Le patrimoine antique : la genese des pieces

LE PATRIMOINE ANTIQUE : LA GENESE DES PIECES 

La tragédie de Racine puise à des sources mythiques très anciennes dont on trouve la trace dans la tradition orale et dans les textes fondateurs des grands auteurs de l’antiquité gréco-latine : Homère, Euripide, Virgile ou Sénèque… il reconstruit ainsi un univers à michemin entre la tradition et l’imitation. Il doit non seulement s’approprier ses modèles mais surtout veiller à ne pas dénaturer la fable. Le non respect de la tradition pouvant, à l’époque, conduire à un échec irrévocable. Car il ne faut pas oublier que le XVIIème siècle est la période de l’histoire de la France au cours de laquelle s’est manifesté un intérêt renouvelé pour les arts et la culture de l’Antiquité. En effet, au siècle classique, les représentations tragiques s’adressent surtout à une élite; à un auditoire érudit qui a généralement une bonne connaissance des mythes. Cette période est dite « classique » parce qu’elle se donne comme idéal l’imitation des Anciens. Virgile ou Cicéron définissaient l’imitation comme un projet littéraire basé sur la réécriture des textes prestigieux antérieurs. Les pièces doivent le plus possible puiser dans la mythologie gréco-romaine, les tragédies des Anciens ou les faits relatés par les historiens grecs et latins .Les dramaturges empruntent ainsi leurs matières au panthéon de la tragédie grecque en reprenant des sujets qui ont déjà suscité un vif intérêt. Le patrimoine antique est donc remis au goût du jour et ne tarde pas à être érigé en modèle. De manière générale, à l’instar de ses congénères(Corneille, Molière, Rotrou…), Racine a su se conformer à cette règle sauf pour les Plaideurs dont l’action se passe de son temps, puisque c’est une charge contre la justice telle qu’il l’a connue (encore qu’il s’agit d’une transposition inspirée des Guêpes d’Aristophane) ,pour Bajazet aussi dont l’action se passe au XVIIe siècle en Turquie. ; Enfin, pour deux tragédies d’inspiration biblique, Esther et Athalie, traductions personnelles d’un retour à la foi. Hormis ces exceptions. Racine revisite le patrimoine littéraire grâce à un corpus de textes issus de la mythologie et de l’histoire romaine.

Cette conception de la référence aux sources antiques est un héritage de la renaissance et tout particulièrement du mouvement humaniste .D’après cette théorie, toute création artistique doit commencer par l’assimilation des textes anciens avec lesquels les écrivains doivent rivaliser.

La première tragédie humaniste fut sans doute Cléopâtre captive  d’Etienne Jodelle . Le sujet était pris dans Plutarque (Vie d’Antoine) et l’intrigue était simple : la pièce raconte la décision de mourir de Cléopâtre et sa réalisation. Elle emprunte plusieurs règles à la tragédie antique, qui deviendront celles de la tragédie classique : l’utilisation de l’alexandrin, la division en cinq actes ,la division en scènes à chaque entrée ou sortie d’un personnage , pas plus de trois personnages sur scène en même temps , le début de la pièce doit être le plus près possible du dénouement.

Un autre auteur humaniste Robert Garnier, dans une pièce donnant ses premières lettres de noblesse au genre dramatique français, écrit un exemple-type de tragédie humaniste inspiré de l’Ancien Testament : Les Juives (1583) d’où l’atmosphère des guerres de religion de la France de l’époque transparaît.

Rien n’annonce mieux la nouvelle tournure de la dramaturgie classique que la pratique du théâtre que l’abbé d’Aubignac avait publiée en 1657 .Sa réflexion insiste sur la nécessité de plaire, d’observer la vraisemblance, de simplifier l’action, de limiter le nombre de personnages et de les placer dans un décor neuf. C’est dans cette nouvelle tendance que s’engage le théâtre français au XVIIème siècle : toute création artistique qui se respecte devait avoir une assise antique. Les auteurs puisent leur inspiration dans les mythes grecs et les auteurs gréco-latins appelés respectueusement les anciens : les fables d’Esope inspirent celles de La Fontaine, les satires de Boileau sont imitées de celles d’Horace ou de Juvénal…

C’est ainsi que Racine rattache la force tragique de ses pièces à la fidélité aux sources antiques lorsqu’il écrit dans la première préface d’Andromaque:

« Mais véritablement mes personnages sont si fameux dans l’antiquité …que je les ai rendus tels que les anciens poètes nous les ont donnés. Aussi n’ai-je pas pensé qu’il me fût permis de rien changer à leurs mœurs ».

