LE PARADOXE DE L’IMAGE DE LA LANGUE FRANCAISE DANS L’ENSEIGNEMENT

La langue

   Le mot « langue » revêt divers sens : c’est un mot polysémique. Physiologiquement, la langue est la partie charnue et mobile, située dans la bouche, organe essentiel du goût. Elle joue un rôle capital dans l’articulation des sons du langage humain. Dans ce cas, plusieurs dictionnaires proposent diverses définitions du mot « langue ». « La langue est la partie charnue et mobile, située dans la bouche, organe essentiel du goût, instrument principal du langage parlé.» Le dictionnaire Larousse définit la langue comme « un système de communication, c’est-à-dire un système de signes verbaux propre à une communauté d’individus qui l’utilisent pour s’exprimer et se communiquer entre eux. Elle est donc l’instrument que l’être humain utilise pour exprimer sa volonté, son émotion, son affection… Des linguistes mènent aussi des études approfondies sur la langue et ils proposent leurs acceptions à propos de cette notion.

La langue : un système de signes

   Pour bien cerner l’objet d’étude du structuralisme, le linguiste Ferdinand De Saussure a fait la distinction entre langue et parole, car en linguistique, la parole est tout à fait différente de la langue, et chacune d’elles a sa particularité. Ainsi donc, selon lui, « la langue est un système de signes linguistiques solidaires qui sont régis par des règles dans leur combinaison. » C’est aussi : « un ensemble des habitudes linguistiques qui permettent à un sujet de comprendre et de se faire comprendre » Tandis que « la parole est la réalisation effective de la langue par un individu où se manifeste sa liberté et sa personnalité »

Langue d’enseignement :

   La langue utilisée au niveau de l’enseignement pour y assurer la fonction didactique, scientifique, technique…Elle assume le rôle de langue de transmission des savoirs et des connaissances et aussi langue d’apprentissage. C’est la politique linguistique du pays qui gère cette langue d’enseignement. Des fois, on l’appelle aussi « langue de scolarisation ». Pour Madagascar, le statut de cette langue d’enseignement n’est pas stable : tantôt le malgache, tantôt le français. En somme, la langue française, même langue non maternelle à Madagascar, joue plusieurs statuts dans la société. Par conséquent, la maîtrise de cette langue, en même temps avec la langue natale devrait être primordiale pour les malgaches. Qu’est ce que la maîtrise d’une langue alors ? Et quels sont les concepts qui y sont relatifs et méritent des éclaircissements dès le début de ce travail ?

La compétence langagière

   Etant donné que le français est à la fois objet d’étude, instrument de communication, moyen d’accès aux savoirs et moyen de formation, son enseignement-apprentissage doit amener l’élève à :
– communiquer oralement et par écrit,
– développer ses compétences langagières2
Compte tenu de ces objectifs du français (en classe de Seconde), nous allons définir brièvement ce qu’est la compétence langagière. Nous allons choisir alors la définition du mot « compétence » comme: « système des règles intériorisées par les sujets parlant une langue » Cette compétence langagière est composée des trois sous compétences suivantes :
compétence linguistique comprenant :
– la compétence d’écriture : capacité de produire un message sous forme de documents graphiques
– la compétence de lecture: savoir donner un sens à un document graphique (texte)
– la compétence énonciative : identifier l’énonciateur et l’énoncé d’un texte.
compétence communicative consiste à l’utilisation et à la compréhension à l’oral et /ou à l’écrit du vocabulaire approprié à la situation de communication.
compétence culturelle : capacité d’utiliser la langue à des fins esthétiques et fonctionnelles, véhiculant une culture. En somme, ces diverses compétences sont donc indispensables pour réussir à la maîtrise parfaite d’une langue.

