Le métier de bibliothécaire

Le métier de bibliothécaire

Les changements apportés par le XIXe siècle

Au début du XIXe siècle, on n’exige toujours pas des bibliothécaires de réussir un examen, ni même d’être titulaires d’un diplôme universitaire, alors que cela était déjà demandé par exemple pour les magistrats ou les instituteurs. Ils sont alors recrutés parmi les hommes de lettres, qu’ils soient écrivains, journalistes ou encore archéologues et possèdent la plupart du temps le baccalauréat, une licence de lettres ou bien une licence de droit. Il disposent donc tout de même d’une certaine culture générale et de capacités., mais aucune évaluation de compétences professionnelles propres n’est mise en place. C’est à partir du deuxième quart du XIXe siècle que l’on voit apparaître des érudits ou des anciens élèves de l’École des Chartes qui eux, ont suivi une formation spécialisée. En effet, l’École des Chartes fut fondée le 22 Février 1821 sur ordonnance royale et constitue la première vraie formation pour les bibliothécaires. Ses élèves suivent des enseignements spécifiques au métier, qui sont assurés par des bibliothécaires. Concernant les débouchés de cette École dans les bibliothèques, en 182913, il est prévu pour les diplômés que « par préférence sur tous les autres candidats, la moitié des emplois qui viendront à vaquer dans les bibliothèques publiques, les archives du royaume et les divers dépôts littéraires » leurs soient réservés.

Dix ans plus tard, en 1839, il est institué que le bibliothécaire sera nommé par le ministre de l’instruction publique. Ce choix a entraîné diverses protestations venant de la part des municipalités et ainsi, désormais c’est le maire de la commune qui nomme lui-même le bibliothécaire. Les droits et débouchés alloués à ce diplôme d’archiviste-paléographe sont précisés par une ordonnance en 184614. Si l’ordonnance de 1826 leur donnait priorité sur la moitié des emplois, celle de 1846 diminue leur importance et leur réserve les accès aux emplois de bibliothécaires dans les bibliothèques publiques du royaume « dans la proportion d’une place vacante sur trois. » Ce n’est que l’année suivante, en 1847, que l’École des Chartes créé une chaire « classement des archives et des bibliothèques. » Par la suite, les archives seront alors distinctes des bibliothèques, ce que l’on peut observer par le changement de nom en « bibliographie et classement des bibliothèques ; classement des archives. » (en 1869) puis en « bibliographie et classement des bibliothèques. » (en 1895) les archives étant là, complètement mises à part. L’École des Chartes est à l’époque le seul véritable lieu d’apprentissage du métier pour les futurs bibliothécaires, il n’y a pas d’autres vrai cursus pour les métiers des bibliothèques.

Besoin de diplôme : une initiative étrangère

C’est à partir de la fin du XIXe siècle que les personnes occupant les fonctions de bibliothécaire cherchent à obtenir reconnaissance pour le métier qu’ils exercent et donc pour faire reconnaître leurs qualifications. La nécessité de formation pour les bibliothécaires est une idée déjà ancienne qui émerge dès le XVIIIe siècle mais qui ne débute réellement qu’en 1847, comme nous avons pu le voir, avec le cours mis en place à l’École des Chartes. Le premier enseignement spécialisé de bibliothéconomie date lui de 1887. Il fut mis en place par Melvil Dewey à New-York et relevait plutôt de la formation technique que scientifique. La formation des bibliothécaires n’est donc pas une initiative française, tout comme ce qui concerne les examens. En effet, le manque d’examens pour les métiers des bibliothèques était vécu comme une « lacune que signalaient depuis longtemps les bibliothécaires sérieux15. » Leur mise en place ne relève donc pas d’une démarche française. L’on avait déjà remédié à cette « lacune » en 1862 en Autriche où toute personne candidate aux fonctions de bibliothécaire devait passer un examen. Il faudra attendre 1879 en France pour voir se mettre en place le premier examen professionnel tel que nous allons le voir dans la partie suivante.

