Le mind-map : un outil médiateur
Le mind-map : un outil médiateur
Avant d’affirmer que le mind-map est un outil médiateur, il s’agit d’étudier ce que regroupe donc le terme « outil » au sens des auteurs convoqués. Selon Schneuwly et Dolz (2009), il y a deux catégories d’outils. La première regroupe les outils matériels, qu’ils soient spécifiques ou non à une discipline, tels que “le tableau noir, le rétroprojecteur, les feuilles de papier, les livres, les cahiers [et] les ordinateurs” ou les “manuels, enregistrements visuels ou sonores, cahiers d’exercice [et] affiches scolaires” (Schneuwly et Dolz, 2009, pp. 33-34). La deuxième catégorie est formée par les outils psychiques qui définissent les manières de penser les disciplines, ou les cadres théoriques stipulant justement l’utilisation de tel ou tel outil. Ceuxci comprennent “l’ensemble des discours élaborés par l’école pour l’objet à enseigner, les manières de le dire, d’en parler, de le présenter verbalement à travers la leçon, de le traduire en dialogue de type question-réponse etc., autrement dit de guider l’élève sur les dimensions considérées comme essentielles de l’objet” (Schneuwly et Dolz, 2009, pp. 33-34). “Le rapport […] n’est cependant pas univoque : la seconde catégorie peut également garantir la rencontre de l’objet, tout comme inversement le matériel scolaire peut assurer, par des formes spécifiques, le guidage de l’attention” (Schneuwly et Dolz, 2009, pp. 33-34). Les outils sont donc au cœur du dispositif didactique, « utilisés par l’enseignant pour permettre à l’élève de rencontrer et d’étudier l’objet d’enseignement » (Schneuwly et Dolz, 2009, P.34). Bodrova & Leong (2012) définissent quant à elles l’outil comme « un élément qui agit comme intermédiaire entre le stimulus environnemental et la réponse de l’individu à ce stimulus» (p.78). L’outil devenant ainsi « médiateur » permet d’une certaine manière de faire le lien entre l’enseignement (le stimulus environnemental) et l’apprentissage (la réponse de l’individu), car il permet de contrôler cette réponse. Pour enseigner, l’enseignant met donc en place des gestes fondamentaux qui contiennent des médiateurs. Ces médiateurs sont en premier lieu externes, physiquement présents et visibles. En effet, lors du premier stade d’apprentissage du médiateur, celui-ci est présenté physiquement, de manière claire et visible à l’enfant, mais il ne peut pas encore influencer le comportement de ce dernier, qui est régi par les fonctions psychiques élémentaires. Durant le deuxième stade, l’aide d’un adulte permet à l’enfant d’utiliser le médiateur externe efficacement, dans des situations qui ressemblent à celle dans laquelle le médiateur a été introduit. Lorsque l’utilisation du médiateur externe devient autonome, multiple et de plus en plus réfléchie, l’enfant a atteint le troisième stade d’apprentissage. Finalement, l’outil physique s’intériorise : le nouveau comportement induit est médiatisé par un outil de la pensée. A ce stade, le médiateur externe n’est plus requis car il devient un outil de pensée interne et non visible physiquement aux autres.
Ces médiateurs permettent ainsi de médiatiser la réponse de l’individu au stimulus environnemental, avec deux fonctions. La première, immédiate, est d’aider l’enfant à résoudre en autonomie les problèmes auxquels il fait face. La deuxième, à plus long terme, est la restructuration de la pensée de l’enfant « en favorisant la transformation de fonctions psychiques élémentaires en fonctions psychiques supérieures » (Bodrova & Leong, 2012, p.80). En voici un exemple développé par les mêmes auteurs:
“Lani est facilement distrait pendant les périodes de groupe et il a besoin d’une médiation maximale pour être capable de s’asseoir et d’écouter une histoire. Il réussit lorsqu’il est assis sur un carré de tapis qui porte son nom avec un animal en peluche sur ses genoux, qu’il est placé entre deux enfants qui lui tiennent la main pendant le conte et qu’il est situé juste devant l’enseignante (quatre médiateurs). (…) L’enseignante commence a retirer les médiateurs un à un. (…) Enfin, après cinq semaines il n’a plus besoin [des médiateurs].” (Bodrova & Leong, 2012, p.90).
Dans cet exemple, l’enseignante a introduit des médiateurs dans le dispositif didactique afin de transformer l’attention réactive en attention sélective chez Lani. A long terme, la pensée de l’enfant va par conséquent se reconstruire. A court terme, le médiateur permet à l’enfant de contrôler seul une situation qui nécessitait auparavant un étayage de ses pairs et d’être en mesure de résoudre les problèmes auxquels il fait face. Lani a par ailleurs atteint le quatrième stade d’apprentissage, puisqu’il a intériorisé les médiateurs. Le médiateur utilisé dans l’exemple remplit donc, au fur et à mesure des stades d’utilisation, deux fonctions, dont la transformation des fonctions psychiques inférieures en fonctions psychiques supérieures.
Ainsi, le mind-map pourrait être un outil médiateur car il développerait les fonctions psychiques supérieures, telles que la mémoire volontaire et le raisonnement logique. En effet, il pourrait permettre aux élèves de faire des liens entre les concepts abstraits pour mieux s’en souvenir, de les visualiser voire de les représenter par des dessins, mais aussi de modéliser les relations entre eux et de les rattacher à des concepts spontanés déjà là (mise en œuvre de la mémoire volontaire). Le mind-map pourrait d’une part permettre aux élèves d’apprivoiser des processus complexes, ce qui leur permettrait d’atteindre un niveau de développement supérieur (mise en œuvre du raisonnement logique). D’autre part, cela pourrait être un outil précieux pour que les élèves se rendent compte où ils en sont dans leur apprentissage et dans leur compréhension, ce qui favoriserait l’autorégulation.
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Table des matières
Remerciements
Introduction
Problématique
Apprendre
Enseigner
Le mind-map : un outil médiateur
Comment mettre en place cet outil médiateur?
Notre question de recherche
Méthodologie
Dispositif d’enseignement
Dispositif de recherche
Précautions
Résultats et analyses
Analyse des productions écrites
Analyse des entretiens avant et après la séquence
Analyse des questionnaires
Synthèse par élève
Conclusion des analyses
Conclusion générale
Références bibliographiques
Index des annexes
Résumé
Mots-clés
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