LE POIDS DES INSTITUTIONS ORGANIQUES DANS LE DEVELOPPEMENT

Hypothรจses et thรฉories classiques
ย 

ย  Raretรฉ : Cโ€Ÿest un concept clรฉ de lโ€Ÿรฉconomie classique. En effet, la raretรฉ est au cล“ur de la notion de valeur pour les classiques. Elle est par exemple la clรฉ pour comprendre la formation de la valeur dโ€Ÿรฉchange. Adam Smith lโ€Ÿa bien illustrรฉ dans la Richesses des Nations ร  travers le paradoxe entre la valeur de lโ€Ÿeau et celle du diamant10. La raretรฉ explique aussi le mรฉcanisme du marchรฉ vue quโ€Ÿelle traduit en quelque sorte lโ€Ÿรฉquilibre entre lโ€Ÿoffre et la demande dโ€Ÿun bien donnรฉ ; en dโ€Ÿautre terme cโ€Ÿest elle qui conditionne le prix dโ€Ÿun bien. Enfin, elle est ร  lโ€Ÿorigine du doute des agents รฉconomiques dans leurs propres dรฉcisions : la raretรฉ implique le choix. Cโ€Ÿest ce problรจme de choix qui fait apparaitre un caractรจre trรจs particulier de lโ€Ÿindividu รฉconomique : la rationalitรฉ.
Rationalitรฉ : ce point a dรฉjร  รฉtรฉ abordรฉ dans lโ€Ÿintroduction de cette partie. Rappelons juste quโ€Ÿil est associรฉ ร  lโ€Ÿutilitarisme de lโ€Ÿindividu, ร  sa possession et sa capacitรฉ ร  traiter les informations sur le marchรฉ. La rationalitรฉ de lโ€Ÿindividu est lโ€Ÿune des thรฉories polรฉmiques des รฉconomistes classiques, nous verrons par la suite dans le chapitreย  suivant quโ€Ÿelle est lโ€Ÿobjet dโ€Ÿattaques virulentes faites en leurs encontre notamment ร  cause de son caractรจre trรจs rรฉducteur.Marchรฉ autorรฉgulateur : les classiques, et les libรฉraux en suivant leur exemple, conรงoivent le marchรฉ par essence autorรฉgulรฉ et autorรฉgulateur ; la loi de lโ€Ÿoffre et de la demande assure parfaitement le mรฉcanisme. Tout dรฉsรฉquilibre ne peut donc quโ€Ÿรชtre exogรจne, notamment due au non-respect des conditions de la concurrence pure et parfaite (CPP) telles que lโ€Ÿatomicitรฉ des agents, lโ€Ÿhomogรฉnรฉitรฉ des produits, la fluiditรฉ et la transparence dans le marchรฉ.Effectivement, les classiques ont conรงu ce cadre conceptuel de CPP pour leurs analyses, et lโ€Ÿont ensuite superposรฉ ร  la rรฉalitรฉ en affirmant que les deux ne sont pas significativement diffรฉrents. Ils prรฉconisent ainsi la non-intervention de lโ€ŸEtat dans lโ€Ÿรฉconomie, les politiques anti-trust, lโ€Ÿรฉtablissement et le respect de la concurrence. Pour eux, cโ€Ÿest le meilleur moyen dโ€Ÿassurer lโ€Ÿefficacitรฉ du marchรฉ, de permettre ร  celui-ci de satisfaire en mรชme temps lโ€Ÿintรฉrรชt de tout le monde.Harmonie prรฉรฉtablie des intรฉrรชts individuels : Adam Smith a identifiรฉ la division de travail comme รฉtant la source de lโ€Ÿopulence. En fait cette division de travail, de laquelle dรฉcoulent tant d’avantages, nโ€Ÿest pas un voulu humaine mais le rรฉsultat dโ€Ÿun penchant qui porte les hommes ร  trafiquer, ร  faire des trocs et des รฉchanges d’une chose pour une