Le lait et l’allaitement maternel
– Allaitement: l’enfant reรงoit du lait maternel (directement du sein ou aprรจs qu’il ait รฉtรฉ exprimรฉ et recueilli dans un rรฉcipient). C’est une maniรจre inรฉgalรฉe d’apporter l’alimentation idรฉale au nourrisson.
– L’allaitement maternel exclusif: le nourrisson a reรงu uniquement du lait maternel de sa mรจre ou d’une nourrice, ou du lait maternel exprimรฉ et pas d’autres liquides ou solides, ร l’exception de gouttes ou de sirops composรฉs de vitamines, de supplรฉments minรฉraux ou de mรฉdicaments; un enfant doit รชtre exclusivement allaitรฉ au lait provenant de sa mรจre.
– Allaitement partiel: c’est donner ร la fois au bรฉbรฉ du lait maternel, et certains aliments artificiels, soit du lait de substitution ou des cรฉrรฉales.
– Allaitement maternel prรฉdominant: la source principale d’alimentation du nourrisson a รฉtรฉ le lait maternel. Cependant, le nourrisson doit รฉgalement avoir reรงu de l’eau ou des boissons ร base d’eau (eau sucrรฉe ou l’eau aromatisรฉe, thรฉ, infusions, etc.); jus de fruits, sels de rรฉhydratation orale (SRO); d’un sirop de vitamines, de minรฉraux, et des mรฉdicaments; et les fluides laxatifs et digestifs (en quantitรฉs limitรฉes). A l’exception des jus de fruits et de l’eau sucrรฉe, les aliments liquides ne rentrent pas dans cette dรฉfinition. L’allaitement est considรฉrรฉ prรฉdominant s’il assure 80% des besoins du bรฉbรฉ [16].
Composition du lait maternel et besoins du nourrisson
Durant les trois premiers jours de l’allaitement, le lait de femme, alors appelรฉ colostrum, a une composition diffรฉrente du lait mature. Moins riche en lipides et en lactose, il a une densitรฉ รฉnergรฉtique moindre (450-480 contre 650-700 kcal/l) ; il est par contre plus riche en cellules immuno-compรฉtentes (10 fois plus), en oligosaccharides (22 ร 24 contre 12 ร 13 g/l), et en protรฉines (22 contre Il g/l) dont les IGA-S, les lactoferrines, diffรฉrents facteurs de croissance, les diffรฉrentes cytokines [17-18]. Tous ces รฉlรฉments contribuent ร protรฉger le nouveau-nรฉ qui est particuliรจrement vulnรฉrable aux infections. En quelques jours, la composition rejoint celle du lait mature.
Les casรฉines du lait de femme forment avec les protรฉines dites ยซ protรฉines solublesยป (60%) une coagulation plus fine du lait de femme dans l’estomac du nourrisson, contribuant ร une vidange gastrique plus rapide. Parmi ces protรฉines solubles, certaines ont un rรดle fonctionnel essentiel comme les immunoglobulines [19-21]. Le lait de femme contient des acides gras poly-insaturรฉs (AGPI), acides gras essentiels mais aussi leurs homologues supรฉrieurs, acide arachidonique dans la sรฉrie linolรฉique (n-6) et acide docosahexaรฉnoรฏque dans la sรฉrie -linolรฉnique (n-3) qui ont un rรดle dรฉmontrรฉ dans les processus de maturation cรฉrรฉbrale et rรฉtinienne. Leur teneur dรฉpend des apports alimentaires en acides gras n-6 et n-3 de la femme allaitante [22]. Les oligosaccharides constituent une originalitรฉ majeure du lait de femme car ils jouent un rรดle essentiel dans la mise en place de l’รฉcosystรจme bactรฉrien colique dominรฉ chez l’enfant au sein, par les bifidobactรฉries, en particulier Bifidobacterium bifidum. Ces oligosaccharides (quasiment absents du lait de vache) jouent un rรดle important dans la protection vis-ร -vis des infections digestives, mais aussi extra-digestives [23].
