Le palissandre enjeux économiques et de conservation

Le Palissandre : enjeux économiques et de conservation

Contexte général

Au niveau mondial, la dégradation de l’environnement était signalée depuis des dizaines d’années. Cela est dû à des différentes causes telles que la pollution, les activités anthropiques de l’homme, le cataclysme naturel …. A Madagascar, des grandes menaces pèsent surtout sur les ressources forestières. Depuis la 2 ème moitié du 20 ème siècle, sa superficie forestière ne cesse pas de diminuer d’année en année. De 1960 à 1994, 5 millions d’hectares des forêts sont disparus dus à des exploitations abusives ( B Charbonnier, 1998). Par suite de ces dernières, plusieurs espèces forestières malgaches sont signalées actuellement en voie d’ extinction. Face à ces problèmes de l’environnement, plusieurs pays ont déjà mis en place une politique de gestion de leur biodiversité. Cela s’est marquée par l’engagement croissant des pays signataires de la convention de RIO en 1992. Pour Madagascar, pays disposant d’une diversité biologique importante, un Plan d’ Action Environnemental a été mis en oeuvre depuis 1991 (PAE, 1991).

Au niveau forestier, un Plan National de Gestion des Ressources Phytogénétiques Forestières a été établi et déjà mis en oeuvre depuis janvier 2000 (Annexe n°1). Dans ce plan de gestion, des espèces sont priorisées compte tenu du danger de leur disparition. Le SNGF, en tant que responsable de la distribution des matériels forestiers de production (graines et plants) à Madagascar et en tant que coordonnateur des actions de gestion prévues par le plan en question, s’ intéresse particulièrement à quelques espèces ligneuses : Evodia belahe, Dalbergia baronii, Dalbergia monticola, Dalbergia greveana, Diospyros perrieri, Khaya madagascariensis, Ocotea cymosa, Prunus a/ricana … En effet, ces espèces sont très demandées par les utilisateurs.

Dans le cadre de notre étude, nous avons approfondi des connaissances sur une espèce de palissandre: Dalbergia monticola. Le choix de l’espèce est défini dans la 2 ème partie._Cette espèce est repartie dans le domaine de forêt dense humide de moyenne altitude de l’Est de Madagascar. Différentes formes d’exploitation y sont rencontrées et par conséquent elle est menacée de disparition. Selon les axes stratégiques définis dans Je plan établi, notre étude consiste à mettre en évidence des éléments de base de gestion des ressources génétiques de cette espèce en analysant sa diversité génétique et les facteurs socio-économiques liés à sa gestion. Dans le cadre de collaboration entre SNGF et le CIRAD Forêt, nous avons pu faire un stage au niveau du laboratoire de génétique forestière à Montpellier où nous avons pu étudier la diversité génétique de Dalbergia monticola par les marqueurs moléculaires. Et l’étude des facteurs socio-économiques était effectuée lors de la descente sur terrain en faisant des enquêtes au niveau des acteurs dans l’exploitation de palissandre dans les régions étudiées.

Le Palissandre : enjeux économiques et de conservation

Le palissandre et l’ébène figurent parmi les bois très recherchés dans le commerce. Ils sont classés en 2ème catégorie dans la liste de classification du bois à Madagascar. Le palissandre malgache, vu sa qualité et sa valeur technologique importante, est très demandé tant au niveau national qu’à l’étranger (en tant que bois d’oeuvre et en ébénisterie). Pour l’année 1999, la quantité exportée avoisinait 1050 m3 correspondant à une valeur supérieure à 2 milliards francs fmg (source : Rapport DEF 1999). Les chiffres obtenus au niveau des ports maritimes de Toamasina, Morondava et Mahajanga donnent une valeur totale près de 3200 m3 concernant l’exportation de palissandre en 1999 (Rapport de stage de Rija Andriambanona, Caroline I Bauchaine et al, 2001). Cela montre qu’ il est une des sources de devises non négligeables pour l’économie malgache. Par conséquent, son exploitation est très intense et il y a des risques de pertes considérables au niveau des ressources génétiques de certaines espèces.

En outre, le palissandre malgache a une diversité spécifique importante. 42 espèces sont endémiques. Chaque zone phytogéographique de Madagascar présente des espèces adaptables à des conditions écologiques du milieu. Elles ont de morphologie et caractéristiques différentes. Pour Dalbergia monticola, une des espèces de palissandre dans la région Est de Madagascar, plus précisément dans zone de moyen altitude de l’Est, elle présente une productivité plus importante par rapport aux autres espèces de palissandre et par conséquent elle est très exploitée. La rareté des pieds est confirmée dans le rapport de stage de Urs Arnold et Liva Andrianaivo en janvier 2000 .. Des mesures de gestion des ressources résiduelles sont alors urgentes pour l’espèce afin d’assurer leur pérennité et leur renouvellement. Cela conduit notamment à la caractérisation des populations in-situ. Pour ces dernières, la connaissance de leur différenciation génétique et des facteurs socio-économiques intervenant sont nécessaires afin de bien élaborer une stratégie de gestion durable.

