L’immigration au Québec et à Montréal
L’immigration vient profondément modifier les perspectives démographiques établies à partir du seul accroissement naturel et fait l’objet d’une politique très encadrée de la part du gouvernement fédéral ainsi que provincial. Les profils du pays, de la province et de Montréal diffèrent grandement les uns des autres et viennent alimenter une différenciation très forte entre eux. Cette immigration fait partie intégrante des spécificités de ces territoires et résulte d’un contexte historique, politique et culturel particulier. Il convient donc d’en dresser un portrait afin d’en connaitre l’influence et son impact local dans un contexte national spécifique. Elle est à considérer selon deux points de vue pour lesquelles la province présente deux profils bien distincts : migrations internationales d’une part et migrations interprovinciales d’autre part. En effet, les premières sont positives tandis que les secondes sont négatives, rendant le Québec attractif sur le plan international mais beaucoup moins à l’échelle du Canada.
Sur le plan des migrations interrégionales, la province de Québec présente un solde migratoire négatif (-4 400 personnes en 2011) bien que ce phénomène tende à se ralentir depuis 2008. 23 400 entrées et 27 800 sorties ont été comptabilisées en 2011. C’est avec l’Ontario que la province présente à la fois le plus grand nombre de mouvements et le solde négatif le plus important. L’Alberta se classe en deuxième position. En revanche, le solde avec l’ensemble des autres provinces canadiennes est légèrement positif. L’âge moyen de ces immigrés est de 32 ans, une moyenne plus élevée que celles des immigrants internationaux comme nous le verrons par la suite. Ceci demeure toutefois bien plus faible que l’âge moyen du territoire de 41,1 ans. Les migrations participent donc plutôt à l’abaissement de l’âge moyen du Québec.
A l’inverse, lorsqu’on observe le solde migratoire international, celui-ci est très largement positif puisqu’il s’élève à + 43 800 personnes en 2011, un des records enregistrés depuis la création de telles statistiques. Ce solde est obtenu sans tenir compte des résidents non permanents, seule la différence entre nouveaux immigrants admis à une année donnée et les émigrants cette même année est prise en compte.
Bien que ce solde soit parmi les plus importants jamais constatés, il demeure en deçà de l’objectif assigné par le Ministère de l’Immigration et des Communautés Culturelles à travers son « Plan d’immigration du Québec pour l’année 2011 ».
Ce dernier prévoyait d’accueillir entre 52 400 et 55 000 immigrants pour répondre à ses besoins démographiques, puisque le taux de fécondité n’atteint pas le seuil nécessaire au renouvellement de la population, et économiques puisque l’immigration vient alimenter le marché du travail local. Or, le Québec reçut cette année-là seulement 51 700 individus. La province peut donc bel et bien se targuer d’être attractive mais pas forcément autant qu’elle le souhaiterait, du moins pour cette année-là. Les projections pour 2013 sont comprises entre 51000 et 53 500 individus, bien inférieures aux années précédentes. Le plan vise une moyenne annuelle de 50 000 personnes par an d’ici 2015. Le Québec est d’ailleurs la deuxième province du Canada après l’Ontario en terme d’accueil des immigrants sur les 248 700 personnes accueillies au Canada en 2011. Cette volonté affichée d’accueillir un grand nombre d’immigrants vient répondre à différents enjeux et dépend de nombreux critères tels que l’âge, le niveau de qualification, la langue etc.
Du côté de l’émigration internationale, seules 8 000 personnes ont quitté le Québec pour un autre pays que le Canada, soit 400 de plus que l’année précédente.
Le graphique suivant fait apparaitre plus clairement l’ensemble de ces tendances et leurs évolutions dans le temps depuis 1986.
L’immigration étant très encadrée et répondant à un certain nombre de critères précis, les immigrants sont classés en trois grandes catégories selon les motifs de leur venue : < « immigration économique » : cette catégorie, la plus importante puisqu’elle comprend 70% des immigrants, regroupe les travailleurs qualifiés, les gens d’affaires et les aides familiaux.
