LE Métier DE SOCIOLOGUE

Le métier de sociologue7 de P. Bourdieu, J-C. Chamboredon et J-C. Passeron:

   Les principales idées véhiculées par cet ouvrage sont résumées dans une fiche de lecture élaborée par Lucie Moreau: « L’ouvrage est constitué du propos des auteurs à l’appui de nombreux textes épistémologiques et théoriques relevant à la fois des sciences de la nature et des sciences sociales, les auteurs s’expliquent sur ce choix dans une remarque introductive à l’utilisation des textes : ceux-ci justifient leur emploi par leur croyance en un acquis épistémologique au-delà des divergences théoriques et par le fait que la sociologie est une science comme les autres, ce qui permet l’application de textes issus des sciences de la nature à leur propos. L’ouvrage vise à mettre la pratique sociologique à la question, et constitue une réflexion sur le rapport aux techniques de la sociologie. L’enjeu de cet objectif dans l’urgence est la nécessité pour les sociologues de s’accorder sur les principes élémentaires (…) pour sortir de l’anarchie conceptuelle à laquelle les condamne leur indifférence pour la réflexion épistémologique. L’ouvrage a donc pour ambition de mettre à jour les principes qui font de la sociologie une science et de donner par la même au chercheur les moyens d’assumer lui-même la surveillance de son travail scientifique, afin d’assurer une réelle portée heuristique. Le propos se situe donc en deçà des divergences théoriques pour tenter de définir un accord épistémologique en sociologie. La référence à Durkheim est dans cette perspective explicite, une situation de commencement étant favorable à l’explicitation de principes, l’ouvrage veut se situer dans la continuité du projet durkheimien de construction de la discipline, en aidant à la définition du système d’habitudes intellectuelles d’après l’expression de COMTE, propre au métier de sociologue. La référence à Durkheim est donc plus qu’une simple révérence : les auteurs s’approprient de nombreux textes de Durkheim comme appui de leur propos. Leur propos est construit en 3 parties qui définissent la démarche unitaire sociologique en présentant les 3 actes épistémologiques principaux en sociologie :
1) la rupture : le fait est conquis contre l’illusion du savoir immédiat
2) la construction de l’objet : les formes de la démission empiriste
3) le rationalisme appliqué : le fait est conquis, construit, constaté (l’épreuve des faits)… ».

Les apports de la sociologie du travail

   Au sens large, le travail est toute activité humaine générant une production mais au sens étroit, seul le travail rémunéré est perçu comme un véritable travail. Le travail salarié est caractérisé par l’existence d’un lien de subordination entre celui qui travaille et son employeur, par une rémunération sous forme de salaire et par le statut social de salarié auquel est attaché un cadre juridique. La sociologie du travail est une branche de la sociologie qui considère le travail comme une réalité sociale ayant un impact sur l’individu. Elle suscite notre intérêt dans la mesure où elle s’intéresse :
– au rapport du travailleur à l’emploi (contrainte ou choix personnel),
– à la qualification de chaque poste de travail,
– aux facteurs de satisfaction et de motivation au travail.
En bref, toute démarche qui se veut scientifique doit toujours débuter par un ensemble de définitions en vue de délimiter l’objet d’étude. Nous avons défini le sociologue comme étant un spécialiste des questions sociales cherchant à comprendre le fonctionnement de la société. La valeur du sociologue relève tant de ses compétences théoriques que de ses compétences empiriques. De grands auteurs ont mené des recherches sur le métier de sociologue : Pierre Bourdieu et ses collaborateurs ont insisté sur la nécessité d’un travail d’autoréflexion sur la pratique sociologique tandis que Gérald Houdeville a dévoilé les caractéristiques du métier de sociologue en France en fonction des générations successives. Face à la situation de pauvreté qui sévit à Madagascar (en 2010, 47 % de la population déclarent vivre en difficulté contre 2% qui pensent vivre aisément12), nous avons cru pertinent d’identifier les apports directs ou indirects des sociologues dans le processus de développement social.

