Les facteurs généraux
La localité reste soumise aux types de vents que sont l’alizé maritime (issu de l’anticyclone des Açores de l’atlantique Nord et caractérisé par des vents frais et humides) de secteur Nord, de l’harmattan connu aussi sous le nom d’alizé continental (vent chaud et sec provenant de l’anticyclone saharo-libyen qui souffle dans la zone entre les mois de mars et juin ) de direction Nord-Est et de la mousson (provenant de l’anticyclone Saint Hélène dans l’atlantique Sud et est caractérisée par des vents chauds et humides qui soufflent dans la localité entre les mois de juin et d’octobre). « Entre janvier et Juin la vitesse des vents observée à Kidira est supérieure à 2m/s en 2012 et de juillet à décembre la vitesse des vents est inférieure à 2m ».
La végétation
La végétation du bassin de la Falémé à Kidira est caractérisée par la présence de strates arborées et arbustives. Elle dépend fortement de la pluviométrie. La localité est marquée par la présence de savane arbustive et de hautes herbes mais les formations les plus représentatives du milieu sont une steppe arbustive à épineux et une savane arbustive. Néanmoins, une steppe arbustive et arborée est notée tout le long de la basse Falémé. Les défrichements, le surpâturage et l’extension des cultures contribuent en grande partie à la détérioration de la flore. L’effet de l’harmattan sur les sols dior entraine le déplacement des particules de sols dépourvus de couvert végétal étant donné que les sols dior et sablo-argileux (sensibles tous les deux à l’érosion éolienne) représentent 90% des terres de la zone. La steppe arbustive à épineux se retrouve sur les « sols peu évolués, subarides formés à partir de quartzites et de schistes » (PIC 2011 : 8). La savane arbustive quant à elle s’est développée sur les sols argilo-sableux. La zone dispose également d’une maigre composition floristique probablement due à la surexploitation animale et humaine. Les espèces végétales les plus remarqués sont : sclerocarya birrea (Bëer), Guiera senegalensis (ŋeer), Acacia seyal (suruur), Balanites aegyptiaca (sump), combretum glutinosum (Rate), ptercocarpus lucens (Ven blanc) et zizyphus mauritania (Deem) (PIC Kidira 2011 : 9).
Définition des concepts
Le peuplement qui peut être défini comme un processus démographique par lequel un territoire reçoit des populations (Le Nouveau Petit Robert 2008). La démographie a toujours un impact fort essentiel sur l’environnement, sur les rapports sociaux, politiques et culturels. C’est d’ailleurs dans cette même optique qu’A. Dème dans son mémoire de Maîtrise a mené des études pour essayer « de comprendre les différentes phases de la mise en place du peuplement, la technique des populations, l’organisation de leur environnement total (culture matérielle, habitat…, etc) et le rôle du climat dans ce processus ». L’archéologie est la science qui étudie le passé des hommes à l’aide de la culture matérielle obtenue au cours des recherches archéologiques, impliquant la prospection et la fouille. Le matériel récolté sera ensuite soumis à une analyse de laboratoire dans le but de bien interpréter les données recueillies. Charles Becker dans son article relatif à la Sénégambie notait qu’elle pouvait donner des renseignements importants « sur la technologie d’un peuple, sur son économie de base, éventuellement sur l’importance approximative de ses groupes sociaux, sur ces coutumes funéraires et dans une certaine mesure sur ses réalisations artistiques » L’ethnoarchéologie quant à elle a un apport fort important dans la mesure où elle permet de « fixer les données technologiques, économiques et sociologiques sur la production céramique actuelle, de préciser et renouveler les connaissances acquises en introduisant de nouvelles problématiques qui seraient mobilisées dans la compréhension du discours archéologique ». Au-delà des chronologies absolues ou relatives, le matériel archéologique peut fournir d’autres informations nécessitant la reconnaissance d’un besoin matériel ethnographique sur lequel on base des analogies d’où l’importance des enquêtes menées sur le terrain.
