Le privilège immunologique de la cornée
Anatomie macroscopique de la cornée
La cornée, principale dioptre du système optique oculaire, est la structure la plus antérieure de la tunique fibreuse du globe oculaire, en contact direct avec le monde extérieur.
Ce dioptre de forme convexe et asphérique, mesure, chez le cheval adulte, de 29.7 mm à 34 mm horizontalement, et de 23 à 26.5 mm verticalement. Chez les chevaux en croissance, la cornée varie de 20.5 à 26.6 mm horizontalement et de 19.5 à 24 mm verticalement. L’épaisseur est comprise entre 0.77 et 0.79 mm en partie centrale et elle est plus épaisse en périphérie [2, 17, 18]. La face antérieure de la cornée est recouverte par le film lacrymal, alors que sa face postérieure est baignée par l’humeur aqueuse de la chambre antérieure de l’oeil.
La cornée transparente est en continuité avec la sclère opaque et la conjonctive semi transparente. La zone de transition entre la cornée et la sclère correspond au limbe, structure richement vascularisée, et réservoir de cellules souches épithéliales pour la cornée (figure 1).
Le film lacrymal
Le film lacrymal est composé de trois couches (figure 3) [7, 17, 19-23]. Il tapisse la surface externe de la cornée, sert à la lubrifier et prévient sa dessiccation. Il permet de maintenir une surface cornéenne optiquement uniforme [17, 19, 20, 22].
La plus superficielle est une fine couche lipidique. Cette couche est sécrétée par les glandes sébacées, localisées dans le tarse palpébral, et dont les orifices débouchent le long de la marge palpébrale (glandes de Meibomius) [7, 19, 20, 22, 24]. Cette couche uniformise la surface de la cornée pour améliorer le transfert optique et elle permet aussi la collection des poussières de petit calibre et leur élimination. Elle joue également un rôle dans la stabilisation du film mucino-aqueux qu’elle recouvre, en abaissant la tension de surface. De plus, la couche lipidique limite l’évaporation des couches mucino-aqueuses lorsque les paupières sont ouvertes [17, 19-21].
La phase aqueuse est la couche la plus épaisse, constituée de 98% d’eau [17, 19].
Chez le cheval, elle est sécrétée par la glande lacrymale principale, située dans la partie supéro-temporale de l’orbite contre la partie supra-orbitale de l’os frontal, mais aussi, par la glande de la membrane nictitante, localisée dans la partie verticale du cartilage en forme de T [17, 19, 20, 24]. Cette couche permet l’élimination permanente des micro-organismes, des cellules mortes, des substances nocives ou des déchets vers les points lacrymaux qui éliminent 70% du film lacrymal [17, 20-22].
Le pH des larmes constituant la couche aqueuse varie entre 8 et 8.6 avec une moyenne à 8.33 [17, 20, 25].
La couche la plus profonde du film lacrymal est composée de mucines. Ce sont des glycoprotéines solubles, sécrétées par les cellules caliciformes (ou cellules en gobelet) de la conjonctive. Grâce à leurs propriétés bipolaires, les mucines solubles permettent au film lacrymal (hydrophile et lipophobe) d’adhérer aux cellules de l’épithélium cornéen (hydrophobe et lipophile). En effet, elles se lient au glycocalix, ensemble de mucines membranaires produites par les cellules de l’épithélium cornéen [7, 17, 19, 20, 22, 24].
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I. Anatomie fonctionnelle de la cornée
A. Anatomie macroscopique de la cornée
B. Anatomie microscopique de la cornée
1. Le film lacrymal
2. L’épithélium
3. Le stroma
4. La membrane de Descemet
5. L’endothélium
C. Physiologie de la cornée
1. Les voies d’apport nutritionnel de la cornée
2. Régulation de l’hydratation cornéenne
II. Le privilège immunologique de la cornée
A. L’importance des Récepteurs Toll-like
B. Les mécanismes du privilège immunologique de la cornée
1. Les cellules présentatrices d’antigène
2. Régulation de l’angiogenèse
3. Le rôle important de l’endothélium
4. Expression des protéines FasL (CD95L) et Fas (CD95)
C. Microenvironnement et immunologie de la cornée
1. Le film lacrymal
2. La déviation immunitaire associée à la chambre antérieure
III. Les kératites à médiation immune chez le cheval
A. Epidémiologie
B. Présentation clinique et examen oculaire
1. KMIs épithéliales
2. KMIs du stroma superficiel
3. KMIs du stroma moyen
4. KMIs endothéliales
5. Kératites éosinophiliques
C. Diagnostic différentiel
1. Kératite ulcéreuse
2. Ulcère épithélial chronique
3. Abcès stromal profond
4. Onchocercose
5. Kératite herpétique
6. Dégénérescences de la cornée
7. Tumeurs cornéennes
D. Examens complémentaires
E. Hypothèses immunopathologiques concernant les KMIs
IV. Traitements des kératites à médiation immune
A. Les traitements immunosuppresseurs locaux
1. Les anti-inflammatoires stéroïdiens
2. La ciclosporine A et le tacrolimus
3. Autres molécules utilisables
B. Résultats obtenus selon les types de KMIs
1. Etude de Gilger (2005) portant sur 19 cas
2. Cas cliniques de Chalory (2009)
3. Cas cliniques de Ramsey (1994) et de Yamagata (1996)
C. Bilan sur les traitements des KMIs
Conclusion
Références bibliographiques
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