autre. ยซ Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de biรจre et du boulanger, que nous attendons notre dรฎner, mais bien du soin qu’ils apportent ร  leurs intรฉrรชts. Nous ne nous adressons pas ร  leur humanitรฉ, mais ร  leur รฉgoรฏsme; et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons,c’est toujours de leur avantage ยป. Ainsi la division de travail permet ร  tout le monde de poursuivre ses propres intรฉrรชts sans quโ€Ÿil y ait conflit. Smith va encore plus loin et affirme que chacun ne doit chercher satisfaire que ses propres car il y a un mรฉcanisme naturel, une main invisible, qui ล“uvre au-delร  de notre entendement. ยซ En prรฉfรฉrant le succรจs de l’industrie nationale ร  celui de l’industrie รฉtrangรจre, il ne pense qu’ร  se donner personnellement une plus grande sรปretรฉ; et en dirigeant cette industrie de maniรจre ร  ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu’ร  son propre gain; en cela, comme dans beaucoup d’autres cas, il est conduit par une main invisible ร  remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions; et ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus mal pour la sociรฉtรฉ, que cette fin n’entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intรฉrรชt personnel, il travaille souvent d’une maniรจre bien plus efficace pour l’intรฉrรชt de la sociรฉtรฉ, que s’il avait rรฉellement pour but d’y travailler ยป.Nous nous somme attardรฉ exprรจs sur ce point parce quโ€Ÿil constitue la thรจse centrale de la thรฉorie classique : il souligne clairement la domination du caractรจre รฉgoรฏste chez lโ€Ÿindividu รฉconomique, il sert dโ€Ÿargument-clรฉ au recours au marchรฉ, et surtout elle mise uniquement sur lโ€Ÿutilitarisme pour rรฉgir les รฉchanges entre les hommes. De ce fait, ยซ lโ€Ÿรฉconomie comme discipline a pour thรฉmatique centrale le marchรฉ ; elle raisonne en termes dโ€Ÿรฉquilibre ร  partir de lโ€Ÿaction dโ€Ÿindividus rationnels, calculateurs et utilitaristes et se prรฉoccupe principalement de lโ€Ÿefficacitรฉ. Les questions institutionnelles, la dimension historique des processus รฉconomiques y sont fortement minimisรฉes, parfois totalement รฉvacuรฉes ยป. Ainsi les institutions sont entiรจrement exogรจnes ร  lโ€Ÿรฉconomie, ยซ considรฉrรฉs comme donnรฉs, ou ils sont dรฉniรฉs ou encore leur explication est rejetรฉe ยปย : le comportement de lโ€Ÿindividu rationnel รฉchappe aux influences de la sociรฉtรฉ, de lโ€Ÿhistoire, des coutumes et traditions ; et lโ€Ÿรฉtude des institutions est laissรฉe aux autres disciplines comme lโ€Ÿhistoire, la sociologie ou lโ€Ÿanthropologie sociale, etc. Or ce mรฉmoire vise ร  รฉtudier les effets de la culture sur le comportement des individus et donc sur lโ€Ÿรฉconomie. Lโ€Ÿapproche classique est donc inadaptรฉe18, dโ€Ÿoรน le recours ร  une autre approche plus rรฉaliste quโ€Ÿest lโ€Ÿinstitutionnalisme.