Pourquoi recommander l’allaitement maternel exclusif?
Bienfaits pour la santรฉ du nourrisson
Le lait maternel est l’aliment idรฉal pour les nouveau-nรฉs et les nourrissons. En effet, il apporte tous les nutriments nรฉcessaires ร leur dรฉveloppement et contient des anticorps qui les protรจgent de maladies courantes telles que la diarrhรฉe et la pneumonie qui sont les deux premiรจres causes de mortalitรฉ de l’enfant dans le monde [24]. Le lait maternel รฉtant immรฉdiatement disponible, les nourrissons allaitรฉs au sein reรงoivent une alimentation suffisante.
Avantages pour les mรจres
L’allaitement au sein prรฉsente รฉgalement des avantages pour la mรจre. Lorsqu’il est exclusif, il retarde souvent le retour de la fรฉconditรฉ [25], ce qui constitue une mรฉthode naturelle, mais pas infaillible, de contrรดle des naissances. L’allaitement attรฉnue le risque de cancer du sein et de l’ovaire [26-27] ร un รขge plus avancรฉ, aide les femmes ร retrouver plus vite leur poids d’avant la grossesse et permet de lutter contre l’obรฉsitรฉ.
Avantages ร long terme pour l’enfant
Au-delร de ses bienfaits immรฉdiats, l’allaitement maternel aide ร rester en bonne santรฉ tout au long de la vie. Une fois adultes, les personnes qui ont รฉtรฉ allaitรฉes au sein ont souvent une tension artรฉrielle et une cholestรฉrolรฉmie plus basses et souffrent plus rarement de surpoids, d’obรฉsitรฉ ou de diabรจte [28]. Des donnรฉes montrent que les personnes allaitรฉes au sein obtiennent de meilleurs rรฉsultats aux tests d’intelligence.
Pratique de l’allaitement maternel dans le monde
D’aprรจs les donnรฉes de 37 pays [29] mettant en รฉvidence les tendances en matiรจre d’allaitement maternel (couvrant 60% de la population des pays en voie de dรฉveloppement), le taux d’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois suivant la naissance est passรฉ de 34 ร 41% dans les pays en voie de dรฉveloppement entre 1990 et 2004. Des avancรฉes significatives ont รฉtรฉ rรฉalisรฉes en Afrique subsaharienne oรน ces taux ont plus que doublรฉ sur cette pรฉriode, passant de 15 ร 32%. L’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale, en particulier, ont enregistrรฉ des amรฉliorations significatives, avec des taux passant de 4 ร 22%.
Utilisation des isotopes stables en nutrition: cas du deutรฉrium
Quelques dรฉfinitions
Un isotope est l’un des deux ou plus des formes d’un รฉlรฉment qui a le mรชme nombre de protons (nombre atomique) mais avec un nombre de neutrons diffรฉrent (nombre de masse). Ceci signifie que les poids molรฉculaires des molรฉcules du mรชme composant contiennent des isotopes stables variรฉs. Les isotopes stables sont non radioactifs. Ils sont prรฉsents naturellement dans l’environnement, y compris notre corps, en quantitรฉs connues sous le nom ยซd’abondance naturelleยป de l’isotope:
โข L’hydrogรจne est constituรฉ d’un noyau avec un seul proton et un seul รฉlectron. Un proton reprรฉsente une masse, et donc la masse de l’hydrogรจne est 1. Cet isotope stable est appelรฉ aussi protium. Dans le deutรฉrium, un isotope stable de l’hydrogรจne plus lourd, le noyau contient un proton et un neutron. Ainsi, la masse du deutรฉrium est 2. Le troisiรจme isotope est le tritium qui est de masse 3 et radioactif.
