Le pastoralisme en afrique de l’ouest de 1900 á nos jours

Apparu dans le Sahara préhistorique, le pastoralisme peut être défini comme un mode d‟élevage basé sur la mobilité et l‟utilisation des ressources variables dans le temps et dans l‟espace . Il est également considéré comme l‟une des plus anciennes activités de l‟homme. Ainsi, la mobilité, le temps et l‟espace sont les bases fondamentales du pastoralisme. La mobilité est l‟élément inéluctable du pastoralisme. En ce sens, Rolant Hammel pense d‟ailleurs qu‟ « elle représente donc l‟aspect fondamental de mécanismes complexes d‟adaptation à des ressources imprévisibles et dispersées » . Le pastoralisme s‟observe, dans ce cas précis, à travers une production extensive du bétail utilisant les pâturages et les terrains de parcours dans les zones arides et semi-arides. Oussouby Touré le définit comme « un mode d‟élevage consistant à assurer la production et l‟entretien des animaux domestiques grâce principalement, à l‟exploitation mobile des ressources naturelles herbagères et arbustives par le bétail sur des terres non cultivées » .

Il est cependant nécessaire de faire la distinction entre le pastoralisme et l‟élevage. Ces derniers prêtent parfois, pour ne pas dire souvent, à confusion. En effet, le pastoralisme est inclus dans l‟élevage. De ce fait, le pastoralisme est différent de l‟élevage intensif (l‟élevage intensif revoie à un mode d‟élevage dont les rendements dépendent des progrès zootechniques par le biais de l‟amélioration des races) qui ne jure que par le profit et la production en masse. Selon Oumar Kane « l‟élevage répond d‟abord à une préoccupation alimentaire contrairement au pastoralisme qui répond à un besoin social et culturel plus grand » .

En Afrique, plus particulièrement dans l‟Ouest africain, le pastoralisme occupe une place secondaire sinon marginale dans les politiques de développement. Pour certains gouvernants, l‟élevage extensif n‟a plus sa raison d‟être parce qu‟il est archaïque et improductif. Ils prônent « un mode de vie agricole plus intensif et systématique » . Pour d‟autres, le pastoralisme est irrationnel et constitue un facteur limitant tant sur le plan économique que social. Ainsi, les pouvoirs étatiques ne jurent que par la modernisation de cette activité tout en décourageant la vie pastorale. Partout en Afrique de l‟Ouest des politiques pastorales ont accompagné cette logique étatique bien qu‟elles n‟ont pas été couronnées de succès dans leur quasi-totalité.

De la colonisation aux indépendances, le pastoralisme à travers ses systèmes, son organisation socio-politique et socio-économique, a connu des transformations sans précédent qui l‟ont conduit à sa situation actuelle c‟est-à-dire de crise. Le pastoralisme peut-il être un vecteur de développement à la fois politique, économique, et social ? Répondre à une telle interrogation suppose au préalable une connaissance approfondie sur le mode de vie des communautés pastorales. De cette manière, par quel biais les communautés pastorales notamment celles des Peuls étaient-elles organisées ? Comment les systèmes pastoraux traditionnels fonctionnaient-ils ? Pour mieux appréhender les différentes phases d‟évolution et de transformation du pastoralisme, il est impératif de faire un détour c‟est-à-dire de remonter jusqu‟à la période coloniale, voire précoloniale. Ce passage est la voie obligée pour comprendre non seulement le mode de vie des pasteurs, mais aussi leurs attitudes et activité afin de pouvoir répondre aux précédents questionnements. Elle permettra également d‟évaluer la situation actuelle, de déterminer les enjeux, et les défis du pastoralisme.

