Territoire touristique et territoire nautique
Dans le cas de la baie de Quiberon, le territoire analysé est à la fois un territoire touristique qualifié et régulé comme tel par les institutions mais également un territoire nautique sur lequel se croisent des usagers touristes et des usagers locaux. Les variables d’analyse se croisent doublement pour les touristes et pour les locaux, qui sont eux-mêmes des usagers lambda et/ou des professionnels des sports.
Quelle définition d’un espace commun partagé est envisagée entre les différentes parties prenantes qui agissent sur le même territoire touristique et nautique ? Quel est la part du nautisme dans l’identité affichée dans la stratégie de marquage territorial ? C’est toute la question des enjeux des effets territoriaux déjà évoqués précédemment qui sont ici à nouveau convoqués. Pour rappeler Corneloup (2005), il s’agit bien de « favoriser la production d’un capital local durable » qui sera également construit en « fonction de l’histoire des mentalités, des alliances, des tensions et des résistances locales qui agissent sur la logique du marché » (Mao et al., 2003, cité par Corneloup, 2005). Quand Bernard intitule son article en 2017 « Nautisme et tourisme : une convergence au bénéfice des territoires », c’est bien dans cette optique qu’il souhaite aller. Il y démontre le « rôle stratégique des acteurs institutionnels du tourisme […] vis-à -vis du secteur nautique » (2017). Pour lui, il semble nécessaire que « les acteurs privés [soient] sensibilisés aux enjeux du nautisme (pour les prestataires touristiques) et du tourisme (pour les prestataires nautiques) ». Il insiste en précisant que « le manque de culture touristique chez les uns et nautique chez les autres pénalise l’ensemble des acteurs économiques ». Pour Bernard, les acteurs territoriaux ont un rôle essentiel à jouer ici. Il faut également rajouter à ces interactions nécessaires, « la part du patrimoine immatériel et matériel, des ressources culturelles et des jeux socio-politiques autour desquelles se définissent les identités territoriales et les logiques d’action des entrepreneurs » (Bouhaouala, 2002). L’analyse conceptualisée dans le nautisme par Bernard rejoint ici une visée plus généraliste développée par Corneloup (2005) quand il précise que « la valeur des produits et des prestations proposés sur un site par un acteur économique dépend pour une part de cette valeur territoriale locale avec laquelle celui-ci est lié ; valeur située qui dépend de ce bien collectif partagé entre les différentes parties prenantes d’un lieu. ». Cette valeur territoriale du produit sportif est essentielle dans le cadre du territoire de notre étude et de son contexte historique.
Concernant le nautisme, comme le précise C. Boulé (2007), « les sports nautiques font désormais partie prenante de la vie des ces territoires en mutation permanente depuis une vingtaine d’année, au même titre que des activités plus anciennes : ostréiculture, tourisme, … ». A noter également que le territoire nautique est changeant : ce n’est pas une entité administrative si aisée à manipuler. Les remarques de Boulé (2007) dans ce sens sont pertinentes et questionnent : « on pourrait envisager de modifier le champ d’action des PDESI alors remplacés par des plans régionaux. Les territoires (du windsurf et kitesurf) se multipliant au gré des déplacements de sportifs, les plans de gestion pourraient suivre ces mobilités sportives.»
