Le poids, le tour de taille et la composition corporelle
Trois études (88, 90, 93) ont évalué l’impact d’un entraînement en aérobie et la combinaison d’un entraînement en aérobie et en résistance musculaire sur le poids et le tour de taille. Tous les auteurs ont relevé une réduction pondérale significative dans les deux types d’intervention. Willis et al. (88) et Said et al. (93) ont tous deux démontré que l’entraînement en aérobie entraînait une perte de poids supérieure avec respectivement -1.8 kg et -3.7 kg comparé à l’entraînement combiné avec respectivement -1.6 kg et -2.8 kg. Willis et al. (88) ont également conclu que l’entraînement en résistance musculaire en l’absence d’un entraînement en aérobie engendrait une prise pondérale significative de 0.8 kg et une diminution non significative du tour de taille. Concernant le tour de taille, les auteurs de ces trois études ont observé une diminution significative du tour de taille lors d’entraînement en aérobie avec respectivement -1.0 cm, -3.4 cm et -5.5 cm pour Willis et al. (88), Sanal et al. (90) et Said et al. (93). Ils ont toutefois observé une diminution plus importante du tour de taille lors d’entraînement combiné avec -1.66 cm pour Willis et al. (88), -4.2 cm pour Sanal et al. (90) et -5.5 cm pour Said et al. (93). Donnelly et al. (86) ont mis en place un autre protocole d’activité physique : un entraînement continu versus un entraînement intermittent. Ils ont observé que le poids diminuait de manière significative uniquement dans le groupe d’entraînement continu avec une moyenne de -1.7 kg. Aucun de ces deux types d’entraînement n’influençaient significativement le tour de taille. Donnelly et al. (89) ont prouvé que les grands volumes d’entraînement (600kcal/session) occasionnaient une perte pondérale plus importante que les petits volumes d’entraînement (400kcal/session) : -5.2 kg vs -3.9 kg en moyenne. La différence de perte de poids dans les groupes d’interventions est significative par rapport au groupe contrôle. Dans cette étude l’impact des entraînements sur le tour de taille n’a pas été étudié.
Les auteurs des trois dernières études (87, 91, 92) ont quant à eux mis en place des entraînements en aérobie mais à des volumes et intensités différents. Les pertes de poids les plus importantes sont observées lors de grands volumes d’entraînement indépendamment de leur intensité. Slentz et al. (87) ont démontré que pour une même intensité les groupes à grands volumes d’entraînements perdaient plus de poids que les petits volumes d’entraînement : -3.5 kg vs -1.1 kg en moyenne. Ross et al. (92) ont observé une perte pondérale dans les deux groupes avec un grand volume d’entraînement, bien que l’intensité n’ait pas été identique : -4.9 kg avec une intensité faible et -4.6 kg avec une intensité élevée. Keating et al. (91) sont les seuls qui ont démontré une perte de poids presque similaire entre les deux groupes d’interventions, bien que le volume et l’intensité d’entraînement soient différents. Une diminution significative du tour de taille a été observée dans ces trois études quels que soient le volume ou l’intensité.
La composition corporelle a été étudiée dans six études (86, 87, 88, 89, 90, 93). Keating et al. (91) se sont quant à eux intéressés au tissu adipeux viscéral et sous-cutané. Ross et al. (92) sont les seuls à ne pas avoir évalué la composition corporelle comme variable d’outcome dans leur étude. Les trois études (88, 90, 93)comparant l’entraînement en aérobie et la combinaison d’un entraînement en aérobie et en résistance musculaire ont abouti aux mêmes résultats : la masse grasse diminuait significativement quelque que soit le type d’intervention tandis que la proportion de masse musculaire augmentait uniquement lorsque l’entraînement comprenait une composante de résistance musculaire. Willis et al. (88), Sanal et al. (90) et Said et al. (93) ont respectivement observé une diminution de la masse grasse de -1.7 kg, -2.2 kg et -2.7 kg lors d’entraînement en aérobie et de -2.4 kg, -5.4 kg et -2.1 kg lors d’entraînements combinant aérobie et résistance musculaire. La masse maigre a augmenté de manière significative dans la totalité des groupes d’entraînements combinant aérobie et résistance musculaire avec une prise de +0.8 kg, +3.1 kg et + 2.0 kg dans les études de Wills et al. (88), Sanal et al. (90) et Said et al. (93).
L’étude de Donnelly et al. (86) qui a étudié la différence entre un entraînement continu et un entraînement intermittent a démontré que la masse grasse diminuait de manière significative avec -2.1kg lors d’exercices continus. A contrario, elle diminuait de manière non significative lors d’entraînements intermittents avec -0.7 kg. Aucun changement significatif concernant la masse maigre n’a été observé à la fin des interventions. La deuxième étude de Donnelly et al. (89) a démontré que la masse grasse diminuait significativement en cas de petits et de grands volumes d’entraînements avec respectivement -3.5 kg et -5.2 kg. Dans les deux groupes, la proportion de masse maigre est restée stable et n’a pas changé pas de manière significative au cours de l’étude. Slentz et al. (87) ont observé une diminution significative de la masse grasse dans tous les groupes d’intervention hormis dans le groupe contrôle. La diminution de masse grasse la plus importante a été observée dans le groupe qui avait un grand volume d’entraînement, à haute intensité. Cette diminution s’élevait à -4.9 kg en moyenne, contre -2.6 kg et -2.0 kg pour les deux groupes ayant eu un petit volume d’entraînement à haute intensité ou à faible intensité. La masse maigre a augmenté significativement dans tous les groupes excepté dans le groupe contrôle. Lors d’entraînements à haute intensité, quel que soit le volume de ceux-ci, l’augmentation de la masse maigre était deux fois plus importante que lors d’entraînements à intensité faible à modérée : +1.5 kg et +1.4 kg vs + 0.7 kg en moyenne.
