Le mouvement du faire et les individus au cœur des défis contemporains 

StuB’iclou, des bobos trentenaires buveurs de bière ?

A StuB’iclou la moyenne d’âge des adhérents tourne autour de 30 ans. Elle était de 30 ans en 2020 contre 28 en 2019 selon les rapports d’activité 2019 et 2020. Sur les 1075 adhérents de 2020, il y avait 38% de femmes, 57% d’hommes et 5% se déclarant « autre ». La part de fréquentation féminine est assez constante depuis les débuts de l’association. En revanche, la part de bénévoles femmes et membres du comité directeur (CD) a sensiblement augmenté. En effet, une seule femme était membre du CD en 2013, et en 2021 le CD est composé d’une majorité de femmes (CD composé d’1 personne se considérant gender fluid, 3 hommes et 4 femmes). Au niveau des salariés, l’équipe était composée en 2020-21 de trois femmes et un homme. Ces changements sont notamment le fruit d’une politique volontaire de conscientisation des rapports genrés dans l’association.
Outre ces chiffres issus des rapports d’activités, les personnes interrogées en entretien ont également donné leur vision des membres de StuB’iclou. Certains comme A. ont présenté les différents types de membres en cercles concentriques en fonction de leur statut : salariés, bénévoles, adhérents. La diversité des milieux a été évoquée par A. : « Tout le monde vient de milieux vraiment différents, avec un parcours de vie complètement différent aussi, mais à la fois vachement complémentaire » ou G. qui voit passer des étudiants « parce que ce sont des gens qui n ‘ont pas de fric » , quelques retraités « qui y croient encore », et une frange de personnalités qui se sentent bien accueillis à StuB’iclou et qui ne se sentiraient pas bien dans d’autres endroits. Au contraire, F. ou D. perçoivent une homogénéité de classe moyenne supérieure blanche. F. propose: « C’est des blanbecs, blancs trentenaires, j’pense un peu plus de mecs que de femmes, plutôt CSP+ » . C. confirme qu’il y a peu de mixité ethnique sauf depuis le début des séances de vélonomie avec des personnes exilées. Par ailleurs, D. trouve qu’on y voit de plus en plus de personnes non hétérosexuelles même si ce n’est pas un lieu très queer. Pour C., c’est un lieu où il y a moins de personnes neurotypiques que la moyenne. Pour D., ce sont des buveurs de bière.
25 prénoms aux consonances masculine contre 17 féminins. Ainsi, il semblerait que les hommes soient plus représentés que les femmes, mais pas outre mesure.
Interrogés sur les membres, G., H., I.L. et I.J. en font plutôt une description sensible en termes d’amitiés qu’une description sociodémographique. Il ressort que ses membres ont de nombreux points en commun notamment en termes de mode de vie et de rapport à l’art et à l’artisanat, mais aussi beaucoup de différences qui font leur richesse. De plus, les artistes ne savent pas nécessairement ce que font les autres ou qui sont les autres appartenant à cette « meute » et respectent la vie privée de chacun en se découvrant petit à petit.

Des membres compatibles mais différents

Interrogés de manière transversale, H., G. et J. qui connaissent ces trois lieux de faire estiment que ce ne sont pas nécessairement le même type de personnes dans ces lieux mais qu’ils sont compatibles.
Selon H. « souvent tu recroises les mêmes gens c’est un peu les mêmes cercles » . J. confirme en disant « tu vas recroiser les mêmes partout de toute façon » . Pour G., il y a plus de mixité à StuB’iclou car ce sont des personnes se retrouvant pour un engagement associatif et ayant des métiers par ailleurs, alors qu’à la Grainerie, ils sont tous artistes. Il affirme : « A la Grainerie, ils ont leur métier, c’est artiste précaire. On a tous décidé de venir du même monde. Sauf moi, je suis un ovni, il y a un poil de différence entre moi et les autres peut-être parce que je suis nouveau et que j’ai toujours eu le même taff. J’ai décidé de changer radicalement de situation, ce qui n’est pas le cas de la Grainerie » . Enfin, pour G., il y a nécessairement des croisements entre les membres de ces trois lieux pour des évènements, des échanges, « c’est vraiment un cercle vertueux ».

