Le joueur de flûte de Hamelin, Samivel

Le joueur de flûte de Hamelin, Samivel

Légendes Allemandes, Jacob et Wilhelm Grimm

Le projet des frères Grimm Dans son article « Des contes populaires allemands ? Les frères Grimm et leurs prédécesseurs (Johann Karl August Musaüs, Beneditke Naubert, etc.) », Natacha Rimasson-Fertin expose qu’au début du XIXe siècle en Europe, l’hégémonie française est palpable, et notamment en matière de littérature33. Les lettrés allemands entament alors des travaux destinés à promouvoir la langue et la culture allemandes. Dans ce contexte, les chants, contes et légendes populaires deviennent autant d’objets d’étude destiné à asseoir une communauté linguistique et culturelle autour d’une histoire commune. Langue, mœurs, croyances, coutumes des catégories populaires de la société allemande sont collectées et fixées par ce travail patrimonial. Plusieurs recueils de contes voient ainsi le jour. Le contexte littéraire est également très favorable au merveilleux : au XVIIe siècle déjà, on parle en Allemagne de « fureur des fées », Feenwut, notamment depuis la parution des Contes de ma mère l’Oye de Perrault en 1697 ou la traduction des Contes des Mille et une nuits par Antoine Galland entre 1704 et 1717. Musaüs publie, avant les frères Grimm, un recueil de contes populaires : Contes populaires des Allemands, Volksmärchen der Deutschen (1782-1787). Les frères Grimm se situent dans le groupe des romantiques allemands, et sont surtout liés à Arnim et Brentano, qui publient un recueil de chansons populaire, Le Cor enchanté de l’enfant, Des Knaben Wunderhorn, entre 1805 et 1808. Les Grimm ont participé à cette entreprise, et fonderont leur propre travail scientifique autour de matériel folklorique, par la collecte, notamment, de contes. Ce sont les « Kinder und haus märchen », petites histoires qui se transmettent, à raconter aux enfants. La volonté est ici de conserver le patrimoine national, et de présenter une poésie de la nature, une poésie nationale qui ne naît pas d’un auteur mais émane de la nation elle-même. Le travail des Grimm, travail d’enquête sur les racines et le patrimoine national, ne concerne pas que les contes. Ils publient par exemple les Runes allemandes en 1821. Fondateurs de la philologie allemande, les frères Grimm ont encore publié une Histoire de la langue allemande (1848) et travaillé, jusqu’à la fin de leur vie, à un Dictionnaire allemand. Arrêté à la lettre F, le dictionnaire a été poursuivi depuis et achevé en 1960 grâce à la collaboration de plusieurs générations de germanistes. Selon Natacha Rimasson-Fertin, le projet des frères Grimm est au service de l’histoire de la poésie et de la mythologie allemandes : […] le but qu’ils poursuivent est avant tout d’ordre scientifique : en collectant ces contes, ils veulent « contribuer à l’histoire de la poésie populaire allemande » et « rendre un service à l’histoire de la poésie et de la mythologie » allemandes34 . Les récits récoltés pour leurs Légendes allemandes (1816-18) (2e édition 1865-66), et notamment la légende du Joueur de flûte de Hamelin, sont donc rassemblés, écrits, publiés dans ce contexte patrimonial, scientifique, de constitution ou consolidation d’une identité nationale. L’objet textuel pose alors un certain nombre de problèmes : est-il véritablement authentique, fidèle à la source originelle ? Et quelle est l’origine des contes et légendes ? Ces éléments sont difficiles à établir. Les Grimm recueillent généralement plusieurs versions d’une même histoire et en sélectionnent la version qu’ils considèrent comme la plus primitive, ou encore combinent différentes versions. Le travail de réécriture et de composition est ici important. Il en est de même pour les Contes pour l’enfance et le foyer : le projet évolue au fil des rééditions et les contes sont remaniés voire écartés dans une inflexion vers un lectorat jeunesse. L’aspect documentaire peut alors s’altérer en faveur d’une approche plus littéraire, destinée à un public spécifique ou à répondre aux interrogations du lectorat et de la critique. Dans le cas des légendes, les frères Grimm semblent également faire appel à de nombreuses sources écrites35. La différence entre conte et légende semble aujourd’hui, en dehors même du contexte des frères Grimm, consister dans l’existence, pour la légende, de faits réels ayant servi de base au récit parfois teinté de surnaturel. À l’époque des frères Grimm, cette distinction n’était pas aussi claire : […] signalons également qu’à l’époque, l’emploi des dénominations est très fluctuant : les catégories de « contes » et de « légendes » (qu’elles soient saintes ou qu’il s’agisse de récits de faits mémorables, au sens de l’allemand Sage), ne sont pas encore fixées, si bien que les auteurs rassemblent sous l’appellation Märchen – terme qui a encore souvent le sens de « mensonge » – les récits les plus divers, et qui n’ont que peu à voir avec les définitions actuelles du conte36 . La définition et la catégorisation des légendes sont donc problématiques. La question de ses destinataires se pose également. Les contes des frères Grimm ont été, au fil des éditions successives, dépouillés de leurs aspects les plus âpres, les plus violents pour convenir à un jeune public – auquel ils n’étaient pas immédiatement destinés de prime abord. L’histoire peut s’adresser à un jeune lectorat mais également intéresser critiques et chercheurs pour leur valeur patrimoniale et littéraire. Ainsi, les textes ne sont pas entièrement identifiés comme destinés à des enfants. En ce qui concerne les recueils de légende, il est difficile de déterminer les destinataires exacts des textes compilés. Le nombre relativement faible de rééditions et d’adaptations en albums peut laisser penser que ces textes ont conservé leur valeur documentaire et testimoniale, davantage destinée à une préservation de la mémoire orale et folklorique allemande. Les légendes n’ayant été que très peu saisies par le grand public, et a fortiori par le jeune public, pourraient ainsi s’adresser prioritairement à un public adulte, intéressé par les recueils folkloriques.

Chronique du règne de Charles IX, Prosper Mérimée

Contexte Le XIXe siècle dans son ensemble marque un regain d’intérêt massif pour l’époque médiévale, du point de vue architectural, littéraire, historique, etc. De nombreux artistes, peintres, romanciers vont puiser dans cette époque lointaine les sources d’une inspiration renouvelée. Prosper Mérimée ne fait pas exception. Féru d’Histoire et d’architecture, il consacre plusieurs travaux à l’époque médiévale, comme son Étude sur les arts au Moyen-âge47. Certains romans et nouvelles seront également consacrés au Moyen-âge : La Jacquerie, en 1828. L’écriture mériméenne est également marquée par le goût pour le fantastique, de l’étrange : La Vénus d’Île (1837), La vision de Charles XI (1829). L’étranger, l’exotisme font de même partie de ses motifs récurrents ; citons Carmen (1845), Les Ames du purgatoire (1834), Tamango (1829). Il s’inspire en outre d’une légende lituanienne pour sa nouvelle intitulée Lokis (1869). Ce goût du folklore, du fantastique et de récits effrayants, tragiques semble expliquer l’attrait de la légende du Joueur de flûte pour cet auteur. Chronique du règne de Charles IX48 est un récit historique mettant en scène le personnage de Bernard de Mergy, noble protestant. Le roman explore les questionnements religieux de la France du XVIème siècle : Georges, le frère du personnage principal, se convertit au catholicisme. Bernard cherche en outre à épouser Diane de Turgis, elle aussi catholique. « Les reîtres », premier chapitre du roman, met en scène un groupe de soldats. Arrivés dans une auberge, ils se préparent à passer une agréable soirée en compagnie de belles bohémiennes. L’une d’entre elles, Mila, s’apprête à leur raconter une histoire. Cette histoire, c’est la légende du joueur de flûte de Hamelin, que la jeune femme conte avec force effets de théâtralité. La version de Mérimée connaît, encore aujourd’hui, un certain succès en France. Elle est parfois préférée à la version des Grimm. Il convient d’évaluer les identités et ressemblances entre ces deux textes pour mettre au jour leurs particularités et l’intérêt de la légende telle que racontée par Mérimée. Il n’est pas établi que Mérimée ait eu accès au texte des frères Grimm pour établir sa propre version de la légende. Aussi, au sujet des séquences narratives déplacées, transformées, ajoutées en comparaison avec la version des Grimm, nous ne nous attarderons pas sur les effets possiblement voulus par Mérimée, mais comparerons les deux textes afin d’identifier les constantes de cette légende comme les particularités des éléments apportés par la version de Mérimée.