Historique de l’enseignement de la sociologie à Madagascar

A- L’éparpillement des modules d’enseignement : A la suite de la création de l’Université de Madagascar en 1961, quelques branches de la sociologie furent enseignées dans différents établissements : la sociologie rurale à l’Ecole Nationale Supérieure Agronomique (ENSA), la sociologie appliquée à la communication à l’Ecole Nationale de Promotion Sociale (ENPS), l’ethnologie et l’anthropologie à la Faculté des lettres, la sociologie juridique et l’histoire des institutions à la Faculté de droit et des sciences économiques, ainsi qu’à l’Ecole Nationale d’Administration de Madagascar (ENAM).
B- L’institutionnalisation de l’enseignement de la sociologie : La chute de la Première République en 1972 a généré des débats d’idées au niveau du système éducatif, notamment sur le renouvellement de l’Université de Madagascar à travers la décentralisation et la malgachisation. A ce propos, François Rajaoson a relaté de manière précise les faits qui ont donné lieu à l’institutionnalisation de l’enseignement de la sociologie : « Pour l’essentiel, il s’agissait de regrouper les établissements d’enseignement supérieur en vue de rationaliser la formation dispensée, et afin d’intégrer davantage les jeunes aux réalités nationales. Les textes portant création des établissements d’enseignement supérieur et de recherche au sein de l’Université procédaient de cette idée fondamentale. Les facultés et les grandes écoles éparpillées ont été regroupées respectivement au sein des établissements d’enseignement supérieur (EES), conduisant à des filières académiques et professionnelles. Pour ce qui est de l’ancienne faculté de droit et des sciences économiques, ainsi que de  quelques grandes écoles à vocation socioéconomique, on a créé l’EESDEGS (Etablissement d’enseignement supérieur de droit, d’économie, de gestion et de sociologie). C’est dans ce contexte que fut institutionnalisé en 1973 l’enseignement de la sociologie à Madagascar, par la création, au sein de l’EES DEGS, du Département de sociologie, qui dispensait des enseignements débouchant sur les diplômes de licence et de maîtrise ». Ce Département fut par la suite doté d’une filière professionnalisante en travail social et développement (FPTSD) entre 2003 et 2004.

Les pratiques sociologiques et les demandes sociales

   Pour reprendre ce que nous avons mentionné à l’introduction générale, les demandes sociales sont les besoins formulés par l’ensemble de la collectivité et qui traduisent un manque. Après une cinquantaine d’années d’Indépendance, Madagascar est classé à la sixième place parmi les pays les plus pauvres. Les stratégies de lutte contre la pauvreté préconisées par les principaux bailleurs de fonds (FMI, Banque Mondiale) semblent n’avoir aucun impact positif sur la situation qui prévaut. Ce qui fait que le développement reste jusqu’à présent au centre des préoccupations des chercheurs en sciences sociales ; c’est une nécessité pour ces éléments conscients de la société de débattre sur le scénario de développement le plus adéquat aux réalités de notre pays. En effet, la plupart des échecs connus par les projets de développement sont expliqués par une connaissance erronée du désidérata ainsi que de la dynamique interne de la communauté-cible. Ces facteurs sont à prendre en compte pour une optimalisation des approches et des moyens mis en œuvre lors d’un projet. Afin de se révéler utiles à la société, les pratiques sociologiques ne peuvent faire abstraction des demandes sociales, en ce que celles-ci orientent la formation, la recherche et les éventuelles actions des sociologues. Cette affirmation peut être appuyée par le passage suivant : « Les pratiques sociologiques, combinant l’enseignement et la recherche, sont suscitées par les thèmes véhiculés à travers les demandes sociales. Au niveau des institutions d’enseignement supérieur, publiques et privées, les recherches fondamentales traitant de la connaissance de la société et de son devenir, sont encore largement pratiquées ; néanmoins, compte-tenu des demandes sociales, les recherches appliquées au développement socioéconomique tendent à gagner du terrain. La tendance actuelle de l’enseignement en sociologie à Madagascar s’oriente vers la formation de deux profils de sociologue, à savoir les sociologues académiques destinés à l’enseignement et à la recherche, et les sociologues professionnels produits en vue de maitriser les dimensions sociales des projets de développement, et pour participer à l’encadrement des ONG. » in L’évolution des pratiques sociologiques à Madagascar.

