Le modele drosophila melanogaster

Le modele drosophila melanogaster

Les avantages de la drosophile

Lโ€™รฉtude de modรจles insectes a permis de faire de grandes dรฉcouvertes dans de nombreux domaines des Sciences du Vivant. Par exemple, lโ€™รฉtude de la drosophile fut initiรฉe en 1910 par lโ€™amรฉricain Thomas Morgan qui reรงut le Prix Nobel en 1933. Partant de lโ€™isolement de drosophiles mutantes pour la couleur des yeux, Morgan et ses collaborateurs ont dรฉveloppรฉ des outils gรฉnรฉtiques qui leur ont permis dโ€™รฉtablir les premiรจres cartes gรฉnรฉtiques et de proposer la thรฉorie chromosomique de lโ€™hรฉrรฉditรฉ. On sโ€™รฉtait rendu compte ร  lโ€™รฉpoque que lโ€™irradiation aux rayons X ou lโ€™administration par la nourriture dโ€™agents mutagรจnes chimiques, induisaient des anomalies du dรฉveloppement. Ces recherches ont รฉtรฉ rรฉvolutionnรฉes dans les annรฉes 1970-80 par lโ€™avรจnement des mรฉthodes de la biologie molรฉculaire qui ont permis pour la premiรจre fois dโ€™identifier les gรจnes mutรฉs et de rรฉaliser par la suite des รฉtudes fonctionnelles. Ceci a conduit ร  dรฉvelopper chez la drosophile la mรฉthode des cribles gรฉnรฉtiques dont les rรฉsultats sont inestimables pour la biologie. Rappelons que les drosophiles sont de petite taille, ร  courte durรฉe de gรฉnรฉration, et faciles ร  รฉlever en masse ร  faible coรปt. La premiรจre grande percรฉe biologique basรฉe sur ces approches chez la drosophile fut le dรฉchiffrage des mรฉcanismes molรฉculaires du dรฉveloppement qui mรจnent de lโ€™ล“uf fรฉcondรฉ ร  un organisme multicellulaire complexe. Cependant, les mรฉthodes biochimiques ne permettaient pas dโ€™identifier les facteurs qui contrรดlent ces processus. Cโ€™est vers 1980 en Allemagne que Christiane Nรผsslein-Volhart et Erich Wieschaus mirent en route des cribles de mutagรฉnรจse chez la drosophile dans le but dโ€™identifier gรฉnรฉtiquement les facteurs responsables du dรฉveloppement. Ces cribles ont รฉtรฉ extrรชmement fructueux et aprรจs quelques annรฉes, les biologistes ont commencรฉ ร  comprendre les mรฉcanismes molรฉculaires dรฉterminant la mise en place des axes antรฉro-postรฉrieur et dorso-ventral, la segmentation du corps, et la diffรฉrenciation des structures spรฉcialisรฉes au sein de ces segments. De ces travaux a รฉmergรฉ pour la premiรจre fois une image cohรฉrente des processus gรฉnรฉtiques, molรฉculaires et cellulaires qui concourent au dรฉveloppement dโ€™un organisme multicellulaire. En trรจs peu de temps, de nombreuses รฉquipes ร  travers le monde ont montrรฉ que pratiquement tous les gรจnes impliquรฉs au cours du dรฉveloppement de la drosophile possรจdent des homologues chez les mammifรจres et chez lโ€™Homme, et que ces gรจnes jouent des rรดles semblables dans le dรฉveloppement de ces diffรฉrents organismes. Ceci a mis en รฉvidence la grande conservation au cours de l’รฉvolution des molรฉcules et des mรฉcanismes qui contrรดlent l’embryogenรจse et la diffรฉrenciation chez les organismes multicellulaires. La liste des apports significatifs du modรจle drosophile ne sโ€™arrรชte pas ร  la gรฉnรฉtique du dรฉveloppement. Ainsi les premiers gรจnes qui sous-tendent les rythmes jour/nuit chez les animaux ont รฉtรฉ dรฉcouverts chez la drosophile par Seymour Benzer (Konopka & Benzer, 1971). De tels gรจnes ont ensuite รฉtรฉ rapidement identifiรฉs chez la souris et chez lโ€™Homme, et ce domaine de recherche est actuellement en pleine expansion. Lโ€™รฉtude de la mรฉmoire, du sommeil, de la nutrition, de lโ€™immunitรฉ, et beaucoup dโ€™autres, ont bรฉnรฉficiรฉ et continuent de bรฉnรฉficier du modรจle drosophile. Le sรฉquenรงage du gรฉnome de la drosophile, accompli en 2.000, a rรฉvรฉlรฉ lโ€™existence de 13.000 gรจnes, et on a depuis dรฉcouvert que 75% des gรจnes humains rรฉcemment impliquรฉs dans des pathologies humaines prรฉsentent des homologues chez lโ€™insecte. La drosophile constitue en effet un modรจle dโ€™รฉtude avantageux pour certaines pathologies, comme la maladie dโ€™Alzheimer (Goguel et al., 2011) ou celle de Parkinson (pour revue (Whitworth, 2011)). De faรงon intรฉressante, la plupart des voies de signalisation qui guident les processus basiques sont conservรฉes des invertรฉbrรฉs aux vertรฉbrรฉs aprรจs plus de 700 millions dโ€™annรฉes dโ€™รฉvolution (Rubin et al., 2000). Enfin, d’un point de vue gรฉnรฉtique, l’un des avantages de la drosophile par rapport aux modรจles mammifรจres, est qu’il y a peu de redondance au niveau des gรจnes.

