Le post-partum, une définition difficile

Le post-partum, une définition difficile

À travers nos recherches, nous avons pu constater une difficulté pour les différents auteurs à trouver une définition commune du post-partum. Car, s’il est bien entendu que, littéralement le terme post-partum vient du latin post, « après », et partum, accusatif de partus, « accouchement » (CNRTL), en revanche la définition de sa durée, elle, ne fait l’unanimité.

Selon le dictionnaire Larousse (1), le post-partum est défini, pour la femme, comme la période s’étendant de l’accouchement au retour de couches (réapparition des règles). Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2), le post-partum commence environ une heure après la délivrance et englobe les six semaines qui la suivent, date de survenue en moyenne du retour des menstruations. Autrement dit, nous savons bien quand le post-partum commence : après l’accouchement ; mais non quand il se termine réellement. C’est là toute la difficulté de son étude qui nécessite alors de préciser sur quelle durée nous nous accordons.

Vers une nouvelle définition

En 2010, plusieurs auteurs proposent d’étendre la définition en divisant le post-partum en trois parties continues dans le temps mais distinctes dans ce qui les caractérise (3).
• Les six à douze premières heures du post-partum composeraient la « phase aiguë». C’est une période de changement rapide et à risque sur le plan obstétrical (risque d’hémorragie du post-partum, d’inversion utérine, d’embolie amniotique ou de crise d’éclampsie par exemple).
• La deuxième phase serait la « période subaiguë », qui durerait de deux à six semaines. Au cours de cette phase, l’organisme subit des changements importants en termes d’hémodynamique, de récupération génito-urinaire, de métabolisme et d’état émotionnel.
• Enfin, la troisième phase est décrite comme la période du « post-partum retardé », qui pourrait durer jusqu’à six mois selon les auteurs de cette étude (3). Les changements physiques et biologiques au cours de cette phase sont extrêmement graduels, et la pathologie est rare.

En conclusion, nous pouvons voir dans la littérature qu’il semble difficile d’établir une limite fixe à laquelle le post-partum se terminerait, ce qui pourrait avoir pour conséquences des analyses et des résultats différents selon les études. Nous admettrons pour notre étude, que le post-partum s’étend jusqu’à six mois après l’accouchement, conformément à l’étude présentée ci-dessus.

La sortie de la maternité

La sortie de la maternité est une étape clé dans le début de la vie de parents. C’est un moment crucial de la consolidation du lien mère-enfant et dans l’apprentissage de la parentalité. En effet, les professionnels ne sont plus à disposition de manière permanente et chaque membre de la famille doit composer avec une nouvelle réalité. La femme a parfois encore l’apparence d’une femme enceinte du fait de la lente involution utérine mais c’est en tant que mère qu’elle rentre chez elle. C’est pour cela que la Sécurité Sociale a mis en place le Programme de Retour à Domicile (PRADO), un accompagnement personnalisé qui permet à une sage-femme de venir une à trois fois au domicile de la patiente dans les douze jours qui suivent l’accouchement (4). On peut lire également sur le site Améli quelques conseils s’adressant aux mères « pour retrouver (leur) silhouette et (leur) entrain » : une formulation qui pourrait sembler maladroite pour rassurer les femmes sur leur condition physique et les encourager à bien s’alimenter, se reposer, s’hydrater et reprendre progressivement une activité physique (4). On peut supposer que ce paragraphe traduit bien des préoccupations courantes sur le corps du post-partum qui peuvent apparaître dès le retour à la maison.

La visite post natale

Selon l’Article R.2122-3 du Code de la Santé Publique, la visite post-natale (VPN) est obligatoire et doit être réalisée dans les huit semaines après l’accouchement. Elle est remboursée à 100% par la Sécurité Sociale. C’est une consultation médicale dédiée à la mère qui peut se faire chez une sage-femme, un médecin gynécologue ou un médecin généraliste. Le but de cette visite est avant tout de faire un point sur l’état de santé physique et psychique de la mère lors d’un moment d’échange avec un professionnel de santé qui sera à même d’écouter ses interrogations (5).

Les thèmes sur le corps post-partum et l’image corporelle peuvent donc être abordés lors de la VPN. Il existe d’ailleurs des recommandations qui suggèrent de traiter des points suivants (6) :
• État psychique de la mère, évaluation de la dyade mère-enfant ;
• Allaitement maternel et/ou artificiel ;
• Contraception, sexualité ;
• Évaluation de la nécessité d ! une rééducation périnéale (testing des releveurs, incontinence urinaire/anale, prolapsus) ;
• Examen général avec examen spécifique des membres inférieurs (risque encore accru de thrombose veineuse) ;
• Examen gynécologique avec examen des seins (à la recherche de mastite, abcès du sein…), et de la vulve (évolution de la cicatrisation d!éventuelle déchirure/épisiotomie, béance vulvaire, hémorroïdes, frottis cervico-utérin si nécessaire).