Plongée au cœur des individus

Dans Makers (Berrebi-Hoffmann, Bureau, Lallement, 2018), les auteurs se basent sur le concept interactionniste de carrière pour tenter de donner du sens à ces profils divers. La carrière, dans la tradition sociologique de Chicago, peut être définie comme un « parcours ou progression d’une personne au cours de la vie » . L’idée est donc d’observer les grandes étapes ayant marqué le parcours des individus pour comprendre les modifications de leurs systèmes de représentation. Les sociologues ont choisi d’analyser les trajectoires individuelles plutôt comme des suites de positions que comme une histoire personnelle subjective. Dans ce mémoire, nous avons souhaité croiser des variables de la carrière pour typer ces trajectoires objectives, mais nous avons aussi souhaité intégrer des éléments de l’histoire personnelle subjective pour mieux percevoir le rapport au monde des interrogés. Ainsi, nous observerons les éléments de rupture objectifs de ces individus ainsi que la manière dont ils les perçoivent. Comme nous l’avons déjà justifié dans l’encart méthodologique, nous avons construit notre grille d’entretien de manière à interroger les différents éléments constitutifs du parcours de vie des personnes. Ainsi, nous avons commencé par leur parcours scolaire et professionnel, ayant une importance pour comprendre le rapport au travail dans les lieux de faire. Ensuite, nous avons tenté de comprendre leur rapport au temps, leurs loisirs, leur sociabilité, leurs valeurs, leur vision politique, leur rapport au religieux, ainsi que leurs rêves.

Parcours scolaire et professionnel

A StuB’iclou dans les six personnes rencontrées en entretien, on retrouve des bac S, L et ES. Tous ont suivi des études supérieures dont quatre en sciences humaines (faculté de sociologie spécialité environnementale, licence de sociologie, Sciences Po, ingénierie de l’ESS) ; un a fait des études d’art (G. qui est aujourd’hui à la Grainerie) ; un autre a suivi un BTS en animation nature. Seule une n’est pas allée au bout de ses études supérieures après des difficultés liées potentiellement à un burn-out autistique. Ainsi pour la majeure partie, ce sont les sciences humaines qui dominent avec des options environnementales ou en lien avec l’ESS. En majorité, ce sont des personnes qui se sont beaucoup formées, ont beaucoup changé dans leurs parcours. Lors des discussions informelles menées toute l’année à StuB’iclou, nous avons pu constater qu’au sein des bénévoles, beaucoup de personnes étaient diplômées du supérieur. Certains sont ingénieur, institutrice, vétérinaire, ergothérapeute, informaticien, mais il y a aussi des techniciens (son, vélo), et quelques parcours de personnes en rupture qui ont décidé de vivre du RSA par volonté politique. En ce qui concerne les adhérents, ce sont beaucoup d’étudiants et la part de tarifs réduits est de 70%.
Dans le cas des six personnes interrogées, A. est actuellement salariée de StuB’iclou. Elle a auparavant travaillé dans des bars, des restaurants, une école. Elle a 24 ans et StuB’iclou représente pour elle un travail qui a du sens. C. est mécanicienne vélo à domicile. Auparavant, elle a fait des petits boulots, été femme au foyer, a créé son entreprise qui n’a pas fonctionné. Elle a une quarantaine d’années. F. a travaillé dans le secteur associatif, a été la première coordinatrice de StuB’iclou, fait un travail de formatrice pour des services civiques et travaille aujourd’hui dans une SCOP d’éducation populaire, elle a environ 35 ans. H. a été animateur nature & environnement et est aujourd’hui forgeron, il a environ 35 ans. Après sa formation à Sciences Po, D. a fait un service civique à la Manufacture, travaillé à mi  temps dans une microentreprise avec un ami, puis a créé son statut d’autoentrepreneur.se pour retranscrire des entretiens. Aujourd’hui, iel se consacre à ses activités militantes. G. a travaillé chez Pizza Hut, Décathlon, Gosport en tant que mécanicien vélo puis il a été comédien, a travaillé 10 ans chez StuB’iclou et a aujourd’hui décidé de devenir artiste précaire pour faire des robots en pièces de vélo.