Lโ€™รฉconomie institutionnelle

ย  Comme on lโ€Ÿa fait remarquer dans la section prรฉcรฉdente, lโ€Ÿรฉconomie classique souffre de son caractรจre fermรฉ et de son indiffรฉrence vis-ร -vis des institutions. Un nouveau courant sโ€Ÿest donc formรฉ autour de lโ€Ÿattachement ร  ces derniรจres : lโ€Ÿinstitutionnalisme. Hamilton, dans une intervention programmatique au congrรจs annuel de lโ€ŸAmerican Economic Association de 1918 a employรฉ pour la premiรจre fois lโ€Ÿexpression institutional economics en citant notamment Cannan, Veblen, Mitchell et Hobson19. Lโ€Ÿinstitutionnalisme regroupe les auteurs qui partagent la thรจse selon laquelle les institutions comptent dans lโ€Ÿรฉtude de lโ€Ÿรฉconomie, voire quโ€Ÿelles constituent un objet essentiel de la rรฉflexion20. Il a รฉtรฉ initiรฉ par lโ€Ÿhistoricisme allemand sous lโ€Ÿimpulsion de Gustave Von Schmoller (1838-1917), sโ€Ÿest dรฉveloppรฉ aux Etats-Unis avec lโ€Ÿinstitutionnalisme originaire dirigรฉ par Thorstein Veblen (1857-1929) et John Roger Commons (1862-1945), et en mรชme temps en Autriches avec Friedrich Von Hayek (1899 โ€“ 1992) et Carl Menger (1840 โ€“ 1921) avant de sโ€Ÿรฉclipser puis refaire surface avec la nouvelle รฉconomie institutionnelle des Oliver Williamson (1932 โ€“ ) et North Douglas (1920 – ).
La notion dโ€Ÿinstitution Les institutionnalistes sont tous dโ€Ÿaccord sur lโ€Ÿimportance capitale des institutions dans lโ€Ÿรฉconomie mรชme si aucun consensus nโ€Ÿa รฉtรฉ fait sur la dรฉfinition exacte universelle de celles-ci. En effet chaque auteur a sa propre conception de lโ€Ÿinstitution ; ces conceptions peuvent รชtre contradictoires entre elles mรชme due au fait que certains auteurs ont une vision moins fermรฉe que dโ€Ÿautres. A titre dโ€Ÿexemples, Veblen dรฉfinit lโ€Ÿinstitution comme une ยซ habitude de pensรฉeยป, Hamilton comme ยซ un ensemble dโ€Ÿusages sociaux โ€ฆ une maniรจre de penser ou dโ€Ÿagir assez frรฉquente et permanente, qui est incorporรฉe dans les habitudes dโ€Ÿun groupe ou les coutumes dโ€Ÿun peuple ยป, et Schmoller affirme que ยซ Par institutions politique, juridique, รฉconomique, nous comprenons un arrangement pris sur un point particulier de la vie de la communautรฉ, servant ร  des buts donnรฉs, arrivรฉ ร  une existence et ร  un dรฉveloppement propres, qui sert de cadre, de moule ร  lโ€Ÿaction des gรฉnรฉrations successives pour des centaines ou des milliers dโ€Ÿannรฉes ยป. Ainsi, lโ€Ÿinstitution est assimilรฉe ร  de nombreux sujets de diffรฉrents domaines aussi divers que la propriรฉtรฉ, lโ€Ÿesclavage, le servage, le mariage, les Coutumes, le droit, lโ€Ÿร‰tat jusquโ€Ÿau marchรฉ, ร  la monnaie, aux transactions et ร  la libertรฉ industrielle. Elle change donc de sens selon lโ€Ÿauteur qui la traite. Institutions et organes : Schmoller fait une distinction entre lโ€Ÿorgane et lโ€Ÿinstitution. Selon ses dires : ยซ Par organe constituรฉ (Organbildung), nous comprenons le cรดtรฉ personnel de lโ€Ÿinstitution ; le mariage est lโ€Ÿinstitution, la famille est lโ€Ÿorgane (Organ). Les organes sociaux sont les formes constantes que revรชt lโ€Ÿunion des personnes et des biens en vue de buts dรฉterminรฉs : la gens, la famille, les sociรฉtรฉs, les corporations, les confraternitรฉs, les communes, les entreprises, lโ€Ÿร‰tat, voilร  les organes essentiels de la vie sociale ยป. En fait, on remarque cette distinction entre institution et organe parque dโ€Ÿautres auteurs qui traitent ces mรชmes thรจmes les associent ; lโ€Ÿorgane souvent appelรฉ aussi organisation est lui-mรชme une institution en soit au mรชme titre que les institutions.
