La région naturelle de la Casamance localisée au Sud du Sénégal, se situe entre 12° 20’ et 13° 21’ de latitude Nord et 14° 17’ et 16° 17’ de longitude Ouest. Cette position méridionale lui vaut le climat le plus humide et une végétation la plus forestière de tout le territoire nationale. Elle se situe à la frontière de trois Etats que sont la Guinée Bissau et la Guinée Conakry au Sud, la Gambie au Nord et compte trois régions administratives : Ziguinchor, Kolda et Sédhiou. Très originale dans son aspect physique et humain, la région est drainée par un fleuve qui lui donne son nom : le fleuve Casamance, long de 360 km. La Casamance est une ria, sans alimentation lointaine qui coule sur un bassin d’une superficie de 20150 Km². L’importance des précipitations lui confère une abondance de cours d’eau.
Le bassin de la Casamance, avec ses énormes potentialités a suscité très tôt l’intérêt des chercheurs, parmi eux nous pouvons citer :
– MICHEL Pierre (1973)
– DACOSTA Honoré (1989)
– MARENA Moussa (1986)
– NIANG Awa (1991) .
Le bassin du fleuve Casamance, situé en amont de Kolda, sujet de notre étude, est marqué par un réseau hydrographique très dense. Il couvre une superficie de 13866 km². Faisant partie des zones exceptionnellement humides, son bassin est aujourd’hui composé par d’importants cours d’eau à écoulement temporaire. Cette situation explique tout l’intérêt que nous portons à cette étude hydrologique. Il s’agit dans ce présent travail d’analyser les régimes, les crues et les étiages du fleuve en amont.
PROBLEMATIQUE
Les trois dernières décennies du 21ième siècle sont marquées dans les pays sahéliens par une succession d’années pluvieuses déficitaires. Leur répercussion sur le milieu naturel a entraîné la perturbation des réseaux hydrographiques et provoqué de nombreux changements tels que: la dégradation de la végétation et des sols, la disparition progressive de plusieurs espèces animales et végétales, etc. Le réseau hydrographique du Sénégal, est pour l’essentiel constitué des bassins des fleuves Sénégal, de la Gambie et de leurs affluents. A côté de ces deux grands fleuves, il existe quelques petits cours d’eau comme la Casamance, cours d’eau entièrement situé dans la région naturelle de la Casamance, dans la partie méridionale du Sénégal. La Casamance s’écoule d’Est en Ouest, elle prend sa source à Saré Boîdo Mali près de Fafacourou, à une altitude de 50 m en commençant par de nombreux petits marigots marqués par un lit plat au milieu des vallons évasés vers Fafacourou. Vers l’aval, il décrit plusieurs ondes près de Kolda.
La région naturelle de la Casamance est limitée au Nord par la République de Gambie, au Sud par la République de Guinée Bissau, à l’Est par la région de Tambacounda, à l’Ouest par l’Océan Atlantique. Elle est divisée depuis les réformes administratives de 1984 et de 2008 en trois régions administratives: Ziguinchor, Kolda et Sédhiou. Cette division administrative s’ajoute à une division historique, naturelle et climatique qui distingue la basse Casamance à l’Ouest, la haute Casamance notre Zone d’étude à l’Est et, entre les deux entités la moyenne Casamance. La région de Kolda, se situe entre les isohyètes 900 et 1000 mm. La température moyenne annuelle est de 29°C, le régime hydrologique de type tropical.
La région de Kolda comprend deux bassins versants, le bassin versant de la Kayanga et le bassin versant de la Casamance. La Casamance qui nous intéresse a plusieurs affluents dont les principaux situés en amont sont :
– le marigot de Niampampo ou marigot de Saré Koutayel sur la rive droite,
– le Tiangol-Dianguina et la Khorine sur la rive gauche.
Vers l’aval de Kolda, le Soungrougrou est le principal affluent de la Casamance. Avec une superficie de 13866 km², le bassin de la Casamance en amont de Kolda est situé entre 12°38′ et 13°15′ de latitude Nord et 14°18′ et 15°01′ de longitude Ouest. Il se déroule sur les formations du Continental Terminal, avec une pente, extrêmement faible en moyenne 0,07% (Michel P, 1960), qui est due au relief plat de la région. Ce fait explique l’écoulement lent des crues pendant la saison pluvieuse, favorisant la remontée de l’eau marine de l’embouchure à Diana Malari. L’intrusion salée remonte le lit du fleuve et de ses affluents, provoque la salinisation des eaux et des terres, et constitue une menace réelle dans le département de Kolda.
