Le processus d’innovation et l’évolution des modèles
Organisation de la thèse
Cette thèse est organisée en six chapitres dont le premier présente le contexte dans lequel notre projet de recherche a pris forme, son originalité, ses objectifs et les questions de recherche. Le contenu des cinq prochains chapitres couvre en détail chacune des principales étapes franchies afin de réaliser notre recherche. Le chapitre 2 présente la revue de la littérature. Cette revue couvre les thèmes clés suivants : l’innovation explorée selon ses deux dimensions fermée et ouverte, un survol des différentes générations (modèles) de processus d’innovation, les concepts de système national d’innovation et d’écosystème, la notion de degré de nouveauté que représente le concept d’innovation ouverte et bien d’autres. Tous ces concepts sont pertinents afin de bien comprendre le concept d’innovation ouverte et être sensibilité au fait que les organisations subissent des pressions de différentes sources les incitant à adopter cette philosophie d’ouverture. La dernière section de ce chapitre présente la littérature recensée abordant la notion d’adoption de l’innovation ouverte et effectue un statut sur l’ouverture des organisations à ce jour. Le troisième chapitre présente la méthodologie de la recherche développée pour réaliser ces travaux de recherche. Les concepts liés à la recherche de nature qualitative, la méthode de la théorie enracinée et les concepts sous-jacents y sont présentés en détail. Ce chapitre comporte aussi le cadre de réalisation de la recherche incluant les considérations méthodologiques, la stratégie de collecte des données, l’échantillonnage, les concepts liés à la validité et la fiabilité de la recherche, les limites, les outils utilisés et les différents aspects relatifs à l’éthique.
Le quatrième chapitre présente les résultats obtenus par l’application du processus de codage et d’analyse des données selon la méthode de la théorie enracinée. La première section de ce chapitre présente des caractéristiques des répondants impliqués dans notre recherche et de leurs organisations. La seconde section beaucoup plus vaste présente les résultats obtenus dont en détail chacune des catégories dominantes liées au concept d’adoption de l’innovation ouverte. Le chapitre cinq présente notre modèle d’adoption des concepts de l’innovation ouverte entièrement fondé sur notre interprétation des résultats de l’analyse des données présentées au chapitre 4 et de quelques théories que nous exposons brièvement, dont le modèle de Lewin (1947). Ce retour vers la littérature était nécessaire pour instaurer un cadre théorique sur lequel appuyer le développement de notre modèle. Les théories amenées dans ce cas étaient étroitement liées aux résultats que nous avons obtenus de nos travaux de codage et d’analyse. Nous expliquons l’origine du modèle et en détaillons chacune des phases en leur associant les aspects correspondants tirés de nos résultats (chapitre 4).
Les catégories dominantes introduites au modèle sont articulées généralement sous quatre volets : les considérations, les agents facilitateurs et facteurs de succès, les actions suggérées et les difficultés potentielles identifiées. Ce modèle constitue une contribution importante de notre thèse. Le sixième et dernier chapitre de cette thèse présente une discussion et la conclusion à l’égard de l’ensemble du matériel présenté au chapitre 4 (les résultats) et au modèle présenté au chapitre 5. Le concept d’innovation ouverte y est revisité à la lumière des résultats obtenus. Un retour est fait sur le modèle développé en présentant davantage d’information sur chacune des phases d’un point de vue pratique. Ensuite, les contributions tant pratiques que théoriques de cette recherche sont abordées. Une présentation des limites du modèle et nos recommandations closent le chapitre.
L’innovation
L’innovation est considérée comme le processus source de renouvellement pour toute forme d’entreprise et l’organisation qui néglige d’innover met en péril à la fois sa croissance et sa survie (Bessant et al., 2005). Une importance croissante est attribuée à l’innovation et les acteurs de tout horizon sont dorénavant interpellés comme le soulève l’OCDE (2010) : « L’innovation est désormais omniprésente et fait intervenir des acteurs plus nombreux que jamais. Si elle a longtemps été limitée pour l’essentiel aux laboratoires de recherche et aux universités des secteurs public et privé, aujourd’hui la société civile, les organisations philanthropiques et même le simple citoyen y prennent part. » Les organisations sont encouragées à innover davantage pour répondre aux demandes changeantes des consommateurs et pour tirer profit de la dynamique des technologies et des marchés (Jennifer, Anahita et Sally, 2011). Selon Tidd, Bessant et Pavitt (2006), l’innovation est régie par une capacité à identifier des liens, à découvrir des opportunités et à en tirer profit.