Institutions et organisations : en effet les organisations sont aussi souvent appelรฉes des institutions ; on rencontre surtout cette confusion chez Commons notamment avec ses organisation actives. On compte une infinitรฉ dโ€Ÿorganisations, de tous genres, mais elles relรจvent de trois catรฉgories principales : รฉconomiques, politiques et culturelles. Les individus sont simultanรฉment membres de diverses organisations, autre nom des institutions.Lโ€Ÿรฉconomie comme la sociรฉtรฉ reprรฉsentent des ensembles complexes dโ€Ÿorganisations, depuis les plus petites comme la famille jusquโ€Ÿร  la plus grande et englobant, lโ€Ÿร‰tat. Les organisations ont des caractรฉristiques communes : ce sont la durรฉe (elles survivent ร  lโ€Ÿentrรฉe et ร  laย  sortie des individus), la souverainetรฉ ou pouvoir autonome, les autoritรฉs lรฉgitimes, les rรจgles dโ€Ÿactivitรฉ, les sanctions, les transactions. Mais le modรจle gรฉnรฉral des organisations repose en fait sur lโ€Ÿinterprรฉtation que donne Commons de la plus large dโ€Ÿentre elles, celle qui les surplombe toutes : lโ€Ÿร‰tat25. On retrouve aussi cette notion dโ€Ÿorganisation chez Hayek mais sous lโ€Ÿappellation dโ€Ÿordre construit ou fabriquรฉ dรฉlibรฉrรฉment, en opposition aux ordres spontanรฉs.
Institutions et rรจgles : cette conception des institutions est commune ร  de nombreux auteurs institutionnalistes. Comme annoncรฉ prรฉcรฉdemment, Veblen conรงoit par exemple les institutions comme des ยซ habitudes de pensรฉeยปย  et donc des rรจgles de pensรฉe. Commons affirme que ยซ Ce sont ces organisations actives, ainsi que les rรจgles dโ€Ÿaction qui les maintiennent actives, que nous nommons Institutions : depuis la famille, lโ€Ÿentreprise, le syndicat, lโ€Ÿassociation professionnelle, jusquโ€Ÿร  lโ€Ÿร‰tat lui-mรชme ยป. Elles sont donc comme une sorte de rรจgles rรฉgissant les actions des individus de la sociรฉtรฉ, ยซ action collective qui restreint, libรจre et รฉtend lโ€Ÿaction individuelle ยป29. Les rรจgles peuvent รชtre inorganisรฉes telles que les coutumes, ou organisรฉes telles que les organisations actives chez Commons. On remarque que Hayek distingue nettement les institutions (ordres) des rรจgles ; les premiรจres reposant sur les seconds : on a donc les thรฉsis des taxis et les nomos des cosmos, autrement dit les rรจgles de lโ€Ÿorganisation et les rรจgles de lโ€Ÿordre spontanรฉ. Pour terminer sur ce point, rappelons juste que cette notion de rรจgle est aussi au cล“ur des ล“uvres des รฉconomistes des conventions franรงais et des institutionnalistes qui ont eu recours ร  la thรฉorie des jeux. La dรฉfinition de lโ€Ÿinstitution est donc vaste et partage les auteurs, malgrรฉ elle est assez รฉlaborรฉe pour nous offrir une vision nouvelle de lโ€Ÿรฉconomie, mais avant dโ€Ÿaborder ce point il est judicieux de nous intรฉresser sur les caractรจres des institutions.