Rapport au travail : à la recherche de l’équilibre

Les individus ont été interrogés sur leur rapport au travail pour mieux comprendre la place qu’il prend dans leur vie, et le sens qu’ils y mettent. Les conceptions ressorties sont assez différentes. Pour certains comme K., c’est une passion ou quelque chose qui peut avoir du sens comme pour G. qui affirme que la racine souvent évoquée pour le travail est fausse. Selon lui, il est souvent avancé que « tripallium, c’est un outil de torture. Mais en fait c’est faux, c’est des erreurs de linguistes, c’est une grosse fake news inventée par les gens qui ne veulent pas travailler. »
Selon lui, le mot « travail » viendrait plutôt de l’espagnol « travajo » et il a presque toujours travaillé dans sa vie. Dans le cas de A., elle aimerait que le travail lui prenne moins d’espace mental parce qu’il freine sa créativité. Malgré cela, elle veut tout de même travailler dans l’associatif : « ça te pousse à sortir de ton confort constamment » et elle ne se retrouve que là-dedans niveau valeurs. Pour F. au contraire, le travail est un jeu et elle considère avoir été chanceuse car elle n’a jamais eu à subir de hiérarchie. Ce qu’elle aime dans le travail, c’est la création, le développement de projet. J. a réussi à trouver un équilibre pour que le travail ne lui prenne pas trop de temps en étant à temps partiel. Ironiquement, c’est plus la gestion de la Manufacture qui lui prend de l’énergie mentale. Elle identifie cela par la responsabilité de présidente qu’elle y exerce alors qu’elle n’est que salariée dans sa facture d’orgues. Quant à C. et D., ielles rêvent plutôt d’un revenu univers el pour pouvoir se dédier à leurs engagements militants ou associatifs. Pour C., c’est en parti dû au fait qu’elle ne parvient pas à supporter un 35h de par ses handicaps liés à la concentration et à la sociabilisation, et pour D., c’est un acte militant. C. affirme que si elle parvenait à recevoir le RSA, elle ne se sentirait pas coupable : « en termes de services rendus à la société, j’en ferais quand même un peu quelque chose ».
Ce qui dérange D. dans l’emploi salarié est que « t’es cloué à un endroit, ça te monopolise tout ton temps », « soit tu travailles dans une entreprise classique du coup ya une ambiance de merde, des enjeux de hiérarchie, soit tu travailles avec un pote mais j’ai pas envie (…) dans l’associatif donc là c’est le don de soi, tu t’épuises à la tâche et tu dois surtout pas compter tes heures. S’il y a un travail où je trouve mon compte pourquoi pas ». Iel n’est donc pas contre absolument mais ne trouve pas chaussure à son pied. Parfois iel est atteint par le discours critique sur le fait de ne pas travailler : son père l’accepte mais sa mère un peu moins. Iel considère désormais que le chômage et le RSA perçus sont une sorte de revenu de base que l’État lui reverse pour le travail social gratuit qu’iel fait « qu’il devrait faire lui » (l’État). Iel travaille ponctuellement parfois, fait les vendanges, co-anime une formation de mécanique en mixité choisie. « Je me suis vraiment inversé le truc: le travail, c’est de temps en temps et le reste du temps, je fais des trucs gratuits ailleurs en essayant de me remettre au travai l artistique ».
Il n’y a donc pas vraiment de constante au sein des personnes interrogées sur leur rapport au travail, sinon qu’ils aimeraient un travail qui fait sens, et que certains ne voient pas de dis tinction stricte entre travail et vie personnelle, alors que d’autres aimeraient justement avoir plus de temps libre ou du moins trouver un équilibre.
Nous pouvons mettre en perspective ces résultats avec le modèle idéal-typique proposé par M. Lallement dans L’Âge du Faire ( 2015). En effet, le sociologue s’inspire de Max Weber et plus précisément de l’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme pour proposer une typologie de ses hackers en fonction du temps qu’ils dédient au hackerspace et de leur rapport au marché. Nous avons classé nos individus interrogés en entretien dans ce tableau.