Les catégories de sociologues

   A l’occasion d’une communication, François Rajaoson a procédé à une classification des sociologues à Madagascar : « Pour simplifier, nous avons cru opportun de classifier en quatre catégories les sociologues en vue de pouvoir visualiser respectivement leur domaine d’intervention, à savoir les sociologues académiques, les sociologues professionnels, les sociologues exerçant des fonctions politiques ou électives, et les travailleurs sociaux sortants de la formation professionnalisante.
– Les sociologues académiques : Il s’agit des diplômés orientés essentiellement vers l’enseignement et la recherche en sociologie à tous les niveaux. On les retrouve surtout dans l’enseignement secondaire, notamment dans l’enseignement technique où ils enseignent la socio-économie et l’initiation à la vie active. Par ailleurs, plusieurs d’entre eux évoluent également dans l’enseignement supérieur après le DEA et le Doctorat, précisément comme enseignants-chercheurs dans les institutions universitaires. Enfin, certains travaillent dans les centres de recherches spécialisées en développement rural et en environnement.
– Les sociologues professionnels : Ce sont les diplômés qui interviennent comme cadres et techniciens dans divers ministères, ou comme consultants au sein des ONG, ils sont plutôt recrutés dans les ministères chargés du développement rural, des affaires sociales, de la planification familiale, de l’environnement, de l’éducation, des loisirs, de la culture ainsi que de la communication ; quelques-uns après avoir été admis aux concours d’entrée dans les grandes écoles, deviennent des grands commis de l’Etat (administrateurs civils, inspecteurs des impôts, inspecteurs du travail, inspecteurs des domaines, inspecteurs des douanes). Parmi ces professionnels, on peut ranger également les sociologues qui s’occupent de la communication en général, comme les animateurs de télévision et de la radio, ou les journalistes dans la presse écrite. En l’occurrence, on peut évoquer aussi les sociologues artistes qui sont arrivés au top niveau sur le plan national comme les chanteurs Dama et Bekoto du groupe Mahaleo, Jaojoby, Sareraka et Alomà.
– Les sociologues politiciens : Il s’agit des sociologues occupant des emplois politiques ou électifs à Madagascar ; en effet, plusieurs anciens sortants du Département de sociologie évoluent dans la sphère politique. Aussi, depuis la création du Département en 1973, peut-on recenser des sociologues exerçant des fonctions de ministre, de député, de sénateur, de diplomate, de chef de région…
– Les travailleurs sociaux : Ce sont les sortants de la Formation Professionnalisante en Travail Social et Développement. De par leur cursus universitaire, ils ne sont pas des sociologues à part entière, toutefois dans leur formation (bac+3), il y a un volume important de matières sociologiques. En fonction de leur choix respectif dans les quatre options proposées par l’Ecole, ces travailleurs sociaux s’orientent vers quatre domaines spécialisés.
* Option I : Organisation-service-travail : assistant de service social, socioorganisateur.
* Option II : Education-Handicaps-inadaptation : éducateur, éducateur spécialisé.
* Option III : Animation-Association-Famille : animateur, médiateur social.
* Option IV : Socio-économie, développement rural et urbain : agent de développement social. » in L’enseignement de la sociologie et les demandes sociales à Madagascar.
Dans le cadre de notre étude et sur la base des critères de classification ci-dessus, il est à noter que notre intérêt s’est davantage porté sur les implications des sociologues académiques et des sociologues professionnels vis-à-vis du monde social. Les sociologues politiciens et les travailleurs sociaux ont été quasiment écartés de nos travaux de recherche ; les premiers étant difficilement accessibles et les seconds n’étant pas diplômés en sociologie.

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Table des matières

– Introduction générale
– Partie I : Considérations générales
Chapitre I : Cadrage théorique
Section 1 : Essai de définitions
A- Métier
B- Sociologue
C- Développement social
Section 2 : Les tendances des écrits sociologiques
A- Le métier de sociologue de P. Bourdieu, J-C. Chamboredon et J-C. Passeron
B- Le métier de sociologue en France depuis 1945 de G. Houdeville
C- Essai d’interprétation
Section 3 : Les apports de la sociologie du travail
Chapitre II : Contexte
Section 4 : Historique de l’enseignement de la sociologie à Madagascar
A- L’éparpillement des modules d’enseignement
B- La création du Département en sociologie
Section 5 : Les pratiques sociologiques et les demandes sociales
Section 6 : Les catégories de sociologues à Madagascar
Section 7 : Situation de Madagascar en matière de population
A- La pauvreté
B- L’activité
C- La scolarisation
D- La fécondité
– Partie II : Les sociologues à Madagascar
Chapitre III : La formation des sociologues
Section 8 : Le contenu de la formation
Section 9 : Les étudiants en sociologie
Chapitre IV : Présentation sommaire des lieux d’enquête
Section 10 : La FISA
A- Vision
B- Mission
Section 11 : Le Ministère de la population et des affaires sociales
A- Vision
B- Objectifs généraux
C- Organigramme
1- L’Autorité Centrale de l’adoption
2- La Direction de la protection sociale
Section 12 : Les actions de WWF à Madagascar
Section 13: L’ICTE (Institute for the Conservation of Tropical Environments
Chapitre V: La diversité des pratiques sociologiques
Section 14 : Les principaux résultats d’enquête
Section 15 : Etudes complémentaires
A- Les sociologues académiques
B- Les sociologues de l’ENAM
C- Les autres domaines d’intervention des sociologues
D- Les facteurs de satisfaction et de motivation
– Partie III : Vision prospective
Chapitre V : Analyse
Section 16 : Vérification de l’hypothèse
Section 17 : La professionnalisation de la sociologie
Section 18 : L’ancrage des sociologues professionnels dans la tradition
sociologique
Section 19 : Suggestion théorique
Chapitre VI : L’avenir des diplômés
Section 20 : Les opportunités d’emploi dans le secteur académique
Section 21 : Les opportunités d’emploi dans le secteur public
Section 22 : Les opportunités d’emploi dans le secteur privé
A- La pratique d’études et de recherches appliquées
B- La pratique de management de projets
C- La pratique de conseil
Section 23 : La correspondance entre les spécialisations dans la formation et les débouchés des sociologues
– Conclusion générale

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