TYPE DE L’ETUDE
Il s’agit d’une enquête descriptive et analytique prospective s’étalant du 21/04/2014 au 31/07/2014.
CADRE DE L’ETUDE
Le CHU Mohammed VI se compose de quatre hôpitaux et un Centre d’Hématologie-Oncologie d’une capacité de 1548 lits dont : IBN TOFAIL à vocation médico-chirurgicales d’une capacité de 409 lits ; IBN NAFIS à vocation principalement psychiatrique d’une capacité de 220 lits. MERE -ENFANT à vocation gynéco-obstétricale et pédiatrique d’une capacité de 247 lits.
Le Centre d’Hématologie-Oncologie : 86 lits.
L’Hôpital AR-RAZI: 586 lits.
Nous avons mené cette étude à la maternité du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) qui dessert toute la population du sud marocain, c’est la plus grande maternité en Afrique avec plus de 13182 accouchements enregistrée en 2014. Il est rattaché à un service de réanimation néonatale de niveau III pour les nouveau-nés qui présentent des pathologies sévères nécessitant une hospitalisation.
Population cible
La population cible était représentée par 210 couples « mères- nouveau-né » ayant séjourné à la maternité du CHU Mohammed VI à Marrakech pendant la période de l’étude.
Collecte des données
Les données ont été collectées à travers un questionnaire de 23 questions, et comportant des questions à choix multiples et des questions à réponse libre .
Les critères d’inclusion
Les couples (mères-nouveau-né) hospitalisés à la maternité du CHU de Marrakech.
Les critères d’exclusion
Les femmes ayant séjourné au service de réanimation Les femmes dont le nouveau- né est hospitalisé en réanimation néonatale et celles dont le nouveau-né est décédé.
Variables étudiées
Le profil socioéconomique et biodémographique des mères : l’âge, le niveau d’instruction, la profession, la parité et le niveau socio-économique en adoptant les critères relatifs à l’exercice d’une activité professionnelle qui sont la profession principale, l’activité économique principale et le statut socioprofessionnel.
Les caractéristiques de la grossesse et de l’accouchement : le mode d’accouchement et le suivi de la grossesse.
Les connaissances et pratiques des mères concernant l’allaitement maternel et la diététique infantile : le délai entre l’accouchement et la première tétée, le nombre et la durée des tétées, les autres liquides administrés, la durée d’allaitement maternel, l’âge de diversification et du sevrage des enfants précédents, et les connaissances des mères concernant les avantages du lait maternel.
la sensibilisation des mères en matière d’allaitement maternel durant la grossesse et après l’accouchement.
Limite de l’étude
Manque de suivi après la sortie des mères de la maternité.
Courte durée de l’étude.
Saisie et analyse des données
L’analyse des données a été réalisée au laboratoire d’épidémiologie de la faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech. Leur saisie et validation ont été faites sur le logiciel Statistical Package for Social Science (SPSS).
Avantages de l’allaitement maternel
Le lait maternel constitue le seul aliment bénéfique pour le nourrisson au cours des 6 premiers mois de la vie. Le lait maternel continue à être bénéfique pour l’enfant jusqu’à l’âge de 2 ans. En effet aucune industrie n’a pu produire un lait aussi parfait tant par sa composition très spécifique qui lui confère des propriétés anti-infectieuses indiscutables que par son adaptation aux besoins du nourrisson et au degré de maturité de ses organes. Au total, il fournit au nourrisson une protection de sa capacité à assimiler des nutriments très bio disponibles, ce qui permet d’assurer une croissance de bonne qualité, essentielle à ce stade de la vie [1_2].
Avantages pour l’enfant
Composition du lait maternel
La composition du lait maternel n’est pas constante, il varie selon les différentes phases de la lactation, au cours de la journée mais aussi au cours de la tétée. Des variations de l’alimentation maternelle peuvent aussi influer la composition du lait en particulier en acides gras, la teneur en iode, en sélénium, en vitamine A et en vitamines du groupe B.
Le lait de femme : un aliment évolutif
Durant les 3 premiers jours de l’allaitement, le lait de femme, alors appelé colostrum, a une composition différente de celle du lait mature. Moins riche en lipides et en lactose, il a une densité énergétique moindre ; il est en revanche plus riche en cellules immunocompétentes, en oligosaccharides, et en protéines solubles fonctionnelles comme les immunoglobulines, en particulier les IgA de type sécrétoire (IgAs), les lactoferrines, différents facteurs de croissance, les différentes cytokines, alors que les caséines sont pratiquement absentes. Tous ces éléments contribuent à protéger le nouveau-né, qui est particulièrement vulnérable aux infections.
