Le positionnement de la profession d’audit
L’audit, pratique et perspectives
Antérieurement, l’audit effectuait une fonction d’intendance et de contrôle au service de l’empire romain de l’église et d’autre institution étatique. Les Romains l’employaient pour désigner un contrôle au nom de l’empereur sur la gestion des provinces. Sa fonction principale était le contrôle des comptes, il s’assurait la bonne application des lois et règlements et luttait contre la fraude. Avec la globalisation, la nouvelle organisation de l’entreprise et l’apparition des managers et des actionnaires (celui qui détient n’est pas celui qui gère), l’audit des comptes devient insuffisant. Il n’arriverait plus à satisfaire ni les besoins de l’entreprise ni ceux des propriétaires. Pour cela, les professionnelles se trouvent obliger de se mettre à jour avec les nouvelles tendances. Ce qui fait de l’audit une activité beaucoup plus dynamique que statique. Il évolue donc en s’adaptant aux changements et aux nouvelles exigences et besoin de ses utilisateurs. Son champ d’intervention prend de nouvelles dimensions plus étendues.
En parallèle, ses objectifs se démultiplient, en relation avec le développement des modes de gouvernances d’entreprise. D’après Power (2005), et suit aux scandales financiers, on est passé vers une société d’audit pour laquelle la profession d’audit devient nécessaire et indispensable. La nouvelle demande, les attentes, et le produit des audits n’ont pas seulement un impact sur l’entreprise auditée elle-même, mais plus encore sur toute la société, l’économie et l’environnement. C’est un instrument d’assurance et une source de crédibilité. En conséquence, des normes internationales ont été établies afin d’encadrer et de structurer la profession d’audit à l’échelle international. Pour aborder ces fondements, on a subdivisé le présent chapitre en trois sections. Dont la première évoque les différentes phases d’évolution de la profession d’audit en précisant son origine et citant les différentes définitions énoncées toute au long de son évolution, tout en démontrant, son rôle et ses objectifs. La deuxième section englobe toutes les catégories d’audit selon, son statut, sa nature et ses objectifs. La dernière section expose les normes structurant la profession d’audit et les facteurs qui déterminent sa qualité.
Origine et évolution de l’audit
Au début du moyen-âge, les Sumériens avaient compris qu’il est essentiel dans tout système d’information d’établir une communication claire et nette entre les producteurs et les utilisateurs. Ce système de contrôle par recoupement consiste à comparer une information parvenue de deux sources d’enregistrements indépendantes. Ceci était bien établi dans le code de Hammourabi roi du Babylone1 en particulier dans ses articles qui stipulent: Art.104.- « si le marchand a donné à son agent du blé, de la laine, de l’huile ou quelque autre sorte de marchandises pour les vendre, il en inscrira le prix sur un document cacheté et le remettra au marchant. » Art.105.-« si l’agent a oublié de prendre un document cacheté de sa remise d’argent au marchand, cet argent, qui n’a pas reçu le sceau, il ne l’entrera pas dans ses comptes. ».
Etymologiquement, le terme « audit » est d’origine latine « audire ». Il signifie « écouter » au sens de porter une attention suffisante aux doléances de quelqu’un à fin de mieux comprendre ses problèmes pour lui apporter éventuellement les éléments de solutions appropriées (I. Feujo , 2004). Il est apparu sous l’empire romain et plus spécifiquement dès le 3ème siècle avant Jésus-Christ2. C’est à cette époque que les gouverneurs ont nommé des questeurs pour contrôler la comptabilité de toutes les provinces. Les grandes organisations administratives mises en place par les rois, la noblesse, les églises et les municipalités ont exercé longtemps une grande influence sur le développement de la comptabilité et de l’audit. Les qualités requises pour exercer la fonction d’auditeur dans cette période, étaient principalement l’honnêteté, l’intégrité, la fidélité, l’assiduité dans la recherche de la sincérité et régularité des comptes (G. Valin et al, 2006, page24). De même, ses objectifs axés à la détection des fraudes, passent progressivement vers la recherche d’erreurs pour ensuite s’orienter vers la publication d’opinion sur la validité des états financiers, et ensuite sur leur régularité et sincérité. Les auditeurs de cette époque faisaient de leur mieux pour faire valoir le meilleur intérêt de leurs clients et d’eux-mêmes au lieu de faire de leur mieux pour la société (Briloff, 1972).