Hypothรจses et thรฉories institutionnalistes

ย  Science รฉvolutionniste de lโ€™รฉconomie : Veblen est certes inspirรฉ par lโ€Ÿรฉcole historique allemande pour lโ€Ÿรฉlaboration de son institutionnalisme mais il est surtout marquรฉ par lโ€Ÿรฉvolutionnisme darwinien. En effet, il reproche ร  lโ€Ÿรฉconomie classique sa taxonomie et surtout sa tรฉlรฉologie, dโ€Ÿoรน son intรฉrรชt ร  lโ€Ÿรฉvolutionnisme. Il voit en ce dernier non seulement une thรฉorie de lโ€Ÿรฉvolution biologique, mais le modรจle gรฉnรฉral dโ€Ÿune ยซ science รฉvolutionniste ยป, et il se battait pour le faire adopter en sciences sociales. Veblen, pour expliquer lโ€Ÿรฉvolution de la sociรฉtรฉ, de lโ€Ÿรฉconomie notamment, fait appel alors ร  la trilogie instincts/habitudes/institutions. Il affirme une interaction entre la technologie, essentiellement dynamique, et les instincts et les habitudes, qui fondent lโ€Ÿรฉvolution et la sรฉlection des institutions particuliรจrement rigides; au cล“ur de tous se trouve la lutte entre lโ€Ÿinstinct ouvrier et lโ€Ÿinstinct prรฉdateur. Le processus suit une relation de causalitรฉ cumulative, impliquant ainsi lโ€Ÿinternalisation des institutions et la non-tรฉlรฉologie (รฉvolutionnisme) de lโ€Ÿรฉconomie. Les formes des institutions : Les institutions peuvent vรชtir des diffรฉrentes formes mais elles sont le plus souvent catรฉgorisรฉes en deux groupes dont les noms varient selon lโ€Ÿauteur. Malgrรฉ, la forme dโ€Ÿune institution est intimement liรฉe ร  sa formation, ร  son origine. En effet certains phรฉnomรจnes sociaux ยซ rรฉsultent dโ€Ÿune volontรฉ commune orientรฉe vers leur รฉtablissement (accord, lรฉgislation positive, etc.), tandis que dโ€Ÿautres sont le rรฉsultat non voulu dโ€Ÿefforts humains en vue dโ€Ÿatteindre des objectifs essentiellement individuels ยป. Menger affirme que les premiers sont dโ€Ÿorigine pragmatique, les seconds dโ€Ÿorigine organique. Hayek associe les premiers aux ordres construits et les seconds aux ordres spontanรฉs. Si lโ€Ÿon se rรฉfรจre ร  North, ยซ Les institutions sont les contraintes รฉtablies par les hommes qui structurent les interactions humaines. Elles se composent de contraintes formelles (comme les rรจgles, les lois, les constitutions), de contraintes informelles (comme des normes de comportement, des conventions, des codes de conduite auto-imposรฉs) et des caractรฉristiques de leur applicationยป. Cette catรฉgorisation nโ€Ÿest pas contradictoire chez certains auteurs comme Commons oรน lโ€Ÿon parle mรชme de formalisation des institutions, alors que dโ€Ÿautres affirment lโ€Ÿexistence dโ€Ÿune hiรฉrarchie bien รฉtablie entre les deux, tel le cas de Hayek qui insiste sur la supรฉrioritรฉ des ordres spontanรฉs. Cette question nous amรจne au sujet des caractรจres souvent associรฉs aux institutions mais que lโ€Ÿon traitera dans la section suivante. Marchรฉ, firme et coรปts de transaction : celles-ci sont surtout le domaine de la nouvelle รฉconomie institutionnelle. En 1937, Ronald Coase soulignait lโ€Ÿabsence dโ€Ÿexplication sur lโ€Ÿexistence de la firme dans lโ€Ÿรฉconomie conventionnelle. Cette explication rรฉside en fait dans les ยซ coรปts de lโ€Ÿutilisation du mรฉcanisme des prix ยป ou les ยซ coรปts de fonctionnement dโ€Ÿun marchรฉ ยป : de tels coรปts portent sur la recherche des prix adรฉquats et sur la nรฉgociation de contrats sรฉparรฉs. Lorsque ces coรปts sont รฉlevรฉs, un individu peut choisir de travailler dans une firme, se mettant volontairement sous lโ€Ÿautoritรฉ dโ€Ÿun entrepreneur plutรดt que de vendre directement ses services ou ses produits sur le marchรฉ ; ainsi, ยซ les transactions de marchรฉ sont รฉliminรฉes et lโ€Ÿon substitue ร  la structure compliquรฉe du marchรฉ et de ses transactions dโ€Ÿรฉchange, lโ€Ÿentrepreneur coordinateur qui dirige la production. Il est clair que ce sont lร  des mรฉthodes alternatives de coordination de la production ยป32. La firme remplace dans ce cas le marchรฉ, permettant dโ€Ÿรฉconomiser les coรปts de dรฉtermination des prix ; toutefois, avec la progression de la taille des firmes, un mouvement contraire dโ€Ÿaugmentation des coรปts de direction et de gestion se fera sentir33. Rappelons juste que Commons รฉlaborait dรฉjร  toute une thรฉorie sur la transaction, notamment sa catรฉgorisation en transaction marchandes, managรฉriales et de rรฉpartition.Enfin, les institutionnalistes opposent lโ€Ÿhomme ร  lโ€Ÿesprit rationnel ร  lโ€Ÿhomme institutionnalisรฉ. Ils tiennent compte de la rationalitรฉ limitรฉ dโ€ŸHerbert Simon (1916 โ€“ 2001) sans pour autant adopter lโ€Ÿhypothรจse de comportement satisfacteur des individus (selon laquelle ceux-ci cherchent juste ร  satisfaire et non pas ร  maximiser dans la poursuite de leurs objectifs et cessent dโ€Ÿexplorer les alternatives lorsquโ€Ÿils lโ€Ÿont atteint). Hayek met lโ€Ÿaccent sur les questions de la coordination des actions dans un contexte de complexitรฉ, dโ€Ÿignorance relative et de fragmentation des connaissances individuelles et sโ€Ÿen sert de motif pour prohiber toute forme dโ€Ÿinterventionnisme. Ceci nous conduit aux problรจmes que les institutionnaliste ont soulevรฉs.

