Le patrimoine culturel de l’Université de Bourgogne

Au XIXème, la révolution industrielle provoque des bouleversements dans la formation des architectes, des ingénieurs et des artistes. Ils reçoivent désormais des enseignements distincts. Le métier d’artiste, qui constitue aujourd’hui une classe socioprofessionnelle à part entière rencontre deux réseaux : le réseau marchand qui est apparu à la fin du XIXème et le réseau institutionnel qui se manifeste dans les années 1980. C’est dans ce contexte que l’artiste issu d’un réseau institutionnel participe aux appels d’offre d’une procédure créée en 1951 : le 1% artistique.

Depuis les années 60, on observe un retour de l’art urbain dans la ville notamment grâce aux procédures du 1% décoration, à la commande publique et au développement des Villes Nouvelles. Cette démarche a pour objectif principal, de favoriser l’accès à l’art pour tous hors des lieux traditionnels que sont les galeries d’art ou bien les musées. Le 1% artistique est une procédure obligatoire qui s’applique à toutes les nouvelles constructions de bâtiments publics. La pérennité de l’œuvre associée à ces bâtiments est alors fortement conseillée. Mais dans un contexte d’évolution des villes, du comportement des usagers envers l’art contemporain de manière générale, la pérennité de ces œuvres peut alors être remise en question.

Approfondissement de quelques notions

Les thèmes de ce mémoire sont l’art public et la pérennité des œuvres produites sous cette forme d’art. Il est donc primordial d’étudier et d’approfondir ces deux termes en s’appuyant sur le point de vue de différents auteurs.

Art urbain : une forme d’art public

L’art urbain est une forme d’art public ; il est conçu pour être dans un espace public de la ville. Il a une approche beaucoup plus active sur la ville que l’art muséal et prend en compte la réalité urbaine (géographique, sociale, économique, historique) ; l’art urbain est contextualisé. On peut considérer qu’il s’agit d’un processus de réflexion sur la société urbaine dont l’œuvre d’art en est le résultat. L’art urbain diffère de l’art muséal (lui aussi public) pour plusieurs raisons. Une œuvre d’art urbaine est visible à tout moment de la journée ou de la nuit. Sa temporalité est variable. Une œuvre peut être présente sur l’espace public pour seulement quelques heures, quelques jours ou pour des durées beaucoup plus importantes (de l’ordre d’une ou plusieurs générations). Elle peut donc être permanente ou éphémère. L’art urbain se situant dans la rue, dans la ville, il touche un public très large (potentiellement tous les usagers d’une ville). Ce public n’est pas nécessairement sensibilisé à l’art contemporain.

Pérennité de l’œuvre

La spécificité des œuvres originaires de la procédure du 1% artistique réside dans sa pérennité. Un œuvre peut être soit pérenne soit éphémère. Etablissons, tout d’abord une définition de ces deux termes. Une œuvre dite éphémère est qualifiée d’œuvre qui ne dure pas ou qui est de courte durée. C’est une notion renvoyant à la courte durée de vie de certaines œuvres. Cette durée est volontairement limitée par l’artiste, soit qu’il utilise les différentes possibilités de dégradation des matériaux au cours du temps, soit que la production de l’œuvre ne dure que le temps de sa présentation (installation, action, évent, performance…). D’un autre côté, l’œuvre dite pérenne est une œuvre faite pour durer longtemps. Une œuvre pérenne est destinée à traverser le temps et à rester dans son état original quelques soient les circonstances extérieures.

Que l’œuvre doive être préservée ou non, peut être envisagé sous l’angle de son appropriation ou de sa désaffectation. Si la forme d’une œuvre reste stable, son contenu, lui, apparaît plus vulnérable au fil du temps. Le sens finit par s’altérer et disparaître. C’est vrai de toutes les œuvres du passé, comme ces nombreuses statues ou monuments commémoratifs omniprésents, qui n’évoquent plus rien au fil des ans pour le citadin. Les œuvres d’art dans la ville sont vouées à cette belle indifférence. L’œuvre conserve néanmoins sa capacité de signal, de repère, à laquelle les habitants restent finalement attachés. C’est pourquoi toute modification, changement ou transformation de l’espace public, est a priori vécue de façon traumatique par les habitants, habitués des lieux, car ils affectent leur environnement familier. Cela peut dépendre de la stabilité plus ou moins grande de la population sur le territoire urbain. C’est un aspect à prendre en considération dans le cadre des interventions artistiques dans les zones d’habitat. Faut-il pour autant anticiper la réalité de la disparition de l’œuvre en fixant une limite à sa durée ? Si comme le souligne Francis Haskell, historien d’art britannique, toute perception artistique est « conditionnée », les traces et les legs du passé sont peut-être un moyen pour nous de sortir de notre propre réalité.