Dans le cas de notre étude, il est important de noter les spécificités du tourisme sur la zone de la baie de Quiberon. La ville de Quiberon est une station balnéaire au sens historique du terme (liée au développement des chemins de fer) mais, sur ce territoire, la mise en valeur touristique des loisirs sportifs est assez récente, si l’on ne considère pas le bain de mer des années 1860 comme une pratique sportive au sens actuel du terme. Les « contraintes » géographiques de la presqu’île avec ses plages ventées et désertes dans les années 60 étaient presque antinomiques avec la pratique sportive. Le développement de nouveaux sports de nature ont fait de cet espace un nouveau royaume des sports de pleine nature et notamment des sports de glisse, loin de la référence à une forme traditionnelle de station balnéaire. Ce qui est à l’oeuvre ici dans ces transformations, c’est une modification due à la fois aux nouveaux usages et aux usagers eux-mêmes. Conséquemment à ce développement non maîtrisé par les institutions, il est possible d’observer une « volonté de ramener dans le giron des stations des pratiques qui tendent à leur échapper » (Géographie des sports, p.141). La municipalité de Saint-Pierre-Quiberon a perçu en partie les possibilités existantes dans l’atout sports de nature : sur son site web et sur un grand panneau de signalisation à l’entrée de Penthièvre, le nautisme est mis en valeur et devient un slogan. « Reine des sports nautique » et « Royaume de la glisse » sont utilisés comme des slogans pour s’auto-qualifier. Cette observation, qui est valable sur cette zone d’étude, est transposable sur d’autres lieux du littoral breton.
Mais l’effet inverse est également observable sur le même territoire de la baie de Quiberon à savoir la réappropriation du nautisme comme « faire-valoir du territoire » (Bernard, 2016). Plouharnel, dont l’implantation géographique est hors du front de mer, est une commune plus ou moins enclavée entre terre et mer qui a misé sur le développement touristique axé sur la création d’un nouveau type de station touristique mettant en avant les sports de glisse. Ce développement économique, initié au départ par des prestataires privés (écoles de surf labellisées ou non) qui se sont installés sur la commune et ont mis en exergue l’atout surf, a été repris par la municipalité. Les élus locaux ont en effet cherché à obtenir auprès du système institutionnel fédéral le label « ville de surf » désormais apposé sur le panneau de signalisation à l’entrée de la commune. En étudiant plus attentivement les critères mis en oeuvre dans cette démarche de labellisation, nous pouvons y voir des enjeux intéressants. Nous observons une forme de reconquête par les fédérations, ayant perdu leurs prérogatives dans le développement non maîtrisable des sports de nature, d’une nouvelle forme de mainmise. L’exemple de ce label « Ville de surf », valable pour deux ans et qu’il faut « acquérir » via une redevance de 2 000 €, est assez symptomatique. Créé par la Fédération Française de Surf en 2015, il se veut gage « de qualité touristique » et vise « à valoriser les communes qui assurent un accueil et un environnement favorables à la pratique du surf sous ses différentes formes, pour la population locale ou touristique.» Une hiérarchisation en trois niveaux, symbolisés par des étoiles, est mise en place et permet de monter en grade dans les actions développées. La FFV entend ici réellement mettre en oeuvre une « démarche certificative » avec des critères d’attribution, à l’origine dédiés à la pratique du surf, et désormais inscrits dans une politique globale d’aménagement du littoral autant que dans une démarche de valorisation touristique.
Dans cet exemple lié à un sport de nature, nous retrouvons les trois axes du développement durable qui questionne nécessairement l’interconnexion des champs d’analyse précédemment convoqués.
Sport, économie, tourisme et environnement : le développement durable comme nécessaire dénominateur commun
Quels sont les enjeux du développement durable dans les secteurs du tourisme et des sports de pleine nature ? Cette notion a fait sans doute évoluer les pratiques autant que les pratiques l’ont fait émerger en leur sein.