Dans la seconde moitié du XIX siècle, l‟Afrique de l‟Ouest tomba sous le joug colonial. Ce terme désigne la période de la domination européenne sur le continent africain. Le partage du « gâteau » africain a été décidé lors de la conférence de Berlin (23 novembre 1884 au 13 février 1885). L‟Afrique entière, à l‟exception de l‟Éthiopie et du Liberia, sera sous tutelle jusqu‟aux années dix neuf cent soixante. Il est nécessaire ainsi de se demander comment les communautés pastorales ouest africaines vont-elles réagir face aux législations coloniales ? Après la conquête et l‟occupation des terres, l‟administration coloniale inaugura une nouvelle phase dans l‟organisation et l‟administration des territoires sous domination. En effet, considérant les terres ouest africaines comme « vacantes et sans maitre » , sans propriété, le nouveau maître du continent initia une série de réformes qui va grandement affecter les systèmes pastoraux traditionnels au XX siècle et XXI siècle. C‟est ainsi que la délicate question de la propriété foncière qui autrefois reposait sur les droits coutumiers fut tranchée donnant naissance à un régime foncier propre aux colonies. Le nouveau régime foncier reposait sur trois aspects à savoir la « présomption de domanialité de l‟État sur les terres considérées comme vacantes et sans maitre, la création de la propriété par l‟immatriculation et les titres fonciers coutumiers » et « les procédures de constatations des droits fonciers coutumiers sur déclarations individuelles » . Dans l‟Afrique traditionnelle, la terre était considérée comme le bien de tous, une propriété commune relevant soit de la gestion du groupe ou d‟un libre accès. C‟est-à-dire elle appartenait à toute personne qui la mettait en valeur.

Par ce nouveau régime foncier, nous entendons l‟accaparement et la privatisation des terres de l‟AOF par l‟administration qui devient le propriétaire. Cependant, ce régime va être plus souple en connaissant de légères modifications notamment par le biais d‟un décret de 1955 . C‟est dans cette politique d‟administration, de mise en valeur des colonies que les communautés pastorales se sont retrouvées entre le marteau et l‟enclume. Les communautés pastorales se retrouvèrent dans un labyrinthe territorial à l‟atmosphère polluante dans lequel l‟organisation socio-politique et socio-économique sera bafouée. Les droits fonciers confisqués et la mobilité pastorale restreinte. En outre cette période constitue la toile de fond d‟un programme sanitaire dont la primauté était d‟ordre économique. L‟administration coloniale se souciait beaucoup plus du rendement afin de disposer des valeurs direct et indirect du cheptel nécessaire à sa consommation.

La période postcoloniale a-t-elle pris le contre-pied de la période coloniale ? Ainsi, les nouvelles dynamiques territoriales et les politiques de réforme dans l‟Ouest africain suiventelles la courbe coloniale et/ou prennent-elles en compte le sort du pastoralisme ? Notre hypothèse consistera à démontrer que les nouveaux États indépendants pour la plupart n‟ont fait qu‟empirer la situation du pastoralisme le plongeant ainsi sur une longue période d‟agonie dans laquelle il sera très difficile de le faire sortir quoique possible. Bien qu‟amorcée depuis la période coloniale, les réformes postcoloniales l‟ont conduit à une chute libre mettant fin à l‟organisation sociale des pasteurs nomades et la mise en place de nouvelles politiques dérisoires sous le prétexte d‟un besoin d‟union nationale et d‟un développement intégré. En réalité, les États indépendants n‟ont fait qu‟enfermer davantage les communautés pastorales notamment les Peuls dans une logique étatique qui n‟est que la continuité et l‟aboutissement de la politique coloniale. Cette dualité concerne, d‟une part, la logique étatique et la logique populaire, d‟autre part.

Les Sources d’Archives

Nous avons consulté entre autres :
La Série G, notamment les sous série 2G et 18G, du Gouvernement Général de l‟Afrique Occidentale Française. La première sous série renferme des rapports périodiques de 1865 à 1940 sur les questions de l‟élevage, de l‟agriculture et des forêts. Nous avons pu obtenir quelques informations sur les politiques sanitaires des animaux, celles hydrauliques, les abatages des animaux, les exportations et importations (viandes, peaux, cuirs, etc.) mais aussi les estimations du cheptel des colonies de l‟AOF de 1909 à 1940. Même si nous avons pu constater que les estimations sur le cheptel n‟étaient pas une chose aisée. Cela est dû à un ensemble de facteurs (Voir Deuxième Partie : Chap. I). La seconde sous série traite des affaires administratives de l‟AOF. Les documents relatifs aux textes de loi sur l‟organisation de l‟AOF et de l‟AEF, l‟organisation administrative ont plus attiré notre attention. Bien que la série G nous a été d‟une grande utilité. Elle nous a permis quand même d‟avoir une vue d‟ensemble sur l‟évolution du cheptel Ouest africain, les mesures prises contre les maladies animales, et les différents textes et lois sur le foncier. Cependant, elle ne nous a pas permis tout de même d‟appréhender l‟importance et la rationalité du pastoralisme dans ces colonies.

La série R est relative à l‟Agriculture, l‟Élevage, Eaux et forêts, Péche en AOF de 1820 à 1959. Nous nous sommes particulièrement intéressé à la sous-série 2R relative à l‟élevage. Elle offre une étude sur la médecine vétérinaire, les différentes mutations intervenues dans ce secteur, la police sanitaire des épizooties. Cette sous-série traite largement de la santé animale. Par contre, elle renferme peu d‟informations sur les systèmes pastoraux, l‟activité et le mode de vie de ces peuples, et les rapports existant avec le milieu.

La série D, relative aux affaires politiques et administratives, renferme les sous séries 10D1 et 11D1. La première sous série fait référence aux affaires politiques et administratives. Elle aborde à la fois les faits socio-politiques et économiques tels que les incidents entre Maures et habitants de Dimar 1928-1930, le programme de la mise en valeur du fleuve Sénégal et dans le Ferlo, etc. La seconde sous série, plus intéressante en ce qui nous concerne, traite entre autres les propriétés foncières, de la justice : tribunaux et jugement de divers litiges 1950-1959, de l‟élevage et inspection vétérinaire, de l‟Union des peulhs, etc. La série D nous a fourni, dans l‟ensemble, des informations même si les données sont difficilement exploitables à cause de la dégradation des documents. De l‟ensemble des séries consultées (G, D, R), il se dégage clairement la vocation économique du pastoralisme aux yeux de l‟administration coloniale à travers les estimations du cheptel pour mieux prélever les taxes, les politiques sanitaires des épizooties et de l‟amélioration des races afin de disposer suffisamment de viande non contaminée, du lait saint, de bonnes peaux et cuirs destinés soit à la consommation soit à la vente.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
I- DÉFINITION ET JUSTIFICATION DU SUJET
II- PROBLÉMATIQUEET HYPOTHESES
III- LA CRITIQUE DES SOURCES
IV- MÉTHODOLOGIE
V- PLAN
PREMIERE PARTIE : ORGANISATION, FONCTIONNEMENT ET TECHNIQUES PASTORLES
CHAPITRE I : ORGANSISATION DES SOCIETES PASTORALES PEULES
I- L‟ORGANISATION SOCIO-POLITIQUE
II- L‟ORGANISATION SOCIO-ÉCONOMIQUE
CHAPITRE II: LES TECHNIQUES PASTORALES
CHAPITRE III : FONCTIONNEMENT DES SYSTEMES PASTORAUX
DEUXIÉME PARTIE : SITUATION DU PASTORALISME ET CONFLITS PASTORAUX
CHAPITRE I : SITUATION DU PASTORALISME A L‟EPOQUE COLONIALE
CHAPITRE II : A L‟EPOQUE POSTCOLONIALE
CHAPITRE III : LES CONFLITS PASTORAUX
CONCLUSION
RÉFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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