Perm en non-mixité

Q: Comment vous avez fait pour mettre en place la perm en non-mixité?

Groupe de 4-6 personnes: en 2016 la première. Se sont inspirées d’un autre atelier qui avait lancé une perm comme ça.
Un ancien bénévole est parti à cause de ça. Au départ : besoin de se justifier tout le temps, moins aujourd’hui. Il y a eu des débats dessus pour que ça puisse passer.
Il y a toujours eu ce truc de cette perm est un peu en dehors du reste parce que les bénévoles osent pas trop en parler, peur d’être qualifiés de sexistes. Une époque où iEl était assez tendu.e. Sent que la perm est soutenue, légitimité d’usage. De plus en plus de féministes et de femmes qui viennent en général.

Réparation/difficultés/ solidarité/transmission

Q: Quand t’arrives pas à faire une réparation, qu’est-ce que tu fais ?

S’énerve, « le mythe de l’autoréparation c’est super ça détend s’effondre dans ma tête ». Si c’est le soir, sort fumer un pétard, demande de l’aide ou abandonne. Ne se souvient pas d’avoir eu trop d’échecs cuisants, toujours des personnes là pour la soutenir moralement ou qui lui proposaient d’essayer.
Q: Comment est-ce que t’as appris? Iel ne savait rien faire à l’arrivée, a appris les câbles de frein, révisé son vélo entièrement « pour espérer gratter du savoir ».
« C’était l’époque où j’avais encore un seul vélo. » Aujourd’hui iel en a 10. Assez vite, a commencé à monter des vélos en partant du cadre, sur leboncoin en permanence. Iel a appris beaucoup aux apéros démontage, en perm ,en posant des questions, en trainant avec X.