Le concept de développement durable, au coeur du sommet de Rio en 1992, existe cependant depuis 1987. C’est une femme Premier ministre norvégien qui le définit alors comme « un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». L’apparition de ce concept est portée par une prise de conscience environnementale et sociale et induit conséquemment une remise en cause des « modèles de développement touristique moderne et notamment la marchandisation des espaces » (Girad, 2009). Or tous les milieux de pratiques sportives, à de très rares exceptions, ont été investis par l’homme et donc sont concernés par ces enjeux et questionnements. Les sports de nature sont devenus « plus que du sport, des vecteurs de structuration des territoires qui tissent des relations étroites avec le développement durable » (Bessy, Mouton, 2004). Particulièrement consommateurs d’espace et ne pouvant plus réellement mettre en avant le « postulat de relative neutralité environnementale » (Géographie des sports, p. 145), les sports de nature, par les liens qu’ils entretiennent avec l’économie, la société, le tourisme et l’écologie ne peuvent plus faire abstraction de cette notion. Le législateur a suivi cette optique puisque la loi sur le sport de 2000 inscrit « les activités physiques de nature dans une démarche de développement durable en les associant aux schémas de services collectifs du sport et des espaces naturels et ruraux. » Ces changements, issus à l’origine de pratiques sociétales, affectent les pratiques professionnelles des prestataires sportifs autant que celles des fédérations. Pour preuve, l’élaboration de chartes et la mise en place d’actions visant à réduire l’impact des activités physiques sur l’environnement montrent à quel point « l’enjeu a pris toutes son importance pour les nouvelles générations » (Boulé, 2007). Il importe cependant d’insister sur le fait que le développement durable n’est pas uniquement une prise en compte des enjeux écologiques.
Pour Bessy (2008), « les sports de nature sont en mesure de s’inscrire dans les trois dimensions du développement durable et de répondre à des enjeux de développement économique, de cohésion sociale et de préservation de l’environnement ». Le développement durable est désormais inscrit dans les pratiques fédérales et se traduit de différentes manières. Dans le domaine qui nous concerne, la nouvelle démarche d’enseignement de la voile présentée par la FFV en 2008 n’y échappe pas. La carte de progression du pratiquant a été restructurée en mettant les attentes de ce dernier au coeur du projet de navigation et en certifiant trois domaines de compétence dont un qui est ainsi dénommé : « le sens marin et l’environnement. » Cette notion de développement durable est également importante dans la structuration des référentiels de formation : elle est présente au coeur des nouveaux diplômes qualifiants pour les pratiques sportives de nature. C’est un enjeu d’autant plus important quand les diplômés « développent sur les territoires de pratiques des prestations de location de matériel sportif […] où le pratiquant est abandonné à son sort » (Falaix, 2015). Les loueurs ou vendeurs de matériel sportif n’incluent pas systématiquement, surtout en pleine saison touristique, dans leurs pratiques la diffusion d’informations sur la protection de la biodiversité, des écosystèmes ou simplement le respect des sites de pratiques.
Le littoral breton : un ancrage territorial mêlant tourisme, nautisme et ostréiculture
La notion de système littoral en soi est à analyser sous différents angles et pas sous une seule focale. Poser une définition dans un propos liminaire va nous permettre ensuite de préciser le fonctionnement de ces différents espaces de pratiques entre eux qui sont notamment porteurs d’interactions spatiales et socioculturelles. Cette première définition sera éclairée de manière plus précise selon les cas concernant la zone étudiée à savoir la baie de Quiberon.
Aujourd’hui, environ la moitié de la population mondiale vit dans les zones littorales, c’est-à-dire sur le dixième de la surface terrestre, entraînant de fortes pressions sur les habitats et les ressources côtières. En France, en particulier, l’attention portée à la gestion des multiples usages de ce territoire ne cesse de grandir à mesure que s’élaborent un certain nombre de documents stratégiques et la gouvernance des territoires maritimes et littoraux. La France dispose du deuxième espace maritime au monde. Ce territoire, en grande partie situé autour des espaces ultramarins, dote notre pays d’une grande richesse en matière de biodiversité marine et surtout d’un potentiel de développement économique important. Mais ces deux dimensions positives ne vont pas sans contrepartie, car ces territoires maritimes et littoraux sont soumis à diverses tensions.