La VPN est importante dans la prise en charge du vécu du post-partum mais semble éloignée du moment de l’accouchement. Entre deux, les femmes paraissent livrées à elles-mêmes. Nous constatons cependant une forme d’alternative entre le retour à domicile et la VPN classique. La Haute Autorité de Santé (HAS), propose « deux séances postnatales [qui] peuvent être réalisées par une sage-femme entre le 8e jour suivant l’accouchement et la visite postnatale » (7).

De plus, la HAS recommande depuis 2014, un entretien post-natale précoce afin de répondre au besoin d’accompagnement des mères. Cela leur permettrait de s’exprimer sur leur vécu « leurs besoins, voire leurs difficultés » (7). Cet entretien fait aujourd’hui l’objet d’une proposition de loi pour l’année 2022.

Le corps social

Définition historique de l’image corporelle

Paul Schilder est le premier psychiatre à introduire la notion d’image du corps dans le monde de la psychanalyse dans les années 1950 . Jusqu’alors, l’étude des perceptions corporelles se limitait à l’analyse de schémas corporels (Head 1911), autrement dit des représentations mentales des dimensions de notre corps qui nous permettent de nous situer dans l’espace. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la proprioception. Schilder intègre dans sa définition les dimensions psychologiques et sociologiques en disant que l’image du corps est : « L’image de notre propre corps que nous formons dans notre esprit, c’est-à-dire la manière dont le corps nous apparaît à nous-même » (8). Cette définition traduit le concept de la représentation à la fois consciente et inconsciente du corps.

L’image corporelle peut aujourd’hui être appréhendée comme un construit multidimensionnel, qui inclut « les perceptions, les pensées et les sentiments d’une personne concernant son corps » (8,9). Cette image est évolutive et peut changer à tout moment de la vie d’un individu. Par ailleurs, l’image corporelle étant en partie socialement construite, elle doit être étudiée et analysée dans son contexte culturel (8). Un autre auteur, Bob Price (1998), décline l’image corporelle en trois composantes: le corps réel, le corps idéal et l’apparence (10). Le corps réel : C’est le corps tel qu’il existe, tributaire de l’hérédité et transformé par l’usure du temps et les agressions du milieu. Le corps réel change parce qu’il vieillit et parce qu’il est utilisé en permanence.

Le corps idéal : C’est l’image mentale du corps rêvé et des prouesses qu’il devrait accomplir. La conception du corps idéal est profondément influencée par les normes socioculturelles qui sont véhiculées par la publicité et par les diverses modes concernant la forme physique et la santé. L’image mentale du corps idéal peut être perturbée par une altération du corps réel. L’apparence : C’est la façon dont on présente notre corps au monde extérieur afin de faire correspondre l’image qu’on se fait du corps idéal au corps réel. L’apparence passe par la façon de s’habiller, de se coiffer et de soigner sa présentation, de marcher, de parler, de se mouvoir. En d’autres mots et c’est ce que l’on retiendra pour notre champ d’étude, l’image corporelle de la femme après l’accouchement est un concept qui doit être étudié de manière sociologique et psychologique. C’est une vision subjective qu’elle a d’elle même et de son propre corps et qui est susceptible d’être modifiée par l’influence sociale (8). C’est la raison pour laquelle nous ne développerons pas ici les modifications purement anatomiques apparaissant tout au long du post-partum.