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Table des matières

1. État des lieux
2. Légendes Allemandes, Jacob et Wilhelm Grimm
2.1. Le projet des frères Grimm
2.2. Schéma narratif de la légende : déroulement et particularités
2.3. Schéma actanciel de la légende : dispositif et particularités
2.4. Historicité et oralité, hypothèse de réel
3. Chronique du règne de Charles IX, Prosper Mérimée
3.1. Contexte
3.2. Autour de la légende : le récit enchâssé reconstruit un contexte d’oralité et pose l’enjeu de véracité
3.3. Stabilité des schémas actanciels et narratifs chez Mérimée
3.4. Renforcement des aspects surnaturels de la légende, entre fantastique et imagerie chrétienne
4. Le joueur de flûte de Hamelin, Samivel
4.1. Contexte et esthétique
4.2. Distorsions de la temporalité et du schéma narratif : un conte exemplaire ?
4.3. Accents farcesques et carnavalesques : incursions rabelaisiennes.
4.4. Préservation de l’aura du Joueur de flûte : puissance du folklore
LE FABULEUX MAURICE ET SES RONGEURS SAVANTS, TERRY PRATCHETT : UN GESTE REFERENTIEL
PROLIFERANT ET HYPERTROPHIE
1. Contes et légendes, récits folkloriques : utilisation de motifs littéraires universels
1.1. Des références manifestes à la légende du Joueur de flûte de Hamelin des frères Grimm
1.2. Multiplication et mélange des références aux contes et récits traditionnels ou légendaires
2. Littérature de jeunesse anglo-saxonne : récits animaliers et récits d’aventure
2.1. Monsieur Lapinou, entre parodie de Béatrix Potter et évocation de récits de fantasy animalière aux
intrigues et personnages plus élaborés
2.2. Autres récits célèbres pour les jeunes lecteurs anglo-saxons : récits d’aventure, récits merveilleux
3. Topoï de la littérature fantasy classique
3.1. Motif de l’épée magique ou reforgée
3.2. Motif du combat entre lumière et ténèbres
4. Intertextualité documentaire : un roman sur les rats
4.1. Une base documentaire et scientifique : l’éthologie des rats au cœur d’un roman fantasy jeunesse
4.2. Rats dans l’imaginaire collectif : une réputation à tenir ?
4.3. Des rats et des hommes
LE FABULEUX MAURICE ET SES RONGEURS SAVANTS, TERRY PRATCHETT : FONCTIONNEMENT DU RECIT
1. « Une histoire sur les histoires » : une écriture métatextuelle engageant le lecteur à
réfléchir la fabrication de l’intrigue
1.1. Utilisation d’un vocabulaire métatextuel par les personnages et le narrateur
1.2. Autoréférences et livres fictifs : un monde de littérature et de lecteurs
1.3. Enrayement et échec de la mécanique de la légende : exhiber les lois de l’histoire pour les subvertir
2. « Une histoire de rats » : transformation de la légende dans le but de promouvoir et
individualiser les rats
2.1. Individualisation des personnages de rats
2.2. Évolution progressive du schéma actanciel au profit d’une efficience narrative des rats
2.3. Chat et homme, pires ennemis des rats, deviennent chez Pratchett leurs adjuvants
3. Vers une issue favorable à tous : construction et découverte d’un happy end inattendu
3.1. Machinerie narrative complexe et récit ondoyant
3.2. Derrière un récit éclaté, émergence d’indices pour la définition de la quête principale
3.3. Un récit qui trouve sa fin et son efficacité : relecture du happy end, au cœur d’un récit dans lequel
chacun a quelque chose à gagner
3.4. Le roman de la coopération
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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