Afin que la pérennité d’une œuvre soit assurée convenablement, plusieurs paramètres entrent en compte :

Les matériaux utilisés doivent être soigneusement sélectionné par l’artiste puisque l’œuvre va être implantée à l’extérieur, comme c’est le cas pour les œuvres au sein de l’Université de Bourgogne. N’importe quel matériau ne peut donc pas être sélectionner dans l’élaboration de l’œuvre. De plus, la corrosion peut être un facteur important pour assurer la pérennité de l’œuvre puisqu’elle affecte les matériaux utilisés.

La place de l’œuvre est un facteur tout aussi important. L’intégration d’une œuvre dans l’espace public s’effectuera facilement si le lieu choisi est en adéquation avec l’œuvre que va construire l’artiste.

La restauration est une phase indispensable dans vie d’une œuvre dite pérenne. En effet, afin qu’une œuvre soit la plus pérenne qui soit, il faut que des ajustements soient effectués tant que l’œuvre subsiste sur le lieu qui lui est attribué. C’est à ce moment qu’intervient l’élément clé de la réussite d’une œuvre pérenne du 1% artistique : le public. Si les usagers ont compris le sens de l’œuvre et le pourquoi de son installation à un endroit précis, l’œuvre pourra rester telle qu’elle. En revanche, si le public ne comprend pas la raison de son implantation, des dégradations matérielles peuvent apparaitre comme des tags par exemple, ce qui, évidemment, nuirait à la pérennité de l’œuvre.

En conclusion, afin que la pérennité de l’œuvre du 1% artistique soit assurée, il faut trouver une véritable adéquation entre l’œuvre et son environnement. Tout d’abord, une information du public est nécessaire afin qu’il soit sensibilisé à l’œuvre pour se l’approprier véritablement). Quand on connaît les clés d’une œuvre, on a plus de chances de l’apprécier. Enfin, nous devons pouvoir observer une réelle adéquation entre les matériaux utilisés et la localisation de l’œuvre pour assurer une durée de vie plus longue. En dernier point, la relation œuvre – bâtiment concernée par le 1% doit être réelle. Le public doit pouvoir comprendre l’intérêt d’une telle œuvre d’art contemporain au sein de son lieu de travail.

Artiste – Architecte

L’architecte est « le professionnel qui assure la conception, la réalisation ainsi qu’éventuellement la décoration d’un édifice, bâtiment, et qui en contrôle l’exécution». Son caractère institutionnel fait que c’est un statut permettant de mettre en avant un certain savoir et un professionnalisme. En effet, être architecte suppose une formation longue dans le domaine du bâtiment et de l’espace que n’a pas forcément un artiste.

L’artiste quant à lui est « une personne pratiquant un des beaux arts, un de leurs prolongements contemporains ou un des arts appliqués » mais également « une personne pratiquant ou non un art, qui aime les arts, la bohème, le nonconformisme».

Ces deux personnes se retrouvent associées dans le cadre de la procédure institutionnelle du 1% artistique. C’est à partir de cela que les statuts de l’artiste et de l’architecte sont complètement différents. Même si l’artiste est bien défini dans une catégorie professionnelle de l’INSEE, il apparait néanmoins que l’artiste acquiert une certaine liberté d’actions et de paroles contrairement à l’artiste qui est bloqué par son statut plus institutionnel. Comme l’explique Sébastien Renauld, « en même temps avec le statut d’artiste j’peux me permettre de dire tout ce que je veux à n’importe qui. Pour des politiciens c’est quelque chose qui est assez agréable de s’entendre être remis en place par quelqu’un qui est dans la catégorie artiste, donc un peu en marge pour eux. » .

