LE MARQUAGE VISUEL DES ANIMAUX EN MILIEU NATUREL
Des observations utiles
Un contact prolongé permet de distinguer entre eux les animaux d’un groupe, car l’oeil exercé a repéré des différences à force de comparaisons multiples, qui passent inaperçues à un oeil novice. Ces différences notables peuvent être des éléments visuels d’ordre phénotypique ou d’ordre comportemental.Ce contact prolongé est envisageable pour des animaux tenus en captivité et pour des groupes de taille restreinte. Par exemple, un éleveur de bovins traditionnel français reconnaît chacune de ses vaches à sa robe et à son comportement, dans un troupeau composé d’individus d’une même race dont les couleurs de robe paraissent identiques à une personne observant pour la première fois ce troupeau. Cela est plus difficile ou nécessite plus de temps dans des troupeaux de taille importante, ou pour les élevages dans lesquels de nombreux animaux sont régulièrement introduits dans le troupeau.De même que les animaux domestiques, les animaux sauvages tenus en captivité sont connus et distingués les uns des autres par les personnes qui les observent régulièrement : c’est le cas des girafes par exemple des troupeaux de zoos suivies par leurs soigneurs-animaliers. Dans le cas d’animaux sauvages dans leur milieu naturel, plusieurs naturalistes ont vécu au sein d’une communauté animale au point de connaître et de reconnaître chaque individu sans l’aide d’aucune technique de marquage. Deux exemples parmi d’autres : Tim Treadwell qui a passé plusieurs saisons avec des grizzlis (Ursus arctos horribilis) du parc national de Katmai en Alaska (TREADWELL, 1997) (SMITH, 2005) et Jane Goodall avec les chimpanzés (Pan troglodytes) du parc national de Gombe en Tanzanie (GOODALL, 2010). Ces personnes ont accumulé des connaissances considérables sur les espèces étudiées, comme les liens hiérarchiques au sein du groupe et leur évolution dans le temps, les relations entre individus d’une même famille ou des épisodes d’adoption, observations qui nécessitent avant tout une identification individuelle des animaux.
…mais insuffisantes dans certaines situations
Cependant, toutes les espèces ne peuvent pas être étudiées de cette manière : des animaux de petite taille ou effectuant de grands déplacements ne peuvent pas être suivis sur de longues durées et une « cohabitation » ne paraît pas réalisable par exemple avec un groupe de passereaux en liberté au point de reconnaître chaque oiseau.
De plus, certaines personnes n’ayant pas forcément de compétences naturalistes peuvent avoir besoin d’identifier des animaux (immunologistes, physiologistes, généticiens) et doivent donc avoir recours à des méthodes de marquage « non-naturel ».
Enfin, les tendances à l’efficacité, la rentabilité, les contraintes économiques et le nombre d’études actuellement en cours nécessitant l’identification d’animaux, nous conduisent à devoir consacrer le moins de temps possible à ces observations pour plus de rapidité et de facilité de travail.
Le temps de contact visuel entre l’observateur et l’animal est donc souvent réduit en raison :
– des déplacements de l’animal, qu’ils soient liés à son caractère craintif ou à sa biologie (observation furtive d’un passereau dans un couvert forestier ou dans une roselière ; observation en vol d’un rapace en migration),
Du divin au bagueur
Paysans, météorologistes, devins, navigateurs…nombreuses sont les personnes qui observent depuis des siècles les animaux afin d’en tirer des informations utiles à l’exercice de leur métier, de bon ou de mauvais augure. Souvent, le comportement des animaux donnait une indication liée à l’avancée de la saison et au climat, indications utiles aux activités humaines depuis des millénaires.
Le naturalisme, qui centre son intérêt sur l’observation de la nature, fut d’abord un dilettantisme ; il n’est devenu un métier (ou des métiers) en soi que récemment, avec l’intérêt croissant porté aux sciences naturelles au cours du siècle des Lumières, puis l’admiration de la nature à la période Romantique.Aux XVIIIème et XIXème siècles, Thomas Bewick (1753-1828) et Jean-Jacques Audubon (1785-1851) sont souvent cités comme étant les premiers ornithologues. Le temps qu’ils ont passé à observer et à réaliser des inventaires de l’avifaune avait pour but principal l’acquisition de connaissances sur ces espèces, et non d’en tirer une information utile liée à une activité humaine.Une des premières observations naturalistes dont Audubon fait part dans sa Biographie ornithologique (AUDUBON, 1832) est le suivi de l’élevage d’une couvée de « gobemouches » près de chez lui. Il attacha aux pattes des poussins des fils de coton puis des fils d’argent, les premiers disparaissant régulièrement. Ceci témoigne de la volonté d’une part, distinguer les poussins les uns des autres, et d’autre part, de les retrouver ultérieurement une fois sortis du nid, bien qu’il n’ai fait aucune mention ultérieure de ces oiseaux.
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INTRODUCTION
1. LE MARQUAGE VISUEL DES ANIMAUX EN MILIEU NATUREL
1. QU’EST-CE QUE LE MARQUAGE VISUEL ?
a. Des observations utiles
b. …mais insuffisantes dans certaines situations
c. Un historique du marquage visuel
i. Du divin au bagueur
ii. Les premiers animaux sauvages marqués : des oiseaux au XVIIIème siècle
2. POURQUOI MARQUER LES ANIMAUX ?
a. Distinguer un individu ou un groupe
b. Être vu à distance ou capturé
c. Suivre un individu dans le temps
i. Le nombre d’individus
ii. La longévité d’un individu et d’une espèce
iii. Les déplacements
d. Évaluer les conséquences d’une action humaine
e. Étudier son environnement
3. COMMENT MARQUER LES ANIMAUX ?
a. Ce qu’il faut savoir avant de poser une marqu
i. Les questions à se poser
ii. Les connaissances à avoir
b. Critères de choix de la marque
c. Les différents types de marques
i. Les marques naturelles et la photo-identification
ii. Les objets
iii. Les modifications d’une partie de l’animal
4. LES EFFETS DES MARQUES : UN RAPPORT BENEFICE-RISQUE A EVALUER
a. Problème matériel
b. Effets immédiatement perceptibles et défavorables à l’animal
i. Le comportement
ii. Les lésions
c. Effets à court terme mais imperceptibles
i. Prédation et chasse
ii. Lésions
iii. Les dépenses énergétiques
d. Effets à long terme
2. LES MANCHOTS : SPECIFICITES BIOLOGIQUES ET TECHNIQUES DE MARQUAGE POSSIBLES
1. BIOLOGIE DES ESPECES ETUDIEES ET SPECIFICITES
a. Distribution, habitat et cycle de vie
i. Les manchots
ii. Le Manchot royal
b. Prédateur, plongeur, marcheur : quelle importance et quelles contraintes pour les marques visuelles ?
i. Un prédateur
ii. Un plongeur
iii. Un marcheur
2. HISTORIQUE DU MARQUAGE CHEZ LES MANCHOTS
3. LES MARQUES UTILISEES
a. Marques permanentes
i. Les bagues en inox
ii. Les marques naturelles et la photo-identification
b. Marques temporaires
i. Les bagues « Darvic »
ii. Les colorations
iii. Les fish-tags
4. LES MARQUES DU FUTUR
a. Les bagues en caoutchouc de silicone
b. Les greffes
i. Nécessité de marques visuelles permanentes
ii. Objectifs de nos expérimentations
iii. Possibilités (matériel et humains) dans les T.A.A.F.
c. Les dispositifs de perçage cutané
3. PARTIE EXPERIMENTALE : DEUX NOUVELLES METHODES DE MARQUAGE VISUEL PAR CHIRURGIE.
1. PERÇAGE CUTANE : POSE D’UNE MARQUE VISUELLE.
a. CANARD COLVERT
i. Matériel et méthode
ii. Résultats
b. MANCHOT ROYAL
i. Matériel et méthode
ii. Résultats
c. Discussion : perçage cutané.
i. Protocole et technique chirurgicale
ii. Tenue du dispositif sous-cutané
2. AUTO-GREFFE CUTANEE
a. CANARD COLVERT JUVENILE
i. Matériel et méthode
ii. Résultats : plumage juvénile
b. CANARD COLVERT ADULTE
i. Matériel et méthode
ii. Résultats : plumage mâle adulte
c. PERRUCHE ONDULÉE
i. Matériel et méthode
ii. Résultats
d. Discussion commune aux trois groupes d’oiseaux : autogreffe de peau.
i. Protocoles et technique chirurgicale
ii. Devenir de l’implant
CONCLUSION
TABLE DES ILLUSTRATIONS
BIBLIOGRAPHIE
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