La conversion institutionnelle

ย  Souvent nรฉes de situations contingentes, locales, conjoncturelles, les institutions peuvent acquรฉrir une signification durable et une portรฉe trรจs large : ainsi, lโ€Ÿabolition des lois sur les blรฉs a รฉtรฉ distinguรฉe des circonstances particuliรจres qui lโ€Ÿavaient produite pour devenir une politique gรฉnรฉrale de libre-รฉchange. Les vieilles rรจgles sont reconverties pour de nouveaux usages, comme le montrent les interprรฉtations successives de la Bible chrรฉtienne dans lโ€Ÿhistoire. Cette ยซ conversion ยป des institutions peut mรชme susciter des retournements complets : ainsi, ยซ une communautรฉ dโ€Ÿascรจtes se transforme en un riche รฉtablissement monastique ; une thรฉorie du contrat social รฉlaborรฉe en vue de justifier la monarchie est convertie en arme pour son renversement ; un parti dรฉvouรฉ ร  la libertรฉ personnelle se mรฉtamorphose en champion de la richesse au pouvoir ; une philosophie dรฉveloppรฉe dans la perspective de libรฉrer la pensรฉe perdure pour lโ€Ÿasservir ยป40. En fait, les institutions ont tendance ร  dรฉriver, elles sont marquรฉes par une propension ร  diverger des intentions initiales de leurs promoteurs originels. La dรฉrive institutionnelle est de mรชme paradoxalement liรฉe ร  lโ€Ÿinertie. Une institution informelle engendre des habitudes, des idรฉes et des intรฉrรชts รฉtablis qui la confortent. Si elle devient formelle, son organisation et son personnel peuvent dรฉvelopper un caractรจre ecclรฉsial, le lรฉgalisme, le ritualisme qui se transforme en fรฉtiches. Quoiquโ€Ÿune institution reprรฉsente initialement ยซ une rรฉponse ร  un problรจme social ยป, les intรฉrรชts et les compromis finissent par la rigidifier, si bien quโ€Ÿelle ne sera remplacรฉe quโ€Ÿร  travers la rรฉvolution ou par lโ€Ÿextinction. Hamilton insiste รฉgalement sur le fait quโ€Ÿune institution tend ร  susciter des arguments pour sa lรฉgitimation, qui relรจvent plus de la rationalisation que de la raison. ยซ Cette chose embrouillรฉe que lโ€Ÿon appelle capitalisme ne fut jamais crรฉรฉe selon un dessein ou taillรฉe dโ€Ÿaprรจs un modรจle ; mais maintenant quโ€Ÿelle est lร , des scolastes contemporains lโ€Ÿont intellectualisรฉe, en faisant un instrument dรฉlibรฉrรฉ et autorรฉgulateur du bien-รชtre gรฉnรฉral ยป.Dans ce chapitre, nous avons montrรฉ les apports et les limitรฉs de lโ€Ÿรฉconomie classique, notamment son ignorance et indiffรฉrence des instituions. Ceci nous a amenรฉ ร  adopter lโ€Ÿapproche institutionnel, dรฉmontrer sa perspicacitรฉ avec les problรจmes institutionnels. Dans le chapitre suivant nous verrons son apport ร  lโ€Ÿรฉconomie de dรฉveloppement.

