IL Y A 200 ANS – EN EUROPE –
Au XIX ème siècle en Europe naissent les toutes premières séquences d’images commentées.
Dès 1796, un dénommé Jean-Charles pellerin crée l’Imagerie Pellerin, une imprimerie d’images populaires située à Epinal qui ne cessera de se développer par la suite, devenant un véritable lieu de l’industrie imagière et produisant les célèbres «images d’Epinal». Certaines de ces impressions traditionelles vont mettre en scène des «histoires en images» où chaque évènement du récit est encadré dans une case et est sous-titré d’une description écrite
En 1833, le suisse Rodolphe Töpffer publie l’«histoire de Monsieur JABoT», une littérature en estampes d’un récit séquencé. Töpfferest en cela un précurseur. La plupart des auteurs de bandes dessinées d’aujourd’hui le désignent même comme l’inventeur de la bande dessinée européenne.
IL Y A 100 ANS – AUX ETATS-UNIS –
Pendant ce temps-là, aux Etats-Unis d’Amérique, une très forte concurrence entre les groupes de presse fait rage. Ce contexte américain stimule alors la créativité: toute idée innovante permettant d’attirer les lecteurs est bonne à prendre…
C’est ainsi que naîtra en 1896 le «Yellow Kid», de Richard Felton OuTcAulTdans le journal «New York World». Ce petit gamin vêtu d’une chemise de nuit jaune marque la naissance de la bande dessinée aux Etats-Unis : de grandes images accompagnées d’un texte font le succès du journal. On constatera rapidement une timide apparition des phylactères ou bulles de narration directe sur la planche du 25 octobre 1896 «The Yellow Kid and his new phonograph».
Dès 1912, la bande dessinée américaine est en plein essor. Les «Syndicates» sont créées : ces sociétés produisent et distribuent les pages loisirs et bandes dessinées destinées à être vendues aux journaux de presse.
À partir de 1925, Winsor Mc KAydémocratisera l’utilisation de ces phylactères dans «Little nemo», considérée comme la première bande dessinée à bulles.
La bande dessinée américaine se développera ensuite de façon exponentielle sans que quasiment aucunéditeur européen n’en soit informé.
IL Y A UN SIÈCLE – EN EUROPE –
Le nid d’éclosion de la bande dessinée européenne ne se fera pas dans les journaux quotidiens de presse comme aux Amériques mais avec l’essor des journaux pour enfants (religieux, scouts, ou familiaux) dans les années 1890 jusqu’en 1910. Sur cette période d’une vingtaine d’années, apparaissent « Les Illustrés », journaux jeunesse d’histoires en images. Le succès est tel que toutes les grandes maisons d’éditions tentent leur chance.
La bande dessinée bénéficie alors d’un support pour se développer.
En 1925, Alain sAinT ogAnpublie «Zig et Puce» dans le supplément jeunesse «le diMAncHe illusTré» du journal «l’excelsior». Ces deux petits voyageurs partagent leurs aventures dans cette bande dessinée à bulles, ce qui marque un changement de narration radical en Europe.
En Belgique, un jeune scout talentueux, Georges reMi, dit Hergé, publie ses premiers dessins avec son propre style, que Joost Swaarte désignera des années plus tard comme étant «la ligne claire». «ToTor» apparaît alors dans le journal du «Boy Scout Belge», de 1924 à 1929. Vingt-six planches de ToTor seront publiées au total, préfigurant l’invention d’un tout nouveau personnage qui révolutionnera la bande dessinée européenne en 1929 : «TinTin». TinTinvoyage dans les pays du monde qui font l’actualité de l’époque. Ce petit reporter fait le succès du peTiTVingTièMe, supplément du journal quotidien belge leVingTièMe sièclegéré par l’abbé Wallez chez qui Hergé travaillait en tant que photographe, photograveur et dessinateur depuis 1928. TinTin sera aussi publié enFrance dans le journal catholique coeursVAillAnTs. Malheureusement, l’invasion allemande de la Belgique en 1940 conduira à la disparition du journal le VingTièMe sièclequi avait vu naître TinTin.Hergé passe alors au journal le soir, toléré par l’occupant, et gère le supplément jeunesse de l’édition. TinTinse modernise : Dupond/t réapparaissent, et de nouveaux personnages tels que le Capitiane Haddock et le Professeur Tournesol font leur apparition.