LE CADRE PHYSIQUE DU BASSIN EN AMONT DE KOLDA
Les unités géologiques et géomorphologiques
L’étude géologique et géomorphologique permet de connaître la nature du sous-sol et son rôle dans la capitalisation de l’eau et le comportement du bassin.
La géologie
L’histoire géologique de la Casamance se rattache à celle du bassin sédimentaire sénégalomauritanien dont les séries d’épaisseurs croissantes d’Est en Ouest sont recouvertes en discordances par des formations gréso-argileuses. Au point de vue géologique, la région de la Casamance est très homogène, elle occupe la partie méridionale de ce bassin, vaste bassin qui a connu plusieurs épisodes de transgressions et régressions qui ont favorisé la mise en place des sédiments marins et continentaux, depuis le Jurassique jusqu’au Quaternaire. Le Continental Terminal est la composante essentielle de notre bassin. Le faciès le plus fréquent de ces formations est celui des grés argileux. Dans ces grés argileux, sont intercalés des sables et des grés siliceux tantôt grossiers et contenant des granules de quartz, tantôt à grés fins ou moyens hétérométriques. On y trouve aussi des niveaux discontinus de cuirasses latéritiques. Vers Kolda, à l’Est, l’Eocène et le Crétacé supérieur d’une épaisseur de 445 mètres reposent directement sur le Primaire, tandis que le Miocène marin est absent. Ces séries marines sont recouvertes par des formations gréseuses ou argileuses du Continental Terminal. L’ensemble des formations du Continental Terminal est perméable.
L’étude de la structure géologique élaborée et réalisée par Louis Berger International en 1984 à partir des données de forages présente les formations gréso-argileuse (figure 1) suivante :
– Le socle métamorphique du Paléozoïque constitué de quartz, grés, schistes qui se localiseraient entre 180 et 200 m à Dabo. Le toit du Crétacé inférieur est atteint à Kolda à 378 m, à Diana Malari à 563 m et à Dabo à 185 m.
– Au Maestrichtien, selon Michel (P) 1973, la mer occupe tout le bassin de la Casamance et y dépose des sables hétérométriques, le plus souvent grossiers, mêlés à des argiles feuilletées de couleur gris foncé. La série maestrichtienne présente une épaisseur variable : 130 m à Diana Malari, 30 m à Dabo.
– Au dessus du Maestrichtien sableux, s’est déposé un Paléocène puis un Eocène marno-calcaire avec une discordance qui sépare l’Eocène de la série sablo-argileuse sus jacente. L’Eocène est essentiellement calcaire avec des variations de faciès allant des calcaires phosphatés à des marno-calcaires. Au Miocène se produit une importante phase tectonique cassante, après la régression post miocène s’est déposé un sédiment détritique appelé Continental Terminal. Les réseaux de factures vont conditionner l’hydrographie des cours d’eaux suivants les lignes de factures.
La géologie du bassin, comme du reste l’ensemble de la Casamance, présente une structure très homogène. Elle est recouverte par le CT, série détritique de grandes épaisseurs reposant sur les séries sédimentaires du Tertiaire, très perméables. La géologie, constituant un facteur de différenciation des cours d’eau situés dans un même domaine climatique, intervient par sa capacité à emmagasiner de l’eau.
La géomorphologie
La géomorphologie en relation avec le régime climatique dans la région, est dominée par de vastes plateaux cuirassés, d’altitudes variables, entaillée par un réseau hydrographique très lâche. Durant le Quaternaire, la région a été soumise à une série de transgressions et de régressions. Selon Michel P. (1977) et Kalk I. (1978), les fractions du Continental Terminal qui seraient originaires, des régions élevées de l’Est du Sénégal, ont été modelées en terrasses par des changements climatiques correspondant aux premières phases de glaciation. La région de la Casamance, recouverte dans sa majeure partie par le Continental Terminal, est par endroits masquée par un système dunaire post-nouakchottien. Au cours du Miocène, des mouvements tectoniques seraient responsables des différents changements de directions du fleuve mais aussi de la mise en place du réseau hydrographique actuel.
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Table des matières
INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PEMIERE PARTIE : Le milieu physique et le climat du bassin du fleuve Casamance en amont de Kolda
Chapitre I : Le cadre physique du bassin en amont de Kolda
Chapitre II : Le cadre climatique du bassin
DEUXIEME PARTIE : Etudes des crues et étiages du fleuve Casamance en amont de Kolda
Chapitre I : Etude des éléments du régime
Chapitre II : Les crues dans le bassin en amont de Kolda
Chapitre III : Les étiages dans le bassin en amont de Kolda
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE PHOTOGRAPHIQUE