Selon la définition du Robert, le littoral est ce « qui appartient, qui est relatif à la zone de contact entre la terre et la mer. » Une interprétation possible serait de considérer au sens physique la bande entre les plus basses mers et les plus hautes mers, cette portion que l’on nomme l’estran. Dans le cadre de notre étude, cela nous semble beaucoup trop réducteur. D’un point de vue juridique, la loi Littoral du 3 janvier 1986 le définit (article 1er) comme une « entité géographique » sans préciser beaucoup plus la notion. De fait, la loi fixe son champ d’application territorial par référence à la notion de « commune littorale ». Nous préférons ici l’aborder sur un plan démographique et économique, qui prend en compte les territoires participant directement à l’économie maritime, donc comme une interface entre son avant-pays maritime et son arrière-pays terrestre. Nous parlerons presque indifféremment de littoral ou de zone côtière (dans le sens utilisé lors des dispositifs de GIZC). A noter que dans les conclusions de l’enquête Reflet 2016, sur la fréquentation touristique en Bretagne et commandité par la Comité Régional du Tourisme (CRT) de Bretagne, le terme littoral est défini de la façon suivante : « premier espace de séjour pour la clientèle touristique bretonne mais également lieu de vie des locaux, le littoral doit apprendre à gérer les conflits d’usages potentiels et les flux afin de préserver sa qualité de vie et son attractivité ». Cette définition illustre bien les enjeux, les tensions, afin de ne pas être dans des actions antagonistes, qui privilégieraient les touristes aux locaux ou la préservation à l’attractivité. Il s’agit plutôt de se situer dans une démarche globale englobant l’ensemble des paramètres.
Parler des enjeux littoraux, des acteurs du nautisme et de l’ostréiculture sans décrire plus précisément le tourisme serait un non sens majeur, qui ne permettrait pas de comprendre la logique des acteurs du territoire breton, encore moins celui de la baie de Quiberon au coeur de notre étude.
Le littoral breton : enjeux, convoitise et poids touristique
La France, avec ses espaces maritimes et littoraux, possède un patrimoine naturel remarquable et conséquemment un potentiel de développement socio-économique important. Le littoral français constitue de manière historique l’un des fleurons de son tourisme : en 2000, les 60 km qui vont de Monaco à Saint-Tropez, produisaient à eux seuls 1 % de la recette touristique mondiale ! 1032 communes sont en situation littorale et 450 ont le statut de commune touristique voire de station classée (Rimaud et Piriou, 2013). Un Français sur deux passe ses vacances d’été sur une plage et les étrangers y sont tout aussi nombreux. Mais, au fil des ans,ce littoral fait l’objet de pressions de plus en plus vives, qu’il a du mal à maîtriser. La Bretagne, région maritime majeure avec ses 2 730 km de côtes, soit un tiers des côtes françaises, répartis sur quatre départements ayant une façade avec la mer du Nord et l’océan Atlantique, n’échappe évidemment pas à ce phénomène. C’est pourquoi, aujourd’hui et peut-être plus que jamais, nous assistons à une concentration forte, voire même à une saturation des activités sur sa zone côtière.
Le tourisme breton : particularités ou particularismes ?
En 2016, la Bretagne a accueilli 13 millions de touristes pour 96 millions de nuitées (Etude Reflet 2016), et la barre des 100 millions de nuitées, dû à une année touristique 2017 exceptionnelle, a presque été atteinte selon les donnés 2017 du CRT. Ce tourisme est caractérisé par une forte saisonnalité : en 2015, 84 % des nuitées totales en Bretagne ont été réalisées en saison, c’est-à-dire dans la période d’avril à septembre (CRT, 2016). Des communes voient leur population doubler (voire plus) pendant la haute saison, avec d’importantes conséquences en termes d’aménagement et de dimensionnement des infrastructures (stations d’épuration, parkings… ) : Selon la direction nationale du tourisme, le Morbihan bénéficie d’un surcroît de population de plus de 170 % (Rimaud et Piriou, 2013).
En 2011, une étude menée conjointement par le CRT Bretagne et l’Insee (INSEE, DGE), montre qu’«avec un total de 6,6 milliards d’euros, la consommation touristique intérieure représente 8 % de la richesse produite en Bretagne en 2011, plaçant la région au 6 è rang national». Depuis la loi de janvier 2015 sur le redécoupage des régions, les chiffres de comparaison au plan national sont certes à pondérer. Néanmoins s’il faut retenir une idée de cette étude dans le cadre de notre travail, c’est bien de montrer qu’en Bretagne, en dehors du tourisme urbain, la dépense touristique et l’emploi sont directement liés à zone littorale.