En septembre 1946, Hergé s’associe avec Raymond
Leblanc pour la création d’un «JournAl TinTin», journal destiné à la jeunesse, composé entre autres d’histoires complètes à suivre dont les aventures de TinTin reporTer
IL Y A UN DEMI-SIÈCLE FESTIVALS ET EXPOSITIONS TEMPORAIRES
Il y a une cinquantaine d’années, une certaine culture BDphile émerge en Europe : les premiers festivals et expositions de la bande dessinée voient le jour.
Ces festivals et expositions sont alors uniquement temporaires, organisés sur une période définie. Les auteurs et illustrateurs participent à ces évènements afin de faire la promotion de leurs ouvrages, de leurs planches et de leurs bandes dessinées. Les objets exposés sont cependant réaffectés à un autre lieu ou restitués à leur propriétaire à l’issue du festival.
LIEUX TEMPORAIRES D’EXPOSITION DE LA BANDE DESSINÉE
Ces festivals et expositions de la bande dessinée prennent alors leurs quartiers dans des espaces ou des musées non dédiés et sans aucun rapport avec la bande dessinée. Les expositions temporaires sur la bande dessinée s’insèrent de façon plus ou moins réussie dans un espace non exclusif.
Les visiteurs sont généralement accueillis dans des espaces d’expositions temporaires, afin d’y découvrir la bande dessinée. Le grand public pourrait ainsi s’intéresser à la bande dessinée, en visitant un musée dédié à un tout autre sujet. Le parcours du musée est connu : on sait que l’on se rend au «musée des Arts Décoratifs» ou au «musée des BeauxArts», mais ce parcours peut aussi s’enrichir d’une découverte de la Bande dessinée lors d’une exposition temporaire, éphémère, autour du 9 ème Art. Le musée y voit également son intérêt, à savoir que l’inverse se produise : ramener des BDphiles dans leur musée initialement dédiés à d’autres sujets.
EXPOSITIONS TEMPORAIRES HERGÉ ET TINTIN
Plusieurs expostions temporaires présentant les célèbres aventures de Tintin et le travail d’Hergé ont eu lieu en France, particulièrement à Paris.
Une des premières expositions consacrées à Hergé fut l’«exposiTionHergé», présentée au Centre Pompidou du 20 décembre 2006 au 19 février 2007. L’installation de cette exposition temporaire de deux mois fut cependant reléguée au sous-sol de Beaubourg et l’entrée y était gratuite. Certes l’entrée libre permit d’attirer un plus grand nombre de visiteurs, mais la décision de ne pas la faire payer et le fait d’exiler l’exposition dans des espaces moins recherchés
dévalorise quelque peu l’oeuvre d’Hergé. Comme le souligne Peeters en portant un regard sur cette époque : «On peut célébrer la bande dessinée maisil ne faut quand même pas exagérer…». On se rend alors compte que le chemin vers une reconnaissance de la bande dessinée est encore long… Récemment, une seconde exposition «Hergé» eu lieu du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017 au Grand Palais. L’installation dans ce prestigieux bâtiment parisien est une évolution dans la reconnaissance de la culture BDphile. Néanmoins, l’entrée dans cette exposition se faisait sur des tableaux et autres peintures d’Hergé -toiles qu’il cachait lui-même car il ne voulait pas être peintre- et qui montre un certain déni envers la bande dessinée, «comme si pour célébrer la BD, il faut d’abord montrer qu’Hergé n’était pas seulement auteur de BD» , comme s’il fallait un «faire-valoir» à la bande dessinée.
L’exposition temporaire «TinTin, HAddocK eT les BATeAux» fut créée en 1999 à l’écomusée de Saint-Nazaire, initiée par l’association «Les 7 Soleils» et une ancienne étudiante de l’ENSA Nantes : Anne Lebas.
L’exposition fut reprise en 2001 au musée national de la Marine à Paris sous le titre «Mille sABords!» avant de voyager à Barcelone, Londres, Stockholm et enfin,Ostende. La réplique du sous-marin du professeurTournesol construite pour l’exposition nazairienne a été transférée et est, depuis lors, exposée au musée Hergé de Louvain-la-Neuve.
BANDES DESSINÉES ET EXPOSITIONS PERMANENTES
Par la suite, les expositions consacrées à la bande dessinée ont pris une place plus importante dans la culture européenne et les musées ont alors commencé à accueillir des expositions permanentes sur le 9 ème Art.
Puisque la présentation des collections se fait sans limite temporelle, celles-ci sont en général regroupées dans un même espace dédié (musée, partie d’un musée, installation, balade urbaine…), permettant ainsi la création d’expositions permanentes. Le fait que l’installation soit pérenne est initié par les espaces accueillant ces expositions : ces lieux profitent tous d’un certain rapport à la bande dessinée, qu’ils soient dédiés ou non à celle-ci.
Des espaces initialement non dédiés au 9 ème Art se retrouvent parfois involontairement rattachés à la bande dessinée: une ville ou une architecture remarquable s’insérant dans le décor d’une bande dessinée. Par exemple, des sites réels tels que SaintNazaire ou le Château de Cheverny mentionnés dans les aventures de Tintin, peuvent devenir le lieu d’une exposition portant sur cet élément de décor de bande dessinée.
Les expositions accueillies dans ces espaces pourtant non dédiés à la bande dessinée sont la plupart du temps des expositions pérennes, créées pour l’occasion ou des expositions temporaires qui, suite à leur succès et à leur pertinence au vu de leur relation au site, deviennent durables.
EXPOSITIONS PERMANENTES HERGÉ ET TINTIN TINTIN À SAINT-NAZAIRE
Six fresques sur métal émaillé reprenant les dessins d’Hergé tirés du passage à Saint-Nazaire de Tintin et du Capitaine Haddock dans les «7 boules de cristal» tracent un parcours permanent et retracent l’histoire disparue de la ville portuaire d’avant-guerre. Depuis 2011, ce parcours se prolonge par la table d’orientation de Tintin, dessinée par le plasticien Jérôme Besseau. Située face à l’estuaire de la Loire, elle indique les treize autres ports visités par Tintin lors de ses diverses aventures. Ces réalisations ont pu voir le jour grâce à l’association «Les 7 Soleils», en collaboration avec les Studios Hergé et avec le soutien des collectivités locales
DEPUIS UNE QUARANTAINE D’ANNÉES LIEUX PERMANENTS D’EXPOSITION DE LA BANDE DESSINÉE – ESPACES DÉDIÉS
Depuis les années 80, des projets de musées dédiés à la bande dessinée ont été étudiés. Ces musées ne seront inaugurés que dans les années 2000.
Ces musées sont dédiés à la bande dessinée, à un type de bande dessinée, ou à un auteur/dessinateur, voire à un personnage de bande dessinée en particulier.
Les musées de la bande dessinée peuvent en effet être des musées monographiques.
Un musée dédié à la bande dessinée est alors spécialement conçu, créé pour l’occasion : il présente au moins une exposition permanente et en général un ou plusieurs espaces d’expositions temporaires en rapport avec la bande dessinée. Le bâtiment accueillant les expositions peut être aussi bien un ancien bâti rénové et/ou transformé en musée du 9 ème Art, qu’un nouveau projet construit spécialement pour accueillir un musée de la bande dessinée.
PREMIERS MUSÉES DE LA BANDE DESSINÉE
Un des tout premiers musées consacré à la bande dessinée est le «Billy irelAnd cArToon liBrAry& MuseuM» situé à Colombus dans l’Ohio aux USA et inauguré en 1977. Outre ses espaces d’expositions, la librairie compte un fond important d’ouvrages et de planches originales qui prennent alors de l’importance. Depuis 2006, à Kyoto au japon, le «KyoTo inTernATionAl MAngAMuseuM»présente en plus des sections manga et BD asiatiques, une section BD américaine et une section BD européenne.
Le Musée de lA BAnde dessinée d’AngoulêMe a ouvert ses portes en 2009. La réhabilitation d’anciens chais en musée de la bande dessinée contribue à la notoriété d’Angoulême et son intérêt pour la bande dessinée tout au long de l’année, pas seulement lors du festival annuel. Ce musée retrace l’histoire de la bande dessinée et change régulièrement ses collections.
L’architecture et la scénographie du musée permet aussi aux visiteurs de profiter de ce lieu en tant qu’espace de lecture et d’animations diverses autour du 9 ème Art.
SITE DE PROJET
À la fin des années 90, le projet de musée Hergé ne trouvait pas sa place au coeur la capitale belge. La possibilité de s’installer dans la ville de Louvain-laNeuve s’est offerte.
Un terrain en périphérie de cette ville étudiante a été mis à disposition. Louvain-la-Neuve étant construite sur un socle de parkings entérrés, ce terrain faisait le lien entre la frontière franche délimitée par le bloc souterrain du centre-ville et un parc boisé situé à proximité.