Le CAFB, premier diplôme pour les bibliothécaires Bien que nous nous intéressions dans cette étude particulièrement aux bibliothécaires des bibliothèques municipales, il semble important de revenir aux bases et au commencement de la certification des bibliothécaires, bien que cela prenne forme au départ dans les bibliothèques universitaires. Nous allons voir ici le point de départ du recrutement des bibliothécaires sur examen, ainsi que les diplômes en prenant le relais. C’est à la fin du XIXe siècle que les bibliothèques universitaires s’organisent. Cela oblige le ministère de l’instruction publique à revoir le recrutement des responsables de ces bibliothèques. Le recrutement des bibliothécaires va suivre un mouvement général qui a lieu dans l’administration, à savoir que les fonctionnaires sont de plus en plus recrutés suite à des examens, concours ou prise en compte de leurs diplômes.

Les bibliothécaires ne vont donc pas échapper à la règle. Pour replacer les choses dans leur contexte, les BU furent mises en place par l’État suite à la défaite de 1870, puisque le système universitaire allemand avait été jugé meilleur que le français. L’État voyait donc la nécessité de réformer au plus vite ce système, ainsi que les bibliothèques universitaires. Le recrutement des bibliothécaires y exerçant est donc retravaillé par la même occasion, puisque auparavant, la plupart du temps cet emploi était occupé par des professeurs et l’État a donc cherché à professionnaliser le métier. Le recrutement suite à un examen s’assurait donc que le bibliothécaire disposait d’un minimum de compétences et lui donnait plus de « poids » face aux professeurs et étudiants qui détenaient souvent un niveau de diplôme plus élevé que le sien… Ce sont trois arrêtés du 23 Août 1879 qui vont impulser cette réorganisation des bibliothèques universitaires et la création du Certificat d’Aptitude aux Fonctions de Bibliothécaire. Il s’agit là du tout premier examen professionnel français destiné aux personnels des bibliothèques.

À sa création, il comporte comme épreuves : – une composition française sur une question de bibliographie – le classement de quinze ouvrages traitant de matières diverses et appartenant aux différentes époques de l’imprimerie. Dans un premier temps, il n’était pas vraiment destiné à tout le monde, mais plutôt à des personnes exerçant déjà le métier afin d’attester de certaines compétences. En effet, comme le stipule l’arrêté créant le diplôme : « Ne peuvent être proposés pour le titre de bibliothécaire que les sous bibliothécaires et surnuméraires pourvus du certificat d’aptitude délivré après un examen professionnel, dont les conditions seront déterminées par un règlement spécial16. » C’est la toute première fois que les bibliothécaires sont recrutés suite à un diplôme qui certifie de véritables qualifications professionnelles et que l’on exige une expérience professionnelle en plus du diplôme.

Pour l’obtention de ce diplôme, on met l’accent sur les connaissances pratiques. Ces dernières sont normalement maîtrisées par les sous-bibliothécaires et surnuméraires car ils sont déjà en poste au moment de passer la certification : l’arrêté précise que « sont seuls admis audit examen les sousbibliothécaires et surnuméraires ayant au moins deux ans de services accomplis dans une bibliothèques de faculté.17 » Il est à la suite précisé que « le stage est réduit à six mois pour les chartistes. » Bruno Delmas note que si les chartistes bénéficient d’un régime particulier, cela démontre l’envie de les attirer car ils sont peu nombreux dans les universités18 et de plus, leur formation est synonyme de compétence. Mais cela ne suffira a priori pas à susciter leur intérêt puisque, quelques années plus tard, en 1905, sur les cinquante bibliothécaires universitaires dénombrés, on comptait parmi eux seulement deux chartistes. La majorité d’entre eux occupaient des postes en nombre à la Bibliothèque Nationale. La tradition administrative en place jusqu’à présent consistait à être recruté, sans condition nécessaire de diplôme, puis à apprendre « sur le tas » et monter en grade au fur et à mesure. La mise en place du CAFB pour changer de grade, montre le désir de vouloir prendre en compte les compétences professionnelles du candidat pour évoluer dans son poste. Comme dit précédemment, ce diplôme concernait essentiellement les personnes occupant déjà un emploi dans les bibliothèques. Trois ans après son lancement, en 1882, un examen que l’on pourrait qualifier d’externe est rajouté.

