Pour mieux comprendre notre sujet, nous sommes obligés de parler de la diversité linguistique qui justifie le point de départ de l‟existence même de la traduction. Les estimations des langues dans le monde varient entre 3000 et 6500 (Calvet, 2004), chiffres qui varient selon les critères que l‟on utilise pour distinguer les langues car leur identification n‟est pas simple et leurs situations changent avec le temps. Les langues ont fait l‟objet depuis fort longtemps en Occident, mais aussi ailleurs, d‟une interprétation de leur diversité. Dans le monde occidental, intensément façonné par la religion chrétienne pendant des siècles, la Bible a présenté la perte de la langue par les animaux au détriment des cris comme une condamnation par Dieu. En même temps, elle a présenté également la diversité des langues comme une punition infligée par Dieu aux humains qui, en construisant la Tour de Babel, auraient cherché à rivaliser avec lui et ceci, afin qu‟ils ne puissent plus communiquer entre eux.
Méthodologie
La traduction d‟un texte d‟une langue dans une autre est une opération assez complexe, parfois considérée comme impossible, qui exige des connaissances profondes des deux langues, mais aussi de leurs cultures.
Apres un consensus avec notre professeur encadreur qui a finalement valider notre sujet, nous avons aussitôt commencé à chercher, à lire tout documents parlant de traduction, de presse orale, de discours, de politique linguistique au Sénégal, mais aussi beaucoup d‟ouvrages, de thèses, des articles dans lesquels les auteurs ont eu à traiter la question liée à notre sujet.
En plus et pour mieux comprendre notre sujet, nous avons effectué des recherches qui nous ont conduit à des échanges avec quelques professeurs du département ainsi qu‟à ceux de l‟UGB. Pour accéder aux documents, nous avons fréquenté la bibliothèque universitaire, celle du département de lettres modernes et la bibliothèque centrale de l‟UGB. Dans le même cadre, nous avons aussi fréquenté le centre de linguistique appliquée de Dakar (CLAD). Après avoir saisi ces informations qui nous ont permis de mieux comprendre notre sujet, nous nous sommes fixés une démarche pour produire notre rapport .
En plus de cela nous avons aussi fait quelques enquêtes sur le terrain pour mieux comprendre les difficultés auxquelles les agents de la presse sont confrontés lors de la traduction. En effet, nous avons procédé à des entretiens avec quelques journalistes mais particulièrement une amie stagiaire à la RTS. Voilà ce qu‟il nous en dit : « quand on me donne un texte en français et qu‟on demande de le traduire en wolof, j‟ai d‟énormes difficultés parce que premièrement, je ne comprends pas bien le wolof et deuxièmement je n‟arrive pas à trouver des mots exacts pour procéder à une bonne traduction. Je suis obligée de reproduire les mêmes mots ». Nous avons aussi mené des entretiens avec des étudiants étrangers mais aussi avec nos parents wolofs analphabètes. Après leur avoir fait écouter les émissions en wolof, ils sont conclus avoir des problèmes pour comprendre la totalité des émissions à cause des mélanges de code dans les émissions.
LANGUES ET MEDIAS AU SENEGAL
La situation sociolinguistique du Sénégal
Situé à l‟extrême ouest du continent africain, le Sénégal a une superficie de 196 712 km2 . Du fait de sa situation géographique, le pays se caractérise par son ancrage dans la civilisation négro-africaine et son ouverture vers l‟occident. En effet, le Sénégal est limité au nord par la Mauritanie, un Etat francophone et arabophone, à l‟est par le Mali francophone et au sud par la Guinée francophone et la Guinée Bissau lusophone. Il faut également noter l‟enclave que constitue la Gambie anglophone au sein du pays. Aussi, le Sénégal, de par ses frontières, est contact avec diverses langues étrangères à savoir le français, l‟arabe, l‟anglais et le portugais viennent se greffer aux langues locales du pays..