Ce site parut propice à l’implantation de ce nouvel élément architectural. En créant une structure architecturale détachée de Louvain-la-Neuve, dans une idée d’altérité à la ville, Portzamparc a voulu symboliser une rupture avec les autres éléments environnants, une forme à l’opposé de l’architecture des bâtiments de cette ville nouvelle: tous construits sur le même modèle dans les années 70.
C’est alors que cet «OVNI» s’est posé à l’orée d’un bois dans le parc de Louvain-la-Neuve.
Bien que Christian de Portzamparc ait dit que «c’était un avantage d’avoir cette liberté d’avoir largué les amarres avec Louvain», il a tout de même voulu établir un lien entre le bâtiment et son environnement: les espaces boisés – le musée Hergé – la ville de Louvainla-Neuve. Implanté dans les bois, le musée est relié à la ville par une passerelle faisant le lien entre ces trois espaces. Cette passerelle en porte-à-faux, faisant partie intégrante du projet, constitue une invitation à entrer dans le navire qu’est le musée Hergé. «C’est un peu comme le bateau de Fitzcarraldo qui est arrivé dans la jungle».
FAÇADES EXTÉRIEURES
Les visiteurs sont attirés visuellement, intrigués, incités à entrer dans cette bande dessinée réelle, à traverser la case et entrer dans le musée. Suivant le temps qu’il fait et le temps qui passe, le jeu de transparence et de réflexion des vitrages permet à la façade de se mouvoir. Une façade en action comme une bande dessinée racontant une histoire.
Parfois les vitrages reflèteront plus le paysage extérieur, avec des vues sur le ciel lorsqu’il fait soleil, mais la plupart du temps ils laisseront transparaître «cet intérieur qui apparait comme un grand dessin».
De plus, à la nuit tombée, l’intérieur s’éclaire et s’anime comme un film.
D’un point de vue technique : ces vitrages doivent nécessairement filtrer les UV à très haute performance afin de ne pas dégrader les oeuvres conservées dans le musée.
Au niveau des zones pleines des façades, l’idée première de Portzamparc était de laisser l’aspect béton brut apparent. Mais du fait des contraintes d’isolation thermique par l’extérieur, les façades ont dûes êtres ensuite recouvertes d’un parement enduit par la suite d’une couleur blanche pour donner cette pureté sculpturale aux voiles de béton, permettant aux visiteurs de se concentrer sur les formes et l’architecture du bâti.
FAÇADES INTÉRIEURES
Après de longues discussions entre Portzamparc et la coloriste Fanny Rodwell, le choix s’est porté sur des couleurs proches de celles utilisées dans la bande dessinée, et sur des graphismes tirés des aventures du petit reporter : «un clin d’oeil aux pages d’Hergé».
L’association des couleurs réalistes et naturelles avec des graphismes extraits des bandes dessinées donne cette impression particulière d’être à la fois dans le réel et dans une page de bande dessinée. Elles évoquent le sable, un bâtiment de brique rouge, une forêt dense ou encore la mer, mais ne sont pas pour autant associées au graphisme correspondant.
Cinq volumes forment un paysage architectural: 5 formes différentes, 5 couleurs différentes, 5 graphismes différents.
Comme le présente Christian de Portzamparc, «chacun a sa personnalité, chacun est une sorte de personnage, plus la verticale de l’ascenseur qui est un cinquième. Chacun a une forme sculpturale propre et une couleur propre et même un graphisme propre puisque on a agrandi démesurément des petits extraits du trait d’Hergé. L’un vient de Tintin en Amérique, l’autre va venir du Sceptre d’Ottokar ou de Rackham le Rouge. […] C’est encore de la bande dessinée mais elle est en trois dimensions». Concernant la montée d’ascenceur, elle devait initialement être rouge et blanche, figurant ainsi la fusée d’»Objectif lune» et d’«On a marché sur la lune». Mais cela renvoyait trop fortement au personnage de Tintin, alors que la volonté principale était d’édifier un musée en hommage à Hergé, non à Tintin. Il y avait trop de «force» dans la couleur rouge. Ne pas mettre «Hergé à l’ombre de Tintin», telle était la devise, même si, d’un point de vue critique, Hergé est à mon avis dans le coeur des gens à l’ombre de ce petit reporter extraordinaire. Cette cage d’ascenseur a été matière à discuter entre la coloriste Fanny Rodwell et Christiande Portzamparc pour trouver une autre couleur en harmonie avec toutes les façades. Finalement un bleu très foncé presque noir s’est imposé. Le graphisme de l’ascenseur et sa couleur sont un clin d’oeil à Tintin sans être pour autant trop marqués. Ce noir est en harmonie avec les autres volumes car de fait, le noir n’est pas une couleur et apporte donc de la neutralité vis à vis des autes volumes colorés. Les gigantesques surfaces peintes permettent d’évoquer subtilement et de mettre en avant le petit reporter sans effacer pour autant son auteur.