Une histoire récente
A la croisée du tourisme, du sport et des loisirs, les activités nautiques regroupent une importante diversité de pratiques qui sont issues d’une histoire particulière. Imaginer que le nautisme ne fait son apparition en France qu’à la suite de la Seconde Guerre Mondiale serait occulter un pan de notre histoire maritime, cependant si l’on doit parler d’une démocratisation alors, effectivement, l’après guerre représente un tournant. Apparu à la fin du 18ème siècle, le « yachting » reste jusqu’à la fin des années 1950 une pratique majoritairement aristocratique. La plaisance, qui « bénéficie d’un statut juridique depuis 1850 en France » (Sonnic, 2005), est en effet l’apanage d’une élite pendant plus d’un siècle : cette navigation à but non lucratif ne sera pratiquée que par des classes sociales fortunées avec un code vestimentaire, notamment lors de régates dominicales, organisées par les premiers Yacht Club ou Société des régates. Il faut bien garder à l’esprit que même si les bateaux de plaisance sont représentés en nombre les jours de régates, une part majoritaire de la flottille est composée de bateaux de travail qu’ils soient armés à la pêche ou au commerce. Ainsi dès 1865, la Société des régates de Vannes organise des régates dans le Golfe du Morbihan avec un public qui s’est déplacé en nombre sur le rivage mais aussi sur l’eau pour voir le spectacle. L’une des courses est réservée aux Sinagots (bateaux de pêche) dont le vainqueur se verra remettre un prix de 100 F. Nous ne pourrions évoquer cette rapide description des premières régates sans parler de la plus ancienne compétition qui voit le jour, en 1857 en Angleterre, sous cette dénomination de « Coupe de l’America » et qui aujourd’hui encore suscite toujours autant de convoitise et démontre l’évolution technologique incessante de ce sport.
Parallèlement à cette dynamique, la voile fait son apparition aux Jeux Olympiques dès 1900. Si au début de grandes unités manoeuvrées par une douzaine de marins sont en lice et doivent se départager via un système de classement en temps compensé, au fil des années les bateaux vont diminuer en taille et surtout laisser place à des courses en monotypie, plus facilement compréhensibles aux yeux du public. Les balbutiements de ce que nous pourrions définir comme une activité d’enseignement émergent au fort de Socoa en baie de Saint-Jean-de-Luz sous l’impulsion du commandant Rocq en 1935. Mais cet apprentissage est avant tout réservé à la jeunesse des catégories sociales aisées. Il faudra donc bel et bien attendre l’après-guerre pour voir la navigation prendre un autre visage.
Enjeux actuels
La filière nautique en Bretagne, « riche de sa diversité et forte par ses implantations » (J.Y. Le Drian6), est caractérisée par la complémentarité et l’interdépendance de trois secteurs d’activité que sont le tourisme, les sports nautiques et le bord de mer d’un côté, les ports de plaisance d’un autre et enfin l’industrie, le commerce et les services (Etude du Conseil Régional de Bretagne et de la Fédération des Industries Nautiques, données 2016). Nous nous intéresserons ici plus précisément à la première catégorie sectorielle même si les prestataires proposant une offre de location sont inclus dans la dernière catégorie (services). Dans la première catégorie, il est également possible de segmenter le marché en trois domaines distincts : tourisme nautique, nautisme éducatif et nautisme sportif. Tous les chiffres exposés s’appuient sur les données 2017 mises en forme par NEB et la Région Bretagne.
L’ostréiculture : éléments de rétrospective et enjeux actuels
La conchyliculture en Bretagne constitue aujourd’hui l’un des grands secteurs de l’économie maritime, et au tout premier plan, l’ostréiculture. Les huîtres bretonnes jouissent d’une belle réputation, tant sur le marché national qu’international. Si leur consommation a, de tout temps, été apprécié, elle constitue aujourd’hui un mets prisé, un produit phare de la gastronomie française. Alors que pendant des siècles, elle a permis aux populations littorales de se nourrir, l’ostréiculture est une activité relativement nouvelle qui s’est développée au milieu du XIXe siècle.
