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L’impact du capital humain sur la croissance économique par le biais du progrès technique
Dans cette section, nous allons montrer que la formation professionnelle continue (FPC) peut favoriser le progrès technique et par cela influer indirectement sur la croissance. Plus particulièrement, la FPC peut, d’une part, améliorer les capacités d’innovation d’un pays et d’autre part, permettre le rattrapage technologique.
Pour comprendre ces divers effets, nous exposons, dans un premier temps, le modèle néoclassique de Solow (1956), qui est le modèle decroissance prépondérant dans les années 1960 et 1970. A ce modèle canonique, Solow ajoute le progrès technique comme facteur de croissance économique. Mais ce dernier est posé comme exogène. Le modèle de Solow est fondamental car il va permettre, par la suite, de considérer que le capital humain peut favoriser le progrès technique et peut ainsi intervenir indirectement sur la croissance économique (1.1).
Dans un second temps, nous présentons les nouvelles théories de la croissance qui proposent de justifier, par des fondements microéconomiques, l’influence indirecte du capital humain sur la croissance. En effet, le capital humain agit sur l’effort d’innovation des entreprises, d’après les modèles de Romer (1990) et d’Aghion et Howitt (1998) mais également sur les capacités d’adaptation d’un paysà de nouvelles technologies pour Nelson et Phelps (1966) (1.2).
Dans un dernier temps, nous mettons l’accent sur l’ importance du capital humain pour l’économie d’un pays en montrant la complémentaritéstratégique entre le capital humain et l’innovation (Acemoglu (1994, 1997), Redding (1996)). En effet, un stock de capital humain trop faible peut conduire à terme à des trappes de sous-développement, c’est à dire à un taux de croissance de plus en plus faible (1.3).
Les effets du progrès technique sur la croissance
Nous développons le modèle canonique de Solow 1(.1.1) afin de présenter l’extension de son modèle (1.1.2), qui introduit le progrès technique dans l’analyse de la croissance économique.
Le modèle canonique de Solow (1956)
Le modèle néoclassique de Solow (1956) (encadré 1.)1 propose une fonction de production de type Cobb-Douglas (1.1), avec deux facteurs de production, le capital et le travail, qui supposent une technologie à facteurs s ubstituables1. D’après ce modèle, la seule source de croissance économique possible est l’investissement en capital physique (1.3). En effet, la dynamique de l’économie est la suivante : l’investissement en capital physique accroît la production et ainsi la richesse de la population. Les individus épargnent, et cela permet de nouveaux investissements en capital physique, lesquels augmentent à nouveau la richesse du pays, et ainsi de suite. Cette dynamique est formalisée par l’équation dynamique de Solow (1.12).
Néanmoins, la croissance du revenu par têtey va cesser de croître à long terme. En effet, les rendements marginaux du capital physique sont décroissants. Il sera de moins en moins rentable d’investir dans le capital physique. A l’équilibre de long terme, le taux de croissance du capital physique par têtek est nul. & . Donc le taux de croissance k sy nk 0 du revenu par têtey est également nul. Par contre, les variables en niveau, c’est à dire le stock de capital physique K et la production Y, continuent de croître, au rythme de la croissance démographiquen (1.2) pour maintenir le capital par têtek et le revenu par têtey constant.
En conclusion, d’après Solow (1956), la croissance économique est seulement fonction de l’investissement en capital physique. Cette croissance va être de plus en plus faible et même être nulle à long terme.
L’innovation comme premier intermédiaire
Tout d’abord, un haut niveau de capital humain augmente l’effort d’innovation des entreprises nationales, ce qui génère de la croissance. En effet, la dynamique, rappelée par Aghion et Howitt (1998), est la suivante : Plus il y a d’innovations et plus la croissance est forte car l’innovation permet d’obtenir des brevets et ainsi une rente de monopole. De plus, une forte croissance économique favorise l’apparition de nouvelles innovations, et donc de la croissance, et ainsi de suite. C’est le principe shumpétérien de grappes d’innovation et de destructions créatrices. Néanmoins les auteurs soulignent que cette dynamique n’est possible que s’il existe en parallèle une croissance du travail qualifié dans le pays.