La théorie de contingence (Contingency theory)
Burns et Stalker (1961), Perrow (1970), Thompson (1967), Lawrence et Lorsch (1967), et Galbraith (1973) accentuent leurs recherches sur l’impact de l’environnement et de la technologie sur la structure organisationnelle. Cette théorie a considérablement dépassé cette conception limitative de l’entreprise. Celle-ci est désormais conçue comme un système finalisé et ouvert sur un environnement donné. La théorie de contingence apporte une contribution significative à la compréhension des systèmes de contrôle (Covaleski et al, 1996)1. Les premières recherches se sont appuyées sur l’importance de l’environnement, la technologie, la structure et la taille à la conception des systèmes de contrôle2. La survie de l’entreprise dépend essentiellement de sa capacité à maitriser son environnement. Pour ce faire, les dirigeants de l’entreprise doivent introduire dans la gestion des affaires un système d’audit qui peut leur assurer cette maitrise de l’environnement.
Après cette revue très brève des différentes théories sur l’auditeur, celle qui traite la contingence nous parait la plus appropriée pour répondre aux questionnements de notre recherche. Notre thématique est centrée sur deux grands concepts à savoir, le management des risques et les réseaux de neurones artificiels. Le premier concept, le management des risques, son fondement repose sur le mode de gestion des différents facteurs à la fois qui affectent la capacité de l’entreprise à atteindre ses objectifs. Ces facteurs sont d’origine interne et externe, et qui sont eux-mêmes considérés comme des facteurs de contingence. Pour ce qui est du deuxième concept, les réseaux de neurones artificiels, il représente l’outil informatique (software) produit de la technologie moderne qui est elle-même aussi un facteur de contingence. La théorie de contingence permet de mettre en évidence des liens cohérents qui peuvent se créer et se développer entre les fonctions d’audit, de management des risques et des réseaux de neurones artificiels. Dans cette vision, on considère les RNA deviennent très vite un instrument technologique central qui à la prise de décision au service de la profession d’audit et de celle du manager. Cet outil d’aide à la décision intégré à l’audit s’utilise à identifier les risques pour plus d’efficience et d’efficacité. Mais avant de poursuivre notre étude sur cet outil, il est intéressant de faire connaissance de ce concept d’audit à travers ses définitions, ses objectifs, ses pratiques et ses perspectives.
Définition de l’audit
Nombreuses sont les définitions données à l’audit, il est difficile de lui donner une définition exhaustive. Ses différentes définitions reflètent également ses étapes d’évolution. Il se définit Généralement selon son mode d’intervention et son champ d’application. Étymologiquement, selon Larousse, l’audit est un jugement sur la qualité et la rigueur de gestion. Selon Hachette l’audit est le contrôle d’une entreprise, la bonne gestion et la sauvegarde du patrimoine financier. Partant de la fameuse citation d’Auguste Comte : « Savoir pour prévoir, prévoir pour pouvoir », l’art de l’auditeur s’appuie sur une méthodologie d’investigation pour savoir, et de communication pour influencer, pour servir une entreprise dans la recherche de plus et de meilleures performances. L’audit n’a d’autorité que morale, il n’a pas le pouvoir au sens d’obligation, mais il peut être utilisé comme un instrument du pouvoir1. Il ne se réserve pas à une évaluation directe des agents, mais plutôt à une évaluation de processus. Il constitue un moyen de lutte contre les irrégularités, le gaspillage les négligences, les erreurs professionnelles et les infractions économiques2, mais aussi pour instaurer un climat de prudence et même d’austérité dans un milieu donné. Mautz a défini l’audit dans les années soixante comme une action de vérification des états financiers et des données comptables en assurant leur exactitude et fiabilité3. Germond et Bonnault (1987) l’ont défini comme étant l’examen technique rigoureux et constructif auquel procède un professionnel compétent et indépendant. Il exprime une opinion motivée sur la qualité au regard de l’obligation des règles de droit et des principes comptables en vigueur. L’auditeur donne une image du patrimoine de l’entreprise, de sa situation financière et de ses résultats.