โข L’oxyde de deutรฉrium est de l’eau eH20 ou D20) dans laquelle 99,9% des atomes d’hydrogรจne sont sous fonne de deutรฉrium. Quand l’oxyde de deutรฉrium est mixรฉ avec l’eau corporelle, trois fonnes isotopiques sont trouvรฉes: HOH, HOD et DOD. Ces isotopologues ont au moins un atome avec un nombre de neutrons diffรฉrents. L’enrichissement au deutรฉrium de l’eau corporelle est la concentration du deutรฉrium audessus de son niveau de dรฉpart. L’enrichissement est calculรฉ par soustraction de la concentration du deutรฉrium dans les รฉchantillons de dรฉpart de celle des รฉchantillons collectรฉs aprรจs administration de la dose.
Mรฉthode d’analyse de la quantitรฉ de deutรฉrium
Les mesures les plus sensibles et prรฉcises du deutรฉrium sont faites par le spectromรจtre de masse ร fraction isotopique (IRMS), mais ces instruments sont chers et nรฉcessitent des รฉquipements de spรฉcialiste et de l’expertise. La concentration du deutรฉrium peut รชtre aussi mesurรฉe par spectroscopie Infrarouge Transfonnรฉe de Fourier (FTIR). Ces instruments sont plus faciles ร utiliser et ร maintenir que l’IRMS, sont moins chers et le coรปt des analyses et plus faible. Le FTIR est ainsi appropriรฉe dans un contexte de ressources limitรฉes.
Sรฉcuritรฉ liรฉe ร l’utilisation du deutรฉrium
Le deutรฉrium a รฉtรฉ utilisรฉ dans les รฉtudes du mรฉtabolisme chez l’humain pendant un demisiรจcle sans qu’il y ait des effets nuisibles documentรฉs [30]. Quand des concentrations de deutรฉrium excรฉdant 15% sont utilisรฉes dans l’eau corporelle des mammifรจres, les diffรฉrences de masse entre l’isotope stable mineur (2H) et la fonne prรฉdominante de l’isotope stable (1H) peuvent causer ยซl’effet isotopeยป. Aucun effet nocif n’a รฉtรฉ dรฉtectรฉ pour une concentration infรฉrieure ร 15% dans l’eau corporelle. Le seuil de la toxicitรฉ du deutรฉrium (15%) est largement supรฉrieur aux concentrations utilisรฉes chez l’humain. Dans les รฉtudes d’รฉvaluation de lait maternel et de composition corporelle, la quantitรฉ de deutรฉrium consommรฉe enrichie l’eau corporelle de la mรจre ร 0,1% et moins que la moitiรฉ cette quantitรฉ chez son bรฉbรฉ. A ce niveau aucun effet secondaire n’a รฉtรฉ rapportรฉ. La totalitรฉ de deutรฉrium sera รฉliminรฉe du corps au bout de 6 semaines.
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Table des matiรจres
I. Intraduction
II. Gรฉnรฉralitรฉs
2.1. Le lait et l’allaitement maternel
2.1.1. Dรฉfmitions
2.1.2. Composition du lait maternel et besoins du nourrisson
2.1.3. Pourquoi recommander l’allaitement maternel exclusif?
2.1.3.1. Bienfaits pour la santรฉ du nourrisson
2.1.3.2. Avantages pour les mรจres
2.1.3.3. Avantages ร long terme pour l’enfant..
2.1.3.4. Pratique de l’allaitement maternel dans le monde
2.2. Utilisation des isotopes stables en nutrition: cas du deutรฉrium
2.2.1. Quelques dรฉfinitions
2.2.2. Mรฉthode d’analyse de la quantitรฉ de deutรฉrium
2.2.3. Sรฉcuritรฉ liรฉe ร l’utilisation du deutรฉrium
2.2.4. Phรฉnomรจnes physiques liรฉes ร l’utilisation du deutรฉrium
2.2.4.1. L’รฉchange isotopique non aqueux
2.2.4.2. Le fractionnement isotopique
2.2.5. Utilisation de la dilution isotopique du deutรฉrium pour la mesure de la quantitรฉ de lait consommรฉ par les bรฉbรฉs
2.2.6 Utilisation de la dilution isotopique pour la mesure de la composition corporelle
2.2.6.1. Mรฉthode d’รฉvaluation ร l’รฉquilibre
2.2.6.2. Mรฉthode d’extrapolation
2.3. La technique de deutรฉrium Il dose ร la mรจre Il [31]
2.4. La spectroscopie infrarouge ร transformรฉe de Fourier
2.4.1. Principe d’analyse par FlIR
2.4.2. Fonctionnement du FlIR
2.4.3. Analyse FlIR
III. Objectifs
3.1. Objectif gรฉnรฉral
3.2. Objectifs spรฉcifiques
IV. Matรฉriels et mรฉthodes
4.1. Type et description de l’รฉtude
4.2. Site et population d’รฉtude
4.3. Considรฉration รฉthiques
4.4. Procรฉdure d’obtention de la quantitรฉ de lait maternel consommรฉe par les bรฉbรฉs: technique de l’oxyde de deutรฉrium dose-ร -Ia-mรจre
4.4.1. Mesures anthropomรฉtriques chez la mรจre et le bรฉbรฉ
4.4.2. Prรฉparation des doses d’oxyde de deutรฉrium
4.4.3. Administration de l’oxyde de deutรฉrium
4.4.4. Collecte et stockage d’รฉchantillons de salive
4.4.5. Mesure de l’enrichissement des รฉchantillons de salive par FfIR
4.4.5.1. Standard et courbe de calibration
4.4.5.2 Dosage du deutรฉrium dans les รฉchantillons de salive
4.5. Calcul, traitement et analyse des donnรฉes
4.5.1. Paramรจtres anthropomรฉtriques
4.5.2. Pratique de l’allaitement maternel
4.5.3. Composition corporelle des mรจres
4.5.4. Analyses statistiques
V. Rรฉsultats
5.1. Caractรฉristique de la population
5.2. Etat nutritionnel des mรจres
5.2.1. Le taux d’h.รฉmoglobine
5.2.2. La composition corporelle des mรจres
5.3. Variabilitรฉ de la pratique de l’allaitement maternel
5.3.1. Evolution de la pratique de l’allaitement au cours du suivi
5.3.2. Allaitement maternel en fonction de l’รขge des mรจres
5.3.3. En fonction du nombre d’enfants
5.4. Analyse de la croissance des enfants
5.4.1. Evolution gรฉnรฉrale du poids des enfants
5.4.2. Etat nutritionnel des enfants en fonction du mode d’allaitement
5.5. Analyse de la consommation de lait
5.5.1. Evolution gรฉnรฉrale de la consommation de lait
5.5.2. Analyse de la consommation de lait en fonction du mode d’allaitement
5.5.3. Production de lait en fonction de l’รฉtat nutritionnel des mรจres
VI. Discussion
6.1. De l’รฉtat nutritionnel des mรจres
6.1.1. Taux d’h.รฉmoglobine
6.1.2. Composition corporelle des mรจres
6.2. De la pratique de l’allaitement maternel
6.2.1. Evolution de la pratique de l’allaitement maternel
6.2.2. Pratique de l’allaitement maternel en fonction des caractรฉristiques de la population
6.3. De la croissance des enfants
6.3.1. En fonction des caractรฉristiques de naissance des enfants
6.3.2. En fonction du mode d’allaitement.
6.4. De la quantitรฉ de lait consommรฉe par les bรฉbรฉs
6.4.1. En fonction des caractรฉristiques de naissance
6.4.2. En fonction du mode d’allaitement.
6.4.3. En fonction de l’รฉtat nutritionnel des mรจres
VII. Conclusion
VIII. References bibliographiques
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