Le passage d’une conception capitaliste à la théorie de la baisse tendancielle des taux de profit

Depuis une quarantaine d’années, le processus de la croissance est au centre du débat économique. Les économistes possèdent la volonté de compréhension et d’explication et à ce titre aboutissent à des modélisations parfois abstraites et techniques. D’ores et déjà, la discussion est centrée sur les sources ou les déterminants réels de la dynamique économique et sur les procédures pour l’obtention d’une croissance auto-entretenue à long terme.

La croissance, signifiant une augmentation soutenue, pendant une longue période de la production d’un pays, se distingue de la notion développement. Adam Smith(1776) ou avant lui, François Quesney ne se posait pas cette question. A partir du XXe siècle, les économistes, dans un nouveau contexte, vont se demander de manière récurrente la possibilité d’expliquer la croissance. Cependant, les explications se sont avérées, pendant très longtemps insuffisantes. Les analyses traditionnelles étaient partielles et vite inadaptées. Quant aux tentatives d’analyse quantitative, malgré la mise en évidence du progrès technique, elles n’ont pas amené à toutes les réponses. Par la suite, une récente orientation de la réflexion part vers une analyse plus endogène du phénomène de croissance.

Une nouvelle ère entre avec l’innovation conduisant à une croissance cyclique sur le long terme. Cependant, à la recherche d’une croissance illimitée Harrod et Domar (1939- 1946) fondent un modèle se basant sur les conditions d’obtention de cet objectif. Toutefois, cette croissance présente sa nature instable. D’où l’intervention de Solow, insistant sur la croissance stable en raison de la combinaison productive flexible. En outre, le modèle ne néglige pas l’apport du progrès technique et de la hausse de la population pourtant il les laisse hors de la sphère économique.

L’ORIGINE DU CONCEPT « CROISSANCE » 

Jusqu’ici, les manuels de la théorie économique, de l’histoire de la pensée économique et de l’histoire des faits économiques, font remonter les origines de la croissance à la première révolution industrielle. Le thème de la croissance voyait le jour après la vision optimiste d’Adam Smith en vertus de la division du travail(1776), et réapparaîtra au XIXe siècle dans les travaux de Malthus (1796), Ricardo (1817) et Marx (1844). Il faudra cependant attendre le XXe siècle et les années 50 pour connaitre le véritable succès des modèles théoriques de la croissance. Les modèles d’Harrod-Domar (1939-1946) et de Solow(1956) ont introduit un véritable débat sur la question de la croissance équilibrée.

le passage d’une conception capitaliste de la croissance à la théorie de la baisse tendancielle du taux de profit 

Depuis plus de deux siècles, ces économistes s’interrogent sur les causes de la croissance. Malthus (1796), Ricardo (1817), Marx (1844) écrivaient au commencement de la révolution industrielle. Ils ont une idée commune sur le non durabilité de la croissance. Ce fait s’explique par la convergence de la production vers un état stationnaire. Autrement dit, à un moment donné la production se stagne. Sur quoi se fonde la nature instable de la croissance en temps des classiques et en ceux des marxistes ?

Avec Ricardo (1817), l’état stationnaire est le produit des rendements décroissants des terres cultivables. T. Malthus (1796) le lie plutôt au « principe de la population ». Par ailleurs, Adam Smith (1776), évoque la possibilité d’une croissance ininterrompue, dans son étude des effets de productivité induits par le développement de la division de travail. Selon Marx (1844), la baisse tendancielle des taux de profit limite la croissance.

La division internationale d’Adam Smith (1776) 

Adam Smith, père fondateur du libéralisme économique basait ses études sur l’origine de la croissance économique. Dans ses Recherches sur la nature et les causes de la Richesse des Nations A.Smith(1776), met en évidence le rôle de la division du travail (surplus, marché, gains de productivité) comme facteur de croissance. Cette division du travail se trouve renforcée par la participation du pays au commerce international forgée dans la théorie des avantages absolus. L’optimisme de Smith apparaît à travers les traits d’une croissance illimitée. Tant qu’elle dure, on peut étendre la division du travail et le marché.

a) La division de travail
De la division du travail découle tant d’avantages qui permettent d’augmenter les performances de l’industrie et des rendements. Néanmoins, Adam Smith indique que la division du travail est limitée par la taille du marché. Elle se repose sur la physionomie des transports. La croissance économique peut donc être liée à la croissance de la taille des marchés, elle-même dépendant de l’implication du pays dans le commerce international.