Le malgache : langue nationale

   D’après la légende historique, la langue malgache fut née de l’Indonésien commun, elle fut importée à Madagascar par les émigrants indonésiens qui peuplèrent l’île aux alentours des IVe et VIIe siècles de notre ère. Le malgache appartient à la famille des langues austronésiennes. Les ancêtres des malgaches sont venus de la partie sud-est de Bornéo. Après avoir quitté leur pays d’origine, ces premiers Malgaches sont passés par plusieurs endroits avant de venir s’installer à Madagascar, à savoir : l’Inde, l’Arabie, l’Afrique… Pendant leur passage dans ces pays, il y avait des mélanges de cultures, civilisations et surtout de langues, qui engendraient la naissance de la langue malgache. Cette langue connaissait en réalité un certain nombre de variétés géographiques à travers Madagascar. C’est la variété « merina », parlée dans la région d’Antananarivo qui a été retenue comme langue nationale et officielle. Ceci est dû à l’entreprise d’unification du pays menée au début du XIXème siècle par le roi merina Andrianampoinimerina, puis à celle de la standardisation du malgache par son fils Radama 1er Au début, cette langue fut transcrite en SORABE (caractère arabe), mais le roi Radama 1er qui demanda aux missionnaires britanniques et français de donner une écriture au malgache, d’où les règles de transcription en alphabet latin furent décrétées en 1823. Les années suivantes apparurent les grammaires et dictionnaires en malgache. En somme, la langue malgache a toutes les spécificités qui font qu’une langue est une langue : à savoir : l’orthographe, la grammaire, la traduction, les lexiques etc. qui lui sont propres. La langue malgache assume ainsi certaines fonctions prioritaires à Madagascar : langue véhiculaire nationale, langue du foyer, de la religion, de la culture traditionnelle. Pourtant, elle n’a ce statut véhiculaire qu’à l’intérieur du pays et elle n’a aucun poids à l’échelle international : d’où une autre langue est nécessaire pour Madagascar afin de prendre en charge la fonction de langue d’échange avec l’étranger.

La langue anglaise : langue peu connue dans l’Ile

   Dès le début du XIXe siècle, sous l’impulsion du souverain Radama Ier, Madagascar s’ouvrit véritablement aux influences européennes. Des missionnaires anglais (protestants) et français (jésuites) arrivèrent sur l’île et y ouvrirent des écoles. La langue anglaise y faisait alors son apparition. Elle était considérée comme la langue des missionnaires les plus dynamiques à laquelle les maîtres pouvaient avoir recours pour accéder aux manuels du savoir occidental. De ce fait, l’anglais faisait partie des matières enseignées à l’école et aussi langue d’enseignement : « (…) l’anglais et le malgache étaient les langues d’enseignement. » Actuellement, dans le contexte de la mondialisation, la langue anglaise a un statut de plus en plus reconnu. Par ailleurs, dans certaines offres d’emploi, on exige souvent la maîtrise de cette langue (orale et /ou écrite). Lors de la IIIème république, l’anglais trouve son ampleur. Et l’article 4 de la loi constitutionnelle (portant révision de la Constitution) stipule : « (…) Le malgache, le français et l’anglais sont les langues officielles. » De ce fait, l’anglais tient la place de langue étrangère à l’école mais encore une matière à option dans les examens officiels. Par. Exemple au B.E.P.C. en option B, on ne fait pas de l’anglais. Dans la société, on introduit l’anglais un peu partout : exemple : les « ARRETS BUS » deviennent des « BUS STOP ». Actuellement, les noms des ministères sont affichés en trois langues : en malgache, en français et en anglais. Bref, malgré cette présence de l’anglais dans la société malgache, il est encore très peu connu à l’échelle du pays ; son utilisation se limite aux milieux du tourisme et du commerce international. La langue française et la langue anglaise commençaient à s’établir et à se concurrencer : d’une part entre elles, d’autre part avec la langue malgache dans le territoire malgache. Quelles en sont alors les conséquences ? Ce qui nous amène à voir de près, la place et le statut du français dans la société et dans l’enseignement malgache, du XIXème siècle à nos jours.

Le français dans l’enseignement malgache

   Au début de cette période de la colonisation, le Général Gallieni a affirmé : « La langue française doit donc devenir la base de l’enseignement dans toutes les écoles de l’île ». Sur ce, il utilisait l’école comme moyen pour conquérir les esprits et le cœur des Malgaches. «Tous les efforts de la colonisation doivent tendre à propager parmi les indigènes la langue, les procédés de travail et progressivement l’esprit et la civilisation française. » Cette politique de francisation par l’école exigeait alors la prise en considération de l’enseignement à Madagascar. Par conséquent, le système d’enseignement mis en place à Madagascar par la colonisation française était soumis à la tentative d’assimiler le système français. On adoptait à Madagascar le même programme et les mêmes examens qu’en France ; et l’objectif de l’enseignement était de former des élites et des interprètes tout en protégeant les intérêts de la France. Pour concrétiser cette politique, Gallieni faisait créer des écoles officielles laïques où le français était à la fois matière principale et langue d’enseignement. Le malgache était interdit à l’école, confiné dans ses fonctions de langue vernaculaire. Ainsi, à partir de 1908, des collèges secondaires, devenus lycées par la suite, dispensaient exactement le même enseignement qu’en France. Au début, cet enseignement était destiné aux enfants des colons et des fonctionnaires français, mais à partir de 1914, les enfants « indigènes » étaient acceptés à condition qu’ils fassent preuve d’une maîtrise suffisante de la langue française. En outre, des écoles normales et professionnelles (ayant comme vocation de former des cadres subalternes), dont les principes pédagogiques et les programmes s’inspiraient du modèle français, complétaient l’organisation de « l’enseignement malgache ». Cet enseignement durant l’époque coloniale peut être vu sous deux angles : la véritable époque coloniale, et la fin de l’époque coloniale durant laquelle plusieurs réformes notamment sur le plan éducatif et institutionnel ont eu lieu.

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Table des matières

INTRODUCTION
I ERE PARTIE : METHODOLOGIE GENERALE
CHAPITRE I : APPROCHE METHODOLOGIQUE
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE 
CONCLUSION PARTIELLE
CHAPITRE III : LA LANGUE FRANÇAISE A MADAGASCAR
CONCLUSION DE LA I ERE PARTIE
II EME PARTIE : INTERPRETATION ET ANALYSE DES RESULTATS DES INVESTIGATIONS
I – ENQUETES PAR QUESTIONNAIRES 
I – 1- DEROULEMENT DE L’ENQUETE
I – 2 – PROFIL DES ENQUETES
I – 3 – ENIRONNEMENT LINGUISTIQUE DE L’APPRENANT
I – 4 – PREFERENCE DU FRANÇAIS CHEZ L’APPRENANT
II – CONFRONTATION DES RESULTATS D’EVALUATION
III – OBSERVATION DES CAHIERS DE COURS OU D’EXERCICES 
III -1) – FAUTES SYNTAXIQUES
III -2)- FAUTES D’ORTHOGRAPHE
III -3) – LES FAUTES LEXICALES
IV – OBSERVATION DES FEUILLES D’INTERROGATION DES ELEVES
V – ENTRETIEN AUPRES DES PARENTS D’ELEVES
V -1) CADRE DE L’ENTRETIEN
V -2) RESULTATS DE L’ENTRETIEN AUPRES DES PARENTS D’ELEVES
CONCLUSION DE LA IIEME PARTIE
III EME PARTIE : MANIFESTATION ET CAUSES DE LA NON MAITRISE DU FRANÇAIS CHEZ LES LYCEENS, ETSUGGESTIONS DE SOLUTIONS Y AFFERENTES
I – MANIFESTATION DE LA NON-MAITRISE DU FRANÇAIS
II – CAUSES DE LA NON-MAITRISE DU FRANÇAIS
III –SUGGESTIONS DE SOLUTIONS
CONCLUSION DE LA IIIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
ANNEXE

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