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Vers une pédagogie « moderne ».
Après l’académie de Platon, le Lycée d’Aristote, les diverses écoles philosophiques ou religieuses de l’antiquité et l’apparition des premières universités au Moyen Age, l’avènement d’un nouvel art d’éduquer moderne a pu voir le jour. A la seule différence de la pédagogie antique qui prône l’élitisme éducatif, lapédagogie « moderne » se centre sur l’intérêt de l’enfant, et le caractère élitiste de cette dernière est lié au contexte social. Dans ce type d’éducation, les enseignants ne font que former les élèves pour devenir ce qu’on attend d’eux. C’est justement ce que Marrou veut dire en analysant l’histoire de la pédagogie en général: «L’histoire de l’éducation dans l’antiquité ne peut laisser indifférente notre culture moderne : Elle retrace les origines directes de notre propre tradition pédagogique» .
Face à cela, une tentative de proposer un nouvel élan pour l’éducation avait été entreprise par des philosophes et comme Pierre Abélard et Montaigne. C’est parce que la tradition pédagogique mettent en valeur l’enseignement et l’enseignant plutôt que les élèves. A cet égard, ils insistent sur la relation d’obligation entre enseignant et élève. Elle se manifeste par l’accomplissement réciproque des devoirs des élèves envers les professeurs et des devoirs des professeurs envers leurs élèves. Certes, dans la pédagogie moderne, cette forme d’obligation surgit toujours, mais ce ne sont plus les élèves qui s’adaptent à l’enseignement, mais c’est la pédagogie elle-même uiq se trouve adaptée à la réalité des apprenants. La pédagogie ne peut être qualifiée comme moderne que dans la mesure où elle s’apprête à donner sens à l’humanité de l’homme.
Effectivement, les méthodes et les matières éducatives ne sont que des accessoires de l’humanité et qui doivent être adaptées et nonmposéesi à elle. De même, ces matières à étudier ne doivent plus être réservées seulementdesà futurs bourgeois, c’est parce que tout être humain sans exception a le droit à l’éducation, et a comme devoir le soin de son être propre. L’éducation est en effet nécessaire pour ledéveloppement de tout être humain en conformité avec sa nature en tenant compte de sa situation existentielle: […] l’humanité ne comporte-t-elle pas d’autres clas ses ? Même les enfants de noblesse et de haute bourgeoisie, aujourd’hui, devraient apprendre un métier : cela les mettrait à l’abri de bien des vices, de l’ orgueil, de la paresse, de la dissipation. En tout cas, la grande majorité des hommes est obligée de gagner son pain.
Les humanistes révisent le statut de l’éducation te de l’instruction en adoptant ce principe qu’est l’humanité. A partir de cette révision, les études sont devenues de plus en plus systématiques et comportent une diversité de disciplines en tenant compte les soins et la culture de la raison humaine. On apprend aux élèvesnon seulement ce qui leur sera utile durant leur vie terrestre, mais encore l’éducation leur ouvrira un avenir conforme à la civilisation plus humaine. Tout comme dans la pédagogie antique, l’apprentissage de la grammaire15, la rhétorique, et la pratique morale envers humanité s’avèrent importants. On assiste alors à la leçon d’un maître humaniste qui met en valeur l’humanité de l’homme.
Pédagogie et philosophie humaniste
Les humanistes prônent et défendent l’idée selon laquelle l’occupation de la position centrale dans le monde est à la charge de l’homme. Cet humanisme promeut une civilisation et une philosophie plus humaine partant de l’éducation de la faculté proprement humaine. La conception de l’éducation se trouve bouleversée parces idées nouvelles, car il est vrai que tout art d’éduquer évolue dans et à travers et surtout avec son temps. La raison pour laquelle la pédagogie nouvelle essaie de suivre l’évolutiondes sciences humaines pour entreprendre la tâche la plus difficile de la philosophie éducative de l’humanité.