< « regroupement familial »: cela représente 19% des immigrants qui viennent rejoindre un membre de leur famille à certaines conditions préalablement établies.
< « réfugiés et personnes en situation semblables »: c’est le moins important des trois, seulement 11 % des personnes immigrées totales en 2011.
Ainsi, les immigrants économiques viennent nourrir le marché du travail canadien. Ce sont d’ailleurs leur motif de venue sur le sol canadien, contrairement aux autres catégories qui peuvent toutefois être également à recherche d’un emploi ou souhaiteraient faire évoluer leur statut. C’est pourquoi il est intéressant d’affiner les observations à propos de ces migrants qui soulèvent un certain nombre d’enjeux et participent à l’évolution de la situation économique et sociale de la province. Il faut garder à l’esprit que ces 51 700 individus viennent intégrer une population de plus de 8 000 000 d’habitants et ne représentent donc qu’une part relative du nombre de travailleurs au Québec.
En 2006, plus de deux immigrés sur cinq étaient titulaires d’un certificat, diplôme ou grade universitaire alors qu’à titre de comparaison, au recensement de 2006, 25% de la population québécoise ne détenait aucun certificat ni diplôme. Il s’agit donc d’une immigration plutôt jeune et qualifiée qui vient alimenter la société québécoise. Ceci est particulièrement flagrant sur la pyramide des âges suivant, bien différente de la pyramide des âges provinciale.
Comme on peut l’observer ci-dessus, 64% d’entre eux ont entre 20 et 44 ans et 26% ont moins de 20 ans. L’âge moyen des immigrants internationaux est de 27,9 ans, venant, plus encore que les immigrants interprovinciaux, participer à réduire la moyenne d’âge québécoise. Il n’y a pas vraiment de différence significative entre hommes et femmes, leur nombre est quasi-égal.
Concernant l’origine de ces immigrants, les profils du Canada et de la province diffèrent très fortement. En effet, au Québec, 9,8% d’entre eux proviennent d’Haïti, en raison notamment d’un programme spécial de parrainage humanitaire créé récemment. La république caribéenne est suivie de près par la Chine dont la proportion d’immigrants, en forte croissance depuis deux ans, atteint 9,5%. L’Algérie occupe la troisième place avec 7,9%, suivie par le Maroc (7,6%) et la France (6,3%). L’origine de ces immigrants s’explique par des raisons tout d’abord linguistiques, les migrants étant souvent francophones, à l’exception de la Chine. C’est une dimension très importante dont il faut tenir compte dans la politique d’immigration québécoise qui cultive cette spécificité.
A l’échelle du pays, ce sont les Philippines, la Chine et l’Inde qui occupent le haut du tableau pour l’année 2011, loin devant l’Iran, les États-Unis et le Pakistan. Toutefois, seuls 2 à 3% des Philippins et des Indiens ont indiqué le Québec comme destination finale contre 17 % des Chinois. Dans ce dernier cas, leur arrivée est encouragée dans le cadre du programme des immigrants-investisseurs, ou alors dans le cadre de programmes d’adoption d’enfants. Ceci vient confirmer le profil très particulier de la province par rapport à ses homologues. De nombreuses raisons viennent expliquer cette tendance, ne dépendant pas exclusivement de la volonté des individus de migrer. Il s’agit davantage d’une volonté politique en fonction d’accords bilatéraux avec les pays concernés.
De plus, la recherche de certaines compétences et qualifications qui viendraient pallier la faiblesse du marché local de l’emploi conduit les politiques migratoires à s’ouvrir davantage à certains pays présentant des profils jugés plus favorables. C’est une des raisons pour laquelle la catégorie des immigrants économiques est la plus importante et qu’ils sont plutôt jeunes, diplômés et actifs ou en recherche d’emploi.