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Table des matières
Chapitre 01: L’audit, pratique et perspectives
Introduction
Section01 : Origine et conception théorique d’audit
1.Origine et conception théorique d’audit
1.1. Origine et évolution de l’audit
1.2. Le cadre théorique de la profession d’audit
1.2.1. La théorie de policier (Policeman theory)
1.2.2. La théorie des coûts de transaction (The theory of transaction costs)
1.2.3. La théorie de l’agence (Agency theory)
1.2.4. La théorie de signalisation (Signaling theory)
1.2.5. La théorie de la crédibilité du prêt (Lending credibility theory)
1.2.6. La théorie de la confiance inspirée (Theory of inspired confidence)
1.2.7. La théorie de modérateur de revendication (Moderator of claimants theory)
1.2.8. La théorie de l’auxiliaire de justice (quasi judicial theory)
1.2.9. La théorie de la légitimité (Legitimacy theory)
1.2.10. La théorie de l’intendance (Stewardship theory)
1.2.11. La théorie de contingence (Contingency theory)
2.Définition, rôle et objectifs de l’audit
2.1. Définition de l’audit
2.2. Le rôle de la profession d’audit :
Section 02: Le positionnement de la profession d’audit
1.Le positionnement de la profession d’audit suivant le mode d’action
1.1. L’audit interne (Internal audit)
1.2. L’audit externe (External audit)
1.2.1. L’audit légal (Statutory audit)
1.2.2. L’audit contractuel (Contract audit)
1.3. Les points de convergence et de divergence entre l’audit interne et l’audit externe
2.Le positionnement de la profession d’audit suivant la nature des objectifs
2.1. Des audits selon le niveau d’intervention
2.1.1. Le premier niveau
2.1.2. Le deuxième niveau
2.1.3. Le troisième niveau :
2.2.1. Audit comptable et financier
2.2.2. Audit opérationnel
2.2.3. L’audit de la responsabilité sociétale des entreprises
2.2.4. L’audit des systèmes d’information
2.2.5. L’audit marketing
Section 03 : Les normes et les règles structurant l’audit
1.Les normes de travail d’audit
1.1. Les règles structurant la profession d’audit
1.1.1. La loi Sarbanes – Oxley ou (SOX):
1.1.2. La loi de sécurité financière (LSF)
1.2. Les normes internationales d’audit
2.1. Les normes internationales de l’audit externe financier et comptable
1.2.2. l’International Federation of Accountants (IFAC)
1.3. Les normes internationales d’audit interne
2.1.1. L’IIA L’institut d’Audit Interne (the Institut of InternaL Auditors)
2.2.2. Institut Français des Auditeurs et Contrôleurs Internes L’IFACI
2.2.3. Confédération Européenne des Instituts D’audit Interne ECIIA (European Confederation of Institutes of Internal Auditing)
2.2.4. L’Union Francophone de l’Audit Interne UFAI (The Francophone Union of Internal Audit)
2.La qualité d’audit
2.1. L’éthique professionnelle impliquée à l’audit (Code of Ethics)
2.1.1. L’intégrité
2.1.2. L’objectivité et l’indépendance
L’indépendance
2.1.3. La compétence
2.1.4. Le secret professionnel ou la confidentialité :
2.2. La qualité d’audit
Conclusion
Chapitre02: L’approche d’audit par le management des risques d’entreprise
Introduction
Section 01 : Le management des risques : historique et processus
1.Les fondamentaux du management des risques
1.1. Bref historique : de l’assurance des risques au management des risques
2. Le risque : la matière première du management des risques
1.2.1. Les risques financiers
1.2.2. Les risques stratégiques
1.2.3. Les risques opérationnels
1.2.4. Les risques réglementaires
2.Le processus du management des risques
2.1. L’établissement du contexte
2.2. L’évaluation des risques ou l’appréciation des risques
2.2.1. L’identification des risques
2.2.2. L’analyse des risques
2.2.2.2. L’analyse qualitative des risques
2.3. Le traitement des risques
2.4. Le suivi et l’amélioration continue
Section 02: La naissance de la notion de risque dans la profession d’audit
1.Du risque d’audit à l’audit des risques
1.1. Le risque de contrôle (Control risk)
1.2. Le risque de détection (Detection risk)