En ce sens, la philosophie de l’éducation analyse examine et étudie ce que les hommes veulent dire lorsqu’ils parlent de vertu ainsi que des comportements moraux. C’est donc une sorte de phénoménologie éducative avant lalettre car on parle ordinairement du phénomène éducatif. Elle veut enquêter sur les constitutions des formes d’éducations existantes et voir comment cela se rapporte à l’hum anité. Voilà pourquoi les humanistes et les philosophes des lumières prônent une nouvelle vision de l’éducation : la participation active de l’enfant à sa propre et complète formation . Cette nouvelle vision de l’éducation conseillée par des écrivains comme Rabelais propose à la fois un nouvel objectif et une meilleure méthode, ainsi qu’une ambition de perfectionnement de l’huma nité.
L’éducation chez les empiristes.
Les empiristes sont des philosophes qui prônent que la connaissance humaine vient uniquement de l’expérience dont les principes découlent de l’habitude. L’éducation peut être étudiée d’un point de vue de l’expérience empiriqueen suivant la nature, c’est-à-dire telle qu’elle est effectivement mise en œuvre dans la réa lité. En ce sens, Kant suit les procédés empiristes sur le fait qu’il suffit d’obéir, d’observer comment les connaissances entrent dans l’esprit des enfants : La première sensation est la première connaissance.. » Donc, « le principe fondamental, de toute bonne méthode est de commencer par ce qui est sensible pour s’élever par degré à ce qui est intelectuel ; par ce qui est simple, pour parvenir à ce qui est composé ; de s’assurer des faits avant de rechercher les causes23.
Cela veut dire que les empiristes prônent et metten t l’accent sur la démarche d’un esprit en formation en vue d’observer l’éveil des facultés humaines. Leurs méthodes étaient de faire en sorte que la curiosité, l’esprit d’imitation, la mémoire puissent se développer d’emblée pour le développement progressif de l’intelligence. Ce développement intellectuel de l’homme commence par le sensible, passe par de là à la mémoire et finit par l’habitude. Les enfants accéderont lentement aux connaissances abstraites à partir du concret et du plus facile.
Cette éducation consiste également à savoir exploiter ces périodes sensibles pour que l’enfant puisse se construire et apprendre par ses propres expériences. Chez les empiristes, l’éducation débute de ce qu’ils jugent nécessaire ueq les enfants fassent par une pratique constante. Il suffit donc d’analyser comment rendre possible toutes les occasions qui pourront développer et faciliter l’acquisition de la connaissance par expérience. De la part des pédagogues, la pédagogie exige ce principe d’habitude expérimentale en vue d’améliorer l’art de l’éducation et l’instruction. Cette habitude est pour Locke le premier fondement de l’éducation. Il s’agit donc d’une prévention pour toutes les précautions possibles contre un défaut qui a sa source dans l’éducation. C’est la aisonr pour laquelle il recommande de : «faire de ces habitudes les vrais fondements du bonheur et du savoir-vivre dans la suite de l’existence»24.
La nécessité de former les enfants aux bonnes habitudes avait été une priorité pour ces tenants de l’empirisme éducatif. Toutefois, ils avaient des principes stables selon lesquels il est inutile de faire prendre plusieurs habitudes à la fois ; car la diversité des choses peut brouiller l’esprit des enfants. Il convient de passer à l’éducation d’une autre habitude si est seulement si l’habitude constante leur est devenue une seconde nature qui leur permet de rendre leur action plus facilement sans une longue méditation. Mais à bien noter qu’« il ne faut pas davantage inculquer la timidité aux enfants » et « ils n’ont pas à discuter de tout ».25 C’est parce que pour Kant, l’habitude rend l’enfant dépendant du mécanisme. De cette façon, la liberté n’est plus une liberté sinon ce serait uneliberté mécanique.
Cette méthode consiste à instruire les enfants par une pratique constante, par la répétition du même exercice, (comme le cas de la citation)ré en présence et sous la direction d’un éducateur jusqu’à l’acquisition de l’habitude 26. Par cette expérience éducative, l’éducateur arrive à constater l’exigence de l’enfa nt. Le but de ce principe est de comprendre et de réaliser ce qui est à la portée de ses habiletés naturelles et ce qui convient à son tempérament. Celui qui se charge de l’éducation desenfants doit donc étudier avec soin leur nature et leurs aptitudes. La reconnaissance de ces aptitudes par de fréquentes expériences permet « d’observer enfin de comprendre quel est leur fonds naturel et « comment on peut l’accroître, et ce qu’ils sont capables de faire » 27.
A partir de ces expériences constantes, l’éducationchez les empiristes promeut le règlement de la conduite des éduqués ; elle comporte l’imprégnation de la vertu, de l’habileté, de la prudence et de l’instruction de l’enfant. Cet te imprégnation peut rendre naturelles toutes les plus petites manifestations de politesse et de respect, établies par la nature ou par la mode dans la société des hommes. Pour eux, éduquer, c’est préparer et habituer à l’avance l’enfant à sa future socialisation, c’est-à-dire à améliorer e t à favoriser ses relations avec les autres sous les normes requises par la société. Elle a donc pour but de rendre l’action, non des façons artificielles ou étudiées, mais les conséquences naturelles d’un esprit bien fait. Mais l’action faite à partir de l’habitude est-elle vraiment mor ale ? Cette notion de conscience morale conduit Kant à réfléchir sur le rôle de l’éducationpartant de la pédagogie de Rousseau.
L’humanité en l’homme : la personne humaine.
D’une manière générale, l’humanité signifie les cactéristiques propres à l’homme en tant qu’être humain : une liberté incorporée. Laperfectibilité est l’une de ces caractéristiques qui relève de l’humanité en l’homme en tant que disposition naturelle. Elle fait partie intégrante de l’essence de l’homme, en tant que condition de possibilité de son existence. C’est ce qui fait que l’homme soit homme . La communauté de l’humanité n’a pas produit de scission génétique,car « l’humanité est une »37. Les noirs comme les blancs, les barbares comme les civilisés relèvent de la même pècees et de la même nature et disposent des mêmes caractères fondamentaux d’humanité.Cette nature n’est pas seulement dans les traits biologiques de l’espèce mais encore dans la disposition intellectuelle et surtout morale. L’humanité en l’homme n’est rien d’autre que cette capacité dont dispose l’être raisonnable d’accomplir sa tâche morale.
Grâce à son humanité, l’homme est devenu un créateur et maître de sa nature. Il peut envisager et produire de cultures spécifiques et extraordinaires, lesquelles sont des sources d’innovations et de créations dans tous les domaines surtout dans le domaine éducatif.
Seulement dans ce dernier, le problème sans solution préétablie ne peut être résolu que dans l’engagement de l’être raisonnable. Mais à partir de cette nature de l’humanité qui est la source de sa créativité, la culture transmise par ’éducationl amplifie le domaine de réalisation de l’espèce humaine. Avant cette transmission, Kant précise que l’homme est, de façon générale, doté de toutes les dispositions au bient eque dans chacun de ses actes, l’enfant ou la personne à éduquer se souvienne que :
L’homme a en lui-même une certaine dignité qui le istingued de toutes les autres créatures vivantes » et que c’est son devoir de ne point renier cette dignité de l’humanité de sa propre personne.En prenant conscience de sa propre personne, l’homme peut bien comprendre l’universalité de cette personne comme attribut essentiel de l’humanité. Le devoir de l’humanité consiste donc à considérer que tout êtrehumain a une dignité dans sa propre personne, cela s’appelle les droits sacrés de l’humanité. Avec Kant l’éducation est conçue comme un devoir envers l’humanité. En ce sens que l’humanité n’est plus une notion seulement biologique comme celle de l’individu; l’H umanité est une notion qui s’enracine dans le phénomène et qui aspire aunoumène, elle a donc comme devoir et pouvoir de se perfectionner malgré ses situations dans ce phénomène pour se réaliser: L’homme doit tout d’abord pourvoir au développement de ses dispositions au bien ; la Providence ne les a point déposées en luisous une forme déjà achevée. Se rendre meilleur, se cultiver soi-même et, si sanature est mauvaise, faire naître en soi la moralité, tel est le devoir de l’homme.
De là, la véritable nature de l’homme se reflète dans certaines capacités d’esprit et d’entendement qui est une connaissance du général partant du développement de son être pour poursuivre sa destination morale. Ce développement reflète plus exactement sa nature morale qui est celle de la personne. Cette personnalité conditionne la possibilité et le but ultime de l’éducation reposant sur la connaissance et l’accomplissement du devoir. Sans cette idée d’humanité, il n’y aurait pas d’éducation possible. La raison pour laquelle la nature de l’enfant apparaît dans maintes observations et dans les conseils donnés pour l’éducation : Dans l’hypothèse où l’enfant présenterait – ce qu’o n ne saurait concevoir que dans des cas d’une rareté extrême – une propension naturelle à l’entêtement, le meilleur moyen, s’il ne fait rienpour nous être agréable, est de ne rien accomplir en retour pour lui faire plaisir.
L’éducation de la personne humaine ne va pas de soi. Elle nécessite une lourde tâche aussi bien de l’éducateur que de l’éduqué voire dehautes responsabilités de la part des dirigeants de la cité et aussi de l’humanité touteentière. On n’éduque pas seulement pour éduquer mais aussi en vue d’atteindre le progrès del’humanité. L’éducation a pour fonction d’aider l’enfant lors de son développement naturel qui lui permettra d’atteindre sa destination.
C’est l’humanité de l’homme, ce sujet de moralité qui est donc l’œuvre et la fonction d’une éducation bien organisée. En ce sens,« la morale absolue ne peut pas être fondée sur autre chose, elle se fonde elle-même en tant que fait présent àtout être raisonnable puis qu’il est l’expressionde cette rationalité – de cette humanité de l’homme, quand il s’agit de l’homme »
De là, Kant distingue dans l’Anthropologie du point de vue pragmatique la disposition à l’animalité comme disposition de la personnalité psychologique ou du sujet, de l’homme empirique, de la disposition à l’humanité. En revanche, celle de la personnalité raisonnable correspond au sujet transcendantal ou l’être morale, et enfin la disposition à la responsabilité comme personnalitése soumet aux exigences de la Loi morale. Mais c’est en fait la troisième qui, correspondant à la moralité,nous livre l’essence véritable de la personne. C’est ce qui différencie l’humanité des autres créatures.
L’humanité et l’animalité.
Selon la pensée grecque, l’homme est un animal politique civique plus sociable que les abeilles et les autres animaux qui vivent ensemble. En se sens, l’humanité est cette disposition qui permet à l’homme de vivre en confor mité avec la nature et la culture, et qui lui différencie des bêtes sauvages. Tout cela veut direque l’homme qui vit sans cité n’est plus qu’un individu isolé, parce qu’il doit faire corps avec la cité. A ce propos, voici ce que dit Aristote : L’homme est par nature un animal politique. Et celui qui est sans cité naturellement et non par suite de circonstance est où un être dégradé ou au-dessus de l’humanité. Il est comparable à l’homme traité ignominieusement par Homère de sans famille, sans lois, sans foyers.
Aristote définit l’homme dans son appartenance à la cité car pour lui : l’homme est homme s’il vit dans une cité. L’homme aristotélicien n’est rien d’autre que cet animal qui a besoin d’une cité pour manifester son caractère humain. Selon Kant, l’humanité est une détermination fondamentale et spécifique de l’hommecar c’est de là que réside la nature de son être ou de ce qu’il doit êtreL’humanité. et l’éducation sont la condition de possibilité du devenir homme. En effet, l’homme se réalise dans et à travers la société et se perfectionne selon l’exemple et le guide de l’espèce humaine et non de celui de l’animal : La nature a voulu que l’homme tire entièrement de lui-même ce qui va au-delà de l’agencement mécanique de son existence animale,et qu’il ne participe à aucune autre félicité ou à aucune autre perfection, que celles qu’il s’est procurées lui-même par la raison, en tant qu’affranchi de l’instinct. Par son instinct, un animal est déjà tout ce qu’il peut être, il n’a pas d’autre destination que celle de l’animalité. Mais l’homme doit dépasser cette idée d’animalité et doit user de sa propre raison pour se fixer lui-même le plan de sa conduite vers sa véritable destination. C’est de la discipline, puis de la culture que l’animalité en l’homme se transforme en humanité. L’humanité de l’homme se sépare de animalitél’ au fur et à mesure de sa participation à la perfection dont il est lui-même responsable. Comme l’homme est venu au monde à l’état brut en effet disposant d’une nature humaine, il n’est donc pas immédiatement capable de faire sa propre éducation, il faut que d’autres la fassent pour lui. L’homme n’est éduqué que par des hommes et par des hommes qui ontégalement été éduquésIl. «est un animal qui a besoin d’un maître » 44. On parle alors d’une Humanité éducatrice.
A partir de cette éducation, l’humanité pourra développer d’autres dispositions telles que les vertus, les passions les plus abstraites de l’homme et se revêtir, avec un visage particulier, les insignes et les attributs propres à l’espèce humaine : la perfectibilité. A la différence de l’animal, l’homme a une perfectibilité physique, intellectuelle et morale infinie. Cela est inscrit dans son humanité qui s’actualise à travers l’éducation et la culture. En se référant à Kant, chacun a en conscience la facultéde juger des cas où les devoirs de respect et de bonté cèdent au devoir de l’humanité envers elle-même, c’est ce qui donne à l’espèce humaine la capacité de développer davantage le sensde l’humanité.
L’Humanité toute entière en tant qu’universelle (espèce)
Ici, l’Humanité prend le sens d’universel en tant que ce terme désigne l’espèce humaine dans son ensemble. C’est de cette idée d’universalité que l’on peut déduire la conception kantienne de l’humanité comme étant la otalité ou l’unité des êtres raisonnables sur terre. L’éducation doit tenir compte de l’idéed’unité et de diversité de l’espèce humaine et de faire en sorte qu’elle ne se contredise. Car c’e st l’unité humaine qui porte en elle les principes de ses multiples diversités. En effet, l’humanité n’est rien d’autre que ce principe en vertu duquel toutes les entreprises humaines doivent être jugées. Aussi, un plan d’éducation parfait doit-il être conçu et jugé dans un esprit« cosmopolite » et avoir en vue «le plus grand bien universel »45 pour toute être humain.
Chez Kant, l’humanité résulte de cette universalitéque l’homme de la nature, comme l’homme de la culture possède les mêmes qualités debase. En tant que tel, ils sont définis comme des êtres humains. C’est parce que tout hommeest possesseur d’une nature humaine qui se retrouve chez tous les hommes et qui se manifeste par des actes. Il s’agit d’une disposition physique, intellectuelle et morale caractéristique de son être. Le concept d’homme donne enfin naissance à une signification qui consi ste à comprendre que chaque homme est une manifestation particulière d’un concept universel représenté dans tout un chacun. Ce philosophe a pour projet de fonder une connaissance rationnelle de l’homme sur cette base nouvelle : la représentation de la loi morale universelle valable pour tout être humain et capable de faire accéder l’homme à sa propre humanité.
L’historicité et l’historialité de l’humanité
L’humanité de l’homme dépend aussi, comme Kant l’avait déjà souligné, de l’héritage transmis d’âge en âge et qui consiste en pensées et en techniques par le moyen desquelles elle réalise sa condition humaine. Ce philosophe comme tout autre reconnaît que le sens de l’histoire est fonction des aléas divulguéspar l’environnement socioculturel. C’est pour cette raison que l’histoire peut être déterminée à l’avance par l’évolution les relations que les hommes entretiennent entre eux-mêmes. L’histoire façonne l’humanité et cette dernière crée à son tour sa propre histoire ; d’où l’historicité et l’historialité de l’humanité. L’historicité désigne le fait pour un individu ou une collectivité d’avoir conscience ou connaissance du caractère essentiellement historique de son être.
Sous l’effet des conditions de vie et l’évolution collective de l’Humanité, chaque époque de l’histoire produit un homme évolué par rapport aux âges antérieurs. C’est parce que l’homme est doté d’une liberté qui lui permet de seperfectionner selon sa propre initiative. Malgré son état et son être historique, l’homme nepeut arbitrairement détourner les courants de l’histoire pour satisfaire totalement ses besoins, mais il peut donner naissance à de nouveaux courants dans l’histoire. Comme cette possibilité n’est concevable que dans la perspective d’un engagement de l’homme dans l’histo ire, l’humanité selon Kant a une vive conscience de responsabilité historique. Elle ne peut donc pas échapper à l’histoire ; la raison pour laquelle l’humanité doit prendre en considération son dynamisme et de tenter de le canaliser en essayant de le faire correspondre au sens de sa propre destination. Même si l’histoire est de plus en plus agitée par une croissante rationalité de l’existence humaine, et grâce à l’historialité de l’humanité, elle pourra devenir le lieu d’une civilisation dont les ornements sont les œuvres des hommes : Dans une culture purement dynamique, l’éducation initie les enfants à la culture des parents pour leur permettre de s’insérer activement dans la société et fournit en même temps les moyens et la liberté de constaterla culture existante, de la modifier pour mieux répondre aux besoins ressentis par l’homme à un moment de son histoire.