Diversité globale des populations

Les résultats de l’analyse factorielle des correspondances multiples décrivent la diversité globale des populations étudiées sous forme de graphique. Cette analyse était effectuée à partir de la matrice de données de O et de 1 obtenu par la lecture de photos de gel. Le graphe n°1 montre la répartition des populations sur les axes 1 et 2 : les trois grands domaines de provenances des populations sont observés. Il s’agit du Nord, du Centre et du Sud. Les populations du Nord et du centre Nord sont formées par les groupes en couleur verte, le Centre en rouge et le Sud en bleu. Les axes factoriels ici représentent mieux la population de Tolongoina (T) qui montre une structure bien repartie tandis que les autres populations du (Nord et Centre) sont mélangées. Globalement, la différenciation des populations du Nord vers le sud est constatée ici. On remarque cependant le mélange de la population d’Antsevabe avec celles du Sud en particulier Ranomafana. Dans le graphique n°2, on peut distinguer facilement les populations du Sud par rapport aux autres domaines. Le mélange des individus dans les groupes du Centre, du Centre Nord et du Nord est toujours constaté. Cela signifie que la caractéristique génétique de ces populations n’est pas très éloignée. Le graphe n° 3 sous forme d’arborescence confirme le regroupement des populations selon les domaines de provenance. Il est obtenu à partir de la matrice des moyennes de 1 (présence de fragment ou bande) par population. Les populations y sont proches deux à deux sauf la population d’ Antsevabe et d’ Ankeniheny. Notons que sur le plan géographique, ces populations sont proches. La population d’ Antsevabe est toujours rattachée à celles du Sud.

Structure des populations

Il n’ a pas été possible dans le cadre de ce stage d’aborder de façon plus détaillée l’aspect structuration des populations selon les méthodes classiques de génétique des populations. Il aurait d’ailleurs été nécessaire d’adopter certaines hypothèses sur l’état d’équilibre des populations (hypothèse de l’équilibre de Hardy Weinberg) pour pouvoir calculer les fréquences alléliques avec des marqueurs RAPD (Lynch et Milligan 1994). Une autre approche aurait été d’utiliser l’indice de diversité de Shanon (Gillies et al., 1997), qui évite certaines hypothèses ; cette approche pourra être programmée dans des analyses ultérieures. Ceci étant, les résultats obtenus ci-dessus permettent de souligner une certaine différenciation génétique entre les populations. Cette différenciation, mise en évidence par une méthode descriptive (analyse factorielle des correspondances multiples), a été confirmée, par un test statistique par l’ analyse de variance, comme ayant un fondement génétique. La distance génétique différençiant les populations est par ailleurs positivement corrélée à la distance géographique (test de Mantel); il semble donc qu’une des causes de cette différenciation soit due à l’absence d’échange de gènes entre les populations géographiquement très éloignées.

Cependant, même si le coefficient de corrélation issu du test de Mantel est significativement différent de zéro, sa valeur reste moyenne (0.45 avec l’ensemble des populations et 0.57 sans la population At). La diversité entre les populations n’est donc pas totalement expliquée par les distances géographiques. D’autres facteurs peuvent rentrer en jeu, favorisant l’ isolement au niveau de chaque région. Il s’agit par exemple la fragmentation des forêts . .. Comme le montrent les matrices au paragraphe précédent, au sein de chaque région, on note une distance géographique faible et une distance génétique en moyenne inférieure à celle des éléments inter régions. Cependant pour la région «Centre-Nord» on note des distances génétiques relativement forte dgén(Ab, At)=13.5 et dgén(Dd, At)=l 1.5. Des études plus précises devront être conduites pour tenter d’expliquer ce phénomène, notamment la particularité de la population At qui paraît atypique (artéfact ou origine particulière de cette population; elle pourrait être notamment constituée par des individus hybrides.). Un échantillonnage plus dense pourrait permettre aussi de mieux comprendre la structuration des populations au sein de chaque région et entre les régions. De même, des approches à d’autres 37 échelles, avec des outils de télédétection ou de photo interprétation, pourraient mettre en évidence les possibilités d’échanges de gènes entre zone forestières.

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Table des matières

I.INTRODUCTION
1.1. Contexte général
1.2.Le Palissandre : enjeux économiques et de conservation
1.3. Objectifs de l’étude
1.4. Marqueurs moléculaires : historique et intérêts
II.MATERIELS ET METHODES
2.1. Matériel végétal
2 .1 .1. Le palissandre (Dalbergia sp)
2.1.2. Dalbergia monticola
2.1.3. Présentation des sites
2.2. Recueil des données sur Dalbergia monticola
2.2.1. Bibliographie
2.2.2. Enquêtes
2.2.3. Discussions informelles
2.3. Marquage moléculaire pour l’étude de la diversité génétique
2.3.1. Récoltes des échantillons
2.3.2. Techniques de marquage par RAPD
2.3 .3. Analyses statistiques
III.RESULTATS ET DISCUSSIONS
3.1 . Diversité génétique
3.1.1. Diversité globale des populations
3 .1.2. Relation entre les individus
3.1.3. Variabilité intra et inter-populations
3.1.4. Distances génétiques intra populations
3.1.5. Corrélation entre les distances géographiques et les distances génétiques
3.1.5. Axes de discussion
3.2. Facteurs socio-économiques liés à la gestion des ressources génétiques de l’espèce
3 .2.1. Aspects socio-économiques liés à la gestion des forêts étudiées
3.2.2. Impacts sur les ressources génétiques de l’espèce
3.3. Recommandations et actions à entreprendre pour la gestion des ressources génétiques de Dalbergia monticola
IV.CONCLUSIONS
BIBLIOGRAPI-IIE
ANNEXES
Annexe 1 : Extrait du Plan National Stratégique de Gestion des Ressources Phytogénétiques forestières
Annexe 2 : Caractéristiques des individus par population
Annexe 3 : Fonnulaire d’enquête
Annexe 4 : Technique d’extraction d’ADN
Annexe 5 : Exemple des résultats d’analyse de variance

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