Variation de la composition du lait au cours de la tétée
Le premier jet de lait est composé d’eau, de minéraux et de lactose permettant d’étancher la soif et de remonter la glycémie, puis sont sécrétées les protéines et les lipides et le lait de fin de tétée devient plus épais et riche en graisses (d’un facteur 2 à 3 vers la deuxième à troisième minute de la tétée) ce qui assure l’apport énergétique et induit la satiété.
Le lait humain, une composition unique
Protéines
La teneur en protéines du lait de femme, comprise entre 8 et 12 g/L, est nettement inférieure à celle des autres mammifères. Néanmoins, elle est parfaitement adaptée aux besoins du nourrisson en raison d’une excellente absorption et d’une parfaite adéquation du profil de ses acides aminés. Parmi ces protéines solubles, certaines ont un rôle fonctionnel essentiel comme les immunoglobulines, en particulier les IgA de type sécrétoire (IgAs) (0,5 à 1 g/L), les lactoferrines, le lysozyme, la béta-défensine 1, des enzymes (en particulier une lipase), des facteurs de croissance comme l’Insuline-like Growth Factor (IGF1), le Transforming Growth Factor (TGF), les facteurs de croissance leucocytaire (G-CSF) et l’Epidermal Growth Factor (EGF), qui a une action trophique sur les muqueuses gastrique et intestinale ; d’autres ont un rôle nutritif comme les caséines α, β, κ et les protéines du lactosérum [2, 3].
Glucides
La teneur en glucides du lait maternel est de 60 à 70 g/l avec prédominance du lactose et d’oligosaccharides. Le gynolactose, terme regroupant environ 120 oligosides présents dans le lait humain et totalement absents du lait de vache, et qu’ils ne sont pratiquement pas absorbés au niveau intestinal et parviennent intacts au niveau du côlon où ils sont fermentés par la flore bactérienne. Constituant de véritables prébiotiques, ces oligosides favorisent l’implantation de la flore bactérienne colique dominée chez l’enfant au sein, par les bifidobactéries, en particulier Bifidobacterium bifidum [3], et participent à l’effet de barrière contre certains germes entéropathogènes.
Lipides
Si la teneur en lipides (35 g/L en moyenne) est proche de celle du lait de vache, la digestibilité et le coefficient d’absorption des graisses du lait de femme sont très supérieurs (80% contre 60 % dans les premiers jours, atteignant rapidement 95% contre 80 % à 3 mois pour le lait de vache). Le lait de femme est riche en cholestérol (2,6 à 3,9 mM/L) alors que le lait de vache en contient peu (0,3 à 0,85 mM/L). La cholestérolémie est d’ailleurs plus élevée chez le nourrisson au sein. Il faut rappeler le rôle du cholestérol dans la structure des membranes, comme précurseur hormonal et dans le développement cérébral. Le lait de femme contient des acides gras poly-insaturés (AGPI), acides gras essentiels mais aussi leurs homologues supérieurs, en particulier acide arachidonique (AA : 0,46 g/100 g d’acides gras) dans la série linoléique (n-6) et acide docosahexaénoïque (DHA : 0,25 g/100 g d’acides gras) dans la série α-linolénique (n-3). Cette teneur dépend des apports alimentaires en acides gras n-6 et n-3 de la femme allaitante. L’AA et le DHA ont un rôle démontré dans les processus de maturation cérébrale et rétinienne [2-3].
Cellules
Des leucocytes sont présents dans le lait maternel. L’essentiel des leucocytes du lait maternel définitif sont des macrophages [3].
Sels minéraux
La teneur relativement faible en azote et en sels minéraux (2,50 g/L) permet de limiter la charge osmolaire rénale, alors qu’elle est beaucoup plus élevée pour le lait de vache, et constitue une sécurité en cas de pertes hydriques excessives, par transpiration ou diarrhée, permettant de mieux assurer le maintien à l’équilibre de la balance hydro-minérale.
Un autre point important concerne la meilleure biodisponibilité de différents oligoéléments comme le fer et le zinc, en raison des ligands présents dans le lait de femme, qui facilitent leur absorption et rend leur supplémentation non systématique malgré leur faible teneur dans le lait maternel [3].
Vitamines
Le lait maternel contient une quantité importante et suffisante de vit C, la supplémentation (jus) est donc inutile. Une alimentation équilibrée en vit A de la mère apporte la quantité nécessaire à son enfant jusqu’à l’âge de 2 ans. Le colostrum est encore plus riche et contient le double de la quantité contenue dans le lait mature. Le lait de mère est moins riche en vit B que le lait de vache mais la quantité apportée par le lait maternel est suffisante pour l’enfant [3, 4].