1.3. Le risque inhérent (inherent risk)
2.Le système de contrôle interne
– Les lacunes de COSO
Section 03 : L’audit par le management des risques
L’audit interne et le management des risques
L’audit externe et le management des risques
Conclusion
Chapitre 03 : Les réseaux de neurones artificiels et le management des risques, un outil de l’audit
Introduction
Section01 : Les fondements de base des réseaux de neurones artificiels
1.Définition des réseaux de neurones artificiels
1.1. Origine et historique des réseaux de neurones artificiels
2.Le fonctionnement des réseaux de neurones artificiels
2.1. Le design des réseaux de neurones artificiels
2.1.1. L’architecture des réseaux de neurones artificiels
2.1.1.1. Une couche d’input :
2.1.1.2. Des couches cachées :
2.1.1.3. Une couche d’output
2.1.2. Les modèles de connexion
2.1. 3. Les différents types du réseau de neurones artificiels
2.1.3.1. Les réseaux Hopfield (1982)
2.1.3.2. La carte d’auto-organisation ou de Kohonen (1984)
2.1.3.3. Les réseaux multicouches de type rétro-propagation (multi layer feed- forward perceptron):
2.2. Le fonctionnement des réseaux de neurones
2.2.1. La modélisation matricielle
2.2.2. Les fonctions d’activation :
2.2.3. La phase d’apprentissage :
2.2.3.1. Les types d’apprentissage
Apprentissage supervisé
Apprentissage non supervisé
2.2.3.2. Les méthodes d’apprentissage
La loi de Hebb :
Les algorithmes génétiques (AG)
L’algorithme de rétro propagation du gradient
Section02 : Les réseaux de neurones artificiels comme étant une technique de management des risques
1.La puissance des R.N.A en matière de management des risques
1.1. Les méthodes traditionnelles de management des risques
1.1.1. Analyse des modes de défaillance, de leurs effets et de leur criticité (Failure mode effects and crirticality analysis) AMDEC:
1.1.2. L’analyse par arbre de défaillance et l’analyse par arbre d’événements (Fault tree analysis and event tree analysis)
1.1.3. La méthode HAZOP (Hazard and Operability Study)
1.1.4. L’analyse par Noeud de Papillon:
2.Les points de rapprochement et d’adéquation de la technique des réseaux de neurones artificiels avec le processus de management des risques
2.1. En matière de prévision
2.2. En matière de classification :
3.Les avantages d’utilisation du réseau de neurones en management des risques
Section 03 : Les réseaux de neurones artificiels appliqués au management des risques un outil pour l’audit
1.L’audit et l’outil informatique
1.1. Panorama des applications des réseaux de neurones artificiels en audit
1.1.1. La classification
1.1.2. L’évaluation du système de contrôle interne et ses risques
1.1.3. Détection des fraudes
1.1.4. Le contrôle des comptes
1.1.5. Continuité d’exploitation et la prévision de la défaillance (Going-concern decisions and Predicting Bankruptcy)
2.La démarche d’une approche d’audit par les risques à l’aide des RNA
2.1. La phase de planification
2.2. La phase de collecte des données et d’évaluation
2.3. La phase du traitement des données (d’observation ou de vérification)
2.4. La phase de conclusion (la phase finale)
Conclusion
Chapitre 04 : l’Application des réseaux de neurones artificiels dans le cadre d’une approche d’audit par le management des risques
Introduction
Section 01 : Présentation de l’étude
1.L’obtention des données
2.Aperçu sur les données de l’étude
2.1. Opinions, constats et obstacles de l’étude
2.2. La description des données
Section 02 : La classification à l’aide du réseau de neurones artificiel
1.Lancement de l’analyse et choix des paramètres d’étude
1.1. L’introduction des données :
1.2. Le sous-échantillonnage
1.3. La sélection de l’architecture optimale et les fonctions d’activations
2.Les résultats de l’étude
2.1. Résultats de la classification
2.2. Discussion des Résultats:
2.2.1. Recommandations :
Conclusion
Conclusion générale
Liste des abréviations
Liste des tableaux
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