b) La théorie des avantages absolus
Adam Smith (1776) parle de l’avantage absolu afin de décrire les faits où un pays se doit de produire plus qu’il ne consomme. Par conséquent, le surplus obtenu sera destiné à l’exportation et ledit pays effectuera une importation de bien que d’autres pays produisent mieux que lui. Ainsi, on assistera à un élargissement des marchés, à une baisse des prix et donc d’un accroissement de l’épargne, et surtout à une division de travail accentuée. L’origine des courants commerciaux se situe alors dans les différences de coûts de production pour chaque partenaire à l’échange. Un pays exporte les biens qu’il produit à un coût inférieur vers un autre pays du monde et s’engage ensuite à importer les biens qu’il produit à un coût supérieur. Autrement dit,un pays ne doit pas hésiter à acheter à l’extérieur ce que les producteurs étrangers peuvent produire à meilleur compte que les producteurs nationaux. Un pays a un avantage absolu sur le produit s’il vend un certain produit à un prix moindre que ceux des autres pays. Ce genre de raisonnement présente une limite relativement fréquente car on aboutirait à une conclusion surprenante. Si un pays peut produire à un moindre coût et sans limitation de volume tous les biens dont a besoin un autre pays, celui-ci aurait tout intérêt à tout lui acheter et n’aurait rien à lui vendre en retour. Une telle situation est inconcevable puisque l’ouverture à l’échange conduit à l’impossibilité de l’échange. Malthus (1796) trouve d’autre conception .

Le principe de population de Thomas Malthus (1796)

Contrairement à Adam Smith, dans son Essai sur le principe de population (1796), Malthus T. (1796) considère une croissance limitée en raison de la démographie galopante. Et son origine est assimilée au réinvestissement productif de surplus. Il attribue la misère en Angleterre au décalage entre deux lois à savoir la loi de progression arithmétique des subsistances et la loi de progression géométrique. La sortie de cet état passe par la mortalité, la baisse de la natalité et le célibat. Quelle es la vision de Ricardo(1817) ?

Les rendements décroissants de David Ricardo (1817) 

David Ricardo soutient l’idée de Thomas Malthus dans ses principes de l’économie politique et de l’impôt (1817). Il souligne que la croissance est limitée non pas par la démographie mais par la loi des rendements décroissants.

La loi des rendements décroissants
La valeur ajoutée se répartit entre trois agents :

• Les propriétaires fonciers :
Ils reçoivent de la rente pour l’exploitation de leur terre. Or, plus on use les terres moins elles sont fertiles. La rente désigne alors la quantité de travail nécessaire pour produire sur la terre moins fertile. On attribue une rente égale à zéro pour la terre la moins fertile. Autrement dit, la rente est fonction croissante de la fertilité et les différences de fertilités conditionnent son existence. Il est à noter que la rente tend à augmenter en période de croissance en raison de l’existence des besoins élevés et de la mise en culture des terres à productivités dégradantes.
• les salariés :
L’ouvrier vit et assure l’entretien de ses descendants avec le prix naturel ou salaire. Ce salaire provient des prix de biens nécessaires à la survie de l’ouvrier et de sa famille et peut varier selon les périodes. D’où l’appellation « minimum sociologique ». Le prix courant par contre désigne le salaire fixé en fonction du jeu de l’offre et de la demande sur le marché du travail. Il se rapproche du prix naturel en dépit de la croissance qui peut être favorable aux salariés car pendant cette période le salaire se fixe à un prix courant supérieur au prix naturel.
• les capitalistes :
Selon Ricardo, chaque entrepreneur essaie de placer son capital de la manière la plus avantageuse. Il faut, à l’occurrent, tenir compte des taux de profits. D’après Ricardo (1817), plus les salaires s’accroissent, plus les profits s’abaissent. Or, on a pu constater ci-dessus que, les salaires dépendent du prix des biens et faisant ainsi appel à la rente. En conclusion, plus la rente est élevée, moins le profit est important. Pour ainsi dire, la croissance provoque un état stationnaire car elle fait augmenter la rente et diminuer le profit.