Le modèle de Romer (1990) permet d’illustrer simplement cette idée. En effet, son modèle souligne qu’à l’équilibre de long terme, le taux de croissance de la production dépend du rythme d’accumulation des innovations, c’est à d ire de la rentabilité de la recherche et du nombre de chercheurs dans l’économie H 2 (1.20).
Par conséquent, ce modèle suggère que plus le nombre de travailleurs qui bénéficient d’une formation professionnelle continue augmente et plus les entreprises vont pouvoir innover, ce qui va accroître la richesse du pays.
Les fondements de l’accumulation du capital humain selon Lucas
Lucas propose deux modèles de croissance endogène qui vont permettre de répondre aux critiques adressées au modèle de Mankiw, Romer et Weil (1992). En effet, le capital humain s’accumule au sein d’une économie d’une part grâce à l’éducation (2.2.1) et d’autre part par l’apprentissage par la pratique ( 2.2.2). De plus, en supposant des rendements du capital humain constants, Lucas attribue un rôle fondamenta l au capital humain dans le développement économique d’un pays.
L’éducation comme source d’accumulation du capital humain
Le capital humain est composé, d’après Lucas (1988), des travailleurs et de leur productivité, laquelle dépend de leur effort d’éducation. Ainsi contrairement à l’analyse de Mankiw, Romer et Weil (1992), le capital humain a sa propre fonction d’accumulation (1.41), dont la formulation repose sur des justifications microéconomiques (Becker (1964)).
Grâce à l’éducation, les connaissances des individu s peuvent s’accumuler. De plus, Lucas précise que ces connaissances se renouvellent perpétuellement. Les rendements marginaux du capital humain sont donc constants.
Cette dernière hypothèse implique, qu’à l’équilibre de long terme, les taux de croissance de la production, du capital physique et de la consommation par tête dépendent du taux de croissance du capital humain. Comme celui-ci est constant, la croissance ne s’arrête pas à long terme, elle est constante 2.
En conclusion, ce modèle suggère que l’investissement en FPC peut affecter la croissance car c’est une source d’éducation. De plus, l’impact du capital humain sur la croissance est très fort car les rendements de la FPC sont supposés constants, parce que les connaissances à acquérir sont perpétuellement renouvelées.
La transmission intragénérationnelle
Un second enrichissement du modèle de Lucas (1988) est proposé par les modèles de Tamura (1991), Glomm et Ravikumar (1992) et Bénabou (1996), qui lèvent l’hypothèse d’agents identiques. Ces auteurs proposent alors la transmission intragénérationnelle comme une autre explication de l’accumulation du capital humain et donc de l’impact direct du capital humain sur la croissance économique. En considérant des agents hétérogènes, ces modèles vont également souligner que le capital humain peut également affecter les inégalités de revenu.
Nous présentons le modèle de Bénabou (1996), dont esl hypothèses sont les plus riches. Il s’appuie sur un modèle à deux générations avec altruisme des parents, et agents hétérogènes. Dans un premier temps, Bénabou suppose que le regroupement des individus au niveau local peut générer un brassage social et ainsi des externalités de capital humain. En effet, le quartier d’habitation ou l’école peuvent permettre de réunir des individus d’origines sociales différentes et de tout niveau de capital humain. Les individus peuvent alors échanger des connaissances et s’entraider, ce qui n’est pas possible lorsque les individus ont un même niveau de capital humain. Pour modéliser cet effet, Bénabou introduit, dans al fonction d’accumulation du capital humain (1.50), le capital humain moyen de la société, qui représente ainsi l’externalité du brassage social. Néanmoins, Bénabou précise quecette variable n’est pas une moyenne arithmétique. Le capital humain social est une fonction CES (1.53), c’est à dire qu’il est fonction des niveaux de capital humain individuel, et du degré de complémentarité entre les niveaux individuels de capital humain représenté par le paramètre . En effet, selon la valeur de , le brassage social sera plus ou moins efficace. Bénabou prend l’exemple des enfants à l’école. Lorsque tend vers plus l’infini, la fonction de production du capital humain social est une fonction Min, et les moins bons élèves ralentissent la progression des autres enfants. Lorsque tend vers moins l’infini, on obtient une fonction Max et ce sont les meilleures élèves qui tirent les moins bons vers le haut. Parconséquent, la dispersion en capital humain de la société va affecter la croissance économique,mais d’une ampleur variable selon .
