Le mâle et la femelle
La théorie de la génération spontanée, c’est-à-dire sans évènement sexué, ne prit fin qu’avec Bonomo (17ème siècle) après avoir longtemps perduré. Le mâle n’a pas d’activité dans l’infestation de l’hôte. Il est plus petit que la femelle et mesure 250 μm de long et 200 μm de large, en moyenne. Il est admis qu’il meurt après fécondation à la surface corporelle, mais cette notion est encore controversée. On ne le retrouve que difficilement sur la peau.
La femelle, mobile sous l’objectif du microscope, a une forme ovoïdale. Elle mesure 300 à 500 μm de long et 300 μm de large. C’est elle qui est considérée comme un parasite de par son activité kératolytique. Après avoir été fécondée, elle digère les cellules épithéliales et se place sous la couche cornée, au niveau de la couche granuleuse de l’épiderme en 30 minutes à 1 heure. Grâce aux chélicères, elle dilacère l’épiderme et avance à raison de 2 à 3 mm par jour. Le tunnel qu’elle creuse s’observe à l’oeil nu et forme un sillon de 5 mm à 2 cm de long [16]. Elle dépose 2 à 3 oeufs par jour dans le tunnel épidermique (Figure 7). Au cours de sa vie atteignant 30 à 60 jours, elle pondra ainsi de 50 à 200 oeufs. Il a été évalué que sur une période de 3 mois, 6 générations de sarcoptes engendrent plus d’un million de femelles et de mâles.
Ensuite, elle meurt en restant dans le sillon qu’elle a creusé puisqu’il lui est impossible de faire demi-tour.
Difficultés du diagnostic
Comme il a été vu précédemment, la gale peut prendre diverses formes cliniques. Le diagnostic est plus aisé lors d’une gale profuse qu’au cours d’une gale commune. Lorsque la gale est simple, le diagnostic repose souvent sur la triade clinique-symptômes-environnement.
Ainsi beaucoup de médecins (généralistes, dermatologues, pédiatres, etc.) ne font pas pratiquer de prélèvement cutané pour rechercher le parasite. Parfois, lorsque le patient a un prurit intense et des lésions idiopathiques, on le traite dans l’hypothèse d’une atteinte sarcoptique (traitement d’épreuve). De même, si plusieurs membres de la famille ont un prurit qui incite à consulter, auquel s’ajoute d’éventuelles lésions sur l’un d’eux, le même diagnostic est posé. Le pharmacien d’officine peut être amené à rencontrer des cas de gale, cependant il n’est pas autorisé à effectuer le diagnostic et à l’annoncer au patient. Il doit être capable de distinguer les symptômes d’une gale, en se basant notamment sur l’interrogatoire et la présence d’un prurit familial. Puis, il réorientera le patient vers son médecin traitant pour la prise en charge.
Classiquement, il est admis que le nombre de sarcoptes parasitant l’homme n’excède pas la vingtaine (gale simple), c’est notamment pour cela qu’il est difficile de les isoler. Il est important de respecter des règles de sécurité et d’hygiène lors du prélèvement [ANNEXE 3].
Pharmacocinétique
Après administration orale d’ivermectine, il a été observé un pic plasmatique après 4 heures. L’effet de la prise alimentaire sur l’absorption est inconnu, c’est pourquoi il est recommandé dans le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) de l’ivermectine d’espacer de 2 heures l’absorption du médicament de toute prise de nourriture. Cela reste néanmoins controversé puisqu’une étude en 2012 précise que la pharmacocinétique est inchangée avec une prise concomitante de nourriture ou d’alcool. Il y a une bonne distribution tissulaire par voie orale mais aussi en injection sous-cutanée. Chez l’animal, on a décelé une concentration importante dans le foie et dans les graisses. Par ailleurs, la molécule ne passe pas la BHE.
La concentration centrale en ivermectine est nulle, ce qui explique l’absence d’effet secondaire au niveau du SNC. La liaison aux protéines plasmatiques, notamment aux lipoprotéines, est importante, soit 93%. La demi-vie plasmatique de l’ivermectine chez l’adulte est atteinte en 36 heures. Après une prise de 12 mg par voie orale (4 comprimés de Stromectol®), on observe un pic de concentration dans la peau (squames et sébum) et dans la sueur à 8 heures, qui diminue après 24 heures. La métabolisation se fait dans le foie par l’isoenzyme 3A4 du cytochrome P450. L’élimination est pratiquement inapparente (moins de 1 %) dans les urines, sous forme inchangée ou conjuguée, mais importante dans les fèces, sous forme inchangée. Elle s’effectue en 12 jours environ. L’ivermectine est également éliminée en petite quantité dans le lait de la femme allaitante.