L’expérience de la couleur à grande échelle a dû subir beaucoup de tests presque grandeur nature car en effet, «une couleur peut sembler dix fois plus forte en grand et une autre va s’affadir ça tient à la couleur proprement dit, ça tient au rapport qu’elles ont entre elles».
Une couleur peut être très impressionante, très marquante par rapport à l’espace si elle est posée en aplat sur plus de 200 m²… Mais selon Portzamparc, nous ne sommes pas «devant le fait d’une seule couleur mais devant le fait de cinq couleurs» : une harmonie des cinq couleurs se faisant face, dialoguant entre elles et créant un paysage.
De plus, en ce qui concerne les éclairages, si l’on avait mis une seule couleur, le résultat serait imprévu et pas forcément bon dans les conditions lumière naturelle / éclairage : dans un cas elle pourrait paraître flamboyante et dans l’autre très terne. La symbiose des 5 volumes de 5 couleurs différentes fonctionne bien et le dialogue entre ces volumes évolue selon le type de lumière.
De même pour les graphismes peints à la main sur une grande surface : il y avait une certaine interrogation, de l’imprévu concernant l’agrandissement monumental des illustrations d’Hergé. Même si tout reste à l’échelle, ce que l’on imagine sur une grosse maquette n’a pas le même rendu que sur un mur de 10 à 20 mètres de haut… L’aggrandissement démesuré apporte un caractère pictural au bâtiment, faisant référence à des grands peintres tels que Lichtenstein qu’Hergé appréciait particulièrement.
PARCOURS SCÉNOGRAPHIQUE / MUSÉOGRAPHIQUE
Le découpage des espaces se fait grâce aux 4 grands volumes, 4 grands espaces muséographiques.
Joost Swarte est parti de cette forme architecturale de la brique creusée de Portzamparc car la division de l’exposition en volumes permet la création de différentes scènes dans l’exposition. Le découpage des espaces participe donc aussi à la scénographie: alterner les volumes d’exposition présentant le monde d’Hergé et les «pauses réelles» sur les passerelles pour passer d’un volume à l’autre. Une collaboration étroite entre architectes/scénariste/scénographe fut importante car le principe de la brique creusée permet la création de volumes avec des murs en biais, représentant tantôt une montagne s’élèvant vers le ciel, tantôt une pyramide inversée. Une certaine souplesse concernant l’emplacement de ces volumes permettait leur adaptation au contenu de l’exposition: ces formes permettaient éventuellement d’étendre un certain espace qui en avait besoin, ou d’en réduire un autre.
L’idée du parcours découle du programme d’exposition présenté dans ces volumes. Les visiteurs empruntent tout d’abord la «fusée», cage d’ascenseur, pour monter aux premiers espaces d’exposition pour redescendre au cours de leur visite. La visite est structurée par le parcours de la vie d’Hergé pour ensuite être orientée vers les aventures de Tintin le petit reporter.w
POUR UNE ARCHITECTURE DE LA BANDE DESSINÉE
Comme le déclare Alban Lamy dans sa thèse, «l’architecture a les possibilités de concevoir toute une série de cadrages au sein d’un bâtiment» . Un cadre délimite un contexte : temps, espace, sujet.
Prenant la case en tant que forme artistique et architecturale issue de la bande dessinée, Portzamparc a créé sa propre histoire. Il a dessiné à sa façon une planche de BD sur les façades du musée Hergé. La fenêtre est cadre, elle devient case. Le découpage est rythmé, les vues sont encadrées, tel « un morceau d’une grande page dépliée avec des cases », « un hommage à la bande dessinée ». On peut lire la bande dessinée que l’on observe à travers la fenêtre : une bande dessinée vivante, une bande dessinée réelle. Observer le temps qui passe, contempler les arbres dansant au gré des vents, suivre les nuages passant d’une case à la suivante et imaginer les dialogues des personnes se trouvant de l’autre côté du vitrage. Tout cela est mis en scène uniquement grâce au cadrage et à la forme de la fenêtre «en cases de BD»
|
Table des matières
Avant-Propos
La grande histoire de la bande dessinée
Une culture BDphile qui s’expose
Le musée Hergé – Louvain-la-Neuve
Pour une architecture de la bande dessinée
Bibliographie