Ainsi, une innovation est une invention dont l’auteur a su faire cheminer jusqu’à l’étape de la commercialisation (dans le cas d’un nouveau produit ou service). L’innovation technologique est le résultat de la production de nouvelles connaissances ou encore de la combinaison d’une nouvelle façon d’éléments de connaissance existants (du Plessis, 2007; Edquist, 2006, p. 184; 1999; OSCE/OCDE 2005, p. 42). Dans notre recherche, nous retenons la définition de l’innovation établie conjointement par l’Office statistique des Communautés européennes (OSCE) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : « Une innovation est la mise en oeuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l’entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures. » (OSCE/OCDE 2005, p. 54) Le manuel d’Oslo (OSCE/OCDE 2005, pp. 56-60) énumère quatre catégories d’innovation dont l’innovation de produit ou de service, l’innovation de procédé, l’innovation de commercialisation et l’innovation d’organisation. Le tableau 2.1 présente la description de chacune de ces catégories.
Pour chacun de ces types d’innovation, l’OSCE/OCDE précisent bien que l’innovation doit avoir été mise en oeuvre. L’innovation doit être commercialisée dans le cas d’un produit/service ou appliquée s’il s’agit d’une innovation de procédé, d’une nouvelle méthode organisationnelle ou de commercialisation. Cette étape fondamentale qu’est la mise en oeuvre distingue l’innovation de l’invention. Fagerberg (2006, p. 4) mentionne qu’une invention est la première occurrence d’une idée pour un nouveau produit ou procédé, tandis que l’innovation est la première tentative de la transposer dans la pratique. L’ampoule électrique qu’a découverte Thomas Alva Edison en 1879 et pour laquelle il a déposé une demande de brevet (obtenu le 27 janvier 1880) ne serait demeurée qu’à l’état d’une invention s’il n’avait pas découvert un procédé pour la développer et un moyen de la commercialiser. Une innovation n’a toutefois pas besoin de connaître un succès tant au niveau commercial qu’opérationnel pour en porter le titre.
L’innovation fermée
Préalablement à l’introduction des concepts liés à l’innovation ouverte, il est approprié de s’attarder quelques instants sur ce que représente le modèle traditionnel d’innovation fermée. Dans un mode d’innovation fermée, l’organisation est présumée contrôler l’entièreté du cycle de développement de nouveaux produits (ou autre type d’innovation) : « Companies must generate their own ideas and then develop, build, market, distribute, service, finance, and support them on their own. » (Chesbrough, 2004, p. 23). Cela procure certains avantages pour une organisation comme de pouvoir conserver la propriété intellectuelle émanant du processus. Cependant, cela implique que l’organisation puisse satisfaire elle-même aux exigences de l’ensemble du processus de développement du produit ou service, de l’idée originale à la commercialisation de l’innovation. Ce contrôle qu’exerce une organisation sur son processus de développement lui fournit intrinsèquement l’exclusivité sur le savoir-faire et la connaissance développée, mais aussi « l’impression » de pouvoir arriver sur le marché avant ses compétiteurs lui assurant davantage de succès. Par l’application de cette philosophie, les organisations ont historiquement mis l’accent sur l’innovation dans leur propre laboratoire de recherche et de développement interne essayant, dans la mesure du possible, de conserver les avantages que leur procuraient leurs investissements financiers massifs et pensant ainsi se procurer ou conserver un avantage commercial par rapport à leurs concurrents.