En effet, la politique migratoire du Canada et de chaque province a pour but de pallier des déficiences, des manques constatés sur le marché du travail intérieur. Les immigrants viennent répondre, ne serait-ce que partiellement, à certains enjeux démographiques et sociaux et le vieillissement de la population en fait partie. Une des orientations majeures du Plan d’immigration 2012-2015 est de « maintenir annuellement entre 65 % et 75 % la part des personnes de moins de 35 ans dans l’ensemble des admissions » (Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, 2014). Ce mécanisme se décline tant sur le plan fédéral que provincial, la dimension linguistique entrant également en compte au Québec, la province où réside le plus grand nombre de francophones. Il s’agit donc essentiellement d’ajuster et de mettre en adéquation les immigrants accueillis, les besoins du marché du travail québécois et les spécifiés sociales et culturelles de la province.
Enfin, il est une catégorie assez spécifique : les résidents non permanents . Ces individus s’inscrivent dans une logique d’installation durable dans le pays et semblent donc moins volatiles. Pourtant, il est difficile d’évaluer leur nombre exact. Statistique Canada estimait qu’ils étaient 99 200 personnes au 1er janvier 2012 contre 95 200 l’année précédente. Leur nombre est en hausse constante depuis plusieurs années. Il semblerait qu’au 1er janvier 2012, ils aient été 108 900 au Québec, un record historique qui attend encore confirmation.
Sur le plan de la répartition territoriale des immigrants, il semble qu’en raison notamment de leur profil majoritairement jeune et qualifié, ce soit les territoires urbains qui soient les plus attractifs. La métropole montréalaise se distingue une fois encore du reste de la province. En effet, grâce à un marché de l’emploi dynamique, offrant de nombreuses opportunités pour les profils qualifiés voire très qualifiés et un panel de services riche, elle est devenue la première destination d’immigration au Québec.
La présence d’universités francophones et anglophones vient encore renforcer cette tendance. Les nouveaux ménages immigrés y trouvent ainsi l’ensemble des services nécessaires, qu’il s’agisse d’infrastructures privées ou publiques.
Ainsi, on comprend mieux, au-delà du contexte historique et culturel, le rôle stratégique et politique de l’immigration au sein du Québec et plus particulièrement à Montréal et comment celle-ci vient renforcer les spécificités locales.
Il est utile maintenant de se pencher sur la répartition de cette population dans son ensemble et non en ce qui concerne seulement les migrants. La province n’est pas un territoire uniforme sur une superficie trois fois supérieure à la France. De vastes régions désertiques côtoient des métropoles denses comme Montréal. C’est pourquoi, au-delà de ces généralités provinciales, il est nécessaire d’étudier plus précisément le centre culturel et financier de la province.
Portrait de la région administrative de Montréal et la CMM
Montréal est aujourd’hui la ville la plus importante du Québec sur le plan tant démographique qu’économique et son attractivité est en plein essor après avoir connu un certain déclin.
Son profil se distingue nettement des autres villes québécoises et, plus largement, canadiennes. Les raisons de tels écarts sont multiples et complexes mais le résultat est qu’elle dispose d’enjeux qui lui sont propres sur de nombreux points tant politiques, qu’économiques ou sociaux. Il est donc nécessaire de dépeindre les grandes caractéristiques de ce territoire pour permettre de mieux les appréhender et comprendre en quoi le vieillissement de la population et les mutations à l’œuvre sur le marché du travail s’y traduisent.
Divers échelons territoriaux administrent le territoire, c’est pourquoi il convient de présenter brièvement l’organisation municipale canadienne. Les municipalités locales sont dirigées par un maire et ses conseillers. La majorité d’entre elles sont régies par le code municipal.
Certaines compétences sont exclusives tandis que d’autres sont partagées avec le gouvernement comme on peut le constater sur le tableau qui suit.
On peut ainsi constater que l’âge moyen croît régulièrement depuis 1996 tant chez les femmes que chez les hommes, même si ces derniers semblent augmenter de manière plus significative comme nous avons pu l’observer à l’échelle du Canada et du Québec.
