Soutenance mémoire
Le harcèlement scolaire
Définition
Qu’entend-t-on par harcèlement scolaire ? Hugo Albandera (2018) s’accorde avec Catherine (2015) pour le définir comme « une conduite intentionnelle agressive adoptée par un ou plusieurs élèves qui se répète et qui dure ». Romano (2015), appuyée de ses recherches et des propos d’Olweus (1999) complète cette première définition en le décrivant comme « un acte intentionnel répété et commis par un ou plusieurs individus quel que soit son âge au moyen de mots, d’écran et/ou de dégradations matérielles de ses biens personnels. » Plus concrètement, le harcèlement scolaire peut apparaître sous la forme de coups, insultes, bousculades, dégradations d’effets personnels, brimades, racket de manière répétée. Les conséquences, plus ou moins fortes pour l’élève, s’amplifient en fonction de la durée des violences subies. D’après Catherine (2015), le niveau scolaire en baisse, la perte d’estime de soi, l’isolement, la perte d’appétit, la peur d’aller à l’école, la phobie scolaire et pour les cas les plus extrêmes, le suicide sont des réactions qu’un élève harcelé peut avoir.
La terminologie du harcèlement englobe différents acteurs et différentes typologies que nous allons à présent décliner. Lors d’une situation de harcèlement, le harcelé est la victime de la situation. Les violences sont menées par un ou des harceleurs, qui sont les auteurs des agressions. Ils peuvent évoluer seuls ou en groupe et assure ainsi leur supériorité en rendant leur victime craintive (Catherine, 2015). Les spectateurs, en riant ou en encourageant les violences sont appelés les témoins actifs. Ils confortent les harceleurs dans leurs actions (Guilloux, 2018). Un autre acteur, moins connu que le harceleur ou le témoin actif, maintient le cercle vicieux du harcèlement scolaire : le témoin passif. Bellon et Gardette (2016), appuyés sur l’étude de Pikas (1974) et en accord avec les propos de Nicole Catherine (2015), affirment que les « spectateurs passifs » contraignent le harceleur à s’enfermer dans un rôle auquel il peut ne pas vouloir tenir. Cette spirale l’entraîne à répéter ses agressions. Les auteurs affirment aussi que les témoins qui n’approuvent pas cette situation ont peur des possibles représailles et par conséquent n’informent pas les adultes de ce que les élèves subissent et/ou font subir.
Le harcèlement peut prendre des formes multiples. Les plus connues sont le harcèlement physique (coups, bousculade, abimer le matériel) et le harcèlement moral (insultes diverses) (Bellon et Gardette, 2016). Le racket, soit l’utilisation de la violence et des menaces pour obtenir quelque chose (Catherine, 2015) et le cyber-harcèlement (insultes sur internet, photos retouchées, photos postées à l’insu de la personne identifiable) sont aussi des types de harcèlement. Ce dernier prend une place de plus en plus importante ces dernières années avec l’utilisation massive des réseaux sociaux par les jeunes collégiens notamment (Guilloux 2018). Le dernier type de harcèlement évoqué dans notre situation est le harcèlement sexuel. Il se définit comme « le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste, qui : portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. » . Bien qu’il ne soit pas modélisé dans le clip vidéo, il a été abordé suite aux interventions et interrogations des élèves qui ne comprenaient pas tous le sens du hashtag « balance ton porc » créé en 2017 et qui s’est largement médiatisé sur différents réseaux sociaux en 2018 .
Constats
Bien qu’il soit difficile de donner des chiffres précis, Debarbieux (2011) dans son rapport au ministre de l’éducation nationale, secondé de l’enquête sur la victimisation de l’UNICEF (2011) annonce des moyennes effrayantes : 14 % des élèves sont victimes de harcèlement verbal (insultes, moqueries, brimades), 10 % subissent un harcèlement physique (coups, bousculades, racket) et 12 % des élèves cumulent les deux oppressions. En somme, 1 élève sur 10 est harcelé pendant sa scolarité. Ces chiffres révèlent aussi une présence accrue du phénomène de harcèlement scolaire en primaire. Toujours à l’appui des mêmes sources, le harcèlement touche 12 % des élèves de l’enseignement primaire contre 8 % de collégiens et 6 % de lycéens. C’est donc au plus jeune âge que le harcèlement est le plus présent. Cet écart peut être justifié par le manque d’empathie définit comme la capacité de s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent, et l’alexithymie qui se caractérise comme un déficit de verbalisation des émotions . Guilloux (2018) annonce que seul 10 % des élèves harcelés préviennent leurs enseignants, 30 % se murent dans le silence et 40 % des élèves harcelés accusent leurs enseignants de ne pas avoir réagi. Ces chiffres laissent supposer un manque de confiance en l’adulte, de surveillance, et de prise en compte des faits de violence (Catherine, 2015). Les situations de harcèlements se font le plus souvent en dehors des endroits surveillés par les enseignants tels que les toilettes, les temps méridiens, pendant les sorties scolaires et en temps de pauses selon l’enquête de l’observatoire International de la Violence à l’École (UNICEF France), bien que l’enseignant se doit d’assurer la sécurité de ses élèves en toutes circonstances .