Bokar Saada, le Jihad d’El Umar et le triomphe des Français
Bokar était le successeur légitime d’Amadi Saada, mais à cette époque El Haj Umar régnait en véritable maître dans le Bundu. De plus ayant déserté le camp d’Umar, Bokar était devenu impopulaire. Voilà ce que dit le commandant du poste de Bakel à ce propos, « [Bokar] est entouré de 30 ou 40 guerriers qui veillent sur lui ; il ne bouge pas de son village ; et me répond quand je le presse de faire quelque chose que s’il sort de sa case, il sera assassiné par les partisans d’Elimaan [El Haj Umar] »192. Un complot orchestré par son frère Usmaan entrevoyait son assassinat. Bokar trouva de nouveau refuge à Bakel lorsque la nouvelle lui fut parvenue. Le chef de poste de Bakel est assez clair là-dessus : « je ne veux finir la guerre que lorsque Boubakar193 sera réellement chef… ». Bokar Saada sous son règne fit la guerre à Debu, Njum, Amadiye (village fondé par Moodi Tumaani), etc situé en territoire du Bundu. Eli Amadi Kaba, un des descendants de Moodi Tumaani rejetant l’autorité de Bokar se proclama almaami. Par conséquent, Il refusait de verser tribut à Bokar que tout vassal avait le devoir d’honorer. Eli disposait d’un tata à Amadiye dans lequel avaient trouvés refuge des habitants de six autres villages (Jalingël, Beljulde, Uro Imadu, Seleŋ, Tata-Jembe, Dembuba Dembe). Exaspéré, Bokar attaqua Amadiye, le 8 mars 1857 sans succès. Il décida de se replier vers Seleŋ et sollicita l’aide de Cornu. Devant la puissance de l’adversaire, Eli et ses hommes renoncèrent à faire face de nouveau à Bokar et rejoignirent aussitôt après le camp d’El Haj Umar à Kaarta. Les troupes d’El Haj estimées à 20.000 personnes attaquèrent le 20 avril 1857 Médine et ses ennemis qui échappèrent à l’attaque aussi, trouvèrent refuge dans le fort de Médine. L’armée d’El Haj Umar face aux hommes du Commandant Paul Holle aurait subi de lourdes pertes et le conflit aurait duré trois mois (avril-juillet). Finalement, l’armée d’El Haj finit par se réfugier dans les montagnes du Xaaso. La défaite d’El Haj Umar est suivie d’une famine et n’ayant plus de renforts pouvant le rejoindre sur place, El Haj entreprit son voyage vers Dingiraay en passant par Bambuk. Les Français à leur tête Faidherbe, profitent ainsi de cette période de faiblesse pour l’anéantir à tout prix en ratissant les villages ennemis (comme le tata de Somsom au Sud-Est de Gaabu) en prétendant aspirer à une pacification. C’est sous cette fameuse opération de pacification que le Haut Sénégal finit définitivement par être soumis à l’autorité française. Le Lieutenant de vaisseau Brossard de Corbigny et le Capitaine Cornu (chef de poste de Bakel) se furent confiés les tâches de pacification en 1857. A la même période, Janwelli (localité proche de Senedebu) fut pris par Koli Moodi poussant Bokar à se réfugier dans le fort de Senedebu. El Haj opéra un repli vers le Kaarta probablement dans le but d’être rejoint par ses partisans. Faidherbe effectua le déplacement dans la région pour diriger les assauts qui se poursuivirent jusqu’à Kenieba avec le délogement de l’armée d’El Haj Umar. Faidherbe finit par conclure un traité avec Bokar plaçant le Bundu sous protectorat français. Les localités restées fidèles à El Haj furent ainsi détruites (Ndamŋan et Sansandiŋ au sud de la Falémé furent touchées). A l’exception de Njum la plupart des villages furent radiés. En février 1858, les représailles sur Njum se poursuivirent avec à sa tête Cornu et certains chefs alliés comme Bokar Saada et Bugul (chef d’armée du Bambuk). Les troupes dirigées par Cornu furent vivement laminées (en plus de la faim qui les gagna) qu’elles battirent retrait. Ce repli fut mal opéré donnant l’occasion à l’armée de Njum de les punir sévèrement. Deux obusiers furent abandonnés, les Français justifièrent qu’ils n’étaient plus serviables alors qu’ils ont été utilisés par la suite lors de l’assaut du fort de Senedebu par les troupes d’El Haj Umar et même en 1861 contre les Bambara de Segu et Peuls du Maasina. Toutefois, les combattants de Njum finirent par rejoindre le Kaarta. Des gens comme Eli, choisirent de quitter le Bundu plutôt que d’être soumis à la domination des Français sous le soi-disant commandement de Bokar. Bokar s’était ainsi affirmé dans le Bundu sous l’égide des Français. Le Bundu, placé sous protectorat français depuis le 18 août 1858 devient un territoire sous la dépendance