Le marché des changes
les méthodes théoriques et empiriques de la détermination du taux de change
Introduction
La détermination du taux de change est une problématique majeure en macroéconomie internationale. Cela provient du fait que le taux de change constitue un des instruments d‘ajustement de la politique monétaire et commerciale d‘un pays, La littérature économique et financière offre un large éventail de théories expliquant les déterminants des taux de change, le rôle de ces différentes théories est d‘expliquer le comportement réellement observé du taux de change , la première section de ce chapitre intitulée ‗‟parités et flux de la balance des paiements dans la détermination du taux de change‟‟ sera consacrée à la présentation de quelques théories, des plus fondamentales, qui se fondent sur des comparaisons internationales et sur le rôle des flux de la balance des paiements, notamment la balance commerciale dans la détermination du taux de change ,les théories développées dans ce contexte se sont multipliées rapidement ceci rend leur exposé avec une exhaustivité très alourdissant. on passe ensuite dans une seconde section intitulée ‗‘Monnaies et actifs dans la détermination du taux de change‟‟, où le taux de change est considéré comme étant un prix d‘actif en abordant d‘abord brièvement le modèle de Mundell-Fleming comme précurseur de ces théories, puis on présentera deux des variantes du modèle monétaire du taux de change et le modèle d‘équilibre du portefeuille , en dernier lieu en présentera une réflexion sur l‘énigme du rôle des variables macroéconomiques fondamentales dans la détermination du taux de change , comme nous avons veillé de façon voulue à ce que la correspondance soit établie continuellement entre l‘aspect théorique et les implications empiriques de la détermination du taux de change en présentant quelques travaux empiriques ayant pour but la vérification de ces théories en monde réel , il est a noté que certaines notations utilisées par les auteurs ont été changées pour qu‘elles soient conformes avec les notations utilisées dans le présent travail ainsi que celles du chapitre précédent en vue de faciliter la lecture. La troisième section présentée sous le titre L‟information et le taux de change est censée apporter une réponse à la question suivante, quel est l‘ordre d‘impact des informations dans la détermination des taux de change? Ainsi on entamera la section par la présentation de la théorie de l‘efficience du marché des changes, on présentera ensuite le rôle des nouvelles et de la microstructure dans la détermination du taux de change et on clora la section par un survol sur l‘analyse technique au marché des changes.
Section I : Condition de Parité et flux de la balance des paiements dans la détermination du taux de change „‟They knew full well that the importance of prices in exchange rate determination is no greater then on the day on which the power parity concept regarded as a tool adequate in and of itself, was unceremoniously buried… … …it would appear that there would be far greater process if more nations prepared meaningful balance-of-payments statements and issued them not less frequently then on quarterly basis in competent hands , such material will provide the grounds for exchange rate decision most nearly approaching the appreciate oncs the method will be the ever-modern of trial and error.
Virgil Salera[1946] 1 On aurait pu intituler cette section l‟approche traditionnelle de la détermination du taux de change, en effet la détermination étant par le biais des flux de la balance des paiements et par des comparaisons de parité internationale , l‘objectif de cette section est de présenter les théories de change qu‘on peut qualifier de classiques dans le sens ou ces théories ont fait l‘objet de nombreux travaux empiriques et de part leurs ancienneté, on choisit de distinguer les théories s‘appuyant sur des conditions de parité réunissant ; la parité du pouvoir d‘achat, du taux d‘intérêt et l‘effet international de Fisher, on exposera dans un second temps les trois théories de l‘approche de la balance des paiements.
Les conditions de parité internationale dans la détermination du taux de change
La théorie de la parité du pouvoir d’achat
La parité du pouvoir d’achat c’est l’une des anciennes théories de détermination du taux de change si ce n’est la plus ancienne, ses principes furent énoncés par G Cassel 19162afin de répondre à la question posée à l’époque : à quel taux stabiliser une monnaie fortement touchée par l’inflation?
Gustav Cassel [1922]3 « Our willingness to pay a certain price for foreign money must ultimately and essentially be due to the fact that this money possesses a purchasing power as against commodities and services in that country. On the other hand, when we offer so and so much of our own money, we are actually offering a purchasing power as against commodities and services in our own country. Our valuation of a foreign currency in terms of our own, therefore, mainly depends on the relative purchasing power of the two currencies in their respective countries‟‟.