En revanche, l’âge médian semble stable depuis 2011. Cela masque néanmoins une disparité forte entre celui des hommes en hausse et, à l’inverse, celui des femmes en recul. Cela vient tempérer les constats trop alarmistes concernant le vieillissement de la population puisqu’il y a autant d’individus de moins de 39 ans que plus âgés, bien que ce constat ne soit valable que pour la ville de Montréal.
Le vieillissement moindre de la population du territoire ne doit cependant pas faire oublier que de nombreux aînés connaissent des difficultés économiques prononcées, qui se sont en partie accrues après la crise économique de 2008. Ainsi, plus du tiers d’entre eux (36%) vivent seuls et 17 % vivent sous le seuil de faible revenu après impôt et transferts gouvernementaux. Cette situation est très préoccupante si on la compare la part d’individus dans la même situation à l’échelle de la province (7 %). De plus, avec l’âge, divers problèmes de santé peuvent émerger et concourir à complexifier le quotidien. Ceci soulève un grand nombre de questionnements autour des services offerts à cette catégorie de la population ainsi qu’autour des questions d’accessibilité qui demeurent problématiques, pour les transports en commun par exemple.
Sur l’île, 41 % des personnes âgées vivent avec une incapacité. Plus du tiers des aînés montréalais (36%) font de l’hypertension artérielle, et le quart souffre de diabète (24%). Les maladies pulmonaires obstructives chroniques et l’insuffisance cardiaque touchent respectivement 5 % et 4 % d’entre eux. D’ailleurs, chaque année, les aînés de la métropole font l’objet d’environ 50 000 hospitalisations, dont plus du tiers concerne des maladies de l’appareil circulatoire ou respiratoire. Sans se focaliser sur ce seul aspect du vieillissement de la population, il est clair que ce sont autant de défis à relever pour les services de santé et réclament une attention forte de la part des politiques publiques. Ces dernières ont bien compris l’enjeu et se saisissent globalement assez bien de ces sujets. Il n’est pas forcément nécessaire d’en rappeler l’importance mais cela soulève une question concernant l’employabilité des aînés au regard des problèmes de santé que ceux-ci subissent.
Après avoir tracé ce premier portrait montréalais, il convient maintenant de s’intéresser au marché de l’emploi et aux spécificités de l’économie locale afin de voir par la suite si un certain nombre des enjeux qui s’en dégagent ne peuvent pas être mis en relation avec le vieillissement de la population. Les individus considérés comme vieillissants comprenant des profils très divers (des travailleurs aussi bien que des retraités),nous nous pencherons également sur le système de retraite québécois et surtout sur les mécanismes jouant entre poursuite de l’activité professionnelle et départ à la retraite des travailleurs vieillissants.
Le marché du travail montréalais < et ses enjeux spécifiques
Comme nous l’avons vu, Montréal génère près de 35% de l’activité économique québécoise et cette dernière connait une prévalence importante de l’industrie productrice de services. Le territoire est également maillé de petites et moyennes entreprises puisque 93% des établissements comptent moins de 50 employés et 83% moins de 20. De plus, la région métropolitaine montréalaise offre 967 700 emplois et concentre plus de la moitié des nouvelles offres d’emplois au Québec, confirmant sur le marché du travail son rôle central. Cependant, l’île de Montréal a été plus durement touchée que le reste de la province par la crise économique de 2008-2009. Par la suite, malgré des indicatifs de création d’emplois et de chômage plutôt en stagnation, la croissance économique s’est poursuivie et une amélioration est remarquable par rapport à la situation des années 1990. Pour une caractérisation plus précise des particularités de Montréal, il peut être intéressant de la comparer à ses homologues tels que Toronto, Ottawa-Gatineau et Vancouver.
Ainsi, la crise économique a effectivement eu un impact négatif fort sur le taux d’emploi sur le territoire. Une nouvelle tendance à la hausse semble s’afficher depuis 2011 mais reste à confirmer en comparaison avec Vancouver ou Ottawa-Gatineau. Toronto semble plus en difficulté et pourrait venir rejoindre le niveau de Montréal sous peu.