Dans le cadre de la procédure 1% artistique, l’architecte fait parti du comité de pilotage qui sélectionne un projet d’un artiste , ils ne sont donc pas au même niveau de statut.

A l’intérieur de l’espace public, l’architecte est soumis à des règles beaucoup plus strictes. Sébastien Renauld, artiste et architecte, a soulevé l’ambigüité entre artiste et architecte en exposant un exemple précis. En effet, un artiste peut s’exprimer sur l’espace public tout à fait librement tant que son œuvre ne dépasse pas un cubage de 40m3 . Au-delà de cette limite, l’œuvre est considérée comme une architecture et est donc soumise à de nombreuses contraintes beaucoup plus importantes qu’une œuvre artistique. C’est sur cette dernière limite que le statut d’artiste est différent de celui de l’architecte. D’ailleurs Sébastien Renauld joue avec cette limite afin de présenter ses projets artistiques et architecturaux.

L’artiste et l’architecte peuvent tout de même avoir quelques points communs notamment dans la procédure du 1% artistique. De manière générale, l’artiste a plusieurs façons d’exprimer son travail par une œuvre. En effet, cette dernière peut être pérenne ou bien éphémère. Or l’œuvre architecturale est quand à elle obligatoirement pérenne puisque l’architecte utilise des matériaux adaptés à fournir une longue durée de vie au bâtiment. L’artiste du 1% doit lui aussi, concevoir une œuvre en fonction d’un cahier des charges bien précis où l’œuvre doit obtenir une durée de vie importante au même titre que le bâtiment auquel elle est rattachée. D’après Katerine Louineau, artiste, « l’artiste est encore une roue de secours à tout projet ». Il fait de la décoration. En 10 ans, il n’y aucune vraie collaboration initiale entre artiste et architecte. Un bâtiment est soit en cours de chantier, soit déjà construit et en usage lorsque l’artiste doit intervenir. Il ne faut pas oublier que les projets 1% restent une production artistique.

La plupart du temps, les contacts entre artistes et architectes sont quasiment nuls ; aucune discussion sur le long terme d’un projet n’est présente, ce qui entraine un réel manque de communication.

En conclusion, il existe bel et bien deux statuts différents pour l’artiste et l’architecte qui ne sont pas soumis aux mêmes règles même si dans le cadre de la procédure du 1% artistique, l’artiste a l’obligation de travailler avec l’architecte pour une œuvre tout autant pérenne de l’architecture du bâtiment public.

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Table des matières

INTRODUCTION
1ère partie : Mise en contexte de la problématique
1. Approfondissement de quelques notions
1.1 Art urbain : une forme d’art public
1.2 Pérennité de l’œuvre
1.3 Artiste – Architecte
2. Le métier d’artiste
2.1 Historique
2.2 L’artiste du 1% : entre deux réseaux
3. Le 1% artistique
3.1 Historique
3.2 Le 1% artistique à l’étranger
3.3 L’artiste dans l’espace public
3.3 Un art obligatoire
3.4 L’avenir du 1% artistique
4. La réception de l’œuvre
4.1 Plusieurs formes apparaissent
4.2 La réception de l’œuvre au sein de l’espace universitaire
2ème partie : Problématique et éléments méthodologiques
1. Problématique et hypothèses de recherche
1.1 Problème et questionnement généraux
1.2 Questionnements spécifiques
1.3 Hypothèses de recherche
2. Choix du terrain d’études
3. Proposition de méthodologie
3.1 Lecture des différents textes sur la prescription de l’éclairage
3.2 Observations
3.3 Interviews
3.4 Enquêtes de terrain
3ème partie : Analyse et résultats obtenus
1. Présentation du terrain d’études
1.1 Le 1% artistique sur le site de Dijon
1. Une pérennité existante des œuvres
2.1 Le cadre législatif
2.2 La restauration
2. Les limites de cette pérennité
3.1 Le manque de communication
3.2 La réception des œuvres par les étudiants
3.3 Les dégradations
3.4 L’apparition de nouvelles formes d’art sur le site universitaire
3.5 Le contraste d’une procédure pérenne face à l’évolution de la ville
3.6 L’exemple des villes nouvelles
3.7 Une absence de pérennité morale
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE

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