Préventions
Le harcèlement scolaire se présente donc comme un point faible du système éducatif français bien qu’il soit considéré comme faisant partie des pays ayant le plus faible taux de harcèlement selon l’enquête PISA de 2015. Malgré sa présence dans la discipline de l’enseignement moral et civique, que la thématique soit travaillée en classe et que le harcèlement s’appuie sur une politique de prévention développée, les moyens ne sont pas suffisants pour que le harcèlement cesse. Le gouvernement français a mis en place des journées de lutte contre le harcèlement scolaire chaque premier jeudi du mois de novembre et un numéro vert, accessible gratuitement et de manière anonyme (n°3020). La politique de prévention est présente sur les réseaux sociaux et a son propre site internet , qui permet d’informer les parents, enfants, jeunes et professionnels sur la thématique. Le site guide aussi les démarches à suivre si un individu est victime de harcèlement. Le gouvernement n’est pas la seule institution à proposer un soutien. Les associations telles que 13 reasonswhy, Marion la main tendue ou Tous solidaires pour Jonathan luttent elles aussi contre le harcèlement scolaire. La prévention passe par la lecture de romans inspirés de faits réels, de séries ou de feuilletons télévisés, omniprésents depuis 2018 sur les réseaux et sur les chaines de télévision. Des concours sont aussi organisés dans le cadre de la lutte préventive contre le harcèlement scolaire. L’éducation nationale organise des concours facultatifs (affiches et/ou production vidéo) à destination des classes d’âges scolaires, dans le but de promouvoir cette lutte. Le gouvernement laisse à disposition des guides pédagogiques à destination des enseignants et des directeurs d’écoles pour leur donner des pistes de résolution si le harcèlement est présent dans leur établissement. La circulaire de 2016 instaure la création de « groupes pluri catégoriels » spécialisés dans le climat scolaire. Ils ont pour but de mettre à disposition du corps professoral des outils pour accompagner les écoles et les établissements scolaire dans l’amélioration du climat scolaire. De plus, les groupes de travaux départementaux spécifiques au premier degré sont articulés aux groupes académiques du climat scolaire. Malgré ces démarches préventives, le taux de harcèlement scolaire reste stable au primaire. Les jeunes enfants ne sont pas suffisamment confrontés à ces journées de prévention et aux programmes médiatiques chocs, que les adolescents et les adultes fréquentent (Guilloux 2018). Cependant, selon l’enquête nationale du ministère parue en 2017, le nombre de collégiens victimes de plusieurs formes de harcèlement décroit légèrement (5,6% en 2017 contre 6,1% en 2011).
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Table des matières
Introduction
I. Cadre théorique
1. Le harcèlement scolaire
1.1 Définition
1.2 Constats
1.3 Préventions
2. L’empathie
2.1. Définition
2.2 Le manque d’empathie : cause potentielle du harcèlement
2.3 L’empathie à l’école
3. L’ère des nouvelles technologies en classe
3.1 L’évolution de la place des nouvelles technologies en classe
3.2 Apprendre à travers l’outil vidéo
3.3 Définition de la production vidéo dans un cadre scolaire
3.4 l’impact médiatique sur les enfants et les jeunes adolescents
4. Les prérogatives ministérielles
4.1 L’Éducation Morale et Civique (EMC)
4.2 Les arts plastiques
4.3 Le langage oral
4.4 L’éducation aux médias et à l’information (EMI)
4.5 Interdisciplinarité et socle commun de connaissances de compétences et de culture
II. Problématique
III. Hypothèses
IV. Méthodologie
1. Le public étudié
1.1 Trois classes de cycle 3
1.2 Une enseignante
2. Les séquences réalisées
3. La grille d’observation
4. Le questionnaire
5. L’entretien semi-directif
V. Analyse des données
1. Analyse de la grille d’observation
2. Analyse du questionnaire
2.1 Analyse des progrès généraux des élèves (questions 2 à 7)
2.2 Analyse des progrès par moyenne aux questions 2, 3, 4 et 5, 6, 7
2.3 L’appropriation de la définition
2.5 Conclusion partielle de l’analyse du questionnaire
2.5 Analyse de l’entretien
VI. Interprétation des données
1. L’implication des élèves
2. Les élèves et le développement des compétences travaillant l’empathie
3. Les compétences travaillées par le projet
4. La maîtrise de la définition
VII. Conclusion : apports, discussions et perspectives
1. Apports
2. Discussion
3. Perspectives
3.1 Perspectives d’amélioration de la séquence
3.2 Une autre recherche envisageable
Conclusion
Bibliographie
Annexes
