Madagascar, l’un des plus grandes îles du monde se trouve à 400 km à l’est du continent africain en traversant le canal de Mozambique. Elle est d’une superficie de 592.000 km2 et compte 17 millions d’habitants. Sa découverte en 1500 par les portugais a provoqué un bouleversement dans l’histoire de l’humanité. Elle est réputé non seulement par sa diversité culturelle; mais aussi par l’abondance de ses ressources naturelles: ressources humaines, forêts denses, des espèces animales de variétés diverses…etc. cette richesse intéressaient beaucoup les étrangers, si bien que le pays fut colonisée par les Français en 1896, un colonisation qui durait plus de 60 ans.
Après son accession à l’indépendance en 1960, le pays a connu une tournure décisive de son histoire à la fois politique et économique. Mais depuis plus de demi siècle, ce pays est classé parmi les pays les moins avancés du monde. La population y est majoritairement pauvre (environ 85% en 2003); et l’écart entre riches et pauvres est vraiment considérable. Son économie est passée par trois républiques successives, une passage ponctuée par des crises économiques de lourde ampleur. Conscients de la gravité de ce fléau, les dirigeants successifs ont cherché des remèdes, afin de stabiliser l ‘économie et fonder une base de développement; mais celles-ci se sont toujours avérées inefficaces. A l’aube du troisième millénaire, le gouvernement malgache a lancé la mise en œuvre des stratégies de lutte contre la pauvreté.
APERÇU SUR L’HISTOIRE ECONOMIQUE DE MADAGASCAR
La période de la royauté
Au début du 19ème siècle, Madagascar était divisé en un certain nombre de petits royaumes en raison de la diversité ethnique qui prévalait à l’époque. Parmi les plus connus étaient le royaume Sakalava, le royaume Betsimisaraka, le royaume Merina et celui des Zafimaniry…etc. La terre en tant que facteur de production principal et les richesses du sol appartenaient au souverain et à sa famille. Comme les activités économiques en général étaient liées à la terre, alors on peut dire que les souverains sont les seuls garant de la prospérité économique du pays. Les paysans empruntent la terre au souverain et lui doivent une partie de leurs récoltes en guise de rentes (contrepartie de la terre empruntée). La population vivait essentiellement de l’agriculture et de l’élevage et de la pêche ; mais ces activités étaient restées dans leurs stades traditionnels et essentiellement de subsistance, puisque les productions arrivent à peine à assurer l’alimentation des ménages. La première forme d’échange était le troc, c’est-à-dire l’échange d’une certaine quantité d’un produit contre celle d’un autre produit.
Dans le secteur agricole, les techniques utilisées étaient archaïques et les matériels utilisés encore rudimentaires. A souligner que les pratiques variaient d’une région à une autre ; et celles-ci expliquent la persistance d’une différence de performance économique entre les différents royaumes. Cependant, une tendance générale s’observe partout dans le pays : une petite exploitation s’étendant sur quelques dizaines d’ares pour une famille à caractère assez élargie ; d’où la productivité assez dérisoire. Vers la moitié du 19ème siècle, le pays avait commencé à échanger des matières premières et des esclaves contre des produits manufacturés en provenance essentiellement de l’Europe et de quelques pays d’Asie puis de l’Amérique latine. Bref, le quotidien des malgaches ont été marqué, d’une part, par la prédominance des us et traditions visant à honorer les ancêtres et les souverains ; et d’autre part par une activité économique peu développée, conçue comme moyen de survie de la population et nécessaire à la prospérité du royaume. L’annexion du pays par la France en 1896 avait totalement changé la donne.
La période coloniale
Madagascar est devenu une colonie française ; et désormais, le destin de l’économie malgache n’est plus entre les mains des souverains, mais dépend essentiellement de celle de la France. En effet, à partir de cette année et jusqu’en 1960, les facteurs de production étaient accaparés par les colonisateurs ; les autochtones n’étaient que des emprunteurs. Ainsi, des centaines de milliers de colons se sont installés dans la Grande Ile et pouvant profiter de la faiblesse du coût des mains d’œuvre, ils ont décidé de créer des grandes plantations dont les productions étaient destinées à être exportées. Une autre forme d’esclavage est alors apparue avec la colonisation : les colons étaient des propriétaires fonciers et des grands patrons de plantations ; les malgaches, par contre travaillaient chez eux en tant qu’ouvriers agricoles et recevait des salaires assez dérisoire, qui n’arrive même pas à assurer les besoins fondamentaux du ménage. A part cela, les hommes étaient contraints de fournir aux colons en plus des journées de travail pour l’intérêt général, des heures de travail non rémunérées et dont la non exécution provoque une répression de la part de ces derniers. Les paysans ne travaillaient pas pour eux, ni pour leurs familles ; mais plutôt pour le compte des colons et de ce fait pour l’intérêt de la France. De ce fait, ils ne pouvaient pas s’occuper totalement de leurs familles. Toute tentative de rébellion était condamné et faisait l’objet des vagues de répression pour leurs auteurs. C’est pour cette raison que la majorité de la population vivait dans la misère et dans la peur. Seule une minorité vivait dans l’abondance. C’étaient ceux qui ont eu des bonnes relations avec les colons ; et ayant profité de cette situation ; ils avaient pu accéder à des postes importantes dans l’administration coloniale.