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Table des matières
CHAPITRE 1 INTRODUCTION
1.1 Mise en contexte de la recherche
1.2 Originalité, objectifs et niveau d’analyse de la recherche
1.3 Questions de recherche
1.4 Organisation de la thèse
CHAPITRE 2 REVUE DE LITTÉRATURE
2.1 L’innovation
2.2 Le processus d’innovation et l’évolution des modèles
2.3 L’innovation fermée
2.4 L’innovation ouverte
2.4.1 Définition de l’innovation ouverte
2.4.2 Le degré d’ouverture
2.5 L’innovation ouverte : une nouveauté?
2.6 Système national d’innovation et le concept d’écosystème
2.7 Modèles d’affaires
2.8 L’adoption de l’innovation ouverte
2.8.1 Motivations
2.8.2 Défis
2.8.3 Le passage vers l’innovation ouverte
2.8.4 Statut sur l’ouverture des organisations
2.9 Conclusion de la revue de la littérature
CHAPITRE 3 MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
3.1 Cadre de réalisation de la recherche
3.2 Notions de recherche qualitative
3.3 La méthode de la théorie enracinée
3.3.1 Le processus de la théorie enracinée
3.3.2 Le codage des données
3.3.3 L’écriture des mémos (memos writing)
3.4 Stratégie de collecte des données
3.4.1 Les entretiens
3.4.2 Considérations méthodologiques et de conception
3.4.3 Développement du guide d’entretien semi-dirigé
3.4.4 Étapes préparatoires et déroulement des entretiens
3.4.5 Enregistrement et transcription des entretiens
3.5 Échantillonnage
3.5.1 Les organisations sélectionnées et impliquées dans notre recherche
3.6 Processus d’analyse et interprétation des données
3.7 L’éthique dans la recherche
3.7.1 La préservation de la confidentialité
3.8 La validité et fiabilité de la recherche
3.9 Limites de la méthodologie de la recherche
3.10 Outils et matériel de support à la recherche
CHAPITRE 4 RÉSULTATS DE L’ANALYSE SELON LA MÉTHODE DE LA THÉORIE ENRACINÉE
4.1 Caractérisation des répondants et de leur organisation
4.2 La théorie émergente
4.2.1 Les motivations promouvant la transition vers l’innovation ouverte
4.2.2 Préalables à l’innovation ouverte
4.2.3 Stratégies
4.2.4 Le processus de transition
4.2.5 Résultats constatés par les organisations suite à la transition
4.2.6 Facteurs de succès
4.2.7 Prochaines étapes
4.3 Conclusion
CHAPITRE 5 L’ÉMERGENCE D’UN MODÈLE D’ADOPTION DE L’INNOVATION OUVERTE
5.1 Fondements du modèle
5.2 Survol du modèle de Lewin
5.3 La vision d’une organisation
5.4 Présentation du modèle intégré substantif d’adoption des concepts de l’innovation ouverte
5.5 Phase 0 : Statu Quo (Innovation fermée)
5.6 Phase I : Décristallisation
5.7 Phase II : Transition
5.7.1 Modèle d’affaires de l’organisation
5.7.2 Culture de l’organisation
5.7.3 Structure organisationnelle
5.7.4 Gestion des partenariats
5.7.5 Gestion de projets d’innovation ouverte
5.7.6 Gestion de portfolio
5.7.7 Réseautage
5.7.8 Gestion de la propriété intellectuelle
5.7.9 La veille technologique (technology scouting)
5.7.10 Outils
5.8 Phase III : Institutionnalisation
5.9 La section CARD : Point de Contrôle, Processus continu d’Amélioration,
Renforcement et Diffusion
5.10 Conclusion
CHAPITRE 6 DISCUSSION ET CONCLUSION
6.1 Le concept d’innovation ouverte revisitée
6.1.1 Adopter l’innovation ouverte, une décision importante
6.1.2 Ouvert ou fermé ce projet d’innovation?
6.1.3 Partenariats : pas si simple…
6.2 Retour sur notre modèle
6.3 Contribution pratique de notre recherche
6.4 Contribution théorique de notre recherche
6.5 Limites identifiées de notre modèle
6.6 Recommandations
ANNEXE I GUIDE D’ENTRETIEN SEMI-DIRIGÉ
LISTE DE RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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