Malgré cette tendance assez mitigée, le PIB de la RMR de Montréal représentait plus de la moitié du PIB de la province (53,3%) soit plus de 159 milliards de dollars.
Le bilan économique 2013 est plutôt positif pour l’agglomération montréalaise avec une croissance économique modérée mais tangible de +1,7% . Cette dernière avait d‘ailleurs connu deux périodes de récession économique dans les années 1980 puis en 1990. Son économie s’est redressée dès la deuxième partie de la décennie notamment grâce à des secteurs de pointe tels que l’aéronautique ou l’informatique. A l’inverse, le secteur de la fabrication continue à décroitre de 3,2% par an en moyenne depuis dix ans dans la région de Montréal. Le secteur des services, qui regroupe plus de quatre emplois sur cinq, poursuit, lui, sa croissance à un taux annuel moyen de 1,2%. Pour l’ensemble du Québec, ce taux est de 0,8%. Le territoire s’est donc progressivement tourné d’une économie industrielle vers une économie de services qui en constitue aujourd’hui le pilier majeur comme la plupart de ses consœurs canadiennes.
A ces tendances économiques locales s’ajoutent les spécificités de la population active montréalaise comme on peut le constater ci-après.
Le système de pension fédéral, le régime des < rentes du Québec et les régimes complémentaires
Le système de retraite s’organise autour de trois piliers que sont les prestations publiques universelles, (c’est-à-dire le système de pension fédéral ainsi que le régime de rentes du Québec), les régimes complémentaires à prestations déterminées et l’épargne personnelle.
Le régime de pension du Canada aussi appelé Programme Sécurité Vieillesse (PSV) constitue le premier palier d’assistance publique afin de lutter contre la pauvreté chez les retraités en constituant une base de revenus. C’est pourquoi il est également nommé « mesure fédérale d’assistance ». Ils sont financés par les impôts des contribuables par le biais du fonds consolidé du revenu du gouvernement et fonctionnent sur un modèle de retraite dit « par répartition ».
Les conditions décrites ici ne sont évidemment pas exhaustives et d’autres viennent s’y ajouter. Ainsi, pour percevoir la PSV, il est indispensable de satisfaire les critères suivants :
< avoir 65 ans ou plus.
< bénéficier du statut de citoyen canadien ou de résident autorisé au moment où la demande est autorisée ou le jour précédant le départ du Canada si la demande est effectuée de l’étranger.
< avoir résidé au Canada pendant au moins 10 ans après avoir atteint l’âge de 18 ans ; 20 ans si la demande de versement de pension est effectuée à l’extérieur du Canada.
Des exceptions existent dans certains cas, si le pays dont l’individu détient la nationalité a conclu un accord de sécurité sociale avec le Canada ou s’il a cotisé dans un tel pays. Une inscription automatique est également mise en place afin de faciliter les démarches.
Concernant l’allocation, à toutes ces conditions, s’ajoutent que l’époux ou le conjoint de fait doit recevoir une PSV et doit être admissible au SRV. Des conditions particulières rendent également un individu éligible si l’époux ou le conjoint de fait est incarcéré ou si, malgré une durée inférieure à 10 ans de résidence sur le territoire canadien, l’individu a travaillé ou vécu dans un pays ayant un accord de sécurité sociale avec le Canada. De plus, la demande doit être effectuée entre 6 et 11 mois avant le 60ème anniversaire.
Récemment, le programme de Sécurité Vieillesse a été modifié par le gouvernement.
L’âge d’admissibilité à la PSV et au SRG a été ainsi reculé de 65 à 67 ans. Cette modification d’ampleur devrait prendre effet dès avril 2023 et son application s’étalera progressivement sur une durée de six ans jusqu’en 2029 pour les personnes nées en 1958 et ensuite. L’âge d’admissibilité à l’allocation et à l’allocation survivant suit également cette évolution en passant de 60 à 62 ans. De plus, il est désormais possible de choisir de retarder de 60 mois le versement de ces pensions afin d’en augmenter le montant mensuel. Ceci demeure à la discrétion de chacun.
Il existe également un système de pension appelé « prestation après-retraite » pour les personnes de plus de 60 ans encore en activité. Il s’adresse aux individus entre 60 et 70 ans contribuant, de même que leur employeur, au Régime de Pensions du Canada (RPC) et percevant une pension de la Régie des Rentes du Québec (RRQ) ou du Régime de pensions du Canada. Cette prestation ne concerne pas les personnes travaillant au Québec. En effet, ces derniers sont éligibles au supplément à la rente de retraite du régime du Québec. Les travailleurs autonomes doivent également payer à la fois la portion de l’employé et celle de l’employeur des cotisations afin de pouvoir en bénéficier. Cette prestation permet de recevoir une prestation à vie augmentant le revenu de retraite. La cotisation est obligatoire pour les travailleurs âgés de 60 à 65 ans mais facultative ensuite.
Le montant ensuite reversé dépend du montant des gains et de la cotisation versée.
L’âge de l’individu au moment où il commence à percevoir sa prestation est également un des critères présidant au montant alloué. Toutefois, un plafond a été fixé. Si les cotisations sont inférieures au maximum autorisé, le montant versé sera proportionnel.
Ce montant augmentant de fait le revenu de retraite perçu par l’individu, il peut modifier son admission à la Pension Sécurité Vieillesse, au Supplément de Revenus Garanti ou autres programmes territoriaux.
Ce système de pension après-retraite dénote une certaine prise de conscience que certains travailleurs ont la volonté de poursuivre leur activité professionnelle même après avoir suffisamment travaillé pour bénéficier pleinement de leur retraite. Il s’agit aussi de reconnaitre que certaines entreprises peuvent souhaiter conserver dans leurs rangs certains travailleurs vieillissants soit parce qu’il les considère comme une plus-value, notamment en terme d’acquis et d’expérience, soit afin d’anticiper ou de faire face à la future pénurie de main d’œuvre auxquels ils seront possiblement exposés. Enfin, c’est une manière d’inciter et de soutenir la prolongation de la vie active des canadiens. Il est difficile de dire si ce dispositif fédéral est très sollicité mais il semble être plutôt avantageux pour les travailleurs qui y recourent lorsque c’est un choix individuel.
Concernant le régime de rentes du Québec propre à la province, il trouve ailleurs son équivalent dans le pays à travers le régime de pensions du Canda. Il s’agit d’un régime obligatoire là encore pour les travailleurs percevant un salaire annuel supérieur à 3 500$ et employés par des entreprises au Québec (et à des organisations canadiennes pour le RPC). La rente de ce régime dépend du niveau de participation effectué par le biais des cotisations. Elles sont versées à hauteur de 10,05% du salaire perçu au-delà de 3 500$ et en deçà du maximum de gains admissibles, soit 50 100$. Ce sont les employeurs et les travailleurs qui y contribuent à part égale soit 5,025% chacun. Ces cotisations ont d’ailleurs beaucoup augmenté entre 1998 et 2003 dans le but affiché « d’améliorer l’équité intergénérationnelle du Régime » selon la RRQ. L’objectif est ainsi de remplacer 25 % du salaire inférieur au maximum des gains admissibles.
Une réponse adaptée au contexte socio-démographique actuel ?
L’une des plus fortes critiques adressée à l’encontre du système de retraite est qu’il creuse le déficit national et fait augmenter la dette publique en raison d’un déficit de capitalisation systématique. Or, ceci est partiellement faux. Les RPD par exemple présentent une viabilité certaine sur le long terme. Il est vrai que les données brutes semblent inquiétantes. Ainsi, les comptes publics du Canada présentent un passif record de 148,9 milliards de dollars au titre du régime de retraite du secteur public du pays. Les régimes de retraite des municipalités du Québec quant à eux affichent un déficit de 4,8 milliards de dollars en 2012.
Toutefois, les passifs ne sont pas des dettes et présentent donc une marge de manœuvre suffisante pour y faire face. De plus, la situation est due en grande partie à la crise financière de 2008 puisqu’avant celle-ci, les comptes publics étaient équilibrés voire en surcapitalisation pour certains. C’est d’ailleurs ce qui a participé à une politique d’encouragement à la pré-retraite et à des congés de cotisation de la part des employeurs. C’est un paradoxe évident. Alors qu’une pénurie de main d’œuvre est annoncée, un encouragement aux départs à la retraite est amorcé sans tenir compte de cette donnée démographique d’envergure en prenant en compte seulement les données économiques. Cela a d’ailleurs largement participé à l’abaissement de la moyenne d’âge de départ à la retraite à 61 ans, quatre ans avant ce que prévoit initialement la loi.
Des reproches sont également régulièrement adressés quant à l’écart supposé et aux inégalités entretenus entre les régimes des salariés du public et ceux du privé. Or, la différence tient essentiellement au moindre recours aux RPD de la part des employeurs privés puisqu’ils les jugent plus couteux et moins avantageux pour eux. De plus, il peut être intéressant de rappeler que ce n’est que depuis 2009 que le nombre d’individus ayant recours à un régime complémentaire est moins élevé dans le secteur privé que dans le secteur public. On remarque également que les RPD perçus par les travailleurs du secteur privé sont très proches de ceux alloués aux employés des grandes entreprises privées (Lefrancois, St-Onge et Couturier, IRIS, 2013).
Le ton souvent alarmiste avec lequel est traité le vieillissement de la population a également participé à créer ou pour le moins entretenir, l’image d’un fossé intergénérationnel injustifié faisant miroiter le spectre d’une génération de baby-boomers tirant parti du système de retraite actuel tandis que ce sont les travailleurs actuels qui le financent mais ne pourront pas en profiter par la suite. Cette perspective est mise en avant dans plusieurs études (Susan A. Mc Daniel, 2003 ; Lefrancois, St-Onge et Couturier, IRIS, 2013). Or, des évolutions seront bien entendu nécessaires pour faire face à la forte croissance de la cohorte des retraités mais cela ne signifie en rien que les générations futures ne pourront pas à leur tour bénéficier d’un système de retraite performant. Ces arguments servent généralement à appuyer des propositions qui nivelleraient les prestations par le bas. Dès lors, l’injustice ne se situerait-elle pas justement dans le fait de priver les nouvelles générations de ce système ?
Il apparait qu’après s’être penchés sur le marché du travail montréalais, lorsqu’on s’intéresse aux mécanismes qui favorisent le départ à la retraite des travailleurs vieillissants, c’est la question des revenus qui devient prépondérante de manière assez attendue.
La répartition des revenus à la retraite d’un individu est soumise à un grand nombre de facteurs. En règle générale, plus les revenus de travail d’une personne sont élevés, plus les proportions d’assurance et d’assistance publique au sein des revenus de retraite sont faibles comme on peut le constater sur le graphique ci-après.
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Table des matières
Introduction
Contexte démographique et spécificités du Québec et du territoire montréalais
< Accroissement naturel et structure de la population au Québec
< L’immigration au Québec et à Montréal
< Portrait de la région administrative de Montréal et la CMM
Le marché du travail et le système de retraite québécois confrontés au vieillissement de la population
< Le marché du travail montréalais et ses enjeux spécifiques
< Le système de pension fédéral, le régime des rentes du Québec et les régimes complémentaires
< Une réponse adaptée au contexte socio-démographique actuel ?
Les enjeux émergents
< Les aménagements de fins de carrière comme contrepoids au vieillissement de la main d’œuvre
< La question du réemploi des travailleurs âgés
< Répartition territoriale des aînés et enjeux d’aménagement
Conclusion
Sources
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