Les propriétaires fonciers, salariés et le capitaliste perçoivent respectivement de la rente foncière, du salaire de subsistance et du profit. Précisons que le profit des capitalistes est résiduel, c’est-à-dire qu’il intervient une fois le salaire et la rente foncière payés. Lorsque la population s’accroît, il convient d’augmenter la production agricole. Or les nouvelles terres mises en culture sont de moins en moins productives. Le coût de production va donc s’élever, entraînant inévitablement la hausse des salaires et de la rente foncière. Les profits vont se réduire jusqu’au moment où les capitalistes ne seront plus incités à investir. L’économie atteint la situation d’état stationnaire. Afin de retarder cette situation, Ricardo a préconisé d’augmenter les gains de productivité dans l’agriculture. Et cela grâce au progrès technique et au commerce international avec la théorie des avantages comparatifs.

La théorie des avantages comparatifs 

Un avantage comparatif est un avantage d’efficacité de production dans une activité économique. David Ricardo (1817) était contre l’idée d’ « avantage absolu » d’Adam Smith (1776). Selon lui, tout pays peut se doter d’avantage comparatif en se spécialisant. La théorie économique démontre qu’un pays gagne toujours à se spécialiser et ceci, compte tenu de sa situation initiale à l’égard de ses concurrents ou de son inefficacité dans tous les domaines. L’avantage comparatif repose donc sur le même principe que celui des qualifications professionnelles dans le monde de l’entreprise. Autrement dit même si une personne est très qualifiée, il peut faire le travail d’une personne non qualifiée. En revanche, l’entreprise n’a pas intérêt à ce qu’elle le fasse. Inversement, si une personne non qualifiée fait moins bien le travail d’une personne qualifiée, elle gagne à se concentrer sur ce qu’elle sait faire le mieux. L’avantage comparatif peut être d’origine naturelle ou artificielle. Chaque pays peut avoir accès aux ressources naturelles tels que des matières premières, des espaces cultivables ou l’ensoleillement de paysage, des facteurs humains. Ils peuvent aussi avoir accès au degré de développement scientifiques et technologique, aux avantages procuré par la richesse et le capital, aux préférences de consommations de la population, aux caractéristiques sociologiques et aux conditions de réglementation des activités économiques.

Selon Adam Smith (1776), l’essentiel de la richesse n’est pas d’accumuler les métaux précieux mais de permettre la liberté du commerce entre les nations. Dès lors, les interventions des exportations ne conduisent pas à une division optimale de travail. Un pays doit donc se spécialiser dans le type de production où il est le plus efficace. Cette doctrine d’avantage absolu est affinée par Ricardo avec la théorie de l’avantage comparatif affirmant qu’un pays doit se spécialiser dans les produits où son désavantage est le plus faible.

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Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : L’ORIGINE DU CONCEPT « CROISSANCE »
Chapitre1 : le passage d’une conception capitaliste à la théorie de la baisse tendancielle des taux de profit
– La division internationale d’Adam Smith (1776)
– Le principe de population de Thomas Malthus (1796)
– Les rendements décroissants de David Ricardo (1817)
– La destruction du capitalisme selon Marx (1844)
Chapitre2 : Schumpeter (1911) et le rôle de l’entrepreneur
Chapitre3 : la croissance illimitée mais instable chez les post-keynésiens
– L’analyse de Harrod-Domar (1939-1946) et les taux de croissance
– Domar et le taux constant
– L’instabilité de la croissance chez Harrod
Chapitre4 : Le modèle néoclassique de la croissance : l’approche de Solow (1956)
– Le modèle de SOLOW et la pensée post-keynésienne
– Hypothèses et objet de Solow
Deuxième partie : LA NOUVELLE THEORIE DE LA CROISSANCE OU LA CROISSANCE ENDOGENE
– Chapitre1 : le rôle du capital humain avec Lucas (1988)
– Cadre conceptuel du capital humain
– Capital humain et la croissance chez Lucas
Chapitre2 : le capital technologique de Romer (1986), le learning by doing, et les externalités
– Les externalités et la recherche-développement
– Learning by doing (apprentissage par la pratique)
Chapitre3 : le capital public de Barro (1990) : système de brevet
– Les brevets et les innovations
Chapitre4 : le modèle de la croissance endogène : le non convergence, la croissance auto-entretenue et modèle purement macroéconomique
– les apports et les implications du modèle
– la croissance endogène : un modèle purement macroéconomique
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE

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