Dans un second temps, Bénabou intègre une seconde mesure du brassage social dans son modèle (1.50), en considérant le mode de financement du système éducatif. En effet, le système éducatif public suppose un financement parimposition dont le taux est le même pour tous les individus. Ce système public permet un système de redistribution et agit ainsi comme un phénomène de brassage social. Tous les individus, quel que soit leur capital humain initial reçoivent la même qualité d’éducation. A l’inverse,dans un système d’éducation privé, les agents choisissent la proportion de leur capital humain qu’ils sont prêts à investir dans la qualité du système éducatif. La qualité de l’éducation dépend alors de la dotation en capital humain de l’individu. En comparant le système d’éducation public et le système d’éducation privé, il est alors possible de déterminer si une ociétés favorisant le brassage social est plus ou moins efficace qu’une société limitant la mixité sociale.
Dans un troisième temps, les modèles basés sur desagents hétérogènes et une transmission intragénérationnelle du capital humainmontrent que l’investissement en capital humain réduit les inégalités de capital humain et insia les inégalités de revenu entre les individus. Le paramètre devant la dispersion initiale en capital humain de l’équation (1.61) est inférieur à 1. En effet, les individus échangent leurs connaissances donc les niveaux de capital humain des individus ont tendance à converger. Cepe ndant, les inégalités relatives aux capacités innées des individus se renouvellent perpétuellement et sont représentées pars 2 .
En parallèle, nous constatons que le capital humain de l’individu médian (1.60) augmente avec le temps passé à se former a.
Enfin, Bénabou souligne que selon le degré de complémentarité entre les individus, l’hétérogénéité des individus en terme de capitalumainh peut accroître ou ralentir la croissance (1.60). En effet, le coefficient devant les inégalités initiales de capital humain est positif si (1 ) / et négatif sinon. En effet, si tend vers , alors le capital humain de la société est une fonction Max, donc lesmeilleurs élèves tirent les moins bons vers le haut.
Le capital humain comme facteur de production ou comme facteur d’innovation
Une deuxième série de travaux va introduire le capital humain comme variable explicative de la croissance économique. Le paramètre estimé du capital humain peut s’interpréter soit par un effet direct en tant que facteur de production soit par un effet indirect par le biais des innovations.
Dans cette perspective, l’équation de référence estimée est celle de Mankiw, Romer et Weil (1992). Ces auteurs vont tout d’abord tester eux même leur extension de l’équation de Solow, à partir des données du Real National Accounts. Leurs estimations permettent de confirmer un lien positif et significatif du capital humain sur la croissance économique, mais ils ne prennent pas en compte les différences dans la production de capital humain de chaque pays. Ainsi, en prenant en compte l’hétérogénéiténobservéei des pays grâce à des données de Panel, de nombreuses études ne permettent alors pas de mettre en évidence un lien entre le capital humain et la croissance économique, tel que les études de Islam (1995), Pritchett (1996), et Benhabib et Spiegel (1994). Ensuite, en reprenant les données de Benhabib et Spiegel (1994), et en écartant les observations les plus aberrantes de l’échantillon, Temple (1999) souligne un effet significatif de la croissance du capital humain sur la croissance économique. Krueger et Lindahl (2001) reprennent cette étude, améliorent la mesure de l’éducation et confirment à nouveau un effet positif de la croissance de l’éducation sur la croissance économique. Ces deux dernières études, qui contrôlent l’hétérogénéité inobservéees pays,d et qui considèrent des mesures plus fiables de l’éducation, soulignent une relation entre le capital humain et la richesse d’un pays, mais ne précisent pas si ce lien est direct ou indirect.
De plus, plusieurs études confirment l’impact à long terme du capital humain sur la croissance économique. En effet, l’étude de l’OCDE(2000) montre que « l’effet à long terme d’une année d’études supplémentaire sur le niveau ed la production par habitant se situe entre 4 et 7 pour cent » sur la période 1970-1998. De même, Coulombe, Tremblay et Marchand (2004) considèrent le niveau de littératie des entrants sur le marché du travail comme mesure du capital humain, pour 14 pays de l’OCDE sur la période de 1960 à 1995. Ils soulignent que le capital humain a un effet positif et significatif sur les niveaux à long terme du PIB par habitant et sur la productivité du travail. Ils précisent ainsi que, pour les pays développés, l’effet du capital humain agit particulièrement à l ong terme.
Enfin, nous pouvons proposer l’étude de Coulombe, Tremblay et Marchand (2004) pour déterminer quels effets l’emportent entre l’effet direct du capital humain sur la croissance économique ou l’effet indirect par le biais de l’innovation. Pour cela, deux politiques d’éducation différentes peuvent être opposées. La première consiste à former les travailleurs les plus qualifiés afin de favoriser l’effort d’innovation du pays. La seconde consiste à éduquer les individus quel que soit leur niveau de capital humain dans l’objectif d’accroître l’effet direct du capital humain.
Dans leurs études empiriques, Coulombe, Tremblay etMarchand (2004) prennent en compte le pourcentage de la population ayant atteint un certain niveau aux tests de littératie au lieu de considérer les résultats moyens aux différents tests de littératie. La mesure du capital humain est alors plus restrictive et privilégie leshauts de niveaux de qualification. L’impact estimé du capital humain sur la croissance est alors beaucoup plus faible, que lorsqu’ils considèrent les niveaux moyens de littératie. Les uteursa soulignent alors que ce résultat « concorde avec le point de vue selon lequel l’investissement dans le capital humain favorise la croissance surtout en améliorant la productivitéde l’ensemble de la population active, plutôt qu’en formant des personnes hautement compétentes qui pourraient, entre autres choses, exercer une influence positive sur la croissance grâce à leur apport à l’innovation et au progrès technologique. » Par conséquent, il semble qu’il est favorable pour un pays d’améliorer les compétences de base de l’ensemble des individus plutôt que de former essentiellement des individus très qualifiés. Doncl’effet direct du capital humain semble plus important que son effet indirect par l’innovation. C’est pour cela, entre autres, que l’OCDE (2005) incite les pouvoirs publics à développer les compétences des personnes les plus défavorisées.
Le capital humain comme rattrapage technologique
Enfin une dernière stratégie d’évaluation est d’évaluer l’impact du capital humain sur la croissance économique à travers le rattrape technologique, tel que le suggère le modèle de Nelson et Phelps (1966). Pour cela, Benhabib et Spiegel (1994) régressent la croissance du PIB sur le niveau de capital humain, et l’effet croisé entre le niveau de capital humain et l’écart de richesse entre le pays concerné et le pays le plus riche, Ymax / Y , qui mesure l’effet de l’imitation technologique. Le terme d’interactio n est positif et significatif. Par contre, le stock de capital humain n’a pas d’impact significat if. Ils soulignent ainsi l’influence du capital humain sur la capacité d’imiter et de s’adapter à de nouvelles technologies.
Les auteurs vont préciser un peu mieux dans quelle mesure le capital humain favorise le rattrapage technologique en considérant trois sous échantillons selon le niveau de richesse initial du pays. Pour les pays les plus pauvres, les estimations révèlent un effet positif et significatif du terme d’interaction entre le capital humain et l’écart de richesse, ce qui souligne un effet de rattrapage technologique. Pour les pays les plus riches, seul le stock de capital humain a un effet positif et significatif sur la croissance. Pour les pays intermédiaires, aucun effet significatif n’est constaté. Ainsi, les auteurs soulignent que selon les pays et plus précisément selon leur niveau de richesse, les mécanismes du capital humain sur la croissance économique peuvent être différents.
Ces différentes études confirment l’impact du capital humain sur la croissance économique. En effet, ceci s’illustre par la recherche des nations développées à s’imposer comme des « réservoirs » de main d’œuvre hautement qualifiée, pour exploiter leur avantage concurrentiel face à la main d’œuvre abondante, bon marché et généralement peu instruite des pays en voie de développement (PVD). De même, sachant que l’offre de la formation des PVD est relativement de faible qualité, les populations des PVD viennent de plus en plus se former dans les pays occidentaux. Néanmoins, il n’est généralement pas possible de préciser si l’impact du capital humain est direct ou indirect par le biais de l’innovation. L’étude de Coulombe, Tremblay et Marchand (2004) laisse cependant penser que l’effet du capital humain sur la croissance économique est plus fort orsqu’il est direct qu’indirect. De plus, Benhabib et Spiegel (1994) arrivent à isoler l’effe t du capital humain par le biais du rattrapage technologique sur la croissance économique. Ils soulignent alors que le capital humain peut effectivement permettre un rattrapage technologique plus rapide aux pays les moins développés.
En conclusion, pour des pays développés tels que laFrance, la FPC peut jouer un rôle déterminant sur la croissance économique lorsque lecapital humain peut être considéré comme un réel facteur de production.
La relation d’égalité entre le salaire et laproductivité marginale
Le modèle de Becker s’inscrit dans le cadre d’analyse de la concurrence pure et parfaite. Il part de la maximisation du profit des firmes et de sa condition d’équilibre.
La première hypothèse de son modèle est donc de poser que pour une période donnée, les salaires égalisent les productivités marginales: MP W (2.1) avec MP représentant les productivités marginales, c’est àdire les recettes R de la firme, et W les salaires, c’est à dire les dépenses D.
Ensuite, Becker prend en considération dans son analyse la formation en entreprise. D’après la théorie du capital humain, les travailleurs peuvent accroître leur productivité future en suivant une formation en entreprise. Comme les salaires égalisent les productivités marginales (1), alors la FPC peut accroître le salaire des individus. La formation présente néanmoins un coût. En effet, le temps passé à se former et l’effort qui en découle, la mobilisation de matériels et de personnes formatrices mais également plus généralement tout ce qui sera investi dans la formation au lieu de la production, constitue un coût et contraint ainsi l’investissement en formation professionnelle . Par conséquent, la productivité marginale est réduite dans un premier temps au départ de la ormationf et augmente suite à la formation dans un second temps. Becker souligne alors qu’il n’est pas nécessaire que la relation d’égalité entre les recettesR égalisent les dépensesD à chaque période (2.1), mais qu’il est possible de considérer une condition de maximisation intertemporelle du profit de la firme (2.2). Autrement dit, il suffit que les valeurs actualisées des recettes présentes et futures égalisent les valeurs actualisées des dépenses présentes et futures. Le taux d’actualisation est r. Il existe T périodes.
Supposons que la formation ait lieu à la période initiale 0. Les recettes sont la somme des productivités marginales initiales MP0 et des productivités marginales futures actualisée T1 MPt suite à la formation∑ . Les dépenses se composent des salaires initiaux W0 , des (1 r)t t1 T1 Wt salaires futurs actualisés∑ , et des frais initiaux directs liés à la formation k. Ainsi, la r)t t1 (1 condition d’équilibre de la maximisation intertemporelle du profit de la firme (2.2) devient : T1 MPt MP0∑ (1 r)t t1 T1 Wt W0 k∑ (2.3) (1 r)t t1
Cette expression est simplifiée en considérant la ifférenced entre les productivités marginales futures actualisées et les salaires futurs actualisés, G qui représente ainsi les rendements bruts de la formation.
La parfaite mobilité des travailleurs
La seconde hypothèse du modèle est de considérer que les salariés sont parfaitement mobiles sur le marché du travail.
Becker met alors en évidence le problème du braconnage, c’est-à-dire l’existence d’une externalité de la formation. En effet, sachant que les individus sont rémunérés à leur productivité marginale et que les salariés sont mobiles sur le marché du travail, c’est-à-dire sous les deux hypothèses du modèle, un travailleurayant suivi une formation peut partir dans une firme concurrente et recevoir les rendements de sa formation. Si l’employeur a financé la formation, il perd alors l’intégralité des rendements de son investissement. Donc la firme n’est pas incitée à investir dans une formation du fait du braconnage.
Sur la base des deux hypothèses de son modèle qui mplique le problème du braconnage, la solution apportée par Becker est de distinguer pour son analyse la formation générale, entièrement transférable sur le marché, de la formation spécifique, qui n’est que partiellement transférable. Becker précise néanmoins, que les conditions du marché peuvent influer sur la nature spécifique ou générale de l’investissementne formation. En effet, lorsqu’une entreprise est monopolistique, elle est alors presque complètement protégée de la compétition des autres firmes et ainsi l’intégralité de ses investissement en formation peut être considérée comme spécifique.
Selon la nature générale ou spécifique de la formation, Becker va alors déterminer les conditions de financement de la formation. Ensuite, son modèle prédit les effets de l’investissement en formation sur les salaires et la mobilité des individus. Enfin, il détermine qui, entre l’employeur et l’individu, peut prendre l’initiative de la formation.
Les prédictions du modèle de Becker dans le casd’une formation générale
La formation générale a la particularité d’accroître d’un même montant la productivité de l’individu au sein de la firme formatrice et dans toutes les autres firmes du marché. Le risque de braconnage est donc très élevé dans le cas d’une formation générale.
Les modalités de financement de la formation
Supposons que l’employeur finance la formation générale, l’employeur doit recevoir l’intégralité des rendements de la formation d’après la condition d’équilibre (2.7). Les salariés formés n’ont donc pas de hausse de salaire suite à la formation. Ils obtiennent un salaire inférieur à leur productivité marginale dans la firme formatrice. Mais, les formés peuvent être rémunérés à leur productivité marginale dans les rmesfi concurrentes, car la formation est entièrement transférable. Donc les individus parten dans les firmes concurrentes car ils sont mieux rémunérés. Les employeurs perdent ainsi l’intégralité de leur investissement en formation. De l’autre côté, les employeurs des firmes concurrentes ont pu embaucher un salarié formé sans supporter le coût de la formation. Face à ce risque de braconnage, les firmes sont obl igées de verser aux formés un salaire à la hauteur de leur productivité marginale. Donc: T1 MPW G∑ tt 0 (2.8).
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Table des matières
PARTIE I : L’ANALYSE TRADITIONNELLE DE LA FORMATION
PROFESSIONNELLE CONTINUE ET SES LIMITES
CHAPITRE 1 : Les enjeux de la formation professionnelle continue au niveau macroéconomique
CHAPITRE 2 : Le modèle de Becker et l’analyse économique de la formation professionnelle continue au niveau individuel
CHAPITRE 3 : L’analyse de la formation professionnelle continue dans un cadre de concurrence imparfaite
PARTIE II : PROPOSITIONS D’UN CADRE THEORIQUE ET DE STRATEGIES
D’EVALUATION DES MECANISMES DE LA FORMATION
CHAPITRE 4 : Quel cadre théorique pour l’analyse de la formation professionnelle continue ?
CHAPITRE 5 : Quelle conception de la formation ? Comment la mesurer, comment la définir ?
CHAPITRE 6 : Comment estimer les effets moyens de la formation sur les salaires ?
PARTIE III : LA DIFFUSION DU SAVOIR AU SEIN DE LA FIRME ET SES EFFETS EN TERME D’EFFETS MOYENS ET DE VARIANCES SUR LES SALAIRES
CHAPITRE 7 : Vers une prise en compte des externalités de la formation et de l’accumulation des savoirs au sein de l’entreprise
CHAPITRE 8 : Stratégies d’évaluation microéconométrique des effets moyens de la formation sur les salaires et la dispersion des salaires
CHAPITRE 9 : Les effets combinés de la formation et de l’investissement en formation de la firme
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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