DES TERMES DE L’ETUDE : CADRE RETENU, ECHANTILLON ET INDICATEURS
I. Pays de la Loire et Limousin : deux régions pour aborder la thématique des petites villes dans l’Espace Atlantique français
II. Un échantillon constitué selon les critères établis dans les travaux du SDEA
ifi.Les champs d’étude observés sur une période longue
CHAPITRE 4: LES RESULTATS OBTENUS ET L’ELABORATION D’UNE TYPOLOGIE QUANT AUX DYNAMIQUES DES PETITES VILLES ATLANTIQUES
I. Les dynamiques démographiques
II. Les dynamiques économiques
ffl.Aftractivité et capacité de polarisation
IV. La synthèse des résultats
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE

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