Le rapport de stage ou le pfe est un document dโ€™analyse, de synthรจse et dโ€™รฉvaluation de votre apprentissage, cโ€™est pour cela chatpfe.com propose le tรฉlรฉchargement des modรจles complet de projet de fin dโ€™รฉtude, rapport de stage, mรฉmoire, pfe, thรจse, pour connaรฎtre la mรฉthodologie ร  avoir et savoir comment construire les parties dโ€™un projet de fin dโ€™รฉtude.

Table des matiรจres

REMERCIEMENTS
LISTE DES ACRONYMES ET ABREVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX ET DES GRAPHIQUES
SOMMAIRE
INTRODUCTION
PARTIE I.
LE POIDS DES INSTITUTIONS ORGANIQUES DANS LE DEVELOPPEMENT APPROCHE THEORIQUE
Chapitre I. La pertinence de lโ€™approche institutionnelle
1.1. Lโ€™รฉconomie classique
1.1.1 Objets et champs dโ€Ÿรฉtude
1.1.2 Hypothรจses et thรฉories classiques
1.2. Lโ€™รฉconomie institutionnelle
1.2.1 La notion dโ€Ÿinstitution
1.2.2 Hypothรจses et thรฉories institutionnalistes
1.3. Les problรจmes institutionnels
1.3.1 Lโ€Ÿinertie institutionnelle
1.3.2 Ambivalence des institutions
1.3.3 La conversion institutionnelle
Chapitre II. Approche institutionnelle du dรฉveloppement รฉconomique
2.1 La notion de dรฉveloppement
2.1.1 Dรฉveloppement et croissance รฉconomique
2.1.2 Le sous-dรฉveloppement
2.2 Le problรจme de dรฉveloppement du point de vue institutionnel
2.2.1 Le dรฉveloppement et les institutions.
2.2.2 Lโ€Ÿexemple de Madagascar, cas de la culture malgache autour des zรฉbus dans la rรฉgion Menabe
PARTIE II. Lโ€ŸENJEU DE Lโ€ŸATTACHEMENT DE LA POPULATION DE MENABE AUX ZEBUS DANS SES EFFORTS DE DEVELOPPEMENT ETUDE EMPIRIQUE
Chapitre I. Des impacts rรฉels sur lโ€™activitรฉ รฉconomique de la rรฉgionย 
1.1. Les effets sur la consommation
1.1.1 Les menabรฉens et les indicateurs de dรฉveloppementย 
1.1.2 La Consommation dans le Menabe
1.2. Les effets sur la productivitรฉ
1.2.1 La productivitรฉ de la filiรจre bovine
1.2.2 La productivitรฉ de la riziculture
1.3. Les effets sur la structure de financement
Chapitre II. Lโ€™attitude ร  adopter face au zรฉbu pour lโ€™atteinte des objectifs de dรฉveloppementย 
2.1 Le phรฉnomรจne de ยซ Dahalo ยป
2.2 Les orientations politiques suggรฉrรฉes
Conclusion
Annexes
Rรฉsumรฉ

Rapport PFE, mรฉmoire et thรจse PDFTรฉlรฉcharger le rapport complet

Tรฉlรฉcharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiรฉe. Les champs obligatoires sont indiquรฉs avec *