Eau
L’eau représente 87% du lait maternel mature : le bébé n’a pas besoin d’apport hydrique supplémentaire jusqu’à l’âge de 6 mois même en saison chaude [3].
AM et infections
Prévention des infections
De nombreux facteurs de protection anti infectieux spécifiques et non spécifiques ont été identifiés dans le lait de mère (Tableau XXI) [5]. Les enfants alimentés au lait artificiel ont un pH de leurs selles plus élevé, une colonisation par des germes pathogène, un volume thymique réduit et sont exposés à des antigènes étrangers [6]. Les oligosaccharides, cytokines et immunoglobulines régulent la colonisation intestinale, le développement du tissu lymphoïde et gouvernent la différenciation des lymphocytes T. Le lait de femme joue donc un rôle dans les défenses et la tolérance immunitaires.
Infections gastro-intestinales
L’allaitement maternel a un effet protecteur vis-à-vis des infections gastro-intestinales (risque relatif [RR] : 0,67 ; intervalle de confiance [IC] à 95 % : 0,46 à 0,97). Il diminue l’incidence et la sévérité des diarrhées aiguës bactériennes et virales, particulièrement à rotavirus. Chen et al. retrouvent un risque multiplié par 2,8 en cas d’allaitement artificiel [6] et dans l’étude Promotion of breast-feeding intervention trial (PROBIT) un risque multiplié par 1,7 [7].
Infections oto-rhino-laryngologiques (ORL) (rhinites, otites)
Quarante-quatre pourcent des enfants ont au moins une otite moyenne aiguë dans leur première année. Le risque est multiplié par deux en cas d’allaitement artificiel versus allaitement maternel exclusif de plus de 3 mois [8].
Infections respiratoires basses (bronchites, bronchiolites)
Un allaitement maternel exclusif de plus de 4 mois réduirait leur incidence d’un facteur 3,6 [9—10].
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Table des matières
INTRODUCTION
OBJECTIFS
POPULATION ET METHODES
RESULTATS ET ANALYSE
I- PROFIL SOCIO-ECONOMIQUE ET BIODEMOGRAPHIQUE DES MERES INTERROGEES
1- L’age des mères
2- L’origine des mères
3- La parité
4- Le Travail de la mère
5- Le Niveau socio économique
6- Le Niveau d’instruction
II- CARACTERISTIQUES DE LA GROSSESSE ET ACCOUCHEMENT
1- Le Suivi de la grossesse
2- Le Terme de la grossesse
3- Les Modes d’accouchement
4- La Séparation du nouveau né de sa maman
III- CONNAISSANCES ET PRATIQUES DES MERES EN MATIERE DE L’ALLAITEMENT
MATERNEL
1. Le taux de l’allaitement maternel à la maternité
2. L’Existence d’un enfant allaite précédemment
3. La Durée de l’allaitement maternel exclusif
4. La Durée totale de l’allaitement maternel
5. La Sensibilisation concernant l’allaitement maternel
6. l’Allaitement maternel
7. Le colostrum
8. les Caractéristiques des tétées
9. Les Liquides administrés aux bébés
10. L’utilisation de tétine ou biberon
11. L’introduction des aliments de complément
12. Les avantages de l’allaitement maternel
13. Les inconvénients de l’allaitement maternel
IV- ETUDES analytique DES FACTEURS INFLUENCANTS LA PRATIQUE DE L’ALLAITEMENT MATERNEL
DISCUSSION
I- AVANTAGES DE L’ALLAITEMENT MATERNEL
1-Pour l’enfant
2-Pour la mère
3-Pour la société
II- EVOLUTION DE LA PRATIQUE DE L’AM
1- La valeur symbolique du lait maternel
2- La signification de la première tétée ou du colostrum
3- L’évolution dans les pays développés
4- L’évolution dans les pays en voie de développement
5- La situation au Maroc
III- FACTEURS INFLUENÇANT LES PRATIQUES DE L’ALLAITEMENT MATERNEL
1-Facteurs socio-économiques et biodémographiques
2-Caractéristiques de la grossesse et accouchement
IV- CONNAISSANCES ET PRATIQUES DES MERES EN MATIERE D’ALLAITEMENT MATERNEL ET DIETETIQUES INFANTILES
1-Allaitement maternel
2-Diversification alimentaire
3-Sevrage des bébés
V- PROMOTION DE L’ALLAITEMENT MATERNEL
1-Les trois règles d’or pour réussir l’allaitement maternel
2-Initiative hôpitaux amis des bébés
3-Recommandation locales
CONCLUSION
RESUMES
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
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