Cette situation pose non seulement la question de la politique et des pratiques linguistiques, notamment dans le domaine qui nous intéresse dans le cadre de cette analyse ; celui des médias. La vraie colonisation de l‟Afrique a commencé à la fin du ΧΙΧ siècle quand les pays européens y ont introduit la politique de leur propre pays, y compris la politique linguistique. Les colonisateurs ont infériorisé les langues autochtones en les appelant des dialectes, des parlers ou des idiomes (Cissé, 2005 ; Canut, 2008) .
En 1935 une grande partie de l‟Afrique de l‟ouest était sous la domination de la France dont le Sénégal. Il appartenait à une formation territoriale qui s‟appelait l‟Afrique occidentale française (AOF). Cette colonie exista, selon Leclerc et Mazrui (1998) de 1895 à 1958. Sa capitale fut d‟abord St-Louis du Sénégal avant d‟être transférée à Dakar. L‟AOF regroupait la Mauritanie, la Haute Volta (actuel Burkina Faso), la Guinée française, le Niger, la Côte d‟Ivoire, le Dahomey (le Bénin) et le Togo.
Le Sénégal est un pays multilingue caractérisé par une diversité culturelle et issue de trois grandes civilisations; à savoir la négro-africaine, l‟arabo-islamique, et occidentale française (Cissé, 2005) Tout comme la plupart des pays francophone d‟Afrique, le Sénégal présentent une situation sociolinguistique à plusieurs facettes, au moment de l‟accession à l‟indépendance. A l‟instar des autres anciennes colonies françaises, le Sénégal choisit le français comme langue officielle parce que c‟était «la langue qui paraissait la plus immédiatement disponible et opérationnelle ».
Le choix du français comme langue officielle du Sénégal pourrait être considéré, d‟une part, comme un maintien des liens séculaires existant entre la France et le Sénégal et, d‟autre part, comme une manière de prolonger la domination linguistique préalablement imposée par la France dans toutes les régions de l‟Afrique francophone (Ducos 1978, 67). Cette décision des autorités sénégalaises de l‟époque (sous l‟égide du Président Léopold Sédar Senghor) figure dans l‟article premier de la constitution du Sénégal avec comme motif :
(…) remplacer le français, comme langue officielle et comme langue d’enseignement, n’est pas souhaitable, ni possible. Si du moins nous ne voulons pas être en retard au rendez-vous de l’an 2000. En effet, il nous faudrait au moins deux générations pour faire, d’une de nos langues nationales, un instrument efficace pour l’enseignement des sciences et des techniques. (Décret n 71-566 du 21 mai 1971, cité par Dumont 1983, 23).
Comme on peut le constater, selon Senghor, le français était, à l‟époque, la seule langue au Sénégal capable de véhiculer des réalités scientifiques au plan international et au plan national comme, la seule langue qui, avec un statut officiel, aiderait l‟État à maintenir la stabilité du pays, d‟où sa dénomination de « langue d‟unification nationale » (Cissé 2005, 118). À cette époque, ces langues nationales n‟étaient pas assez outillées pour pouvoir remplacer le français, ni pour assurer un enseignement de qualité.
Cependant pour la revalorisation de ces langues, Dans un premier temps, six langues ont été élevées au statut de langues nationales , c’est-à-dire de langues dotées de systèmes orthographiques choisis par le gouvernement et mentionnés dans les textes qui régissent le pays, notamment dans l‟article premier de la première constitution. Ces langues étaient le wolof, le sérère, le pulaar, le manding et le soninké. Le choix de ces langues s‟explique visiblement par le fait qu‟elles avaient plus de locuteurs que les autres.
La décision d’accorder le statut de langues nationales aux six langues précédemment mentionnées a été prise par les autorités sénégalaises, sous la présidence de Léopold Sédar Senghor, à la suite du décret 68-871 du 24 juillet 1968 relatif à la transcription des langues nationales. Cet acte juridique était motivé par le souci de préserver l‟unité de l‟Etat et l‟intégrité du territoire arbitrairement découpé par la colonisation. Les textes officiels précisaient que cette option n‟était que provisoire et avait comme objectif d‟éviter l‟exacerbation des revendications de prédominance ethnolinguistique. En vertu de l‟article premier de la Constitution, le français est la langue de la présidence de la République, des Cours et tribunaux, de l‟Assemblée nationale, de l‟armée, de la police et de l‟éducation formelle. Il devient dès lors la langue de l‟Etat. D‟ailleurs, selon l‟article 28 de la Constitution, tout candidat à la présidence de la République doit savoir écrire, lire et parler couramment le français (Cissé, 2005).
En dépit de ce statut particulier, les récentes recherches (Cissé, 2005 ; Kébé, 2011…) ont montré que le français est aujourd‟hui en perte de vitesse face aux langues nationales dont le wolof. Or, pour le cas du Sénégal, c‟est le wolof qui joue ce rôle de véhiculaire national. En effet, la notion de véhiculaire signifie la langue la plus parlé. Dire que le français est la langue véhiculaire du pays signifie ici uniquement que c‟est la langue qui a le plus fort taux de véhiculaire, puisque peu de gens l‟ont pour langue première.
Cependant ce pourcentage n‟a pas grande valeur car le français peut être plus véhiculaire sur papier mais moins parler que le wolof sur le terrain (Calvet, 1994). Le français n‟a jamais pu s‟imposer comme langue de communication nationale. D‟ailleurs, il ne l‟est sous aucune de ses formes (pidgin, créole ou langue des marchés). Rarement parlé en famille, il n‟est pas la langue de la vie quotidienne. Le français n‟est pas pour autant ressenti par les Sénégalais comme une langue étrangère, mais plutôt comme une langue seconde, celle de l‟Etat, de l‟élite. Le paysage linguistique sénégalais est trop divers. En effet, sur un patrimoine linguistique de plus de trente langues répertoriées sur toute l‟étendue du territoire nationale (Juillard et Ndiaye, 2009), seules quelque six émergent véritablement aux côtés du français. Dans ce paysage multilingue, le wolof, première langue nationale de par son dynamisme, est parlé par un peu plus de quatre-vingts pour cent (80%) des Sénégalais, dépassant de loin le mandingue, le sérère, le pulaar, le diola et le soninké.
Selon l‟atlas du Sénégal (Becker et martin, 1975) une quinzaine de groupes ethniques sont répertoriés alors que le recensement de 1988 du ministre de l‟économie, des finances et du plan en présente dix-neuf. Le summer Institute of linguistique (SIL) évoque trente-huit langues auxquelles correspondent autant de groupes ethniques. Les descriptions les mieux reconnues parlent d‟une vingtaine de groupes linguistiques éclatés dans une vingtaine, voire une trentaine d‟ethnies. Face à de telles difficultés, les chercheurs s‟accordent généralement sur une vingtaine de langues et de groupes ethnolinguistiques présents sur le territoire sénégalais (Mamadou Cissé, 2005).
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Questions de recherche
2. Hypothèse
3. Justification
4. Méthodologie
CHAPITRE I: LANGUES ET MEDIAS AU SENEGAL
I.1 La situation sociolinguistique du Sénégal
I.1.1 Le contact entre le français et le wolof
I.1.2 Historique de l’expansion du wolof
I.2 Quelques notions sur le bilinguisme
I.3 Les médias au Sénégal
CHAPITRE II : LA TRADUCTOLOGIE
II.1 La traduction: un terme, plusieurs concepts
II.1.1 Qu’est ce que traduire
II.1.2 Langue, culture et traduction
II.2 Les obstacles de la traduction
II.2.1 Le sens
II.2.2 La fidélité
II.2.3 La traduction et les médias
CHAPITRE III: EXPLOITATION DU CORPUS
III.1 Présentation du corpus
III.2 Exploitation du corpus
III.2.1 Emprunt
III.2.2 Alternance de code
III.2.3 La traduction littérale
III.2.4 Le calque
III.2.5 La transposition littérale
III.2.6 Équivalence
III.2.7 La modulation
III.2.8 L’adaptation
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE