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SIX MOIS PLUS TARD
Avant de dรฉbuter la sรฉance, je partage un instant avec Adrien et son pรจre dans la salle dโattente, Loรฏc รฉtant en rendez-vous avec un autre patient. Monsieur installe son fils sur le fauteuil, en position assise et sโassied ร cรดtรฉ de lui, avant de lui enlever ses chaussons et son manteau. Quant ร moi, je suis installรฉe non loin sur une chaise, cette proximitรฉ me permet de palier ร une chute รฉventuelle, de veiller ร sa sรฉcuritรฉ.
Dans cette installation, je capte le regard dโAdrien et lui demande comment il va. Ensuite, je mโadresse au pรจre pour savoir si les vacances ont รฉtรฉ reposantes pour eux. Il acquiesce et explique quโAdrien sโest levรฉ aux aurores ce matin et quโil nโa bu que la moitiรฉ de son biberon. Son fils accompagne le discours par de nombreuses vocalises. A cet instant, il reรงoit un appel et se lรจve du fauteuil pour y rรฉpondre.
Je remarque quโAdrien glisse sur le cรดtรฉ gauche et va bientรดt se retrouver en position allongรฉe. Je dรฉcide dโobserver comment il va sโorganiser โ se laisser glisser ou se redresser โ tout en lui verbalisant et en veillant ร sa sรฉcuritรฉ. Mais son pรจre vient le redresser.
Loรฏc sort de la salle de psychomotricitรฉ pour raccompagner le patient avec qui il รฉtait en sรฉance, nous salue verbalement, fait un signe de la main ร Adrien et nous invite ร entrer dans la salle. Jโy entre la premiรจre pour dรฉposer mes affaires.
Comme ร son habitude, le pรจre dโAdrien installe son fils au sol sur le tapis, et sโassied sur la chaise proche du bureau. Agenouillรฉ face ร Adrien, le psychomotricien lui fait des compliments concernant le pull quโil porte, sur lequel est marquรฉ ยซ Superhero in training2 ยป. Cโest avec des vocalises et des sourires adressรฉs quโAdrien lui rรฉpond.
Le papa nous informe que son garรงon se retourne de plus en plus au sol (dos-ventre, ventre-dos), mรชme si une fois sur le ventre, ses mains restent bloquรฉes sous son corps. De plus, lorsquโil attrape un objet, il utilise rรฉguliรจrement ses deux mains. Loรฏc propose donc ร Adrien diffรฉrents jouets en arc de cercle au-dessus de lui pour observer les progrรจs dรฉcrits par le pรจre.
Cโest avec rapiditรฉ quโAdrien rรฉagit aux stimulations proposรฉes, ce qui permet ร Loรฏc de lโaccompagner vers une solution afin quโil prenne appui sur ses avant-bras. Avec cet appui, la tรชte relevรฉe, Adrien regarde les jouets qui lโentourent avec de nombreuses vocalises. Sa tรชte retombe et il revient sur le dos. Nous le fรฉlicitons tous les trois, ses vocalises nous font รฉcho.
Avant de terminer la sรฉance, Loรฏc tend ses mains ร Adrien pour quโil attrape ses doigts. Dans ce moment dโรฉchange, ils discutent au travers du regard et dans un dialogue de questions-rรฉponses. Le psychomotricien bruite la montรฉe en accompagnant Adrien vers la position assise, tandis quโAdrien lui rรฉpond par des sourires, des rires et beaucoup de vocalises.
Traduction anglaise de : Super-hรฉros en formation
Le psychomotricien installe ensuite Adrien sur un plan inclinรฉ (module en mousse), en lui demandant de pousser avec ses pieds pour se regrouper et se hisser vers le haut du module en prenant appui sur ses avant-bras.
Nous observons que la tenue de tรชte est plus brรจve et il semble sโenraidir. Loรฏc dรฉcide donc dโarrรชter et prend Adrien dans ses bras pour le calmer. Le pรจre prend le relai, ce qui marque la fin de la sรฉance.
Voilร trois semaines quโAdrien nโest pas venu en sรฉance, je suis curieuse de voir comment il va. Il est aujourdโhui รขgรฉ de vingt mois. Ce premier temps partagรฉ dans la salle dโattente avec lui et son pรจre mโa permis de lโobserver dans un autre contexte. Installรฉ sur le fauteuil, son regard est accessible et รชtre en interaction avec lui me paraรฎt possible.
En essayant dโattirer son attention, la prosodie de ma voix se modifie, je chuchote presque, ce qui mโรฉtonne. Dans ce moment de relation, je lui montre et lui explique les images dโun livre trรจs colorรฉes. Son regard est dirigรฉ vers le livre, il semble attentif.
Une hรฉsitation me parcourt lorsquโAdrien commence ร glisser sur un cรดtรฉ, assis dans le fauteuil. Je suis partagรฉe entre la volontรฉ de voir comment il va lui-mรชme rรฉagir ร ce changement de position incontrรดlรฉ et mon rรดle dans cette situation.
Par la prรฉsence du pรจre, je ne me suis pas autorisรฉe ร redresser Adrien mais jโai portรฉ une attention particuliรจre ร sa sรฉcuritรฉ et ร son confort. Dans ce moment dโincertitude, je verbalise ร Adrien quโil glisse et lui demande comment il compte faire pour se redresser, ce qui me permet indirectement dโen informer le pรจre qui ne sโen est peut-รชtre pas rendu compte puisquโil est au tรฉlรฉphone.
Aujourdโhui, Adrien marque particuliรจrement sa prรฉsence par de nombreuses vocalises qui accompagnent ses actions et les discussions, dโautant plus lorsque son pรจre parle. En effet, pendant que je discute avec le papa en salle dโattente, Adrien participe ร la conversation. En revanche, quand Monsieur est au tรฉlรฉphone, le tout petit est plus silencieux.
Ses vocalises ont รฉgalement marquรฉ ses envies au cours de la sรฉance. Lors de la derniรจre proposition qui lโa mis en difficultรฉ, Adrien nous a fait comprendre son souhait dโarrรชter par une grosse colรจre. A ce moment, il ne pleure pas mais se manifeste avec des cris, rougit et entre en hyperextension.
Dans cette fin de sรฉance, le pรจre semble moins disponible ร accueillir ce quโil se passe. Prรฉsent dans la relation, il verbalise certaines actions de son fils, mais lors de sa colรจre, il nโintervient pas physiquement bien quโil en a le droit. Cโest pourquoi Loรฏc sโest autorisรฉ ร rassurer Adrien en le prenant dans ses bras avant de terminer la sรฉance.
Pendant cette sรฉance, jโai rรฉussi ร partager mon attention entre Adrien et son pรจre, ce qui mโavait semblรฉ trรจs difficile lors de la premiรจre rencontre. Cependant, son papa รฉtant moins prรฉsent verbalement, mon observation nโa pas รฉtรฉ surchargรฉe par dโautres informations.
Je me sens รฉgalement plus impliquรฉe dans le suivi et dans cette relation, grรขce ร la rรฉpรฉtition des rencontres qui me permet de mieux connaรฎtre Adrien et son pรจre. Je ne dรฉcouvre plus la situation, jโy participe.
A son retour de vacances, nous constatons une รฉvolution dans le dรฉveloppement dโAdrien. Il maรฎtrise de mieux en mieux sa tenue de tรชte, tant en position assise quโen position ventrale. En revanche, sa fatigabilitรฉ persiste. Il prรฉsente une grande appรฉtence pour les jouets proposรฉs, ce qui lโincite ร rรฉaliser des retournements dos-ventre, ventre-dos plus frรฉquemment. Aujourdโhui, il ne parvient pas ร libรฉrer ses mains du poids de son corps une fois sur le ventre, ce qui lโempรชche de manipuler les jouets.
En plus de ses progrรจs sur le plan psychomoteur, Adrien entre plus facilement en relation avec autrui non seulement grรขce ร ses nouvelles postures qui lui apportent un autre regard sur le monde environnant et par les vocalises quโil partage. Mais aussi par sa qualitรฉ de regard, il est plus facile dโattirer son attention et mรชme de capter son regard pour un moment de partage.
DYNAMIQUE RELATIONNELLE.
EN DEรA DU DIALOGUE VERBAL
Le suivi dโAdrien a soulevรฉ diffรฉrentes questions concernant la qualitรฉ dโรฉchange ร adopter : quel mode de communication privilรฉgier ? Comment lire le langage du corps ? Son retard de dรฉveloppement influence-t-il ses habiletรฉs relationnelles ?
La communication avec Adrien est impactรฉe ร diffรฉrents niveaux. Ses capacitรฉs dโexpression verbale sont influencรฉes par son retard global de dรฉveloppement. Mรชme sโil vocalise et semble attentif aux sons, le langage nโest pas encore acquis.
Il me semble rรฉagir plus ร la prosodie quโaux mots quand nous lui faisons une proposition. Jโai remarquรฉ par ailleurs, que la quantitรฉ de ses vocalises est trรจs diffรฉrente dโune sรฉance ร lโautre. Ces fluctuations paraissent en lien avec son รฉtat gรฉnรฉral (fatigue, somatique).
Avant que lโenfant acquiรจre le langage, la communication est possible au travers du dialogue tonique. Le corps est vecteur de ce dialogue. Chez Adrien, diffรฉrents facteurs viennent entraver la qualitรฉ de ce mode de communication : son retard de dรฉveloppement, son hypertonicitรฉ et sa fatigabilitรฉ.
La communication passe รฉgalement par le regard. Celui dโAdrien est difficile ร capter, son regard se fixe sur des objets et รฉchappe au nรดtre. Jโapprendrais par la suite quโil porte des lunettes mais celles-ci ont รฉtรฉ perdues. Elles ont รฉtรฉ refaites depuis, mais il ne les porte pas rรฉguliรจrement.
Afin dโentrer en communication avec Adrien, la qualitรฉ de lโobservation est importante et la verbalisation est ร privilรฉgier, notamment sur ce qui semble se passer pour lui, pour le proche prรฉsent et pour nous afin dโaccompagner ses rรฉactions. En effet, pour le tout petit, lโenvironnement conditionne une partie des rรฉponses ; lโindividuation et le dรฉveloppement du vocabulaire permettent de les prรฉciser.
Adrien nous communique, au travers de son corps, ses envies et ses besoins auxquels nous, cโest-ร -dire le psychomotricien, ses parents et moi-mรชme lui rรฉpondons par un รฉtayage verbal et corporel sur la base de nos hypothรจses. Ainsi, lorsquโil oriente son regard vers un jouet, nous verbalisons son intention puis nous lui laissons un temps pour quโil puisse sโessayer ร lโattraper, avant de lโaccompagner corporellement et verbalement pour le retournement dos-ventre sโil en a besoin.
LโINTEGRATION DES PROCHES DANS LA PRISE EN CHARGE.
Lโรขge dโAdrien implique la prรฉsence dโun de ses parents en sรฉance, ce qui met en avant la question de la place et du rรดle de chacun : comment accueillir les questions et remarques des parents ? Quelle influence leur prรฉsence a sur le dรฉroulรฉ de la sรฉance ? Quel cadre mettre en place dans un accompagnement parental ?
Lors de la prise en charge dโun bรฉbรฉ un des parents est prรฉsent. A ce stade, la relation bรฉbรฉ-parent est dรฉterminante de son dรฉveloppement. De plus, ce sont des acteurs importants puisquโils partagent le quotidien de leur enfant et apportent donc des informations nรฉcessaires ร la qualitรฉ du suivi. Leurs observations viennent complรฉter et prรฉciser celles que nous avons ร un instant T, celui de la sรฉance.
Loรฏc mโinforme que dans les premiรจres sรฉances, la mรจre semblait plus investie et accompagnait son fils. Actuellement, la maman est moins prรฉsente, Adrien vient exclusivement accompagnรฉ de son papa.
Nous pouvons nous demander pourquoi ce changement ? Est-il dรป ร une rรฉorganisation familiale ? Les sรฉances sont-elles trop douloureuses pour la mรจre ? Est-elle en difficultรฉ avec Adrien ? Beaucoup dโhypothรจses sont envisageables mais nous ne pouvons, au regard de ce que nous connaissons de la famille, en privilรฉgier une plus quโune autre.
Au cours des sรฉances, je remarque รฉgalement des fluctuations dans la qualitรฉ de prรฉsence du pรจre. A certains moments, il semble se mettre en retrait et sa participation dans la prise en charge avec Adrien diminue. A dโautres en revanche, il aborde de nombreux points, comme sโil attendait une rรฉponse prรฉcise du psychomotricien.
Il partage ses remarques, parfois nรฉgatives, sur les diffรฉrents suivis dโAdrien, les avancรฉes concernant la recherche de lโรฉtiologie du retard de dรฉveloppement, ses inquiรฉtudes et ses attentes par rapport aux compรฉtences de son fils.
Lโattention de Loรฏc doit รชtre partagรฉe entre le parent et le patient et, parfois les demandes sont nombreuses ce qui influence la prise en charge dโAdrien. Effectivement, il se peut que lโapport dโune rรฉponse demande au psychomotricien de dรฉtourner son attention dโAdrien.
Lโobjectif est de favoriser une relation triangulaire parent-bรฉbรฉ-thรฉrapeute fluide. Pour cela, il semble intรฉressant de se questionner sur le rรดle de chacun dans ce flux relationnel, est-ce le psychomotricien qui distribue les cartes ou existe-t-il une rรฉciprocitรฉ entre chaque acteur ?
UNE QUETE DE REPONSES
Eliott est un garรงon de six ans et demi, scolarisรฉ en Cours Prรฉparatoire (CP), lorsque je le rencontre. En dรฉbut de prise en charge, Eliott bรฉnรฉficiait dโune sรฉance par semaine, accompagnรฉ une fois sur deux par sa mรจre ou son pรจre. A ce jour, il vient en sรฉance une semaine sur deux, uniquement en prรฉsence de son pรจre.
PRESENTATION ET ANAMNESE DโELIOTT.
Fils unique du couple, il vit une semaine sur deux chez sa mรจre puis son pรจre, ces derniers รฉtant divorcรฉs depuis ses deux ans et demi. Lors de lโentretien, ses parents รฉvoquent lโimpact que cet รฉvรฉnement a eu sur la relation quโEliott entretenait avec son pรจre, notamment par des conflits lorsquโil รฉtait chez son papa avec sa nouvelle compagne et les enfants de celle-ci. Il a aujourdโhui un petit frรจre du cรดtรฉ paternel.
La marche a รฉtรฉ acquise vers un an et les premiers mots dans la mรชme pรฉriode. Dans la petite enfance, Eliott a รฉtรฉ traitรฉ par coussin vibrant pour une plagiocรฉphalie.
Lโรฉcole maternelle et le centre de loisir ont mis en avant certaines difficultรฉs en motricitรฉ. Son institutrice a notamment relevรฉ de grandes difficultรฉs graphiques, des difficultรฉs dโattention et une certaine maladresse.
Suivi depuis sept mois en psychomotricitรฉ, lโรฉtiologie des difficultรฉs dโEliott nโรฉtait pas connue jusquโร aujourdโhui. En dรฉcembre 2019, suite ร la rรฉalisation dโexamens complรฉmentaires, un diagnostic dโรฉpilepsie a รฉtรฉ posรฉ suivi de la mise en place dโun traitement.
La conclusion du bilan psychomoteur dโEliott rรฉalisรฉ par Loรฏc met en relief un certain nombre de difficultรฉs : ยซ Elles correspondent ร des troubles moteurs importants apparents ร la dyspraxie, des difficultรฉs rythmiques assimilables ร une dyslexie, une dysgraphie ร relier aux troubles de la rรฉgulation tonique et un trouble visuel, une latรฉralisation non homogรจne ainsi que des troubles visuo-perceptifs ยป. Ce qui a amenรฉ Loรฏc ร conseiller aux parents des examens complรฉmentaires dont une consultation neuropรฉdiatrique.
RENCONTRES AVEC ELIOTT
PREMIERE SEANCE
Eliott est le premier patient que je rencontre lors de mon stage. Avec Loรฏc, nous allons le chercher dans la salle dโattente. Il est accompagnรฉ par son pรจre. Aprรจs les avoir saluรฉs de vive voix et avant de retrouver la salle de psychomotricitรฉ avec ce jeune garรงon, le psychomotricien me prรฉsente : ยซ Je vous prรฉsente Maureen, stagiaire en derniรจre annรฉe de psychomotricitรฉ, elle sera avec moi chaque mercredi pour voir comment je travaille et sโinitier au mรฉtier de psychomotricien ยป. Ils acceptent tous les deux.
Le papa reste dans la salle dโattente, nous le retrouverons en fin de sรฉance.
Eliott, une fois dans la salle, va sโasseoir devant le bureau et fait face ร Loรฏc. Il se tient tรชte baissรฉe. Le psychomotricien demande ร Eliott comment sโest dรฉroulรฉ son dรฉbut de journรฉe, il lui rรฉpond briรจvement : ยซ oui, รงa va ยป, dโune voix presque inaudible, sans lever le regard.
Loรฏc lโinvite ร se lever et dispose des haies en plastique dโenviron vingt centimรจtres de hauteur, les unes derriรจre les autres. Lโobjectif est de les enjamber en marchant. Bras tendus, poignets ยซ cassรฉs ยป, il passe au-dessus des haies comme un robot et prรฉsente des syncinรฉsies axiales notamment au niveau de la bouche.
Le psychomotricien, ensuite, sort une รฉchelle de rythme et lui propose un challenge oรน les niveaux sont de plus en plus difficiles (marche, pas chassรฉs, saut pieds joints). Le saut ร pieds joints met Eliott en difficultรฉ, il perd souvent lโรฉquilibre et fait tomber les haies. Cโest alors quโil dรฉcide lui-mรชme de modifier les rรจgles et essaye ร cloche-pied. Malgrรฉ la complexitรฉ de la tรขche, il persรฉvรจre jusquโร ce que le psychomotricien intervienne en lui proposant de faire une pause.
Pour terminer la sรฉance, Eliott choisit les Kaplaยฉ (lamelles de bois de taille et de forme identiques). Il souhaite rรฉaliser une tour. Assis au sol, Eliott change frรฉquemment de position. La base est dรฉjร construite, il suit cet exemple. Chacun notre tour, nous apportons une ยซ brique ยป ร la tour. Lorsquโil pose un Kaplaยฉ, il le lรขche rapidement et la tour risque de tomber.
Une fois la tour รฉcroulรฉe, nous rangeons et retrouvons le pรจre dโEliott dans la salle dโattente qui demande si la sรฉance sโest bien passรฉe. Eliott reste silencieux et laisse Loรฏc expliquer les activitรฉs que nous avons faites.
Eliott marque le dรฉbut de mon stage puisquโil sโagit du premier patient de ma premiรจre journรฉe au cabinet libรฉral. Je suis non seulement impatiente de dรฉcouvrir la maniรจre de travailler de mon rรฉfรฉrent de stage et les personnes quโil suit, mais aussi stressรฉe par lโidรฉe de trouver ma place dans une relation dรฉjร existante entre Eliott, son pรจre et le psychomotricien.
Arrivรฉe dans la salle dโattente je salue oralement Eliott et son pรจre avant que le psychomotricien ne me prรฉsente. Dรจs quโils approuvent ma prรฉsence, mon stress diminue : ils mโoffrent une place dans la relation.
Loรฏc mโavait expliquรฉ en amont que certains parents, dont ce papa, restent en salle dโattente. Cette dรฉcision est prise, en accord avec le patient et les accompagnants, lorsque le psychomotricien estime que le patient peut participer seul ร la sรฉance, selon son รขge, ses capacitรฉs de comprรฉhension et la dynamique relationnelle existante entre enfant-proche et รฉtablie entre professionnel-enfant-proche. Cela permet de voir comment se comporte et rรฉpond lโenfant lorsquโil nโest pas sous le regard dโun parent, mais aussi de symboliser un temps et un lieu consacrรฉ ร lโenfant.
Une fois dans la salle avec Eliott, je le regarde et lui sourit. Tandis que nous nous installons tous les trois au bureau, il me rรฉpond timidement par un sourire.
Pendant la premiรจre proposition, je me place en tant quโobservatrice et mโassieds prรจs du bureau. Eliott regarde plusieurs fois dans ma direction, briรจvement, jโai lโimpression que ma prรฉsence le gรจne. Je dรฉcide donc dโarrรชter ma prise de note et le fรฉlicite lorsquโil atteint le niveau suivant, malgrรฉ cela son regard mโinterroge toujours.
Au moment oรน il doit sauter pieds joints entre les barreaux de lโรฉchelle de rythme il est en difficultรฉ. Eliott entre en hypertonicitรฉ, ses syncinรฉsies oro-chirales sโaccentuent, ses sauts manquent de fluiditรฉ et leurs rรฉceptions entraรฎnent une perte dโรฉquilibre.
Je ne comprends pas pourquoi il choisit de sauter ร cloche pieds, dโautant plus quโil enroule une jambe autour de lโautre. Alors que la situation demandรฉe โ ici le saut pieds joints โ le met en difficultรฉ, il choisit une modalitรฉ plus compliquรฉe comme pour gรฉrer cette situation dโรฉchec. Ce moment nโest pas รฉvident pour lui mais il est prรฉsent et essaye de se dรฉbrouiller, cโest pourquoi je continue de lโencourager, dans lโespoir quโil rรฉussisse ou que Loรฏc lui vienne en aide.
Pendant la construction de la tour ร lโaide des Kaplaยฉ, le psychomotricien mโinvite ร venir mโinstaller avec eux au sol et de participer ร la construction. Il arrive quโEliott ne respecte pas le tour de rรดle, je me demande alors sโil est dโaccord pour que je participe ร lโactivitรฉ.
Mรชme si ma prรฉsence a รฉtรฉ acceptรฉe lors des prรฉsentations, je nโose pas intervenir quand la tour risque de tomber, nโรฉtant pas encore bien sรปre ni de ma place, ni de mon rรดle.
La sรฉance se termine et lorsquโEliott repart avec son pรจre, je constate que sa voix nโest toujours quโun murmure. En revanche, son regard est moins fuyant.
Au cours de cette premiรจre sรฉance, je remarque que ses gestes et sa dรฉmarche manquent de fluiditรฉ. Les haies ainsi que lโรฉchelle de rythme engendrent des syncinรฉsies oro-chirales ainsi quโun recrutement tonique en extension. Lors de lโactivitรฉ avec les Kaplaยฉ, il semble ne pas trouver les appuis nรฉcessaires pour stabiliser sa posture et prend appuis sur lโune de ses mains.
Dans ces diffรฉrentes activitรฉs, Eliott donne l’impression de vouloir se dรฉbrouiller seul. Face ร ses difficultรฉs, il prend lโinitiative de modifier les consignes comme pour reprendre le contrรดle de la situation. Lorsque nous lui proposons de lโaide, il paraรฎt ne pas en vouloir et continue ses expรฉrimentations.
QUATRE MOIS PLUS TARD
Eliott vient dโarriver en salle dโattente accompagnรฉ par son pรจre. Le psychomotricien et moi-mรชme les rejoignons et leur serrons la main avant dโentrer dans la salle de psychomotricitรฉ avec Eliott. Avant mรชme de sโinstaller au bureau, il sโempare de la Physioballยฎ (balle de grande dimension) et tente diffรฉrentes mรฉthodes de dรฉplacement. Il commence par sโallonger dessus, la coince entre ses jambes pliรฉes et prend appui au sol ร lโaide de ses mains. Il avance dโabord ses bras, puis ramรจne ses jambes et la balle prรจs de son buste pour se dรฉplacer. Ensuite, il essaye de se laisser glisser sur la balle, son corps roule dessus, du buste jusquโaux pieds.
Aprรจs lโavoir observรฉ, le psychomotricien lui demande sโil sait faire la brouette (une personne est debout, elle tient les chevilles de lโautre afin que cette derniรจre se dรฉplace ร lโaide de ses mains au sol). Eliott propose de lui faire une dรฉmonstration avec la Physioballยฎ, mais ne persiste pas quand Loรฏc lโinvite ร la laisser de cรดtรฉ pour lโinstant.
Eliott commence par faire la brouette, il se place au dรฉbut du tapis et se dรฉplace jusquโร lโautre extrรฉmitรฉ ร la force de ses bras tandis que le psychomotricien lui tient les chevilles.
Puis, ils inversent les rรดles. Eliott me regarde et demande ร voix haute comment faire pour soulever Loรฏc. Il dรฉcide de glisser la Physioballยฎ en dessous du ventre du psychomotricien, lui attrape les chevilles et lโaide ร glisser sur la balle jusquโร lโautre bout du tapis. Il souhaite essayer cette technique en รฉtant la brouette, ce qui lโamuse beaucoup.
LโACCEPTATION DโUN PARCOURS DE SOIN
Lโaccompagnement dโEliott interroge รฉgalement sur le caractรจre indispensable du cadre pour contenir les diffรฉrents acteurs de la prise en charge : quel cadre appliquรฉ en sรฉance ? Comment y inclure les proches ? Quel impact sโil nโest pas investi ?
Le cadre thรฉrapeutique est nรฉcessaire auprรจs dโEliott, notamment dans les situations de difficultรฉs. Il existe au travers de lโaccompagnement physique et verbal, et des rรจgles ร respecter que jโaurai lโoccasion de dรฉtailler.
Ce soutien lui offre la contenance nรฉcessaire ร sa concentration et ร son expรฉrimentation tout en le laissant acteur de sa prise en charge.
Le cadre concerne รฉgalement les proches dโEliott. Les manifestations toniques quโil prรฉsente ont rapidement questionnรฉ Loรฏc. Les informations transmises par ses parents lors de lโanamnรจse et du bilan psychomoteur nโont pas permis de clarifier lโรฉtiologie de ces troubles.
Cependant, malgrรฉ de nombreuses relances de la part du psychomotricien, les parents ne semblent pas mesurer les difficultรฉs de leur fils.
Un diagnostic dโรฉpilepsie a รฉtรฉ posรฉ aprรจs une annรฉe de prise en charge, accompagnรฉ de la mise en place dโun traitement. Il est donc possible que, lors de la premiรจre annรฉe de suivi, certaines compรฉtences ont รฉtรฉ impactรฉes par les crises.
Cette situation pose question sur lโinvestissement des parents dans la prise en charge, par quels moyens le psychomotricien les accompagne-t-il dans ce projet de soins ?
DU LACHER PRISE
Monsieur Dolet est un homme รขgรฉ de trente-deux ans. Le psychomotricien le reรงoit une fois toutes les deux semaines, au cours dโune sรฉance de quarante-cinq minutes.
PRESENTATION ET ANAMNESE DE MONSIEUR DOLET
Monsieur Dolet est arrivรฉ au cabinet avec une demande trรจs prรฉcise concernant des difficultรฉs dโapprรฉhension des rythmes.
Lโanamnรจse est assez succincte et nous nโavons pu recueillir que peu dโรฉlรฉments sur sa vie. Cรฉlibataire, il travaille sur la commune du cabinet dans une entreprise de dรฉveloppement de rรฉseaux numรฉriques.
Sportif, il a dรฉcidรฉ suite ร une discussion avec un ami de devenir soldat rรฉserviste. Cโest au cours dโun week-end de classe quโil a pris conscience de son incapacitรฉ ร marcher au pas. Son sergent, avec qui il a discutรฉ de cela, lui a conseillรฉ de prendre rendez-vous avec un psychomotricien. Monsieur Dolet a pu associer cette difficultรฉ ร dโautres domaines oรน les rythmes entrent en jeu. Ainsi, il sโรฉtait essayรฉ ร la Salsa, mais avait arrรชtรฉ car cela รฉtait trop fastidieux. Il reconnaรฎt aimer et avoir besoin de rรฉpรฉter les mรชmes mouvements. Il pratique donc le CrossFit, la boxe Thaรฏ et fait du Parkour. Il a รฉgalement une pratique de Yoga et de mรฉditation.
RENCONTRES AVEC MONSIEUR DOLET
PREMIERE SEANCE
Je rencontre Monsieur Dolet lors de ma premiรจre journรฉe de stage, sur lโheure du midi. Tandis quโil entre dans la salle de psychomotricitรฉ, je le salue verbalement et serre la main quโil me tend.
Loรฏc me prรฉsente, laissant toujours la possibilitรฉ de refuser ma prรฉsence, cependant Monsieur Dolet approuve avec un sourire.
Le psychomotricien pose des boomwhackers ou ยซ tubes-ร -sons ยป au centre de la salle. Chacun des tubes en plastique produit une note de musique spรฉcifique lorsque nous le faisons rรฉsonner en le frappant contre soi, au sol, sur un objet ou contre un autre tube.
Avant de commencer lโactivitรฉ, Loรฏc mโinvite ร participer, nous nous installons donc au sol, en formant un triangle.
La premiรจre proposition est que lโun dโentre nous frappe ร lโaide dโun tube un rythme rรฉgulier. Les deux autres doivent alors synchroniser leurs frappes avec ce dernier.
Monsieur Dolet commence et donne le rythme, le psychomotricien et moi-mรชme le suivons. Monsieur Dolet est trรจs concentrรฉ, son regard fixe le sol et ses sourcils se froncent. Lorsque nous changeons les rรดles, son regard est systรฉmatiquement dirigรฉ vers le tube du meneur et il prรฉsente des difficultรฉs ร se caler sur le rythme proposรฉ.
Aprรจs que nous ayons rรฉussi ร reproduire le rythme de maniรจre synchrone, le psychomotricien suggรจre que les accompagnateurs viennent complรฉter la phrase proposรฉe au lieu de sโy synchroniser. Pour cela, il est possible de frapper le contre-temps ou augmenter la frรฉquence des frappes par exemple.
En tant que chef dโorchestre, Monsieur Dolet reprend la mรชme posture que prรฉcรฉdemment. En revanche, lorsquโil doit complรฉter le rythme, son regard reste fixรฉ au sol. Bien quโil prenne un temps pour รฉcouter avant de proposer un accompagnement, ses frappes manquent de rรฉgularitรฉ et rejoignent souvent le rythme principal.
DYNAMIQUE RELATIONNELLE
E LACHER PRISE
Dโune part, la prise en charge de Monsieur Dolet mโa interrogรฉe sur le corps comme vecteur de la communication : quel accompagnement vers une รฉcoute de ses sensations ? Comment travailler sur le lรขcher prise avec un adulte ? Le contrรดle de soi a-t-il une influence sur les sensations ?
Lors des sรฉances, je remarque que pour Monsieur Dolet lโintellectualisation prime sur les sensations. Pour repรฉrer et reproduire les rythmes dans les diffรฉrentes propositions, il sโappuie sur les explications plus thรฉoriques du psychomotricien. Sโil nโen donne pas, Monsieur Dolet se base plutรดt sur lโimitation que sur ses ressentis.
Lorsquโil doit taper un rythme, ses gestes sont de faible amplitude mais sa concentration est forte. Au cours de la prise en charge, nous avons remarquรฉ une รฉvolution dans sa qualitรฉ dโexpression, et ร ce moment il nous fait part dโune sensation de lรขcher prise.
En effet, au dรฉpart pour taper le rythme dโune musique, le contrรดle visuel et la mentalisation prรฉdominaient (imitation des gestes du psychomotricien, comptage du rythme ร voix basse). Aujourdโhui il sโy prรชte plus volontairement, de maniรจre fluide et au travers du corps.
Pour Monsieur Dolet, la qualitรฉ de lรขcher prise semble avoir รฉmergรฉe aprรจs une phase de mentalisation de rythmes, une phase de contrรดle. La rรฉpรฉtition de certaines propositions lui a permis de prendre confiance, de maรฎtriser et donc de pouvoir varier leur perception et leur retranscription.
En proposant des musiques quโil apprรฉcie et des activitรฉs demandant une certaine logique, il a pu prendre plaisir et percevoir des progrรจs concernant son motif initial de consultation.
UNE DEMANDE PARTICULIERE.
Dโautre part, la demande spontanรฉe de Monsieur Dolet mโa questionnรฉe sur lโapport dโune rรฉponse ร une demande prรฉcise : comment ajuster les propositions ร un adulte ? Comment adapter lโobjectif de prise en charge ? Quel cadre poser ?
Monsieur Dolet est un homme de trente-deux ans, avec une demande particuliรจre : un travail autour du rythme. Ce suivi se distingue des autres auxquels jโai pu participer lors de mon stage suite ร diffรฉrents points : il sโagit de lโunique prise en charge dโun adulte sans pathologie dรฉterminรฉe.
Une majoritรฉ des patients rencontrรฉs dans ce stage en activitรฉ libรฉrale sont des enfants prรฉsentant une situation de handicap, avec ou sans รฉtiologie connue. Les difficultรฉs de Monsieur Dolet nโentraรฎnent ni une limitation dโactivitรฉ, ni une restriction de participation dans la sociรฉtรฉ.
De plus, sa demande est spontanรฉe. Ce critรจre influence la qualitรฉ de prise en charge notamment par le fait quโelle soit volontaire. Pour demander de lโaide, il faut percevoir voire accepter ses difficultรฉs.
Chez les enfants, la demande รฉmane souvent des parents. Ici, Monsieur Dolet exprime une gรชne et souhaite y remรฉdier. Son investissement est continu et cette conscience lui permet dโappliquer le travail rรฉalisรฉ en sรฉance dans sa vie quotidienne.
Pour favoriser lโinvestissement du patient dans son suivi, il est important de prendre en compte ses centres dโintรฉrรชts et ses prรฉfรฉrences en matiรจre dโactivitรฉs et de mรฉthodes de travail. En sโappuyant sur ces points, il est plus simple de solliciter son envie et donc de faciliter sa participation dans la prise en charge.
Le cadre est รฉgalement garant de la qualitรฉ du suivi proposรฉ. Il regroupe lโassiduitรฉ, la qualitรฉ de prรฉsence et le respect des rรจgles, critรจres pour lesquels le patient est autant concernรฉ que le professionnel.
Ici, Monsieur Dolet, le psychomotricien et moi-mรชme sommes les seuls acteurs. En revanche, dans dโautres prises en charge telles que pour des enfants ou des personnes dรฉpendantes, il est รฉgalement demandรฉ aux accompagnants de respecter le cadre.
LโINTERDEPENDANCE
Au sein dโune prise en charge, diffรฉrents acteurs entrent en jeu : les professionnels, le patient et, selon les situations, les accompagnants du patient.
Un acteur est ยซ celui qui joue un rรดle important, qui prend une part active ร une affaire ยป (ยซ Acteur ยป, s. d.) selon le CNRTL. Ces caractรฉristiques impliquent que chacun a un rรดle dรฉterminรฉ et reconnu par les autres, ce qui permet รฉgalement le droit dโexpression et de dรฉcision.
Le patient est lโacteur principal du suivi, il est au centre. Le projet thรฉrapeutique et les 37 sรฉances sโorganisent autour de ses besoins, de ses attentes et de ses intรฉrรชts. Une attention particuliรจre est accordรฉe au fait quโil accepte lui-mรชme cette prise en charge โ et non pas seulement les parents โ sinon son investissement sโen verra influencรฉ.
Lโรฉtymologie rรฉvรจle que ยซ dans le terme de patient, dรฉrivรฉ du latin pati, supporter, souffrir (par opposition lโagent), deux idรฉes sont prรฉsentes : la souffrance et la passivitรฉ ; le patient est celui qui pรขtit et qui subit lโaction de lโagent ยป (Lagrรฉe, 2004, p. 846). Lโidรฉe de souffrance correspond au mal รชtre subit par le patient, en lien avec des difficultรฉs ou des douleurs. Celle de passivitรฉ laisse entendre lโexistence du paternalisme mรฉdical, prรฉsent avant les annรฉes 2000, qui attribuait au mรฉdecin tous les savoirs. Aujourdโhui et ce depuis la loi du quatre mars 2002 nommรฉe loi Kouchner6, qui apporte au patient protection et droits en le positionnant en tant quโacteur de sa prise en charge, lโidรฉe dโune passivitรฉ tend ร disparaรฎtre.
รtre patient met en jeu trois critรจres :
– Une situation de dรฉpendance :
Le sujet se dirige vers un professionnel lorsque lui et son environnement quotidien (famille, amis) ne suffisent plus pour lโaider dans ses difficultรฉs. Le terme de dรฉpendance est ร comprendre en tant que contraire de lโindรฉpendance.
– Un besoin :
Avant de demander de lโaide, la personne concernรฉe tente dโabord de reconnaรฎtre voire dโidentifier ses difficultรฉs, puis il est question de les exprimer face ร une tierce personne jusquโici inconnue.
– Une certaine vulnรฉrabilitรฉ :
En demandant de lโaide, lโindividu nโest plus le seul responsable de son bien-รชtre. Par ce partage de responsabilitรฉ et de confiance, le professionnel avance aux cรดtรฉs du patient en prenant compte de son sentiment de fragilitรฉ (Marmilloud, 2019, pp. 69-75).
Les parents sont รฉgalement des acteurs de la prise en charge, ce sont ยซ le pรจre et la mรจre, collectivement (c’est la signification รฉtymologique et propre). Un enfant doit obรฉir
ร ses parents ยป et ยซ par extension, ceux de qui on descend ยป (ยซ Parent ยป, s. d.) selon le Littrรฉ. Biologiques ou adoptifs, ils reprรฉsentent une figure dโautoritรฉ de lโenfant.
Houzel (2002, pp. 63-69), pรฉdopsychiatre et psychanalyste franรงais, distingue trois axes dans la parentalitรฉ, terme qui correspond au fait dโรชtre parents :
– Lโexercice de la parentalitรฉ :
Dโun point de vue judiciaire, les parents ont des droits et des devoirs envers leur enfant tels que la sรฉcuritรฉ, lโรฉducation, les soins. Ils sont reconnus comme responsable de ce dernier au regard de la sociรฉtรฉ.
– Lโexpรฉrience de la parentalitรฉ :
Cette expรฉrience est subjective puisquโelle met en jeu le vรฉcu de chacun et est ร la fois consciente et inconsciente. Dans un premier temps sโobserve le dรฉsir dโavoir un enfant qui se distingue de lโacte sexuel en tant que source de plaisir. Dans un second temps arrive le fait de devenir parents, tant au niveau psychologique que judiciaire, en crรฉant une famille suite ร une naissance ou une adoption.
– La pratique de la parentalitรฉ :
Les parents jouent un rรดle dans la vie quotidienne de leur enfant, ils assurent les soins physiques (toilette, changes, alimentation) et ceux psychiques (satisfactions des plaisirs, protection, sรฉcuritรฉ). Ils soutiennent รฉgalement les capacitรฉs de communication de lโenfant avec son environnement notamment au travers des interactions comportementales, affectives, fantasmatiques et symboliques.
En tant que parents, demander de lโaide signifie reconnaรฎtre avoir besoin dโautrui pour aider leur enfant, cโest-ร -dire que leur seule aide ne suffit pas ou plus. Selon lโรขge et les compรฉtences du patient, ses parents lโaccompagnent en sรฉance voire mรชme y participent. Lโenjeu est double : conserver voire protรฉger leur rรดle et leur image de parents tout en autorisant un tiers ร prendre soin de leur enfant.
UNE PRISE EN CHARGE GLOBALE
LE PATIENT ET SON ENVIRONNEMENT
La psychomotricitรฉ offre une prise en charge globale du patient, cette globalitรฉ se retrouve dans lโimportance accordรฉe ร la mise en jeu du corps, aux modes et ร la qualitรฉ de communication, aux moyens dโadaptations ร lโenvironnement, et ร lโhistoire du patient. Pour cela, le psychomotricien prend en compte le patient et son environnement, et non pas seulement les symptรดmes mis en avant dans le motif de prise en charge.
Lorsquโil reรงoit un patient, un premier temps est consacrรฉ ร lโentretien dans lequel sโeffectue une prรฉsentation administrative du sujet concernant son identitรฉ, sa situation familiale, scolaire et/ou professionnelle et les รฉventuelles mesures judiciaires mises en place. Il comprend รฉgalement lโanamnรจse regroupant les antรฉcรฉdents mรฉdicaux, familiaux et personnels. Le motif de consultation en psychomotricitรฉ est abordรฉ, ainsi que les autres suivis existants ou ayant existรฉs.
La prise en charge psychomotrice ne consiste pas seulement ร travailler autour des symptรดmes prรฉsents, il est question dโarticuler ces รฉlรฉments sรฉmiologiques au sujet lui-mรชme dans sa personnalitรฉ, son comportement et son environnement. Un symptรดme seul nโexiste pas, il naรฎt, se dรฉveloppe et disparaรฎt chez un individu, dans un environnement et un contexte particulier.
Il est possible dโappliquer la lecture psychodynamique ร la psychomotricitรฉ, bien quโil sโagisse dโun concept psychanalytique : ยซ [โฆ] une lecture psychodynamique, qui observe et entend le symptรดme, non seulement comme une manifestation pathologique mais aussi comme une โโinventionโโ du sujet pour vivre, mรชme si cโest une invention peu adaptรฉe, voire totalement inadaptรฉe ยป (Potel, 2019, p. 238). Lโobjectif nโest pas dโanalyser les รฉvรจnements qui peuvent se jouer en sรฉance, mais de les intรฉgrer ร lโhistoire et ร lโenvironnement du patient.
Prendre en charge le patient dans sa globalitรฉ est รฉgalement ร mettre en lien avec les questions autour de lโรฉtendue et de la substance, prรฉsentes dรจs les dรฉbuts de la philosophie. Deux courants principaux sโopposent : le dualisme de Descartes ou de Platon qui dรฉfinit une relation entre le corps et lโesprit comme deux entitรฉs distinctes et, le monisme qui aborde plutรดt la matiรจre et la pensรฉe comme une seule et mรชme chose, avec lโabsence dโun lien de cause ร effet.
En ce qui concerne la pratique psychomotrice, il est possible de se rรฉfรฉrer ร la thรฉorie de Spinoza, philosophe nรฉerlandais, qui adopte plutรดt une vision moniste. ยซ La dualitรฉ de lโhomme nโest pas substantielle comme chez Descartes, mais expressive ยป (Busschaert et al., 2015, p. 210). Selon lui, la matiรจre et lโesprit sont indissociables lโun de lโautre pour dรฉfinir lโรชtre humain, ils correspondent ร diffรฉrents points de vue dโune seule et mรชme entitรฉ. Cela implique que ยซ tout ce qui affecte le corps affecte de fait la pensรฉe et inversement puisquโil sโagit dโune seule et mรชme rรฉalitรฉ. ยป (Busschaert et al., 2015, p. 210).
LโENGAGEMENT CORPOREL
Lors dโune sรฉance en psychomotricitรฉ, lโengagement corporel du patient nous apporte des informations sur sa maturation physique, physiologique et psychique. ยซ La psychomotricitรฉ intervient comme lโapproche du vรฉcu du corps et de la faรงon dont le sujet lโutilise pour entrer en relation avec lโautre. Elle a ainsi ร faire et affaire avec le schรฉma corporel, lโutilisation investie du corps, lโรฉmotion, le tonus, la perception vรฉcue du temps et de lโespace, lโharmonie de la maturation et la relation ร lโautre ยป (Ballouard, 2006, p. 7).
Dโun point de vue physiologique, la mise en mouvement du corps peut รชtre impactรฉe directement ou indirectement lors de difficultรฉs de rรฉgulation tonique (hypertonie, hypotonie, paratonie), des fonctions exรฉcutives (planification, inhibition, flexibilitรฉ mentale) ou de rรฉception des flux sensoriels (hypersensibilitรฉ, hyposensibilitรฉ, paresthรฉsie).
Des rรฉactions de prestance (impulsivitรฉ, inhibition) sont notamment observables chez certains patients, ou des difficultรฉs de rรฉgulation รฉmotionnelle (intolรฉrance ร la frustration, mauvaise intรฉgration des limites).
Bien que le patient puisse tenter de cacher partiellement ou totalement ses difficultรฉs, en limitant son flot de parole ou en investissant particuliรจrement lโaspect physique de sa personne par exemple, lโengagement corporel au travers de jeu permet de baisser ce niveau de vigilance et donc de mettre en avant ses difficultรฉs et capacitรฉs.
Le psychomotricien quant ร lui ne maintient pas une position dโobservateur au cours de la sรฉance, il met en jeu son corps au mรชme titre que son patient. Par la dรฉmonstration, lโimitation ou encore les explications, il lui propose un support sur lequel sโappuyer afin de favoriser lโinvestissement global du patient. Cโest au travers dโun รฉtayage corporel, verbal et psychique quโil lโaccompagne au cours de lโactivitรฉ.
Le psychomotricien, dans sa pratique comme dans sa rรฉflexion, part du corps de lโenfant, de sa motricitรฉ, de sa tonicitรฉ, de son implication corporelle et de lโinscription du corps dans lโespace. Dans ce dispositif thรฉorique, il intรจgre son propre corps, son propre investissement spatial, ses propres mouvements, sa propre tonicitรฉ, ses propres ressentis et รฉprouvรฉs corporels (Potel, 2019, p. 359).
Son corps habite lโespace par le biais dโactivitรฉs autour de lโimitation, de lโexpressivitรฉ corporelle, de dรฉmonstration ou de jeu en duel.
LA CONTENANCE
En psychomotricitรฉ, la mise en place du cadre thรฉrapeutique a pour objectif dโapporter une contenance au patient. Ce cadre fait rรฉfรฉrence aux premiรจres relations du nouveau-nรฉ avec la figure maternelle ainsi quโร la qualitรฉ sรฉcurisante de lโenvironnement. Lโenveloppe maternante ยซ est constituรฉe essentiellement par le thรฉrapeute en psychomotricitรฉ mais aussi par les parents qui peuvent รชtre prรฉsents et actifs en sรฉance, ainsi que par le matรฉriel, le lieu, le temps de la thรฉrapie ยป (Labalette, 1989, p. 21). Le cadre est mis en place par le professionnel, il le respecte tout autant que le patient et les proches afin dโassurer une sรฉcuritรฉ โ physique et psychique โ au suivi.
UNE ENVELOPPE MATERNANTE
RELATION PRIMAIRE
In utero, le fลtus est contenu physiquement et psychiquement dans le ventre de sa mรจre, il est bercรฉ par ses rythmes biologiques et sa mise en mouvement dans le monde environnant. Dans ses premiรจres annรฉes de vie, le petit a besoin de ce sentiment de contenance pour se dรฉvelopper, sous lโลil bienveillant et sรฉcurisant de ses parents. En grandissant, cette qualitรฉ contenante va permettre ร lโenfant de construire son identitรฉ grรขce aux ressentis de stabilitรฉ et de soliditรฉ. Le sentiment de contenance est prรฉsent dรจs les premiers instants de vie du nourrisson, notamment par le holding et le handling dรฉfinis par Winnicott, pรฉdiatre et psychanalyste britannique. Dans sa ยซ thรฉorie de la relation parent-infans ยป il attribue le terme de holding au portage physique de lโenfant, adaptรฉ aux besoins ยซ de la sensibilitรฉ de la peau de lโenfant (toucher, tempรฉrature) mais รฉgalement de sa sensibilitรฉ auditive, visuelle, ainsi que de sa sensibilitรฉ ร la chute (effet de la pesanteur) ยป (Lehmann, 2007, p. 173), ce qui ajoute une composante psychique au portage. Quant au handling, il correspond aux soins apportรฉs ร lโenfant ainsi quโaux touchers affectifs apportรฉs par la figure maternelle ou les soignants.
Cette fonction contenante, dรฉpendante de lโenvironnement, permet au bรฉbรฉ de rรฉaliser de premiรจres expรฉriences amenant ร la continuitรฉ dโexistence et ร lโunicitรฉ du corps, nommรฉe self par Winnicott. La ยซ mรจre suffisamment bonne ยป rรฉpond aux besoins de son enfant par ce portage et ces soins, il sโagit alors dโun premier mode de communication permis grรขce au dialogue tonique. Les diffรฉrentes stimulations apportรฉes sont soutenues par un sentiment de sรฉcuritรฉ physique et psychique, appelรฉe รฉgalement sรฉcuritรฉ affective.
En grandissant, cette sรฉcuritรฉ interne amรจne peu ร peu la distinction entre le soi et le non-soi, ce qui va amener progressivement lโenfant ร se dรฉtacher de sa mรจre, suite ร un dรฉveloppement suffisamment bon, et ร dรฉcouvrir son environnement diffรฉremment.
Le nourrisson, avant mรชme dโรชtre contenu dans les bras de sa mรจre est contenu par sa peau. Elle reprรฉsente ร la fois une enveloppe physique et psychique, dรฉlimitant un dedans et un dehors. Cette enveloppe physique correspond au plus grand organe du corps humain puisquโelle le recouvre dans sa totalitรฉ. Elle prรฉsente diverses fonctions nรฉcessaires au bien-รชtre de lโorganisme telles que la fonction de protection contre les agressions de lโextรฉrieur, de rรฉgulation concernant la tempรฉrature du corps, de sรฉcrรฉtion par lโรฉlimination de certains dรฉchets, de sensorialitรฉ grรขce ร ses nombreux rรฉcepteurs, de transmission par son importante vascularisation et de communication notamment dans lโexpression des รฉmotions.
D. Anzieu, psychanalyste franรงais, dรฉveloppe la notion dโenveloppe psychique quโil nommera ยซ le Moi-peau ยป, pour laquelle ยซ le concept du Moi-peau met en รฉvidence lโimportance des expรฉriences sensorielles vรฉhiculรฉes dans une relation dโattachement positif, de maternage et de communication pour la constitution du Moi psychique ยป (Labalette, 1989, p. 21).
Dans ses premiers mois de vie, le nouveau-nรฉ ne fait pas de distinction entre le soi et le non-soi, il existe une fusion entre lui et son environnement.
Lโinfans acquiert la perception de la peau comme surface ร lโoccasion des expรฉriences de contact de son corps avec le corps de la mรจre et dans le cadre dโune relation sรฉcurisante dโattachement avec elle. Il parvient ainsi non seulement ร la notion dโune limite entre lโextรฉrieur et lโintรฉrieur mais aussi ร la confiance nรฉcessaire ร la maรฎtrise progressive des orifices, car il ne peut se sentir en confiance quant ร leur fonctionnement que sโil possรจde, par ailleurs, un sentiment de base qui lui garantisse lโintรฉgritรฉ de son enveloppe corporelle. (D. Anzieu, 1985, p. 37).
Cโest suite aux diverses sensations venues de lโextรฉrieur, de lโintรฉrieur et, notamment par la prรฉsence suffisamment bonne de sa mรจre, quโil va pouvoir sโidentifier lui et se construire en tant quโindividu unique et diffรฉrenciรฉ des autres.
LโENVIRONNEMENT SECURE
Les qualitรฉs de la relation primaire รฉvoquรฉes ci-dessus mettent en avant le besoin dโune sรฉcuritรฉ de base, apportรฉe chez le nouveau-nรฉ par la mรจre. A sa naissance, le bรฉbรฉ est dรฉpendant physiquement (nourrissage, habillage, dรฉplacements) et psychiquement (limite soi/non-soi, dehors/dedans). La mรจre apporte une stabilitรฉ physique au travers du dialogue tonique ainsi quโune sรฉcuritรฉ interne par sa vigilance et lโadaptation de ses rรฉponses aux besoins de son enfant.
In utero, le fลtus se trouve dans un lieu sรฉcurisรฉ et sรฉcurisant : le ventre de sa mรจre.
Cette enceinte lui offre diffรฉrentes protections : le liquide amniotique dans lequel il baigne amorti ses mouvements, la peau de sa mรจre constitue une paroi entre lโextรฉrieur et son habitat et les mouvements de cette derniรจre peuvent parer certaines attaques extรฉrieures.
A sa naissance, le bรฉbรฉ se retrouve face โ de faรงon directe cette fois-ci โ aux รฉventuelles agressions de lโenvironnement. A cet รขge, il nโest pas encore capable de sโen protรฉger physiquement et mentalement, il est dรฉpendant de quelquโun. Selon Bowlby, psychiatre et psychanalyste britannique, le nouveau-nรฉ choisi une figure dโattachement ร laquelle il fait appel par des cris, des rรฉactions physiologiques ou des recrutements toniques lorsquโil se sent en danger suite ร des menaces externes ou internes faisant rรฉfรฉrences aux besoins physiologiques.
ยซ La figure dโattachement fonctionne, en principe, comme un havre de sรฉcuritรฉ, une source de rรฉconfort et de protection dans un contexte dโactivation physiologique ou de menace environnementale, et comme base de sรฉcuritรฉ pour lโexploration ยป (Tereno et al., 2007, p. 152). Cette sรฉcuritรฉ apportรฉe par la figure dโattachement, appelรฉe sรฉcuritรฉ de base puisquโelle rรฉpond aux besoins primaires de lโenfant, est รฉgalement favorable aux expรฉriences car il sait quโen cas de danger imminent cette personne va intervenir.
La figure dโattachement primaire correspond le plus souvent ร la mรจre, puisquโelle passe beaucoup de temps aux cรดtรฉs de son enfant, notamment pour assurer les fonctions de holding et de handling. Elle est hypervigilante aux rรฉactions de son bรฉbรฉ et tente de lui apporter des rรฉponses adaptรฉes. Il se peut que celle-ci ne soit disponible au moment oรน le bรฉbรฉ en a besoin, cโest pourquoi il existe pour lui une ou des figures dโattachement secondaires, quโil sollicite alors. En revanche, dans certaines situations, lors dโune menace trรจs intense, il est possible que le nouveau-nรฉ ne retrouve pas sa sรฉcuritรฉ interne si la figure dโattachement primaire nโintervient pas. Elle est prรฉfรฉrรฉe aux autres.
Face aux expressions de son bรฉbรฉ, notamment dans lโinfans, cโest-ร -dire lorsque lโenfant nโa pas encore acquis le langage, la figure dโattachement lui apporte des rรฉponses basรฉes sur des hypothรจses quโelle construit au fil de la situation. Par exemple lorsquโil pleure, il sโagit peut-รชtre quโil a faim, quโil est fatiguรฉ ou, quโil a mal quelque part. Etant donnรฉ quโil nโest pas encore habilitรฉ ร mettre en mot ce quโil ressent, la figure maternante interprรจte ce quโil exprime corporellement ou au niveau verbal (ร diffรฉrencier du langage) afin de le calmer.
Selon Bion (1979), psychiatre et psychanalyste britannique, cette transformation correspond ร la fonction alpha. Il dรฉcrit les รฉlรฉments-alpha comme des impressions captรฉes par les sens suite ร une expรฉrience et qui engendrent une รฉmotion suite ร leur conscientisation. A contrario, les รฉlรฉments-bรชta correspondent ร des impressions qui ne sont pas transformรฉes et ne peuvent donc atteindre la conscience. De ce fait, elle ne dรฉclenche pas dโรฉmotions et peuvent, par leur incomprรฉhension, provoquer de lโangoisse.
Cette angoisse sโexplique par le fait que la rรฉalitรฉ interne du bรฉbรฉ diffรจre de la rรฉalitรฉ extรฉrieure. Les รฉlรฉments-bรชta รฉtant dรฉstabilisant pour lui, puisquโil se retrouve perturbรฉ par des impressions qui restent incomprรฉhensibles, sont communiquรฉs ร la figure dโattachement.
ยซ Durant le sรฉjour dans le bon sein [la mรจre], ils [les รฉlรฉments bรชta] sont ressentis comme ayant รฉtรฉ modifiรฉs de telle sorte que lโobjet qui est rรฉintrojectรฉ apparaรฎt tolรฉrable ร la psychรฉ du nourrisson ยป (citรฉ par Bronstein, 2012, p. 770). La figure dโattachement rรฉceptionne, transforme puis exprime, permettant ainsi ร son enfant de retrouver une sรฉcuritรฉ interne. Elle remanie ces informations non digรฉrรฉes au travers de ses rรฉactions toniques, de ses expressions faciales ainsi que par les mots quโelle met dessus en donnรฉes acceptables pour le bรฉbรฉ.
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Table des matiรจres
Partie clinique
I. Les dรฉbuts dโune vie
A. Anamnรจse et prรฉsentation dโAdrien.
B. Rencontres avec Adrien.
1. Premiรจre sรฉance.
2. Six mois plus tard.
C. Dynamique relationnelle.
1. En deรงร du dialogue verbal.
2. Lโintรฉgration des proches dans la prise en charge.
II. Une quรชte de rรฉponses
A. Prรฉsentation et anamnรจse dโEliott
B. Rencontres avec Eliott.
1. Premiรจre sรฉance.
2. Quatre mois plus tard.
C. Dynamique relationnelle.
1. Au-delร de lโagitation.
2. Lโacceptation dโun parcours de soin.
III. Du lรขcher prise
A. Prรฉsentation et anamnรจse de Monsieur Dolet.
B. Rencontres avec Monsieur Dolet.
1. Premiรจre sรฉance.
2. Trois mois plus tard.
C. Dynamique relationnelle.
1. Le lรขcher prise.
2. Une demande particuliรจre.
Partie thรฉorie
I. Des liens de partage
A. De la relation ร la relation thรฉrapeutique.
1. La relation.
2. La rรฉciprocitรฉ.
3. Lโinterdรฉpendance.
B. Une prise en charge globale.
1. Le patient et son environnement
2. Lโengagement corporel.
II. La contenance
A. Une enveloppe maternante.
1. Relation primaire.
2. Lโenvironnement sรฉcure.
B. Le cadre thรฉrapeutique.
1. Le cadre physique.
2. Le cadre psychique.
III. Lโinteraction
A. Le dialogue.
1. Dialogue tonique.
2. Dialogue tonico-รฉmotionnel.
3. Dialogue verbal.
4. Dialogue langagier.
B. Une qualitรฉ dโรฉchange.
1. Lโobservation.
2. Lโรฉcoute.
3. Lโempathie.
Partie discussion
I. Dans lโici et maintenant
A. Offrir ร chacun.
1. Proposer des repรจres : un contenant.
2. Favoriser les expรฉriences : le contenu.
B. Permettre ร chacun.
1. Un espace commun.
2. Un espace pour soi, un espace pour nous.
II. Entrer en relation
A. La confiance dans la relation.
1. Intรฉgrer une tierce personne.
2. รtre ร lโรฉcoute.
B. Partager les rรดles.
1. Le patient acteur de sa prise en charge.
2. Lโimplication du psychomotricien.
Conclusion
Bibliographie
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