Rapide histoire de l’ostréiculture en Bretagne
Si l’huître sauvage nourrit l’homme depuis la nuit des temps, c’est qu’elle fut l’objet de cueillette puis de pêche. Sur l’estran, il s’agissait de cueillette à la main, puis au râteau sans jamais atteindre directement les gisements naturels qui se situent en eau profonde. Les bancs naturels ont ensuite été pêchés directement depuis des bateaux à rame mais aussi à voile, via des dragues trainées au fond de l’eau. A ce titre, et pour ne citer que les types de bateaux qui font aujourd’hui encore parti d’un patrimoine culturel partagé, évoquons les bisquines de la baie de Cancale ou les sinagots du golfe du Morbihan. C’est une innovation technologique, l’arrivée de la drague, qui va obliger l’administration à légiférer via des arrêtés, au vu des dégâts occasionnés par cet outil, et de la surexploitation des gisements naturels. L’administration intervient pour préserver la ressource, notamment pour qu’une pêche de subsistance, à l’attention des populations locales les plus démunies, puisse perdurer, mais ce message n’a pas toujours été bien compris. Dès les années 1850, un scientifique dénommé Coste fait des expériences qui permettront de mener avec succès, dès 1858, les premières tentatives de captage en baie de Saint- Brieuc. C’est le balbutiement de l’ostréiculture mais aussi l’espoir de régénérer la ressource naturelle.
La morphologie du littoral breton avec ses nombreuses baies et rias à l’abri des tempêtes constituent un terrain privilégié pour le développement de cette activité. La seconde moitié du XIXe siècle va être consacrée à la recherche des terrains les plus propices et au travail sur les collecteurs, support qui permet le captage des larves dans le milieu naturel. Commencé avec des fagots de bois, puis des plateaux en bois, les ostréiculteurs vont s’orienter vers des tuiles chaulées assemblées par bouquets de dix. Dès la fin du XIXe siècle, le Morbihan devient le berceau du captage de l’huître plate et, de ce fait, stratégiquement incontournable pour l’économie ostréicole bretonne. Une grande partie de la production du Morbihan part en bateau vers d’autres bassins, tels Marennes ou la rivière du Belon. Déjà, à cette époque, des échanges de marchandises entre bassins ostréicoles sont établis. Cette activité, débutée par des propriétaires fonciers riverains entreprenants et espérant ainsi créer une industrie rémunératrice, est bientôt reprise par des gens plus modestes.
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Table des matières
I. Introduction
II. Cadre général : le développement des sports de nature : des pratiques sociales au coeur de nouvelles territorialités
1. Une terminologie en constante évolution
A. En corrélation avec le rapport à la nature
B. En lien avec une spécificité des sports de nature : le nombre de pratiquants libres
C. Vers de nouveaux espaces de pratiques sportives marqueurs de nouvelles identités sociales
2. Pluralité et multimodalité des pratiques sportives
A. Des sports normés aux nouvelles pratiques libres et inventives
B. Des pratiques proches de la consommation de masse
1. L’évolution technique : nature intrinsèque des sports de nature et difficulté législative
A. L’évolution technique : essence même de ces sports
B. Une définition juridique des sports de nature caractéristique de cette constante évolution
2. Les sports de nature : levier de développement économique et touristique des territoires
A. Le marché économique des sports de nature
B. Sport de nature et tourisme : vers le tourisme sportif ?
C. Territoire touristique et territoire nautique
D. Sport, économie, tourisme et environnement : le développement durable comme nécessaire dénominateur commun
3. Le littoral breton : un ancrage territorial mêlant tourisme, nautisme et ostréiculture
A. Le littoral breton : enjeux, convoitise et poids touristique
a. Le tourisme breton : particularités ou particularismes ?