Selon cette même préface racine déclare avoir emprunté son sujet à l’Enéide de Virgile. Quelques lignes plus bas, racine se souvient de l’Andromaque d’Euripide et de la Troade de Sénèque. Mais la toile de fond de toutes ces œuvres reste l’Iliade et l’odyssée d’Homère. Phèdre de Racine s’inspire, principalement, d’Hippolyte porte-couronne d’Euripide, œuvre dans laquelle la mythologie antique, notamment la légende de Thésée, est un référent réel et joue un rôle principal.

LES SOURCES MYTHOLOGIQUES 

Dans Phèdre et Andromaque, Racine s’inspire respectivement de la légende de Thésée, de l’Iliade du poète Homère et de l’Enéide de Virgile.

LA LEGENDE DE THESEE

La toile de fond de Phèdre, c’est le récit légendaire de Thésée, vainqueur du Minotaure. Dans le mythe grec Thésée est le mari de Phèdre et le fils d’Egée roi d’Athènes. Elevé par sa mère et son grand-père, il ignora pendant longtemps qui était son Père. Ce n’est qu’à l’âge de seize ans qu’il l’apprend et se rend aussitôt à Athènes pour le retrouver. Là, il se fait reconnaitre par Egée et massacre ses cousins les pallantes qui aspiraient à la succession au trône du roi, le croyant sans héritier. Thésée partage dès lors avec son père le gouvernement de la cité, Mais Athènes vit un drame : depuis la mort de son fils et sa victoire sur les Athéniens, Minos, roi de Crète, exige que la ville lui envoie chaque année, un tribut de sept jeunes gens et de sept jeunes filles qu’il donne en pâture au Minotaure, effroyable monstre mihomme mi-taureau. Thésée décide de mettre fin à ce carnage et se rend en Crète avec les jeunes victimes afin de tuer le monstre. Mais, ce dernier habitait un labyrinthe fait de dédales inextricables où il pouvait s’égarer. Il réussit à tuer la bête sans se perdre avec l’aide d’Ariane (sœur de Phèdre) qui lui confia une pelote pour qu’il retrouve la sortie du labyrinthe. Après une brève passion Thésée abandonne Ariane pour enlever et épouser Antiope, reine des Amazones, dont il a un fils, Hippolyte. Après la mort d’Antiope, il épouse Phèdre.

L’ILIADE : UN POEME HOMERIQUE 

Dans Andromaque, racine s’inspire des chants homériques, du nom d’un aède grec, Homère qui vécut à la fin du 8ème siècle avant jésus christ ; On appelle poèmes homériques deux longues épopées de vingt quatre chants chacun : L’Iliade et L’odyssée. L’Iliade et L’odyssée constituent pour les auteurs comme Racine une source précieuse d’inspiration qui montre le tableau de la vie grecque aux temps mythiques avec ses passions violentes presque barbares avec aussi sa foi naïve dans les Dieux qui personnifient les forces de la nature et se mêlent sans cesse à la vie des hommes. L’Iliade qui nous intéresse ici, est une épopée de quinze mille vers qui racontent les combats entre Grecs et Troyens devant Troie, douze siècles avant Jésus Christ et la ruine de la citadelle après dix ans de siège. Les raisons de cette guerre nous sont fournies par la légende…Une femme Hélène à la beauté sublime, fut la cause de tout. Quand Paris, fils de Priam roi de Troie l’eut enlevée à son mari Ménélas et emmenée loin de la ville grecque de Sparte, les chefs Achéens(Grecs) organisèrent une expédition contre les troyens et assiégèrent leur ville. La guerre dura dix ans puis Troie fut prise et incendiée, ses habitants massacrés ou réduits en esclavage et Hélène rendue à son mari. Parmi les captives se trouve Andromaque, épouse du héros troyen Hector, dont le sort fera l’objet de la pièce éponyme de Racine.