Le DTB et son remplaçant, le DSB : un accès aux emplois supérieurs en bibliothèque C’est en 193227 que le Diplôme Technique de Bibliothécaire succède au CAFB. Comme son nom l’indique, on cherche à affirmer les connaissances techniques nécessaires à l’exercice du métier de bibliothécaire. Il devient le diplôme professionnel unique pour travailler en BU et BMC. Jusqu’à son remplacement en 1950, il est le titre nécessaire pour accéder aux emplois supérieurs dans les bibliothèques. Les candidats préparant le DTB sont admis à l’École des Chartes, mais sont plus nombreux et également plus âgés que les chartistes, bien qu’il n’y ait pas de condition d’âge pour passer l’examen. Pour être admis à présenter l’examen, les candidats doivent être titulaires soit du baccalauréat ou du brevet supérieur, et avoir fait un stage dans une bibliothèque publique d’au minimum trois mois, période qui s’abaissa à deux pour les chartistes. L’examen a lieu une fois par an et comprend une composition écrite sur trois questions (technique et histoire du livre, répertoires bibliographiques et administration des bibliothèques.), une épreuve pratique de rédaction de cartes de catalogues, des épreuves orales portant sur les mêmes interrogations que celles écrites et des épreuves facultatives. L’examen est réorganisé par arrêté en 194628.

Il y a maintenant une limite d’âge de trente ans à ne pas dépasser. On exige également des candidats un niveau de diplôme plus important : si avant le baccalauréat était suffisant, les candidats doivent maintenant justifier de « trois certificats de licence ès lettres ou de deux certificats de licence ès sciences29. » De plus, le stage nécessaire à l’obtention du diplôme est désormais placé entre les épreuves écrites et les épreuves orales : il faut donc d’abord réussir les épreuves écrites pour obtenir le droit de faire le stage et ensuite justifier de l’accomplissement de celui-ci pour pouvoir passer les épreuves orales. L’obtention de ce diplôme ne donnait pas d’office le droit de travailler en bibliothèque, mais il fallait en justifier en plus des autres titres universitaires afin de pouvoir être inscrit sur les listes d’aptitude. La volonté de moderniser et d’adapter le diplôme est actée en 195030 avec la disparition du DTB et son remplacement par le Diplôme Supérieur de Bibliothécaire.

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Table des matières

LISTE DES ABRÉVIATIONS
INTRODUCTION
BIBLIOGRAPHIE
SOURCES
I – PANORAMA HISTORIQUE
1 Avant 1879, quels moyens d’accès au métier de bibliothécaire
2 Le CAFB, premier diplôme pour les bibliothécaires
3 Le DTB et son remplaçant, le DSB : un accès aux emplois supérieurs en bibliothèque
4 Un second CAFB pour les bibliothécaires territoriaux
5 La fonction publique territoriale : des concours hiérarchisés pour départager les candidats
II – QUELS PROFILS ATTENDUS DES CANDIDATS
1 Formats d’épreuves
2 Des candidats plus strictement sélectionnés : des examens aux concours de recrutement sélectif
3 Quel type de personnel attendu : technique ou cultivé ?
III – AVANT ET APRÈS CONCOURS : QUELLES ATTENTES ?
1 Quel niveau pour passer les certifications ? Des bibliothécaires sur-diplômés
2 Le post-concours
3 L’avis des professionnels
CONCLUSION
ANNEXES

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