RECIT DE VIE

Parcours scolaire/professionnel

Né.e dans les Hauts-de-Seine: banlieue aisée de Paris, ses parents sont de classe moyenne sup. Lycée avec section internationale en anglais: cours de littérature, géo etc: la plupart des élèves avaient un parent anglophone ou vécu dans un pays anglophone. Iel a passé le test pour rentrer: elle l’a eu. Les autres avaient un super niveau d’an glais. Après le lycée: pas envie d’être à paris. Passé les concours pour entrer à Scpo (sinon serait allé.e en Hypokhâgne) : pris dans un iep de province. Erasmus en Irlande. Tous les 3 ans, qqch se passe dans sa vie: iel avait déjà pu y aller en woofing  n Irlande, avait envie d’y retourner. Master1 et master 2 pas liés. Iel a choisi « études européennes, relations internationales « .
« C’est l’année où j’ai rencontré StuB’iclou ». Puis M2 ESS: « le seul qui me disait un petit peu ». Stage à la Manufacture:
« j’ai trouvé avec mon espèce de privilège de chance ». A l’époque, c’était encore assez « schlag » : première fois qu’ils prenaient un stagiaire: pas structurés, travaux à faire. Ont été d’accord pour payer l’indemnité : le deal était qu’iel débloque un FSE. Marre des cours: beaucoup de redites, pas trop dans l’ambiance de la classe. Le jargon de l’innovation l’a gêné.e. « Remplir des dossiers de subs c’est juste blablater dans le vide pour qu’on te file de la thune ». A l’époque, en découverte de ce modèle-là, asso peu structurée donc iel pouvait prendre de la place « j’me sentais pas comme la stagiaire ». Après ça, a enchainé sur un service là-bas. Au total: 2 années scolaires là-bas. Failli prendre un poste dans une asso culturelle après: ne souhaitait pas travailler 35h, et un gars de la manuf lui avait dit qu’une personne toxique y était hyper prépondérante.
La manuf et l’asso voisine ne s’entendent pas. Le vice-prés des ateliers partagés lui a proposé d’être son assistant.e administratif.ve sur 28h rh, rédac etc: dans une micro-entreprise de datas. Le dir de la micro-entreprise voulait faire du mécénat de compétences donc iel a pu aller bosser à la manuf encore. C’était cool mais son « patron » fumait pas mal de pétards, chez lui, pas très sain comme ambiance de travail, il était assez bordélique, orga de plusieurs évènements. Cette même année a organisé les rencontres de l’heureux cyclage. « Tous les avantages et les inconvénients de travailler avec un pote ». Après ses vacances, iel n’avait plus envie d’avoir un emploi salarié. Fin 2019. Ce qui la.le gêne dans l’emploi salarié: « cloué à un endroit », « ça te monopolise tout ton temps », « soit tu travailles dans une entreprise classique du coup y’aune ambiance de merde, des enjeux de hiérarchie soit tu travailles avec un pote mais j’ai pas envie (…) dans l’associatif donc là c’est le don de soi, tu t’épuises à la tâche et tu dois surtout pas compter tes heures. S’il y a un travail où je trouve m on compte pourquoi pas ». Iel s’est surmené dans le travail bénévole quand même mais au moins ne pouvait en vouloir qu’à soi-même. Entre-temps, s’est créé un statut d’auto-entrepreneur pour retranscrire des entretiens: le fait de temps en temps: une bonne couverture pour Pôle Emploi et le RSA. Parfois est atteint par le discours critique sur le fait de ne pas travailler:
pour ses parents ça va, plus compliqué pour sa mère. Considère désormais que le chômage et le RSA perçus sont une sorte de revenu de base que l’Etat lui reverse pour le travail social gratuit qu’iel fait « qu’il devra it faire lui » (l’Etat). Fait des petits trucs: les vendanges, co-anime une formation de méca en mixité choisie: le travail qu’iel aimerait bien faire en ce moment « c’est vraiment ça: de la formation de méca vélo ponctuelle. « Je me suis vraiment inversé le truc: le travail, c’est de temps en temps et le reste du temps, je fais des trucs gratuits ailleurs en essayant de me remettre au travail artistique ».

Autres engagements associatifs

A beaucoup réduit « parce que j’étais en burn-out »: beaucoup d’orgas féministes, un squat, tisser des réseaux de solidarité pour les meufs par les meufs en galère, l’asso vélo, des évènements festifs (propagande vélo), ateliers partagés, la chorale, les manifs. Plus des trucs informels aujourd’hui, laisse de l’espace à la création, pratiques artistiques

Temps libre

Pas de division entre ses temps libres, militants etc. iel chante, écrit des chansons: lors des périodes très militants, compliqué d’écrire, remettait tout en question, trucs émotionnels forts. A tout analyser sous le prisme du privilège: « heureusement que je suis pas un mec cis, sinon je serais tellement mal dans ma vie »: aujourd’hui veut garder ces lunettes mais en se détendant un peu. Fait aussi du tatouage, du dessin. « Le tatouage, ça m’a fait un peu comme StuB’iclou, un savoir accessible ». S’est investi à la Grainerie aussi, festival DIY. Fait de la typographie, sérigraphie. « Mon espoir c’est de refaire des ponts entre le poétique et le politique ». En Irlande, a écrit 30 chansons en 1 an, la dernière année a du en écrire 2. La chorale lui a fait du bien pour ça, la sérigraphie aussi: pas envie d’écrire des tracts. Difficile de trouver l’inspiration dans sa chambre: donc revient à se demander à quoi iel sert dans la société s’il n’arrive même pas à créer des trucs.
Danse: dernier kiff. « Avant je dansais pas du tout, j’étais vraiment qué-blo du corps, et après j’ai découvert le reggaeton il y a 2 ans à l’époque des manifs, on militait pas mal avec les copines chiliennes -kurdes, je comprenais vraiment c’était quoi la convergence des luttes et c’est le reggaeton qui m’a initié au fait de bouger ton corps de manière déliée, que c’est pas forcément la honte, que le twerk c’est super, d’oublier les autres quand tu danses ». Par rapport à des trucs de genre « ça m’a grave fait du bien de découvrir c’est quoi avoir accès à ton corps ». « D’un point de vue du genre, je me sens un peu comme un pt’it PD et jusqu’à arriver à ça, d’arriver à me sentir un petit gars et du coup j’ai passé ma vie à être un garçon manqué et du coup à explorer des trucs de la masculinité, à pas aimer le rose, un peu tous les trucs binaires, la danse ça a participé à un truc.. Parce que danser je le faisais pas parce que ça faisait penser à des trucs de l’ordre du féminin, et là de voir que c’était trop agréable.. ». « Du coup, j’me suis mis du vernis pour la première fois en aout! ». Maintenant qu’il est allé loin dans l’exploration de la masculinité, iel peut explorer des trucs plus stéréotypiques féminins.