b. Un territoire sous forte pression
B. Un territoire touristique complexe mêlant nautisme et ostréiculture
a. Le nautisme : éléments de rétrospective et enjeux actuels
a1. Un nautisme ou des nautismes ?
a2. Une histoire récente
a3. Enjeux actuels
b. L’ostréiculture : éléments de rétrospective et enjeux actuels
b1. Rapide histoire de l’ostréiculture en Bretagne
b2. Enjeux actuels
C. Un espace littoral à fort potentiel conflictuel
a. Des enjeux liés au partage de l’espace
b. Des régulations possibles pour dépasser les freins
c. Nouveaux enjeux pour des nouvelles formes de gouvernance ?
d. Eléments de prospective
III. Cadre théorique : analyse organisationnelle d’un territoire partagé
1. Introduction
2. La théorie des organisations
A. « L’organisation est un construit humain »
B. La dynamique de l’action organisée
C. Ordre local et contexte d’action
D. Analyses systémique et stratégique
a. Analyse systémique
b. Analyse stratégique
E. Pouvoir et zones d’incertitudes
VII Bibliographie
Le partage d’un territoire touristique entre professionnels des sports nautiques et professionnels de
l’ostréiculture : l’exemple de la baie de Quiberon
3. Théorie des organisations et théorie de l’acteur-réseau
A. Les notions de réseau et de traduction
B. La controverse et l’entre-définition
C. Les étapes de la traduction
D. Théorie de l’acteur-réseau et concertation
4. L’analyse organisationnelle d’un territoire partagé
A. Analyse organisationnelle
B. Caractéristique du site : interdépendance stratégique d’acteurs par le partage d’un même territoire
C. Pré-structuration
D. Analyse systémique : un réseau avec des systèmes d’acteurs
E. Analyse stratégique : un « problème » commun ?
5. Hypothèses de recherche
IV. Méthodologie
1. Un espace littoral et touristique : le territoire de la baie de Quiberon
2. Méthode d’enquête
A. Entretiens
B. Observations cartographiques
C. Analyse de pratique
D. Stage
3. Choix des acteurs
A. L’ostréiculture en baie de Quiberon : une profession encadrée et structurée
B. Les sports de nature nautiques sur ce territoire : un nautisme à géométrie variable
C. Des acteurs « publics »
V. Analyse des données
1. Une gouvernance nouvelle
A. Un territoire nouveau dans un contexte de restructuration politique
B. Un territoire règlementé
C. Le tourisme : une obligation … traitée comme une opportunité
D. Un site d’exception « entre-deux »
2. « Baie de Quiberon, la sublime »
A. Une marque touristique…
B. Sur un territoire ostréicole unique
a. Deux atouts essentiels
a1. Une façon unique de travailler : l’eau profonde
a2. Une baie pour deux huîtres
b. Les risques conchylicoles
C. Pour un tourisme nautique en fort développement
3. Une cohabitation de pratiques professionnelles problématique ?
A. Une cohabitation de fait
B. Des problèmes existants et à venir
C. Nautisme et ostréiculture : une multiplicité d’acteurs sans culture commune ?
D. Des pratiques professionnelles en constante évolution
a. Chez les ostréiculteurs : évolution technologique et évolution commerciale
b. Dans le secteur du nautisme
E. Développement touristique et développement durable : des préoccupations communes
VII Bibliographie
Le partage d’un territoire touristique entre professionnels des sports nautiques et professionnels de
l’ostréiculture : l’exemple de la baie de Quiberon
VI. Conclusion
1. Un territoire ostréicole et nautique d’exception à valoriser
2. Un territoire à haut potentiel touristique mais déjà fragilisé
3. Vers le partage concerté d’un espace touristique entre professionnels des sports nautiques et de l’ostréiculture
VII. Bibliographie
VIII. Table des abréviations
IX. Table des illustrations
X. Table des auteurs
XI. Table des notions et concepts
XII. Lexique
XIII. Table des matières
XIV. Annexes
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