Devenue colonie française d’exploitation, Madagascar est l’un des pays à répondre les principaux objectifs de a colonisation française. Deux facteurs majeurs caractérisent son économie pendant cette période :
➤ Le pacte colonial : c’est l’ensemble des mesures économiques qui lient une colonie à sa colonie. Ainsi, après la signature du pacte colonial, Madagascar ne peut plus avoir d’autres partenaires commerciaux que la France. Les produits de Madagascar (matières premières agricoles, forestières, minières…etc.) doivent être exploités et exportés uniquement vers la France. Le domaine de transport (surtout maritime) est réservé aux grosses compagnies étrangères ou françaises (Messagerie Maritime, la Ligne Scandinave, Auximad, SCAC …etc.). Sur le plan monétaire, Madagascar appartient à la « zone franc ».
➤ L’économie de traite : c’est un système économique basé sur le pillage des ressources d’un autre pays. Ainsi, Madagascar vend des matières premières à la France à très bas prix. Par contre, elle est obligée d’acheter des produits fabriqués provenant de la France à un prix exorbitant. D’où le déficit de la balance commerciale qui avait détruit petit à petit l’économie de la Grande Ile. Certes, Madagascar, malgré les grandes opportunités offertes et les atouts dont il dispose à propos des relations commerciales avec les îles voisines et les pays voisins (faculté de transaction et coûts de transports assez accessibles, excédent de la balance commerciale, source de devises pour alimenter les fonds pour le développement des autres secteurs de l’économie nationale); il était obligé de commercer dans sa plus grande partie avec les pays occidentaux, qui, en, fait ne pensaient qu’aux intérêt propres de leurs pays respectifs. Il est alors sans doute moins étonnant de voir la balance commerciale de la Grande Ile se détériorer d’année en année. En réalité, les flux d’échanges commerciaux que Madagascar avait entretenu avec l’extérieur ne profitait pas du tout aux autochtones; mais au contraire, ils contribuent à alimenter les excédents commerciaux des pays partenaires (France, Grande Bretagne, Allemagne Fédérale…etc.); et à renforcer la suprématie de ces derniers dans les affaires économiques de la Grande Ile.
Avec un esprit encore plus critique, on peut présenter comme suit la situation dans laquelle se trouve Madagascar par rapport à ses partenaires commerciaux: ces derniers avaient l’habitude d’imposer les prix auxquels la Grande Ile devrait acheter les produits et semi-produits en provenance de l’étranger et encore majorés des frais de transports. Cependant, elle n’avait pas les prérogatives de fixer les cours des prix des matières premières exportés vers les pays étrangers, qui était d’ailleurs sa principale source de devises. Ceux-ci étaient fixés par les grandes puissances commerciales; mais déguisée par le jeu de la loi de l’offre et de la demande sur les marchés mondiaux. Sur le plan démographique, la population malgache avait connu une croissance spectaculaire aux cours du 20ème siècle. La population malgache fut au début de la colonisation estimée à 1.500.000 habitants. En 1913, elle avait atteint 2.200.000 habitants ; ensuite 4.100.000 en 1947 pour atteindre 6.200.000 habitants en 1960 . Cet accroissement de 100.000 bouches par an avait des multiples conséquences et causait d’énormes problèmes dans un pays sous développé comme le notre. Ce phénomène est comparable à celui expliqué par l’économiste anglais Thomas Robert Malthus (1766- 1834), dans sa Théorie de la Population . Cette théorie affirme le risque de famine qui prévaut dans un pays où la production croit moins vite que la production. Ce qui peut expliquer la persistance de la famine dans le sud du pays. Il fallait alors accroître les subsistances. A cet époque, accroître les subsistances équivaut intensifier la production. Il s’agit d’intensifier les cultures sur les terres anciennes ou encore mettre en valeur des nouvelles terres. Seulement cet aménagement des terres nouvelles s’avérait trop coûteux. D’ailleurs, il n’était pas facile de convaincre les populations d’adhérer dans cette nouvelle perspective, vu l’attachement des malgaches aux héritages ancestraux ; ce qui avait soulevé la question de l’organisation étatique des migrations. Ainsi, la poussée démographique avait donc soulevé de nombreux problèmes qui constituaient d’énormes obstacles au développement de la Grande Ile. L’indépendance de Madagascar est proclamée le 26 juin 1960. Cet évènement marque une tournure décisive à l’histoire de la Grande Ile et à l’évolution de son économie.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : LE DECLIN PROGRESSIF DE L’ECONOMIE MALGACHE
Chapitre I. APERÇU SUR L’HISTOIRE ECONOMIQUE DE MADAGASCAR
Section 1 : La période de la royauté
Section 2 : La période coloniale
Section 3 : L’époque post coloniale
Chap. II. Les principales causes de la pauvreté à Madagascar
Section 1. Une économie à forte dépendance étrangère
Section 2. Une économie de subsistance peu modernisée
Section 3. L’instabilité politique permanente et la corruption
Chap. III. Analyse de la pauvreté à Madagascar
Section 1. La pauvreté conçue comme conséquence du sous-développement
Section 2. Contexte général et situation de la pauvreté à Madagascar
PARTIE II : LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE A MADAGASCAR
Chap. I. Les stratégies de lutte contre la pauvreté et les Objectifs du Millénaire pour le Développement
Section 1. Le Document de Stratégies de Réduction de la Pauvreté
Section 2. Les objectifs du Millénaire pour le Développement
Section 3. La vision « Madagascar naturellement »
Chap. II. Analyse du DSRP et les perspectives d’avenir
Section 1. L’impact de la lutte contre la pauvreté sur les différents domaines de l’économie
Section 2. La position des bailleurs de fonds et le MCA ou Millenium Challenge Account
Section 3. Le MAP ou Madagascar Action Plan
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE