Le phénomène de migration
Le processus migratoire est commun dans tous les pays pour de différentes raisons. Dans le cas du Pérou, le processus a pris de l’importance dans les années d’instabilité économique, sociale et politique du pays. Suite à un rappel historique et contextuel, il m’est apparu important de comprendre le processus migratoire des latino-américains, suivi à plusieurs étapes, dans la migration des Péruviens vers les pays développés. Ensuite, ce rapprochement va permettre aux lecteurs de mieux comprendre les différentes étapes de la migration des Péruviens qui s’explique par périodes définis par les diverses événements historiques du pays.
De l’Amérique d’opportunités à la recherche d’un avenir
« Dans les démocraties latino-américaines il parait exister le divorce entre l’État et les droits sociaux et économiques d’un certain groupe de la société. Les indicateurs de pauvreté, inégalité et chômage, ont fait de l’Amérique Latine une région d’exclusion. Actuellement, le 53% de latino-américains seraient capables d’émigrer s’ils auraient la possibilité. Plus de 20 millions de personnes résident en dehors de leur pays d’origine. » .
Pour Adela Pellegrino, historienne et démographe de la Faculté des Sciences Sociales à l’Université de la République d’Uruguay, le processus de migration des Latino-Américains va se développer en quatre étapes. La première étape va débuter avec la conquête. Cette période de l’histoire se caractérise par l’incorporation des populations provenant des territoires métropolitains, lesquels arrivant sur le sol sud-américain, avec une population africaine soumise à l’esclavage. La deuxième étape commence au milieu du XIXème siècle jusqu’au début du XXème siècle, durant cette période, l’Amérique du Sud recevait des émigrants européennes. La troisième étape se situe entre les années 1930 et le milieu des années 1960, avec des mouvements internes de populations vers les grandes villes des différents pays. Finalement, la quatrième étape concerne les dernières décennies du XXème siècle où les émigrants s’orientent généralement vers les Etats-Unis.
D’un avis différent, la CEPAL affirme que pendant l’histoire, l’Amérique Latine a vécu trois moments de migration importants. Le premier correspond à l’immigration provenant de l’Europe au moment de la conquête. Le deuxième, résulte de l’échange de population entre les pays latinoaméricains, et finalement, le troisième moment correspond à l’émigration de la population, principalement vers les États Unis. Cependant, et avec le temps, la population a diversifié les pays de destination et aujourd’hui, on retrouve des latino-américains dans tout les pays du monde.
La découverte : Le travail de colonisation
La première étape, dans la conquête, consistait à chercher l’intégration des colons avec les populations locales pour pouvoir consolider le travail de colonisation. Les premiers flux migratoires pour les européennes, signifiait en premier lieu, l’expansion commerciale. Les pays comme l’Espagne et le Portugal ont colonisé une grande partie de l’Amérique Latine, il y avait également une présence Anglaise, Française et Hollandaise dans les Caraïbes américaines. Cette population européenne a déplacé une forte population d’esclaves africains, qui étaient utilisés comme main-d’œuvre pour faciliter les travaux d’exploitations des produits coloniaux. Pellegrino explique dans son texte, cette tendance comme :
« L’objectif fixé par les doctrines de l’époque, résidait dans l’intégration des colons pobladores et l’accroissement du volume de peuplement, confirmant et favorisant ainsi le développement économique et la puissance militaire des État européens. Peupler les territoires contribuait par ailleurs à fixer les frontières encore floues des nouvelles nations. » « […] Cette stratégie sous-entendait l’idée d’améliorer la race, tentative des élites dominantes pour accroitre leur hégémonie sur les masses mulâtres et métisses qui, par leur participation aux guerres d’indépendance et leur implication dans les guerres civiles, avaient déjà atteint des niveaux importantes d’autonomie et de confiance en leur pouvoir».
Effectivement, la population arrivant de l’Europe avait comme objectif le besoin d’immigration, de pouvoir privilégier la présence de gens d’origine européenne. Pour eux, ce processus signifiait « le progrès » de leurs territoires conquis et l’assurance de l’ordre et le travail.
L’immigration : L’Amérique, terre d’immigration
Apres la libération des pays Latino-Américains, la population Européenne a été attirée par la possibilité de trouver un travail et d’obtenir des conditions économiques avantageuses, offertes par le nouveau continent. Entre 1821 et 1932, près de 56 millions d’européens ont migré vers le continent Américain. Entre le période de 1846 et 1932, 3.5 millions d’Espagnols se sont installés en Argentine, en Uruguay, au Brésil ainsi qu’à Cuba. Ces destinations sont choisies suivant leur intégration au marché mondial et leurs conditions climatiques et géographiques. L’Argentine, le Brésil et le Venezuela ont été les destinations préférés pour les Italiens et les portugais, ce dernier ayant une préférence pour le Brésil.
Le Brésil a été, le premier pays d’immigration en raison de ses plantations de café, qui ont attiré l’attention de plus des 3/4 du flux d’Espagnols vers l’Amérique-Latine. A ce même moment, l’Uruguay, a accueilli un fort nombre d’immigrants et sa population en 1829 s’est vu multipliée par 7.
Entre 1875 et 1914, l’Argentine a reçu un flux migratoire de plus de 5 millions de personnes, ce qui représente au total près de 4% du mouvement migratoire mondial. Ce flux migratoire va être caractérisé par l’arrivé de migrants italiens qui vont s’installer dans la région littorale de la «pampa » de l’Argentine. En 1914, 62% des ouvriers et des artisans qui travaillent en Argentine sont d’origine étrangère et cela va produire un impact, qui va changer notablement les expressions culturelles, artistiques et sociales du pays. A. Pellegrino affirme que près de 56 millions de personnes ont effectué le mouvement d’émigration intercontinental, 60% d’entre eux ont choisi les Etats-Unis d’Amérique, 22% choisisent l’Amérique Latine et 8% sont partis vers le Canada. Sur le sujet des émigrants ayant comme destination l’Amérique Latine, elle remarque également, un nombre total de 12 millions de personnes qui se sont réparties à hauteur de 50% en Argentine, de 36% au vers le Brésil, 6% vers l’Uruguay (6%), Cuba (7%) et le reste s’orientant vers les autres pays du continent .
La migration interne : de la campagne à la ville
En 1930, l’émigration européenne commence à diminuer pour, finalement s’arrêter dans les années 1950. En 1929, une forte crise touche le sud du continent Américain et à partir de 1930, avec un fort durant les années de 1950 à 1960, la migration de la campagne vers la ville va se déclencher. La globalisation et le développement des grandes villes vont débuter et les capitales vont subir d’importants changements comme un résultat de la migration. La population va se multiplier dans un rythme accéléré et va avoir comme conséquence, le faits que les grandes villes ne vont pas pouvoir héberger ce grand nombre d’émigrants. Pour Pellegrino, cette migration massive va générer un changement social important dans les villes. La ville de Buenos Aires en Argentine, va devenir une zone d’influence pour les différents pays et elle deviendra le « pays d’accueil de l’Amérique du Sud ».
L’émigration : La migration Sud-Nord
A partir des années 60, les flux migratoires vont être de caractères frontaliers, les migrations mexicaines vers les États-Unis vont être importantes. En 1970, les migrations vont s’orienter vers le nord comme une réponse à la demande des programmes de recrutement de travailleurs, en particulier des ouvriers.
« L’émigration vers le Nord s’est transformée en projet de vie pour de nombreux Latino-Américains» .
A. Pellegrino affirme cela, car à partir de 1980, le mouvement « sud-nord» va avoir une grande et notable importance dans la modification de la structure social et des changements culturels du pays d’origine.
Pour Gioconda Herrera, les reformes de libération de l’économie pendant les dernières années du XXème siècle et l’échec du modèle de développement, expliquent l’accroissement accéléré du phénomène migratoire. A cela, il faut ajouter, la vulnérabilité de l’économie basée dans l’exportation des matières premiéres.
« Derrière toute vague migratoire latino-américaine, il y a toujours eu un détonant événement économique parfaitement identifiable. » .
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Table des matières
Introduction
Contextualisation: Comprendre le Pérou
1. Le phénomène de migration
1. Le phénomène de migration
1.1 De l’Amérique d’opportunités à la recherche d’un avenir
1.2 Quatre-vingt années de mouvement Péruvien
1.2.1 Au long des années
1.2.2 Comment faire face à la réalité ?
1.2.3 Où se trouvent les péruviens
1.3 Vers le continent Européen
1.3.1 La fermeture de la frontiére nord-américaine : imigrer vers l’Europe
1.3.2 La France récepteur de latino-américains
1.4 Entre accueil et intégration
1.4.1 L’ Europe, continent d’accueil
1.4.2 France, pays d’accueil
1.4.3 Nantes, ville ouverte
2. L’immigration péruvienne : présence/absence
2.1 La présence péruvienne à Nantes
2.2 Les vagues migratoires
2.2.1 A la recherche de la paix
2.2.2 La musique : passion, ressource et frustration
2.2.3 L’avenir, le futur et les opportunités
2.2.4 Le futur : s’ouvrir aux nouvelles connaissances
2.3 Etre immigrant : la communauté péruvienne
2.4 Une décision ou la seule solution ?
2.4.1 Le phénoméne de double départ
2.4.2 La période d’arrivée : l’adaptation de cultures
2.5 Se sentir ou non étranger : entre intégration et identité
2.5.1 Le concept d’intégration
2.5.2 Le poids d’être immigré : l’exclusion
2.5.3 L’identité : entre deux cultures
2.6 Entre ici et la-bàs
3. Conclusoin
Etre péruvienne
Bibliographie
4. Annexes
La parole des immigrants