Le corps pendant la grossesse

Comme l’annonce l’autrice Christine Détrez dans son œuvre « La construction sociale du corps » (2002), ce dernier est « tantôt perçu comme le siège de l’identité, tantôt comme une enveloppe emprisonnant l’âme ou l’esprit ». Autrement dit, le corps ne peut être réduit à sa fonction motrice et biologique et apparaît également à l’individu comme un moyen d’expression sociale de son identité. Cette fonction sociale du corps est influencée par des normes sociales, des formes d’injonctions sur lesquelles l’individu s’aligne, auxquelles il s’identifie, que ce soit de manière consciente ou inconsciente. Les femmes en général, mais aussi les femmes enceintes, n’échappent pas à ces critères de perfection corporelle imposées par la société, les médias et en particulier la publicité (11). Les changements corporels de la grossesse sont nombreux et l’idéal du corps féminin pendant la grossesse est parfois bien loin du corps réel, qu’il s’agisse de transformations visibles comme la prise de poids, l’augmentation du volume de la poitrine, de la taille du ventre, l’hyperpigmentation, ou invisibles tels que l’augmentation de la masse sanguine ou les variations hormonales. C’est sans compter également sur le voyage psychique (12) occasionné par la grossesse qui peut faire naître différentes préoccupations chez la femme enceinte concernantson propre corps. L’évolution de son identité est alors concomitante avec celle de son corps. Au début des années 1980, le psychiatre Paul-Claude Racamier utilise le terme de « maternalité » pour décrire les processus psychiques en œuvre au cours de la grossesse. Selon sa théorie, la femme a tendance à s’aimer plus fortement durant la grossesse. Elle aimerait son propre corps car il porte l’enfant à naître. Le ventre qui s’arrondit est un marqueur de la grossesse et permet aussi de notifier aux autres sa « condition » de femme enceinte (13,14). La prise de poids, tout de même contrôlée, est d’ailleurs souvent associée au développement d’un enfant en bonne santé et est, en règle générale, bien acceptée par la femme (15,16). Pour certaines femmes, ces changements corporels peuvent toutefois faire émerger de la tristesse face à la perte incontrôlée du corps d’avant la grossesse (17,18). Dans un article qui établit un état des lieux de dix études qualitatives concernant l’image corporelle dans la période périnatale, plusieurs résultats essentiels sont à retenir sur le sujet (16). D’une part, les changements corporels dus à la grossesse sont nécessaires pour remplir et se préparer au rôle de mère (14,17–20). D’autre part, ces changements étant considérés comme naturels, il semblerait que l’acceptation de ce nouveau corps soit plus aisée. Néanmoins, la satisfaction ou insatisfaction corporelle pendant la grossesse semble être fluctuante avec une augmentation de l’insatisfaction en fin de grossesse notamment dû à l’inconfort physique, à la prise de poids et la fatigue (15,16).

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Table des matières

INTRODUCTION
1 REVUE DE LA LITTERATURE
1.1 LE POST-PARTUM
LE POST-PARTUM, UNE DEFINITION DIFFICILE
VERS UNE NOUVELLE DEFINITION
LA SORTIE DE LA MATERNITE
LA VISITE POST NATALE
1.2 LE CORPS SOCIAL
DEFINITION HISTORIQUE DE L’IMAGE CORPORELLE
LE CORPS PENDANT LA GROSSESSE
L’ILLUSION D’UNE PERMISSION SOCIETALE
1.3 LE CORPS PENDANT LE POST-PARTUM
IMAGE CORPORELLE ET DEPRESSION DU POST-PARTUM
UNE REALITE MISE SOUS SILENCE
1.4 QUESTION DE RECHERCHE
2 MATERIEL ET METHODE
2.1 OBJECTIFS ET AXES DE RECHERCHE
2.2 TYPE D’ETUDE
2.3 METHODOLOGIE
2.4 POPULATION
CRITERES D’INCLUSION
CRITERES D’EXCLUSION
2.5 CARACTERISTIQUES DE L’ECHANTILLON
2.6 ASPECTS REGLEMENTAIRES ET DEROULEMENT DE L’ETUDE
3 RESULTATS ET ANALYSE
3.1 SE PREPARER AUX CHANGEMENTS CORPORELS : LES DIFFERENTS ACTEURS
LES PROFESSIONNELS DE SANTE
LES RECHERCHES PERSONNELLES ET LES MEDIAS
3.2 ENTRE ATTENTES ET REALITE
L’INATTENDU
LE « SOI » AU SECOND PLAN
3.3 LE REGARD SUR LE « CORPS POST-PARTUM »
LES CHANGEMENTS NOTABLES
RETROUVER « LE CORPS D’AVANT »
LE CHEMIN VERS L’ACCEPTATION
3.4 LE BESOIN D’EN PARLER
QUAND ET COMMENT EN PARLER ?
LE ROLE DU COPARENT ET DE L’ENTOURAGE
POUR UNE PLUS GRANDE DIVERSITE DES REPRESENTATIONS
4 DISCUSSION
4.1 PRINCIPAUX RESULTATS
TEMPORALITE DE L’INFORMATION
LE POST-PARTUM : UN VECU MULTIFACTORIEL
L’ENTOURAGE HUMAIN ET MEDIATIQUE
4.2 POINTS FORTS
4.3 BIAIS ET LIMITES
LA POPULATION
LA METHODOLOGIE
4.4 PERSPECTIVES
5 CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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