Anatomie du cerveauย 

Le cerveau de la drosophile, constituรฉ dโ€™environ 100.000 neurones, est fonctionnellement trรจs structurรฉ (Ito et al., 2003). Le systรจme nerveux pรฉriphรฉrique de la drosophile possรจde diffรฉrentes voies spรฉcifiques ร  lโ€™olfaction, la vision, la gustation et lโ€™audition, qui projettent sur des structures spรฉcifiques du systรจme nerveux central. Le systรจme nerveux central est divisรฉ en deux grandes parties: la chaine nerveuse ventrale comprenant les ganglions thoracique et abdominal, et le cerveau. Comme chez les autres insectes, les neurones sont unipolaires, avec les corps cellulaires massรฉs ร  la pรฉriphรฉrie du cerveau tandis que les projections dendritiques et axonales sont regroupรฉes dans la masse importante du neuropile. Le cerveau, composรฉ de diffรฉrents ganglions, est traversรฉ par le tube digestif de maniรจre antรฉrograde. On distingue ainsi les ganglions supra- et sub-oesophagiens. Le ganglion sub-oesophagien est le principal centre de traitement de la gustation. Ce systรจme nerveux permet ร  la drosophile de dรฉtecter essentiellement la nature sucrรฉe ou amรจre dโ€™un aliment et sa concentration (Hiroi et al., 2002; Thorne et al., 2004; Wang et al., 2004b). Le ganglion supra-oesophagien est composรฉ de trois neuromรจres: le protocerebrum, le deutocerebrum et le tritocerebrum.

Le protocerebrum, le plus important par sa taille et sa complexitรฉ, regroupe quatre grandes structures : les deux lobes optiques, le complexe central, la pars intercerebralis et les Corps Pรฉdonculรฉs (CPs) (Figure 1).
– les lobes optiques, situรฉs de part et dโ€™autre du cerveau, traitent les informations visuelles provenant des yeux.
– le complexe central est localisรฉ dans la partie centrale du cerveau. Il est composรฉ du pont protocรฉrรฉbral, du corps en รฉventail (ยซย fan shaped bodyย ยป), de deux nodules et du corps en ellipse. Il reรงoit essentiellement des informations sur lโ€™activitรฉ locomotrice, provenant de la totalitรฉ du cerveau.
– la pars intercerebralis, situรฉe dans la partie antรฉrieure du cerveau, est composรฉe de neurones sรฉcrรฉteurs qui envoient des projections vers le ganglion tritocรฉrรฉbral (Strausfeld et al., 1998) et vers la partie ventrale et le thorax, notamment au niveau des corpora cardiaca et allata, organe neuro-endocrine du thorax impliquรฉ dans diverses fonctions comme la mue.
– les CPs (Figure 2) sont des structures situรฉes de part et dโ€™autre de lโ€™axe de symรฉtrie du cerveau et sรฉparรฉes du reste du neuropile par une fine couche de cellules gliales. C’est une structure importante du cerveau mais non vitale (Heisenberg et al., 1985). Les CPs sont connus pour รชtre impliquรฉs dans le traitement supรฉrieur des signaux olfactifs, dans les mรฉcanismes dโ€™apprentissage et de mรฉmorisation (conditionnements olfactifs: pour revue, voir (Waddell & Quinn, 2001; Wolf et al., 1998), comportement de cour: (McBride et al., 1999)), dans la phase initiale des comportements adaptatifs complexes de choix (Tang & Guo, 2001; Zhang et al., 2007), et dans la rรฉgulation du sommeil (Joiner et al., 2006; Pitman et al., 2006). C’est pourquoi nous allons dรฉcrire cette structure en dรฉtail.

Chaque CP est composรฉ dโ€™environ 2.000 neurones dits intrinsรจques, appelรฉs cellules de Kenyon, et de neurones dits extrinsรจques, affรฉrents ou effรฉrents (Ito et al., 1998). Les corps cellulaires des cellules de Kenyon, situรฉs dans la partie dorsale postรฉrieure de chaque hรฉmisphรจre, projettent leurs dendrites dans les calices, structures volumineuses et arrondies situรฉes en dessous des corps cellulaires (Figure 2). Ces dendrites reรงoivent des affรฉrences olfactives provenant des lobes antennaires (par le tractus antenno-glomรฉrulaire), et peut-รชtre des affรฉrences dโ€™autres modalitรฉs sensorielles (Stocker et al., 1990). Les axones des cellules de Kenyon projettent de maniรจre fasciculรฉe pour former le pรฉdoncule qui se termine au niveau dorsal des lobes antennaires. A cet endroit, les axones se divisent pour former diffรฉrents lobes: trois lobes horizontaux (ยซย , ยซย โ€™ et #), et deux lobes verticaux (! et !โ€™) (Crittenden et al., 1998). Il existe 3 types de cellules de Kenyon, celles dont lโ€™axone bifurque pour projeter au niveau des lobes ! et ยซย , celles dont lโ€™axone bifurque pour projeter au niveau des lobes !โ€™ et ยซย โ€™, et enfin, celles dont lโ€™axone ne bifurque pas et projette au niveau du lobe #. Les lobes reรงoivent de nombreux neurones affรฉrents provenant du neuropile, pouvant rรฉpondre ร  plusieurs modalitรฉs sensorielles (pour revue, voir (Ito et al., 1998)). Les neurones effรฉrents des CPs ne renverraient pas les informations directement vers les zones motrices, mais pourraient soit les connecter via plusieurs interneurones soit via les autres centres de traitement du protocerebrum antรฉrieur (Ito et al., 1998) .

Le deutocerebrum est composรฉ principalement des lobes antennaires, centre de traitement de lโ€™olfaction. Lโ€™olfaction est assurรฉe par deux organes principaux: les antennes et les palpes maxillaires. Les neurones olfactifs projettent via les nerfs antennaires ou le nerf labial sur les glomรฉrules des lobes antennaires. Les neurones effรฉrents des lobes antennaires projettent vers le protocerebrum, au niveau des CPs et de la corne latรฉrale (Ito et al., 1998) (Figure 2). Les CPs assureraient lโ€™intรฉgration des stimuli olfactifs avec dโ€™autres modalitรฉs sensorielles (mรฉmoire olfactive) et la corne latรฉrale assurerait le comportement dโ€™รฉvitement des odeurs aversives (Ito et al., 1998; Wang et al., 2003). La corne latรฉrale reรงoit les informations olfactives via les neurones de projection et est impliquรฉe dans l’รฉvitement innรฉ des odeurs rรฉpulsives (Wang et al., 2003). Ainsi, chez la drosophile, deux voies olfactives convergent sur la corne latรฉrale: une voie innรฉe d’รฉvitement aux odeurs qui va directement des lobes antennaires vers la corne latรฉrale, et une voie qui provient des CPs et dont le signal est modulรฉ par lโ€™apprentissage. Le deutocerebrum comporte รฉgalement les principales voies effectrices motrices du comportement (ยซ posterior slope ยป) (pour revue, (Ito et al., 1998)). Enfin le tritocรฉrรฉbrum se compose de deux lobes relativement petits et bilatรฉraux ร  la base du cerveau. La composition du tritocerebrum est encore mal dรฉfinie, mais il serait nรฉcessaire afin dโ€™รฉtablir des relations sensorimotrices entre le proboscis et la rรฉgion digestive (nerfs stomatogastriques).

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Table des matiรจres

Introduction
A. Le modele drosophila melanogaster
1. Les avantages de la drosophile
2. Anatomie du cerveau
3. Un modรจle pour l’รฉtude du comportement
4. Les outils de base
B. La mรฉmoire
1. Introduction gรฉnรฉrale
2. Les diffรฉrents paradigmes de mรฉmoire chez la drosophile
3. Les diffรฉrents types de mรฉmoires
4. Le centre de la mรฉmoire olfactive: les Corps Pรฉdonculรฉs
5. Les mรฉcanismes molรฉculaires impliquรฉs dans la formation de la mรฉmoire
C. Le sommeil
1. Introduction gรฉnรฉrale
2. Le sommeil chez la drosophile
3. Les coprs pรฉdonculรฉs: centre de contrรดle du sommeil
4. Les diffรฉrents mรฉcannismes impliquรฉs dans le sommeil et la mรฉmoire
5. Effet de la rรฉduction du sommeil sur l’apprentissage et la mรฉmoire
D. Le rรดle du rythme circadien sur la mรฉmoire
Matรฉriels & Mรฉthodes
1. Stock de drosophiles
2. Expression de lโ€™ARNi (systรจme UASGAL4 – Gene-Switch)
3. Conditionnement aversif olfactif
4. Analyse du sommeil
5. Extraction dโ€™ARN et synthรจse dโ€™ADNc
6. PCR Quantitative (PCR-Q) en temps rรฉel
7. PCR (ยซ polymerase chain reaction ยป)
8. Imagerie calcique in-vivo de la rรฉponse aux odeurs
PARTIE I: Le rappel des memoires consolidees apres privation de sommeil est module par le rythme circadien
1. Introduction
2. Principaux Rรฉsultats
3. Conclusions
4. Rรฉsultats additifs ร  l’article
PARTIE II: Effet d’une privation de sommeil juste apres le conditionnement
1. La privation de sommeil juste aprรจs le conditionnement n’affecte pas la formation de la mรฉmoire rรฉsistante ร  l’anesthรฉsie
2. La privation ร  t0 n’affecte pas la formation de la mรฉmoire ร  long terme
3. Une privation de 8 h ร  t0 n’affecte pas les mรฉmoires consolidรฉes
4. La privation de sommeil ร  t0 ne modifie pas la qualitรฉ de la mรฉmoire formรฉe
5. Une privation de sommeil ร  t0 a un effet positif sur la consolidation
6. La privation de sommeil ร  t0 n’altรจre pas le ยซย reversal learningย ยป
Discussion et perspectives
1. Effet du rythme circadien sur le rappel de la mรฉmoire aprรจs une privation de sommeil
2. La consolidation de la mรฉmoire des mutants de rythme circadien est insensible ร  une privation de sommeil.
3. Effet sur la mรฉmoire d’une privation de sommeil juste aprรจs le conditionnement
4. Conclusion gรฉnรฉrale
Annexe: DSCAM
1. Brรจve introduction
2. Rรฉsultats
3. Conclusions
Conclusion
Bibliographie

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