Discussion
Le but de ce Travail de Bachelor est de comparer différents types d’activité physique et de décrire les changements qu’ils peuvent induire sur le poids, le tour de taille et la composition corporelle. Nous avons cherché à répondre à la question suivante : “Quel est le type d’activité physique ainsi que l’intensité optimale recommandés pour favoriser la perte de poids chez des adultes en surpoids ou obèses avec un IMC compris entre 25 et 39.99 kg/m2 ?” Parmi les huit études incluses dans la revue, toutes ont un niveau de preuve élevé (niveau A). Concernant la qualité des études, une est de qualité neutre (86), toutes les autres sont de qualité positive. Il n’y a aucune étude de qualité négative. Le poids, le tour de taille et la composition corporelle Le principal résultat de notre revue démontre qu’un entraînement en aérobie permet une perte de poids de 1.3 à 5.2 kilos. Lorsque ce type d’entraînement est combiné à un entraînement en résistance musculaire, la perte de poids est moindre (entre -1.6 et -3.8 kilos), mais est accompagnée d’une diminution du tour de taille.
Cet entraînement combiné nécessite plus de temps que l’entraînement en aérobie seul (55 minutes/jour vs 30 minutes/jour) pour des différences de résultats minimes. Le second résultat saillant de notre revue est que de grands volumes d’entraînement sont nécessaires pour permettre une perte de poids cliniquement significative. Les interventions qui ont obtenu une perte pondérale d’environ 3% prévoyaient des séances avec une moyenne de 45 minutes/jour, 230 minutes/semaine. En revanche, l’intensité ne semblait pas jouer un grand rôle dans le résultat pondéral, mais déterminait la diminution du tour de taille. La majorité des instances scientifiques (7, 16, 49, 50, 51, 75) préconisent une perte de poids d’au moins 5 % du poids initial pour obtenir des améliorations au niveau de la santé en cas d’obésité. Plus la perte de poids est importante, plus les bénéfices sur la santé seront élevés.
Notre revue montre que l’activité physique seule, même lorsqu’elle est pratiquée à des volumes élevés, ne permet pas d’atteindre ce niveau de recommandation, pourtant modeste de 5% de perte de poids. Une seule intervention sur les huit que nous avons analysées a réussi à engendrer une perte de poids supérieure à 5% du poids initial (89). Les autres interventions montrent une réduction d’environ 3% du poids initial. Ceci, n’est pas négligeable et pourrait améliorer la santé (7), mais démontre tout de même que sans des modifications de consommation alimentaire la perte de poids est très faible. Toutefois, l’activité physique peut présenter d’autres bénéfices que la perte de poids et l’amélioration de la composition corporelle. Ainsi, il a été démontré que la pratique d’une activité physique engendre une diminution significative de l’hémoglobine glyquée et une amélioration du profil lipidique chez des personnes diabétiques de type II (98) permet de diminuer la pression artérielle avec un effet plus important chez les sujets hypertendus (99) et améliore l’humeur en diminuant de manière significative l’anxiété chez des personnes dites “en bonne santé » (99).
Il est à noter tout de même que vu les volumes nécessaires pour obtenir des résultats probants, la compliance à long terme peut être limitée. L’analyse de la composition corporelle a été évaluée dans sept études (86, 87, 88, 89, 90, 91, 93) et a pu mettre en évidence que la masse grasse est influencée positivement par des volumes d’entraînements importants et par une intensité d’entraînement élevée. L’entraînement en endurance entraîne une diminution significative de la masse grasse, mais pour obtenir une augmentation significative de la masse maigre l’entraînement doit contenir une composante de résistance musculaire ou de force. C’est dans cette optique que les guidelines européens de la prise en charge de l’obésité (11) recommandent la pratique d’un entraînement en endurance d’une durée d’au moins 150 minutes/semaine, associé à un entraînement de résistance musculaire de trois sessions par semaine. Ceci permettant de préserver voire augmenter la masse maigre qui détermine les dépenses énergétiques et optimise ainsi la perte pondérale (101).
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Table des matières
Abréviations
Résumé
1. Introduction
2. Obésité
2.1 Définition
2.2 Prévalence
2.3 Etiologies
2.4 Conséquences
2.5 Composition corporelle
2.6 Traitements
3. Activité physique
3.1 Définition
3.2 Evolution
3.3. Recommandations pour la perte de poids par l’activité physique
3.4 Les différents types d’activité physique
3.5 Les composants de l’activité physique
3.6 Les effets de l’activité physique sur la prise alimentaire
3.7 Le métabolisme des nutriments lors de l’activité physique
4. Définition de l’étude
4.1 Question de recherche
4.2 Objectifs
4.3 Hypothèses
5. Méthodologie
5.1 Critères d’inclusion et d’exclusion
5.2 Stratégie de recherche documentaire
5.3 Sélection des études
5.4 Evaluation de la qualité de l’étude
6. Résultats
6.1 Sélection des études
6.2 Résultats des études
7. Discussion
8. Limites et points forts
9. Perspectives
10. Conclusion
11. Remerciements
12. Références
13. Annexes
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