Famille

Enfant unique. Assez proche de ses parents, s’appellent toutes les semaines. Ils sont encore ensemble mais ne vivent plus ensemble. Après 30 ans de vie commune, ça leur a fait du bien. Laisse la possibilité de les voir séparément. Du fait d’être enfant unique, une certaine pression « j’ai fait sciences po, résultat j’travaille pas. Je suis né.e assigné.e meuf, résultat bon je leur en ai pas encore parlé. » Elle leur a dit qu’elle n’était pas hétéro. Communication plus facile avec son père: il avait placé moins d’attentes sur iel. Ses deux parents n’ont pas eu les mêmes parcours de vie. Son père est d’accord avec le fait de ne pas travailler, aimerait bien faire ça aussi « politiquement, on s’entend plutôt bien ». Sa mère, ça lui parle pas mal quand ça ne vient pas d’iel, mais le.la concernant: peur de sa précarité, qu’iel se mette en danger « elle s’imagine que si j’travaille pas j’vais dormir sous les ponts, elle réagit vraiment par peur et par protection ». Sa grand -mère est décédée « avant que je prenne des tangentes », elle en était proche. Son grand-père s’en fout. « J’pense qu’il doit se dire que c’est bizarre, il comprend pas bien, il m’a déjà dit plusieurs fois « mais tu veux pas être fonctionnaire, c’est la sécurité de l’emploi (iel prend un accent du sud-ouest) ». Son grand-père était boulanger, et lui a dit de ne pas faire ça. Globalement, a de la chance dans sa famille. Se chie dessus de parler des « trucs de genre » avec sa mère. Iel lui a déjà présenté ses copines, « jl’eur ai même parlé de non-exclusivité ». Été dernier: moment compliqué avec sa mère, sur s on physique notamment: « perte de contrôle de l’enfant qu’elle a mis au monde ». Quand iel était petit: dernière jupe iel devait avoir 6 ans. Ses parents le/la laissé faire ce qu’iel voulait, mais organisation : faire ses devoirs avant le weekend. « J’ai voul u aller au caté parce que mes potes y allaient, mes parents sont pas croyants ils étaient en mode ok ». Quand iel a voulu faire de la guitare: ok.
« Il y a ce truc de l’enfant unique, tu peux faire un peu ce que tu veux ». « Aussi loin que je me souvienne, j’a vais ce truc de garçon manqué. » N’a pas dérangé sa mère comme ça se passait bien socialement et à l’école pour iel. Attend de savoir comment iel le formule: aimerait d’abord en parler avec son père à l’oral, puis à l’écrit avec sa mère, attend sa séance de psy, en parle avec ses potes, procrastine. Même s’ils s’engueulent parfois sur ces choix, il y a une base d’affection solide entre iel et ses parents.
S’entend bien avec la famille du côté de son père, moins proche de la famille du côté de sa mère. Cousine de son père lui file les retranscriptions. Du côté de sa mère, ils savent moins ce qu’iel fait, « j’ai un cousin qui est vraiment un con ».

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières
REMERCIEMENTS 
INTRODUCTION 
ENCART MÉTHODOLOGIQUE
A. CHEMINEMENT : DU COLLECTIF A L’INDIVIDU, DES NOUVELLES MANIERES D’ETRE AU MONDE
B. UNE METHODOLOGIE QUALITATIVE EN ALLERS-RETOURS PERMANENTS ENTRE THEORIE ET TERRAIN
1. Observations participantes
2. Entretiens semi-directifs
2.1. Échantillon des entretiens
2.2. De la méthodologie des entretiens
2.3. Déroulé des entretiens
2.4. Focus Group
3. De la diversité des méthodes d’enquête en fonction des lieux
4. Réflexion sur une posture entre deux mondes
CHAPITRE I : LE MOUVEMENT DU FAIRE ET LES INDIVIDUS AU CŒUR DES DEFIS CONTEMPORAINS 
A. MONDE DES MAKERS ET SPECIFICITES DU TERRITOIRE D’ENQUETE
1. Retour historique sur le « faire » et définition du mouvement
2. Analyse sémantique et enjeux de la dénomination
2.1. Contextualisation sur l’usage des termes : des termes pour se reconnaître ou se singulariser
2.2. De l’usage du terme makerspace
2.3. Les tiers-lieux
2.4. Les lieux de faire, nos lieux d’enquête
2.4.1. StuB’iclou
2.4.2. La Manufacture
2.4.3. La Grainerie
3. Analyse historique et symbolique de nos trois lieux de faire
3.1. Des associations récentes partageant des valeurs communes
3.1.1. StuB’iclou, un atelier d’autoréparation vélo en centre-ville
3.1.2. La Manufacture, un centre de production partagé en quête de polyvalence
3.1.3. La Grainerie, des ateliers d’artiste au sein d’un collectif autogéré
3.1.4. Des valeurs communes de partage, de fabrication et d’autonomie mais des différences de taille et d’inclusivité
3.2. Créer une culture commune à travers la symbolique et les rituels
3.2.1. La symbolique des objets du « faire »
3.2.2. Les rites de la convivialité
B. LES INDIVIDUS MODERNES : ENTRE AUTONOMIE ET VULNERABILITE
1. Théories de l’individu moderne
1.1. Individualisme en manque de supports ou émancipateur ?
1.1.1. De la propriété privée à la propriété sociale
1.1.2. De la propriété de soi à la désaffiliation
1.1.3. L’individualisme, un humanisme ?
1.2. La vulnérabilité, un défaut d’autonomie ?
2. Des individus en composition dans les lieux de faire
2.1. Des hommes, blancs, trentenaires, de classes supérieures ?
2.1.1. StuB’iclou, des bobos trentenaires buveurs de bière ?
2.1.2. La Manufacture, des diplômés du supérieur en quête de faire ?
2.1.3. La Grainerie, des artistes précaires ?
2.1.4. Des membres compatibles mais différents
2.2. Plongée au cœur des individus
2.2.1. Parcours scolaire et professionnel
2.2.2. Parcours de vie : des lieux pour se raccrocher ou réaliser ses rêves
2.2.3. Rapport au travail : à la recherche de l’équilibre
2.2.4. Des militants associatifs convaincus
2.2.5. Un temps libre actif et dédié à des pratiques artistiques et culturelles
2.2.6. Des liens familiaux proches ou des familles de substitution
2.2.7. Une sociabilité exacerbée par les lieux de faire
2.2.8. De la fragilité de la relation à soi
2.2.9. Des valeurs humaines et politiques
2.2.10. La défiance envers la politique institutionnelle et un engagement local radical
2.2.11. Un athéisme tinté de spiritualité new-age
2.2.12. Des rêves d’équilibre, de justice et d’apaisement
CONCLUSION DU CHAPITRE I
CHAPITRE II : LES LEVIERS MOBILISES POUR CHANGER LE RAPPORT AU MONDE 