L’hypothèse de départ de la PPA est simple : sur le long terme1, la valeur d’une monnaie est déterminée par le montant de biens et services qu’elle permet d’acquérir, cette version dite approche cassélienne est assise sur le principe de la comparaison des pouvoirs d’achat des différentes unités monétaires(un pouvoir d’achat interne, qui évolue en raison inverse du niveau général des prix domestiques) l’idée largement répandue, dans les travaux empiriques notamment, est que les indices de prix qui mesureraient le pouvoir d’achat de l’unité monétaire sont ceux de la consommation (IPC) ne trouve pas de justifications théoriques originales , en effet selon Frankel [1984]. La deuxième version c‘est l’approche par l’arbitrage selon laquelle la PPA dérive du postulat que dans le monde existe la loi du prix unique cette –loi- (loin d’être une loi c’est surtout une hypothèse) stipule que les marchandises identiques devraient être vendues à des prix identiques. La théorie de la parité d’achat est en fait une généralisation de la loi du prix unique à l’ensemble des biens d’une économie, il reste à signaler que cette loi du prix unique est assise à son tour sur un ensemble d’hypothèses très restrictives, en effet elle suppose implicitement ou explicitement une situation de concurrence parfaite, absence de ; barrières à l’échange international ; de coûts de transactions et de toutes formes de frictions sur les marchés.
Les deux versions de cette théorie permettent le calcul d’un taux de change dit de PPA, c’est un taux auquel le consommateur verra son pouvoir d’achat conservé intégralement même en se déplaçant d’un pays à l’autre après conversion de son pouvoir d’achat dans une autre monnaie , Il existe deux principales versions de la parité du pouvoir d’achat ,la première c’est la PPA absolue (absolutePPP) qui étudie le taux de change en terme de prix absolus du bien ou du panier de biens dans les deux pays , et la deuxième c’est la PPA relative qui l’ étudie en terme de niveaux de prix dans les deux pays. L’idée de base est que l’arbitrage exercé par le marché des biens finira par égaliser les prix trans-frontaliers (exprimé dans une monnaie commune) de nombreux biens qui font qu‘une forte corrélation entre les niveaux de prix agrégés existerait.
La PPA absolue
Le principe de la PPA absolue traduit la loi du prix unique qui stipule que chaque marchandise ne peut avoir qu’un seul prix quelque soit la monnaie en laquelle elle est exprimée, l’argument principal pour lequel la LOOP (law of one price) doit être retenue est selon Taylor [2000] basée sur l’idée de frictionless goods arbitrage.
Pour illustrer la loi du prix unique, posons Pi et Pi* représentant les prix exprimés en monnaie nationale et en monnaie étrangère, d‘un produit i (bien ou service), et E le taux de change entre les deux monnaies.
La loi du prix unique implique donc que 2
Taux de change PPA
Stabilité relative dans le temps: permet de mieux mesurer le bien-être global. Inconvénients : difficile à mesurer que les taux du marché. C-2- Taux de change de marché Le taux de change du marché est facile à mesurer .Mais il est plus volatil, et il néglige les biens non échangeables et l‘effet Balassa Samuelson.
la demi vie ( Half –life)
Une half-life (demi-vie) représente la durée de temps qui s’écoule avant qu’une divergence entre le taux de change PPA et le taux de change de marché soit la moitié de sa –taille- (durée) actuelle. Ainsi, si le taux de change s’établissait à un dollar au-dessus de la valeur PPA, et si sa demi vie été de trois mois, puis après un trimestre l’écart serait de 50 %, après un an, il serait un peu plus de 6 %, et ainsi de suite. Le Calcul de la demi-vie équivaut à répondre à la question: Quelle proportion de l’écart sera laissée après un an? Dans cet exemple, seulement 6 % de l’écart restera au bout d’un an, le taux de change s‘est ajusté de 94 % vers son niveau PPA. En outre, si le taux de change PPA ne tenait même pas dans l’extrême long terme, alors il n’y aurait pas d’ajustement après un an. La half life serait infinie2. Comme Cassel, Keynes estimait que le taux de change retenu devait tenir compte des écarts de taux d‘inflation, puisque les prix et les salaires, pensait-il, étaient trop rigides pour s‘ajuster et il déclare : « At first sight this theory appears to be one of great practical utility… In practical applications of the doctrine there are, however, two further difficulties, which we have allowed so far to escape our attention—,both of them arising out of the words allowance being made for transport charges and imports and export taxes .The first difficulty is how to make allowance for such charges and taxes. The second difficulty is how to treat purchasing power of goods and service which do not enter into international trade at all…For, if we restrict ourselves to articles entering into international trade and make exact allowance for transport and tariff costs, we should find that the theory is always in accordance with the facts… In fact, the theory, stated thus , is a truism, and as nearly as possible jejune ».
Limites de « la loi du prix unique »
Froot, et autres [1995]1 étudient la loi du prix unique pour des produits de base (oeufs, beurre, farine …) depuis le XIIIème siècle entre l‘Angleterre et les Pays-Bas, les écarts à la PPA sont très persistants mais leurs ampleurs et leurs durées sont relativement stables sur une très longue période .Donc des écarts à la PPA subsistent au delà de ce que peuvent expliquer les rigidités nominales. Figure [2.1] : La loi du prix unique sur très longue période Schéma extrait de l‟article de froot,kim et rogoff [1995] Pendant les deux dernières décennies les travaux empiriques se sont multipliés, notamment avec le développement des outils statistiques de l’analyse des séries temporelles et les résultats sont toujours contradictoires, reste toujours que la PPA demeure l‘une des plus fameuses théories des taux de changes.
Le model de Harrod-Balassa-Samuelson
L‘une des principales limites de la théorie de la parité de pouvoir d‘achat (PPA) des taux de change a trait à l‘existence dans tous les pays d‘un secteur structurellement abrité de la concurrence internationale. En effet, de multiples facteurs (barrière linguistique et distance géographique pour les services domestiques, coûts de transport pour le bâtiment…) font que de nombreux biens et services sont de facto non échangeables à l‘échelle internationale. La PPA, fondée sur l‘arbitrage n‘a donc pas vocation à être vérifiée sur ce type de biens1.
Une bonne explication de pourquoi la PPA ne tiens pas nécessairement en termes de l’indice général des prix est donné séparément par Balassa [1964] et Samuelson [1964] et bien avant par Harrod[1933], l’effet Harrod –Balassa- Samuelson intègre la tendance pour l’indice des prix à la consommation( IPC) à être élevée dans les pays riches à croissance rapide par rapport à ceux des pays pauvres2. Ils attirent L’attention sur le fait que les divergences des niveaux de productivité internationale pourraient, via leurs effets sur les salaires et les prix de biens domestiques, conduire à des écarts permanents de la version absolue de la PPA de Cassel., Ils ont relié les taux de change de PPA et comparaisons internationales des revenus réels, faisant valoir que la version absolue de la PPA est erronée comme théorie des taux de change. En supposant que la PPA est vérifiée pour les biens échangés, leur argumentation est basée sur le fait que les écarts de productivité entre les pays déterminent les prix intérieurs relatifs des biens non échangeables, ce qui entraîne à long terme une tendance d‘écarts par rapport à la PPA.
En présumant que le différentiel de la productivité est plus grand dans le secteur des produits échangeables que celui des produits non échangeables, la monnaie du pays ayant le plus haut niveau de productivité paraîtra surévaluer en terme de parité de pouvoir d’achat . Le gain de productivité dans le secteur des biens échangeables entraînera une augmentation des salaires dans ce secteur sans pour autant que les prix vis-à-vis de l’étranger changent.
La théorie de la parité des taux d’intérêt
En 1923, Keynes fonda sa théorie sur l’idée que les mouvements de capitaux à cours terme entre places financières limitent les écarts entre les taux de change à terme et au comptant, le change est à parité quand la différence de taux intérêt entre deux pays est exactement compensée par une différence inverse entre les cours de change.
La parité des taux d’intérêt consiste à décrire le lien existant entre le marché monétaire national et celui du change, tout écart entre les taux d’intérêt se traduira par une appréciation/dépréciation de la monnaie domestique, la parité des taux d‘intérêt suppose une parfaite concurrence sur les marchés financiers intégrés sans contrôle de change ni de mouvements de capitaux, les marchés de capitaux sont parfaitement mobiles d’un pays à l’autre, la parité des rendements des placements financiers entre différents pays devrait être vérifiée en permanence.
L’effet international de Fisher
La relation entre les taux d’intérêt et l’inflation, d’abord mis en avant par Fisher (1930), postule que le taux d’intérêt nominal dans une période donnée est égal à la somme du taux d’intérêt réel et du taux d’inflation anticipé. C’est ce qu’on appel l’effet de Fisher. Il revendique les relations une à une entre le taux d’intérêt et l’inflation anticipé, le taux réel étant indépendant du taux d’inflation.
En supposant que les anticipations inflationnistes se sont formées sur la base d’une structure de retards distribués, Fisher (1930) a examiné la relation entre les taux d’intérêt nominaux et les taux d’inflation pour les États-Unis et le Royaume-Uni en utilisant des données annuelles sur la période 1890-1927 pour les Etats Unis et la période 1820-1924 pour le Royaume Uni et déclara que :
―We have found evidence general and specific … that price changes do, generally and perceptibly affect the interest rate in the direction indicated by a priori theory. But since forethought is imperfect, the effects are smaller than the theory requires and lag behind price movements, in some periods, very greatly. When the effects of price changes upon interest rates are distributed over several years, we have found remarkably high coefficients of correlation, thus indicating that interest rates follow price changes closely in degree, though rather distantly in time ».
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Table des matières
Remerciements
Introduction générale
Chapitre I : Revue de la littérature sur le marché des changes
Introduction du chapitre
Section 1 : Le marché des changes
1.1 Définition et caractéristiques du marché des changes
1.2 Les participants sur le marché des changes
1.3 Les différentes mesures des cours de change
Section 2 : Cadre institutionnel du taux de change
2.1 Survol sur le système monétaire international
2.2 Les régimes de change
2.3 Les politiques de change
Section 3: Opérations, risques et couverture de risque de change
3.1 Les opérations de change
3.2 Le risque de change
3.3 Les techniques de couverture du risque de change
Conclusion du chapitre
Chapitre II : Les modèles théoriques et empiriques de la détermination du taux de change
Introduction du chapitre
Section 1 : Condition de Parité et flux de la balance des paiements dans la détermination du taux de change
1.1 Les conditions de parité internationale dans la détermination du taux de change
1.2 Relation entre les parités
1.3 Les approches de la balance des paiements (l’approche des flux traditionnelle)
Section 2 : Monnaie et actifs dans la détermination du taux de change
2.1 Le modèle de Mundell-Fleming
2.2 L’approche monétaire de la détermination du taux de change
2..3 L’approche du portefeuille
101 2 .4 Réflexion sur le rôle des fondamentaux dans la détermination de taux de change
Section 3 : L‟information et le taux de change
107 3.1 L‘efficience du marché des changes
3.2 Le rôle des News
3.3 L’approche de la microstructure
3.4 Survolsur L‘analyse chartiste dans le marché des changes
Conclusion du chapitre
Chapitre III : Tentative de modéliser le comportement du taux de change du dinar algérien par la méthode ARFIMA
1.1 Introduction du chapitre
Section1 : L‟expérience algérienne depuis l‟indépendance, en matière de politique de change
1.1 Le contrôle strict change
1.2 Les réformes progressives du régime change
Section2 : Initiation aux modèles ARFIMA
2.1 Présentation modèle
2.1 Les méthodes de détection des processus de mémoire longue
2.3 Les méthodes d‘estimation
Section 3 : application du modèle ARFIMA pour modéliser le comportement du taux de change du dinar algérien contre l‟euro 1999-2007
3.1 Données et méthodologie
3.2 Etudes préliminaires des séries des cours de change
3.2 La modélisation ARFIMA des cours de change
3.4 Analyse comparative de la qualité prévisionnelle des processus fractionnairement intégrés
Conclusion du chapitre
Conclusion générale
Liste des tableaux des figures
Annexes Bibliographie
Table des matières
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