Mais cet engagement de l’homme dans l’histoire, et pour autant la promotion d’une civilisation plus humaine, ne peut avoir pour commencement que du moment où l’homme décide d’assumer son existence en réalisant sa propre humanité. Il y a donc une corrélation radicale entre la fécondité de l’activité éducativeet en particulier celle de sa source qu’est la société et la signification de l’histoire telle qu’elle fleurit dans la civilisation. L’histoire de l’éducation touche à tout, à l’économie et à la tec hnique comme à l’évolution des idées et des mœurs, partie essentielle de l’histoire de l’humani té : En vérité, l’éducation doit comprendre l’individu ansd le progrès général de l’humanité et, sans pouvoir achever ce progrès dansl’individu, le conduire à y participer en faisant de lui un homme de demain, un nouveau maillon dans chaîne des générations.
A travers l’historialité de l’humanité, l’esprit humain pourrait développer des aptitudes encore inconnues dans l’intelligence, la compréhension, la créativité. Toutefois, nous pouvons espérer en un progrès dans les relations entre humains à partir de l’éducation de l’humanité. L’éducation de l’espèce humaine consiste à consolider la conscience de la responsabilité historique. Cette éducation se basesur le développement des facultés humaines aussi bien externes qu’internes : la sensibilité, l’entendement et la raison49 qui favorise l’avènement de la rationalité et de la liberté. Lorsque Kant affirme dans son livre intitulé Idée d’une histoire du point de vue cosmopolitique que tout doit être tiré de lui-même, il pense àespècel’ qui se développe dans une histoire spécifique, l’avènement progressif dela rationalité. Effectivement, «les fins que l’humanité poursuit sont l’avènement de la rationalité libre, de l’autonomie politique et éthique. ».
C’est ce qui conditionne la possibilité anthropologique, sociologique, culturelle, spirituelle de progrès, restaurant ainsi le principe d’espérance et de l’institution d’une république morale. Mais c’est une possibilité incertaine qui dépend beaucoup des prises de conscience et de décisions. A notre époque, les prises de consciencesont devenues urgentes et primordiales car l’histoire humaine dévie parfois la destination morale de l’humanité. C’est pour cette raison que le problème de la réforme de la pensée est devenu vital.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENESE DE LA PENSEE KANTIENNE SUR L’EDUCATION
Chapitre I : Historique de la pédagogie anté-kantienne.
I.1.1. De la pédagogie antique
I.1.2. Vers une pédagogie « moderne ».
I.1.3. Pédagogie et philosophie humaniste
Chapitre II : Kant et l’influence de son temps.
I.2.1. L’éducation piétiste.
I.2.2. L’éducation chez les empiristes.
I.2.3. L’influence de Rousseau.
DEUXIEME PARTIE : REFLEXION SUR L’EDUCATION DE L’HUMANITE
Chapitre I : La conception kantienne de l’humanité.
II.1.1. L’humanité en l’homme : la personne humaine.
II.1.2. L’humanité et l’animalité.
II.1.3. L’Humanité toute entière en tant qu’universelle (espèce)
II.1.4. L’historicité et l’historialité de l’humanité
Chapitre II : L’éducation de l’humanité
II.2.1. L’éducation physique
II.2.2. L’éducation morale de Kant : la moralisation
II.2.3. L’éthique éducative
II.2.4. L’éducation civique et politique
TROISIEME PARTIE : REPERCUSSION DE LA PEDAGOGIE KANTIENNE
Chapitre I : Méthode et but de l’éducation kantienne.
III.1.1. Le criticisme pédagogique : la révolution dans la manière d’éduquer
III.1.2. Discipline et liberté
III.1.3. Projet de perfection de l’humanité.
III.1.4. Le philosophe et l’histoire comme éducateurs de l’humanité
Chapitre II : Valeur et portée de la pédagogie kantienne.
III.2.1. L’humanisme kantien et l’humanisation de l’homme
III.2.2. Les relations éducatives
III.2.3. Le réalisme pédagogique
III.2.4. Kant dans l’histoire de la philosophie de l’éducation
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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