A. LES LEVIERS D’ORDRE MATERIEL ET SYMBOLIQUE
1. S’imprégner du monde par sa matérialité
1.1. Le travail manuel, une réconciliation entre le faire et l’agir
1.2. Un moi situé entre dialogue et autorité de la matière
1.3. Vers une réconciliation entre travail manuel et intellectuel
2. Le lieu commun
2.1. Les aspérités du lieu physique
2.2. Des refuges protecteurs
2.3. Des hétérochronies
2.4. Se détacher de la propriété privée
2.5. La précarité de la non-propriété privée
3. Le schlag comme drapeau, la débrouille comme résistance au système
3.1. Schlag, bordel et cambouis
3.2. Un éclat de subversion ?
3.3. A la croisée des chemins
B. LES LEVIERS D’ORDRE SOCIAL ET POLITIQUE
1. Des individus interdépendants en construction de cohésion
1.1. De la nécessité de construire du commun
1.2. De l’interdépendance comme force
2. Apprentissage et transmission des savoir-faire
2.1. Artisanat et savoir-faire : entre professionnalisation et amateurisme
2.2. L’apprentissage comme projet politique
3. Des lieux auto-organisés, do-ocratiques où l’anarchie règne ?
3.1. La do-ocratie, des contre-pratiques pour réinventer le rapport au politique
3.2. Des mécanismes mis en place pour une démocratie par le concret
3.2.1. Des rôles impliquant des pouvoirs différents
3.2.2. De l’investissement et des règles communes
3.2.3. Techniques d’animation et modes de gouvernance
3.2.4. Gestion des conflits
CONCLUSION DU CHAPITRE II
CHAPITRE III : DE LA PORTEE EMANCIPATRICE ET TRANSFORMATRICE DES LIEUX DE FAIRE
A. RETOUR AUX SOURCES OU ALLEE VERS L’EMANCIPATION
1. Du ressort réactionnaire d’un mouvement de « retour à »
1.1. Liens entre retour à la terre et mouvement du faire soi-même
1.2. Des sources et des conséquences de l’envie de retour à l’essentiel
1.3. Des mouvements réactionnaires ?
1.4. S’ensauvager, faire soi-même, c’est politique
2. S’émanciper à travers les pratiques concrètes
2.1. Vers une définition du pouvoir d’agir
2.2. Les valeurs du faire soi-même : entre réalisation de soi, tradition vivante et émancipation politique
2.3. Autonomie et pouvoir d’agir sur le terrai
2.3.1. Le développement d’habiletés
2.3.2. L’augmentation du sentiment d’efficacité personnelle
2.3.3. Le développement d’une conscience critique
2.3.4. L’expérience avec d’autres personnes dans une démarche d’action collective
B. DEPASSER LES LIMITES
1. Limites à l’émancipation et à la transformation sociale et économique
1.1. Des limites de l’échelle d’application du modèle
1.1.1. Limites dans les capacités de production des lieux de faire
1.1.2. Du rapport au travail : une nouvelle exploitation de soi ou une niche privilégiée ?
1.2. Des rapports humains en tension
1.3. Des rapports de genre amoindrissant l’émancipation
1.3.1. Le patriarcat traverse ces lieux
1.3.2. Des outils pour dépasser les limites genrées
2. Pour de nouvelles grilles de lecture
2.1. Vers une nouvelle organisation du travail
2.2. Vers un réenchantement du monde
CONCLUSION DU CHAPITRE III 
CONCLUSION GÉNÉRALE 
BIBLIOGRAPHIE 
1. Ouvrages, Chapitres et Essais 8
2. Articles scientifiques
3. Mémoire
4. Rapports et manifestes
5. Articles de presse
6. Présentation
7. Podcasts
8. Sources internet et vidéos.
ANNEXES 
RÉSUMÉ 
ABSTRACT

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *