Situé à l’extrême Ouest du continent africain entre les latitudes 12°20’- 16°20’Nord et les méridiens 11°30’-17°30’Ouest, ALBERGEL J. & DACOSTA H. (1996), le Sénégal est compris dans la zone intertropicale, au Nord de l’Equateur. Il couvre une superficie de 196 722Km², limité au Nord par la Mauritanie à l’Est par le Mali, au Sud-est par la Guinée, au Sud-ouest par la Guinée Bissau et à l’Ouest par l’océan Atlantique sur une façade maritime de 750Km. Sa position géographique par rapport à l’Equateur justifie la variabilité climatique entre le Nord et le Sud. Ainsi, la répartition annuelle des précipitations combinée à la configuration géologique et géomorphologique du territoire confèrent au pays de nombreux cours d’eau surtout dans sa partie Sud, qui reçoit l’essentiel des précipitations et où la géologie est la plus à même de favoriser l’écoulement.
Parmi ces cours, les plus importants sont le fleuve Sénégal, la Gambie, la Casamance, qui constituent les écoulements pérennes. A coté de ces derniers, le pays dispose aussi des cours d’eau non pérennes tels que le Sine-Saloum et un ensemble de Bolongs, et aussi le Lac de Guiers qui couvre 350 Km² environ. Les plus grands cours d’eau prennent tous leur source dans la partie sud, aux abords du massif du Fouta-Djalon, considérée comme le « château d’eau » de l’Afrique de l’ouest. Le fleuve Casamance qui couvre une superficie de 14 000Km² est long de 350Km, il prend sa source dans la région de Vélingara. La Gambie, longue de 1150Km prend sa source dans les montagnes du Fouta-Djalon et s’écoule jusqu’à son embouchure en Gambie ; son Bassin Versant couvre une superficie de 77O54Km². Il est le deuxième plus grand fleuve du pays, « la surface de son bassin au Sénégal est de 54 631Km² » soit, 70,9% et sa longueur y est de 485Km(DGPRE).
Dans le bassin total du Sénégal, nous nous intéressons particulièrement dans le cadre de notre mémoire de recherche au haut bassin, où les altitudes sont les plus élevées, les totaux pluviométriques les plus importants et les affluents les plus importants. Le bassin du Sénégal dispose ainsi dans sa partie méridionale de trois importants affluents. Parmi ces derniers, on peut citer le Bafing, la branche mère du Sénégal, long de 750 km avec un bassin versant de 38 400 km². Il conflue avec le Bakoye qui couvre un bassin versant 85 600 km² et est long de 651 km à Bafoulabe, pour former le Sénégal. Ces deux affluents prennent leur source au Fouta-Djalon respectivement à 800m et 750m d’altitude et sont situés sur la rive droite. Combinés, les deux bassins occupent 43% du bassin du Sénégal.
Le troisième et dernier affluent le plus important dans le haut bassin, situé sur la rive gauche est la Falémé. Elle prend naissance dans le flanc Nord-est des contreforts septentrionaux du Fouta-Djalon à 800m d’altitude dans une région de plateaux latéritiques. La partie Sénégalaise du bassin de la Falémé se situe dans le Sud-est du pays à l’Est du bassin de la Gambie avec 11500km² s’étendant de la région de Kédougou, le département de Bakel et dans l’arrondissement de Kidira.
PROBLEMATIQUE
Le Sud-est du Sénégal, qui a très tôt attiré l’attention de nombreux chercheurs en raison de ses importantes ressources minières, dispose également d’importantes ressources en eau. Il est drainé par « les bassins de la Gambie sur 80% de sa superficie et de la Falémé sur 18% de sa superficie » FALL E. A, (2009) Formée au départ par ses deux principaux affluents, le Balin-Ko (165 km) et le Koila-Kabé (182 km) en amont de la première station de Fadougou, la Falémé se situe entre les latitudes 12°11’- 14°27’N et les longitudes 11°10’-12°30’O. Elle a 625 km de longueur, et s’écoule du Sud vers le Nord, franchissant des seuils rocheux, des grés durs, des roches vertes et des microgranites d’où un tracé irrégulier, entrecoupé de petits rapides. Elle conflue avec le fleuve Sénégal à 30 km en amont de Bakel. La Falémé et ses principaux affluents le Balin-ko, le Koila- kabé le Koulon-ko, le Kérékoro et le Sanonkolé, son dernier plus grand affluent de rive droite ; déterminent un bassin versant de 28 900 km² soit 10% du bassin du Sénégal SOWA.A. (2007). Elle couvre avec les deux plus grands affluents du Sénégal (Bafing et Bakoye) du haut bassin, 53% du Bassin total du Sénégal. La Falémé est partagée entre les trois Etats frontaliers que sont :
✥ La République de Guinée pour 3600 km² soit 12% de son territoire
✥ La République du Sénégal pour 11500 km² soit 39,6% de son territoire
✥ La République du Mali pour 13800 km² soit 47,8% de son territoire.
Ce grand affluent du Sénégal constitue aussi par endroit une limite naturelle entre la république du Mali et la république du Sénégal. Elle joue un rôle très important notamment dans une région marquée par la pauvreté et un ensemble de contraintes, malgré ces importantes richesses (minières et hydrographiques) qui peuvent être des facteurs de développement socio-économique. La Falémé assure l’alimentation et les besoins en eau des populations riveraines d’une « zone enclavée ». Il en est de même des potentialités agricoles et pastorales qu’elle offre en plus de la navigabilité qui pourrait rendre économiquement rentable l’exploitation des gisements miniers du bassin. La Falémé contribue aussi pour une part très importante à l’écoulement du fleuve Sénégal jusqu’à son embouchure. Cependant, la Falémé a la particularité, contrairement à la Gambie de ne disposer d’aucun(s) équipement(s) de mesure des hauteurs d’eau sur ses affluents. Le bassin est contrôlé seulement par trois stations hydrométriques toutes installées sur son cours principal. Il s’agit des stations de Fadougou (12°31’N-11°23’O) qui contrôle un sous bassin de 9 300 km², de Gourbassi (13°24’N11°38’O) qui couvre un sous-bassin de 17 100 km² et de la dernière station, Kidira (14°27’N12°13’O) qui contrôle tout le bassin versant de la Falémé.
La péjoration climatique observée ces dernières années avec de fortes diminutions pluviométriques et une rétraction de la saison pluvieuse a sensiblement modifié son régime affectant par la même occasion l’écoulement dans le bassin. La longueur de la saison non pluvieuse (octobre à mai), les températures élevées, les pentes devenant de plus en plus faibles vers le Nord, l’imperméabilité du bassin entrainent des pertes d’eau importantes et une sévérité des étiages. Ce qui fait dire à DIONE J.A (1998) que « la diminution de la pluviométrie à l’échelle régionale est remarquée partout mais son intensité est plus perceptible dans les zones du socle à l’Est ». A ces facteurs naturels s’ajoutent d’autres, anthropiques marqués par des ponctions importantes d’eau destinées à la consommation directe, à l’irrigation, à l’abreuvement du bétail et à des usages domestiques variés qui exposent les eaux de la Falémé à une pollution en plus des maladies qui en découlent, FALL (2009). Malgré tout, la Falémé et son bassin offrent de nombreuses potentialités non encore exploitées.
Dans un tel contexte, il serait nécessaire voire urgent de mettre en place des programmes ou projets d’aménagement pour mieux valoriser et contrôler les ressources vitales que génèrent la Falémé . Ainsi déjà, dans le cadre de l’OMVS, «la Falémé va recevoir un barrage à 8,5 km en aval de Gourbassi » FALL (2009), ce qui permettrait d’éviter les pertes en eau vers le Sénégal, de régulariser et d’équilibrer l’écoulement mais aussi de renforcer la production hydro-électrique. Dans cette zone « enclavée », rendre la rivière navigable pourrait être un début de solution et un exemple d’intégration régionale et offrir un meilleur et plus facile accès dans la région naturelle du sud-est du Sénégal à partir de ce cours d’eau frontalier.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : LE MILIEU PHYSIQUE ET LES FACTEURS STABLES DU BASSIN VERSANT DE LA FALEME
CHAPITRE I : La géologie et l’hydrogéologie du bassin de la Falémé
CHAPITRE II : Le relief et le système des pentes dans le bassin de la Falémé
CHAPITRE III : Les sols et la végétation du bassin versant de la Falémé
CHAPITRE IV : Le réseau hydrographique du bassin versant de la Falémé
CHAPITRE V : Le cadre climatique dans le bassin versant de la Falémé
DEUXIEME PARTIE : LES MODALITES DE L’ECOULEMENT FLUVIAL A LA STATION DE KIDIRA DANS LE BASSIN VERSANT DE LA FALEME
CHAPITRE VI : Présentation de la station hydrométrique de Kidira
CHAPITRE VII : Le régime hydrologique de la Falémé à Kidira
CHAPITRE VIII : Les formes extrêmes de l’écoulement à Kidira
CHAPITRE IX : L’étude du Tarissement à la station de Kidira
CHAPITRE X : BILAN ET DISPONIBILITE EN EAU A LA STATION DE KIDIRA ET CONTRIBUTION DE LA FALEME DANS LE SYSTEME HYDROLOGIQUE DU SENEGAL
CONCLUSION GENERALE