Mentions concernant le patient
Le nom du patient est indiqué dans toutes les ordonnances. Le prénom n’est inscrit que dans 208 cas sur 216 (96 %). Cela peut être problématique, notamment pour la facturation à l’Assurance Maladie par le système Sesam-Vitale. L’âge n’est présent que dans 21 % des prescriptions. Cela est non conforme à la réglementation présentée précédemment. Cette information est parfois nécessaire pour adapter le mode d’administration en fonction de l’âge (écraser le comprimé pour les enfants de moins de 6 ans et pour les personnes âgées ayant des difficultés à prendre des comprimés, etc.) Le poids n’est mentionné que dans 16 % des cas. L’indication de celui-ci n’est pas obligatoire mais elle est indispensable pour la dispensation du produit dont la posologie dépend du poids. Le pharmacien doit s’assurer que la posologie du Stromectol® est adéquate, mais il ne peut remplir son rôle sans cette donnée.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1
1.Classification du sarcopte
1.1. Historique
1.2. Classification actuelle
2.Physiologie
2.1. Description du sarcopte de la gale humaine
2.1.1. Historique des illustrations
2.1.2. Description de Sarcoptes scabiei var. hominis
2.2. Le mâle et la femelle
2.3. Le cycle du parasite
2.4. Les oeufs, larves et nymphes
3.Clinique de la gale
3.1. Historique de la clinique de la gale
3.2. Clinique de la gale
3.2.1. La lésion typique
3.2.2. La réaction allergique
3.3. Surinfections et complications
3.4. Gale simple
3.4.1. Lésions spécifiques : triade
3.4.2. Lésions non spécifiques
3.4.3. Localisations des lésions
3.5. Gale profuse
3.5.1. Lésions non spécifiques
3.5.2. Risques
3.5.3. Localisations des lésions
3.6. Autres formes atypiques
3.6.1. La gale paucisymptomatique
3.6.2. La gale nodulaire
3.7. Difficultés du diagnostic
4.Traitements
4.1. Historique
4.2. Ivermectine
4.2.1. Historique
4.2.2. Mécanisme d’action
4.2.3. Pharmacocinétique
4.2.4. Femme enceinte et allaitante
4.2.5. Posologies et mode d’administration
4.2.6. Contre-indications et effets secondaires
4.3. Benzoate de benzyle
4.3.1. Mécanismes d’action et pharmacocinétique
4.3.2. Femme enceinte et allaitante
4.3.3. Posologie, mode d’administration et précautions d’emploi
4.3.4. Contre-indications et effets secondaires
4.4. Molécules insecticides
4.4.1. Historique
4.4.2. Mécanisme d’action commun
4.4.3. Pharmacocinétique commune
4.4.4. Femme enceinte et allaitante
4.4.5. Esdépalléthrine / butoxyde de pipéronyle (Spregal®)
4.4.6. Néopynamine forte / sumithrine (A-Par®)
5.Difficultés d’approvisionnement, rupture de stock et traitement
5.1. Rupture de l’Ascabiol®
5.2. Prise en charge à l’hôpital
5.2.1. Complexité de la réalisation au CHU
5.2.2. Prise en charge : consultation
5.2.3. Prise en charge : protocole pour appliquer la préparation
5.2.4. Suivi
6.Recommandations de prise en charge pour la gale simple
6.1. Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP)
6.2. Nouvelles recommandations
6.3. Demande de RTU
CHAPITRE 2
1.Présentation
1.1. Objectifs
1.2. Méthode
1.2.1. Elaboration de fiches de recueil
1.2.2. Choix des officines
1.2.3. Codage
1.2.4. Durée d’observation et recueil des données
1.3. Résultats
2.Analyse des ordonnances
1. Analyse de la conformité rédactionnelle des prescriptions
2.Préambule
2.1.2. Législation et obligations
2.1.3. Analyse des ordonnances
2.1.4. Conclusion
2. Analyse de la prescription
2.2.1. Résultat des prescriptions et des dispensations des produits
2.2.2. Analyse des prescriptions et des dispensations des produits
3.Conclusion
CHAPITRE 3
1.Outils pour le médecin prescripteur
1.1. Objectifs
1.2. Méthodologie
1.3. Fiche accompagnant le traitement médicamenteux de la gale
2.Outils pour le pharmacien
2.1. Objectifs
2.2. Méthodologie
2.3. Fiche à imprimer sous forme d’un livret
3.Outils pour le patient
3.1. Objectifs
3.2. Méthodologie
3.3. Fiche à imprimer sous forme d’un dépliant
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE 1 (1/2)
ANNEXE 1 (2/2)
ANNEXE 2 (1/4)
ANNEXE 2 (2/4)
ANNEXE 2 (3/4)
ANNEXE 2 (4/4)
ANNEXE 3 -en cours de publication-
ANNEXE 4
ANNEXE 5
ANNEXE 6
ANNEXE 7 (1/2)
ANNEXE 7 (2/2)
ANNEXE 8
ANNEXE 9
ANNEXE 10
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