effective de la France même si le traité garantit à l’article 5 aux gens du Bundu d’assurer la direction du pays. Bokar Saada occupe le fort de Senedebu après le départ des Français dans la seconde moitié du XIXème siècle. Il est aussi mentionné des migrations qui eurent lieu en raison de ses dissidences causées par la guerre civile vers le Fuuta-Jallon, Njan, Ul entre autres204. L’imposition des taxes et les travaux forcés par les colons à la fin du XIXème siècle ont engendré des mouvements de population des zones qui étaient sous contrôle direct des Français vers l’intérieur, dans le sud du Bundu et le Bambuk. Bokar Saada aurait empêché Mamadou Lamine Dramé de traverser la Falémé pour rejoindre Gamon. C’est après une semaine de refus de franchir la Falémé que des gens du Jafunu ont commencé à traverser créant ainsi des affrontements contre les partisans de Bokar qui les ont attaqués. Mais la riposte menée par les gens du Jafunu avait poussé les Peul partisans de Bokar à se réfugier à Bakel. Par la suite, Mamadou Lamine rendit visite au Tunka du Tiyabu pour demander à ce dernier de lui fournir une armée. Le Tunka ayant pris conscience des conséquences démographiques néfastes que la guerre sainte d’El Haj Umar avait engendrée, rejeta d’abord sa pétition. Toutefois, la majorité des gens du royaume soutenait la cause de Mamadou Lamine. Finalement, Sina Bubu Musa Jaabe céda la direction du pays à Mamadou Lamine Dramé (personnage religieux) après avoir manqué de convaincre les gens du Gajaaga de ne pas lui offrir une armée pour attaquer Bakel. C’est ainsi que le marabout attaqua un jour de Samedi le fort de Bakel en 1886. Les Européens ont riposté avec des armes tout en leur disant que « les réfugiés du Bundu ne leur seront pas livrés. ». Mamadou et le Gajaaga voulaient à tout prix saisir les réfugiés du Bundu. C’est ce qui fut à l’origine de cet affrontement. Ila Si (informateur) de Kusaan avance que les Sisibe présents à l’époque à Kusaan suivirent El Haj Umar dans sa mission. Ces derniers se remémoraient jusque dans les années 1975 d’entendre un Sisibe de Kusaan se targuer de cela208. Un bon nombre d’habitants de Kusaan émigrèrent en compagnie d’El Haj Umar.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : PRÉSENTATION DE LA ZONE ET DU SUJET
Chapitre I : Présentation de la zone d’étude
I- Cadre géographique
I-1- Présentation de la Falémé
I-2- Présentation des communes de Kidira et de Bele
I-3- Relief
II- Géologie
II-1- les formations métamorphiques ou birimiennes
II-2- les formations mauritanides (néoprotérozoïque au paléozoïque)
II-3- le bassin sédimentaire cénozoïque
III- Les facteurs climatiques
III-1- Les facteurs généraux
III-2- Hydrographie de la zone
III-2-1 Les eaux de surface
III-2-2 Les eaux souterraines
IV- Pédologie et Végétation
IV-1- Pédologie
IV-2- La végétation
Chapitre II : Aspects théorique et méthodologique
I- Justification du sujet et état des recherches
I-1- Justification du sujet
I-2- Etat des recherches
II- Objectifs de l’étude et Définition des concepts
II-1- Objectifs de l’étude
II-2- Définition des concepts
III- Méthodologie
III-1- Revue Critique des sources
III-1-1 Les sources orales
III-1-2 Les sources écrites
III-1-3 Les sources archéologiques
DEUXIÈME PARTIE : PEUPLEMENT HUMAIN AU GAJAAGA ET AU BUNDU
Chapitre I : Populations du Gajaaga
I- Histoire du Gajaaga
II- Composition du Gajaaga
Chapitre II : Le peuplement du Bundu
III- Histoire du Bundu
III- 1- Maalik Si
III- 2- De Bubu Maalik à Amadi Saada
III- 3- Bokar Saada, le Jihad d’El Umar et le triomphe des Français
IV- Composition du Bundu
IV- 1- Les groupes socio-professionnels du Bundu
TROISIÈME PARTIE : REGARDS ARCHÉOLOGIQUE ET ETHNOARCHÉOLOGIQUE
Chapitre I : Recherches archéologiques
I- Kumba Ndaw et la problématique Fadube : mythe ou vérité historique ?
I- 1- Origine des Fadube en Sénégambie
I- 2- Périple et identité des Fadube du Bundu
Chapitre II : Recherches ethnoarchéologiques
I- Identités des potières
II- Opération de façonnage des poteries
II- 1- Extraction de l’argile
II- 2- Préparation de la pâte
II- 3- Montage des pièces
II- 4- Le Séchage
II- 5- La Décoration
II- 6- La cuisson
II- 7- Fonctions des poteries
II- 8- Revenus des potières ou rapports entre producteurs et consommateurs
III- Discussion autour de certaines identités en Sénégambie
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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