LE SUBSTRAT HISTORIQUE DU MYTHE

Homère était-il historien ? Les auteurs de l’Antiquité pensaient qu’Homère chantait des événements ayant réellement existé, et que la guerre de Troie avait vraiment eu lieu Cette épopée d’Homère semble avoir pris ses racines dans les profondeurs de l’histoire comme l’attestent les découvertes archéologiques. En effet, les fouilles de Schliemann à partir de 1870,ont permis de retrouver à Hissarlik, dans l’actuelle Turquie, les vestiges d’une puissante cité détruite par le feu vers la fin de l’âge de bronze. En Grèce, les recherches ont mis au jour les traces d’une civilisation brillante à Mycènes entre le 16ème et 13ème siècle avant J.C., civilisation dont la splendeur est visible dans les tombes royales, riches d’objets en or. Peutêtre est-ce ici et là que vivaient les vrais héros d’Homère.

L’archéologue Schliemann est parti du principe que les livres d’Homère n’étaient pas des fables mais des récits d’évènements historiques extraits de la conscience collective des grecs ; et il a découvert la ville de Troie. Comme quoi les affabulations les plus fantasques reposent quelque fois sur de vrais souvenirs.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
1ERE PARTIE : LE PATRIMOINE ANTIQUE : LA GENESE DES PIECES
CHAP1 : LES SOURCES MYTHOLOGIQUES
1-1 LA LEGENDE DE THESEE
1-2 L’ILIADE : UN POEME HOMERIQUE
1- 3 LE SUBSTRAT HISTORIQUE DU MYTHE
1-4 LA LEGENDE D’ANDROMAQUE
1-5 PHEDRE SELON LA LEGENDE
1-5 VIRGILE, L’ENEIDE
CHAP2 : LE REPERTOIRE DRAMATIQUE DE L’ANTIQUITE
2-1 EURIPIDE, HIPPOLYTE PORTE-COURONNE
2-2 EURIPIDE, LES TROYENNES
2-3 SENEQUE, LA TROADE
CHAP3 : L’INTRIGUE DANS LES DEUX PIECES DE RACINE
3-1 LE SUJET DE PHEDRE
3-2 LE SUJET D’ANDROMAQUE
CHAP 4: LES DIEUX ET LES PERSONNAGES DANS LES DEUX PIECES
4-1 DANS PHEDRE
4-2 DANS ANDROMAQUE
2EME PARTIE DE LA MYTHOLOGIE GRECQUE A LA TRAGEDIE AUX TEINTES RACINIENNES
CHAP 5 : LES INGREDIENTS DU MYTHE
5-1 LE POIDS DU DESTIN
5-2 LA PRATIQUE DE LA RELIGION
5-3 DES PERSONNAGES DE CONDITION NOBLE
5-4 VIOLENCE DE L’HISTOIRE ET DENOUEMENTS CATASTROPHIQUES
5-5 L’EXPRESSION DE L’ORALITE : LA TIRADE
5-6 LES EPITHETES HOMERIQUES
5-7 LES IMAGES ET LES PERIPHRASES
CHAP 6 DIVERGENCES ENTRE LE MYTHE GREC ET LA TRAGEDIE RACINIENNE
6-1 LA DESACRALISATION DU MYTHE
6-2. LA DEVALORISATION DES PERSONNAGES : DES PERSONNAGES MEDIOCRES
6-3 L’ATTENUATION DE L’HORREUR PAR LA BIENSEANCE
CHAPITRE 7 : LA DRAMATURGIE DE LA PASSION DANS LA TRAGEDIE RACINIENNE
7-1 LES AMOURS IMPOSSIBLES
7-2 LA PASSION DESTRUCTRICE
CHAPITRE 8 : UNE VISION JANSENISTE DU MONDE
8-1 L’EMERGENCE D’UN SACRE CHRETIEN : LE JANSENISME ET LA PREDESTINATION
8-2 LA GRACE ET LA DAMNATION
CHAPITRE 9 : LA THEATRALISATION DU MYTHE PAR RACINE
9-1 LA SIMPLICITE CLASSIQUE DE L’ACTION
9-2 LE STYLE RACINIEN ; DES VERS D’UNE GRANDE BEAUTE POETIQUE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *