Le guide pour la mise en œuvre du parcours d’éducation artistique et culturelle

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Les nouveaux programmes de 2015

Le Bulletin Officiel du 19 juin 2008 concentrait les arts visuels sur l’acquisition de savoirs et de techniques spécifiques. La découverte de lieux culturels tels que « des monuments, des musées, des ateliers d’art, des spectacles vivants ou des films en salle de cinéma » selon la proximité géographique était suggérée pour éveiller « la curiosité des élèves pour les chefs-d’œuvre ou les activités artistiques de leur ville ou de leur région »3. Nous pouvons remarquer que le mot « artiste » n’apparaissait pas. Aujourd’hui, les programmes du 28 mai 2015 déterminent trois piliers indissociables : « des rencontres avec des artistes et des œuvres, des pratiques individuelles et collectives dans différents domaines artistiques, et des connaissances qui permettent l’acquisition de repères culturels ainsi que le développement de la faculté de juger et de l’esprit critique4 ». Ainsi, la rencontre avec un artiste a désormais autant d’importance dans les instructions officielles que les « simples » enseignements des arts visuels et de l’histoire des arts. Le partenariat est vivement recommandé et de nouveaux dispositifs ont été créés afin d’encourager les enseignants à y procéder tel que Le Guide pour la mise en œuvre du parcours d’éducation artistique et culturelle. L’un des objectifs est de permettre aux élèves les plus défavorisés d’avoir accès à la culture. Les nouveaux rythmes scolaires peuvent intensifier cette démarche puisque les projets peuvent être poursuivis au cours des temps d’activités périscolaires _ bien que ceux-ci ne peuvent pas être considérés de la même manière. Les nouveaux programmes d’éducation artistique et culturelle exigent une éducation à l’art la plus ouverte possible ainsi qu’une éducation par l’art. Cela apporte une autre dimension à cette discipline et en justifie d’autant plus la présence au sein des autres domaines d’apprentissage, ce qui n’a pas toujours été le cas comme nous allons l’aborder ultérieurement. Les instructions officielles recommandent par ailleurs les projets interdisciplinaires.

Le Guide pour la mise en œuvre du parcours d’éducation artistique et culturelle.

Avant d’aborder le contenu de ce Guide pour la mise en œuvre du Parcours d’éducation artistique et culturelle, il est intéressant de faire un rappel de son historique.
Le 3 mai 2013, une circulaire est signée entre le ministre de l’Education Nationale et le ministre de la Culture pour assurer la cohérence entre les deux ministères concernant l’éducation artistique et culturelle.
En juillet 2013, la loi pour la Refondation de l’école passe ; ainsi l’éducation artistique et culturelle doit être favorisée grâce aux activités périscolaires. Deux mois après, le « Grand Projet pour l’éducation artistique et culturelle, une priorité pour la jeunesse » est introduit.
Le 9 juin 2015, le référentiel concernant la mise en place du parcours d’éducation artistique et culturel à la rentrée 2015 est présenté par les deux ministres de l’Education Nationale et de la Culture, respectivement Najat Vallaud-Belkacem et Fleur Pellerin. Dans son discours au cours de cette réunion en présence des recteurs d’académie et des directeurs régionaux des affaires culturelles, Najat Vallaud-Belkacem exprime la volonté d’ouvrir les portes des classes aux artistes « pour y faire naître d’inoubliables émotions (…) car avec le parcours d’éducation artistique et culturelle, les enfants et les jeunes placent leurs pas dans ceux des artistes5 ».
Par ailleurs, des modules d’éducation artistique dans les Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education ainsi que des formations continues sont mis en place pour former les professeurs des écoles. De plus, une université d’été sera accueillie à Avignon afin de créer de nouveaux outils pédagogiques et pour se concerter à propos de l’éducation artistique. Enfin, dans le but de valoriser les projets d’éducation artistique et culturelle, un Prix de l’audace artistique et culturelle a été crée. Pour cela, le recteur et le directeur de la direction régionale des affaires culturelles de chaque académie sélectionnent trois projets exemplaires de l’école, du collège et du lycée (de manière distincte). A la fin, le jury récompense trois lauréats à l’échelle nationale, qui reçoivent un trophée et une dotation pour développer leur projet.
Dans le préambule, le Guide pour la mise en œuvre du parcours d’éducation artistique et culturelle rappelle certains intérêts de celui-ci d’un point de vue plus large que le domaine artistique. En effet, il est indiqué que ce parcours et la pédagogie de projet sont bénéfiques pour la réussite scolaire des élèves, pour l’inclusion des élèves en difficultés et celle des élèves avec des besoins particuliers, pour la vie scolaire de l’établissement : entre élèves, entre les élèves et l’équipe pédagogique, entre les familles des élèves et l’équipe pédagogique, et au sein même de celle-ci. Les principes de conception du parcours d’éducation artistique et culturelle sont les suivants :
– Un appui sur les enseignements obligatoires car ils sont la base commune qui assure l’égalité des élèves et qu’ils sont déterminés par les programmes et par le socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
– La cohérence au sein des projets, avec les enseignements obligatoires et entre les projets.
– La complémentarité à travers une logique pluridisciplinaire pour donner du sens aux élèves ; ainsi qu’entre les différents professionnels intervenant au cours des différents projets.
– La progressivité au cours du parcours.
– Un équilibre entre les différents domaines artistiques et culturels afin que le parcours soit le plus riche et varié possible.
Ensuite, les principes de mise en œuvre sont :
– Un travail en équipe au sein de l’établissement tout d’abord : plusieurs classes, plusieurs niveaux, ou bien entre le premier et le second degré.
– La pluridisciplinarité.
-Le travail avec des intervenants extérieurs pour dépasser les limites que rencontre l’école.
Ici, ne sont présentés que les points qui ne seront pas abordés ou développés ultérieurement.

Historique du partenariat

Avant les années 2000

A partir de la fin des années 1960, les idées que l’éducation artistique doit permettre une ouverture au monde actuel et qu’un contact avec les artistes doit être instauré, émergent. En 1971, le Fonds d’Intervention Culturelle est créé et favorise l’application de cette idée. A partir de ce moment, les conseillers pédagogiques en arts visuels et les enseignants travaillant au sein des musées apparaissent. En 1977 la Mission d’Action Culturelle en milieu scolaire est créée, elle appuie la volonté de donner un rôle actif aux élèves. Au début des années 1980, les Projets d’Action Educative voient le jour.
En 1981, le nouveau président François Mitterrand exprime sa volonté de faire développer l’éducation artistique. Dans le but de concrétiser les actions communes au ministère de l’Education Nationale, représenté par Alain Savary, et au ministère délégué à la Culture, représenté par Jack Lang, un protocole est signé le 25 avril 1983. Le développement de la participation des artistes en binôme avec les enseignants à l’éveil artistique est recherché. Par conséquent, les différents acteurs des deux ministères doivent accorder leurs politiques concernant la formation artistique et culturelle des élèves, ce qui implique des rencontres et des collaborations. Une équipe est créée afin d’atteindre les objectifs et de guider l’élaboration des textes nécessaires. Elle sert de passerelle entre les deux ministères et analyse les différentes actions. Des formations doivent être mises en place à l’intention des personnels de l’Education Nationale et des acteurs du secteur culturel. Elles permettent également de faire le bilan des expériences partagées afin de déterminer le profil des projets futurs. Des personnes sont présentes « pour aider ceux qui dans un secteur ont la charge d’activités intéressant l’autre secteur6 ». Le développement des partenariats entre les enseignants et les artistes (et organismes culturels) est l’un des objectifs de ce protocole, afin de permettre aux élèves de pratiquer, de rentrer dans un processus de création artistique. Dans cette optique, les budgets sont attribués aux actions favorisant les échanges entre les milieux artistiques et culturels et les établissements scolaires. L’avancée est réelle mais elle sera temporaire.
La loi du 6 janvier 1988 appuie la possibilité de faire intervenir des professionnels du milieu artistique aux cours des enseignements artistiques sous la responsabilité des enseignants. Elle en détermine également les conditions.
Enfin, après avoir été séparés, le ministère de l’Education Nationale et le ministère de la Culture s’accordent à nouveau en rédigeant ensemble le protocole du 17 novembre 1993, à l’image de celui de 1983. Il renforce notamment la valorisation du partenariat afin de garantir une approche authentique de la pratique artistique.

Le plan pour les arts et la culture à l’Ecole de l’année 2000.

La volonté de ce plan est de détruire l’idée que les enseignements artistiques sont secondaires aux enseignements dits « fondamentaux ». L’éducation artistique et culturelle éveille la sensibilité et développe une ouverture d’esprit permettant de faire face plus facilement aux situations inédites. Elle offre une ouverture sur notre propre personnalité et sur le monde qui nous entoure. Grâce à l’utilisation de l’intelligence sensible, les élèves acquièrent des compétences qu’ils ne peuvent acquérir avec leur intelligence rationnelle.
Ce « plan à cinq ans » élaboré par Jack Lang et Catherine Tasca, les ministres de l’Education Nationale et de la Culture, valorise l’accès à l’éducation artistique et à l’acte de création pour tous les élèves pour les placer au cœur de la culture et les former en tant que futurs citoyens en développant notamment leur analyse critique. De plus, il favorise la pédagogie de projet à travers la généralisation des classes à Projet Artistique et Culturel, ainsi que les formes de partenariat. Les élèves doivent avoir la possibilité de rencontre avec les processus de création au cours de chaque grand cycle. Le plan visait la mise en œuvre de vingt mille classes à Projet Artistique et Culturel (PAC) pour l’année 2001-2002 dans le premier degré.
Par ailleurs, la formation et la sensibilisation des futurs enseignants à leur rôle de premiers médiateurs culturels et à les préparer à la mise au point de projets sont aussi abordées dans ce plan. De plus, un inventaire des ressources culturelles locales doit être élaboré dans chaque département et dans chaque académie. « Faire vivre le partenariat de manière pérenne grâce à un groupe de pilotage national et à des groupes de pilotages régionaux7 » est l’un des points du plan.

Autour du partenariat

Le parcours d’éducation artistique et culturelle est élaboré pour assurer une continuité de la formation artistique de l’école jusqu’au lycée, et ce sur les temps scolaire, périscolaire et extrascolaire. Chaque élève doit découvrir une grande variété d’éléments des arts et de la culture et participer à des activités artistiques dans lesquelles il est acteur. Pour cela, les établissements scolaires doivent collaborer avec les structures proches. Le parcours d’éducation artistique et culturelle est pensé pour favoriser le maximum d’échanges au sein de l’école entre l’équipe éducative, les élèves et leur famille à travers des projets artistiques et culturels qui nécessitent des partenariats avec des artistes, des lieux culturels, etc. A l’école primaire, les professeurs des écoles doivent aborder ce sujet lors du conseil des maîtres ; puis le conseil école-collège sert de passerelle pour la suite de la scolarité des élèves. Actuellement, un support numérique est expérimenté pour que chaque élève ait une trace de son parcours d’éducation artistique et culturelle, il s’agit de l’application FOLIOS. Un plan national de formation aura lieu en novembre 2015 pour découvrir le référentiel du parcours d’éducation artistique et culturelle, qui a été élaboré au cours de l’été 2015.
Les classes à Projet Artistique et Culturel (PAC) ont été créées en 2001. Elles ont pour objectif de faire partager à l’ensemble d’un groupe classe une expérience artistique et culturelle avec un intervenant extérieur lié à ce domaine, présent de huit à quinze heures par an. Les classes à projet artistique et culturel se veulent uniques et elles doivent faire appel aux trois types de participants, l’intervenant, l’enseignant et les élèves, pour la construction et la réalisation du projet. Les grands principes de la classe à PAC sont résumés par l’écrivaine Pascale Lismonde comme étant une rencontre avec un intervenant et des œuvres, ainsi qu’une approche d’une pratique artistique et d’un domaine culturel, mais également une approche critique pour permettre aux élèves de s’exprimer, d’échanger et d’argumenter ; et enfin une trace de ce projet pour chaque élève individuellement. Ce projet s’intègre dans les programmes et les horaires habituels de la classe, il peut donc idéalement devenir pluridisciplinaire.

Modalités du partenariat

En amont du projet

D’après le Guide d’élaboration et d’évaluation du partenariat artistique et culturel de l’Académie de Besançon, « le partenariat se définit comme un projet d’action conduit par deux partenaires professionnels, de statut et de compétences différents – l’un enseignant, l’autre artiste – donnant lieu à un travail réalisé en commun, avec une réelle interaction des pratiques 8 ». L’enseignant élabore un projet pédagogique conforme aux programmes officiels et qui s’intègre au projet d’école. Il doit présenter son projet en conseil de cycle. L’enseignant contacte ensuite un artiste intervenant – ou une structure culturelle – qui doit être agréé(e) : l’intervenant doit avoir exercé une activité professionnelle pendant au moins trois ans dans les domaines de la création ou de l’expression artistique, de l’histoire de l’art ou de la conservation du patrimoine, ou bien il doit avoir un diplôme d’enseignement supérieur dans les domaines artistiques ou un diplôme préparant à l’intervention en milieu scolaire dans les disciplines artistiques. Il peut également avoir un diplôme universitaire musicien intervenant pour le domaine musical. Ces conditions sont valables que l’intervenant soit bénévole ou rémunéré. Le directeur de l’école est responsable de la mise en forme du projet. Le document ainsi constitué doit comporter la création du projet, la manière dont il s’insère dans le projet d’école, le rôle de l’artiste, l’apport pédagogique du partenariat, le financement, les modalités : le calendrier, l’organisation de la classe, les durées, les formes de travail, les lieux, la fiche de préparation détaillée s’insérant dans une progression, les productions éventuelles et les traces écrites prévues : les indicateurs retenus pour l’évaluation, ainsi que les conditions de sécurité. Ce dossier doit être validé pédagogiquement par l’Inspecteur de l’Education Nationale. Pour une intervention de moins de trois séances dans une classe dans une année, l’autorisation du directeur d’école est suffisante. Ce dernier informe l’Inspecteur de l’Education Nationale de la présence d’un intervenant dans l’école. Pour une intervention avec un nombre de séances supérieur, une demande d’agrément doit être envoyée avec le projet en respectant le calendrier annuel de l’Education Nationale. L’agrément est délivré à la suite d’une visite effectuée par l’Inspecteur de l’Education Nationale ou le conseiller pédagogique départemental en arts visuels, au début des interventions. Grâce à l’agrément, l’intervenant extérieur se situe au même niveau que les membres de l’enseignement public concernant la responsabilité. Cependant, cette attestation n’implique pas un engagement de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) ni des autorités académiques à subventionner les projets, ni à garantir la qualité des projets. De plus, le nombre de demandes ayant augmenté, les établissements scolaires sont conseillés de vérifier que les intervenants sont rattachés à une structure artistique et culturelle conventionnée – une exception est faite aux artistes affiliés au régime des travailleurs indépendants. Les interventions peuvent comporter jusqu’à douze séances maximum par classe et par an pour une même activité. De plus, l’enseignant ne peut normalement pas faire appel à un même intervenant plus de deux années consécutives pour la même activité.

Questionnaire à l’attention des conseillers pédagogiques en arts visuels

Elaboration du questionnaire

Tout d’abord, j’ai élaboré le questionnaire destiné aux conseillers pédagogiques en arts visuels. En effet, au cours de mes recherches j’ai lu que ceux-ci constituaient une aide précieuse pour les enseignants dans l’élaboration de leur projet de partenariat et dans leur évolution. En les interrogeant, j’ai pensé obtenir un avis plus objectif de la définition d’un bon partenariat, le conseiller pédagogique n’y voyant pas ses propres intérêts. Les questions que j’ai choisi de leur poser sont donc très axées sur les éléments essentiels à un partenariat « idéal », notamment sur le véritable rôle de chacun des partenaires.

Hypothèses

Ce questionnaire destiné aux conseillers pédagogiques a été conçu pour m’apporter des réponses aux hypothèses suivantes :
– L’enseignant est à la tête du triangle enseignant-artiste-élèves.
– Parmi ses différentes missions au cours d’un partenariat, l’enseignant est le médiateur entre l’artiste et les élèves.
– Les objectifs qu’un partenariat doit atteindre concernent les apports pour les élèves.

Contacts

J’ai contacté tous les conseillers pédagogiques en arts visuels des Pays de la Loire par mail. Seuls trois d’entre eux m’ont répondu.

Questionnaire à l’attention des enseignants ayant élaboré un projet incluant un artiste intervenant.

Elaboration du questionnaire

Ensuite, j’ai élaboré un questionnaire pour les enseignants ayant élaboré et vécu un projet avec un artiste intervenant. Pour cela, j’ai choisi de les interroger sur l’élaboration du projet, sur le choix et le travail avec un artiste, sur l’articulation entre le travail de l’artiste et le leur, ainsi que sur ce qui concerne les élèves lors d’un projet de partenariat. Ce questionnaire a pour objectif de m’apporter des réponses concernant ma problématique. Celle-ci aborde le travail de l’enseignant au cours d’un partenariat, la manière dont il doit construire et mener le projet de partenariat afin de garantir les apprentissages à travers l’artiste.

Hypothèses

Les hypothèses que j’ai émises concernant le rôle de l’enseignant sont les suivantes :
– L’enseignant doit élaborer un projet avec des objectifs déterminés avant le choix de l’artiste. Cela implique donc que le projet n’est pas établi à partir d’un artiste précis.
– Le projet est construit pour les élèves.
– L’enseignant influence l’image de l’artiste auprès des élèves autant que l’artiste en lui-même.
– Dans l’hypothèse où l’enseignant est à la tête du triangle enseignant-artiste-élèves, l’enseignant doit avoir conscience et doit accepter ce fait pour assurer l’efficacité du partenariat.

Contacts

Pour trouver des professeurs des écoles correspondant à ce cas et acceptant de répondre à mon questionnaire, j’ai d’abord contacté mes trois anciennes maîtresses d’accueil temporaire. Deux d’entre elles m’ont répondu mais elles n’avaient jamais fait de projet de partenariat. J’ai alors envoyé un mail à vingt écoles du département via le site du gouvernement, je n’ai eu aucune réponse. Je me suis alors tournée vers mon réseau personnel en interrogeant mes connaissances. J’ai ainsi pu contacter seize enseignantes, treize m’ont répondu, et quatre ont rempli mon questionnaire. Par ailleurs, j’ai pu rencontrer une enseignante d’arts visuels du second degré chargée de mission par l’Education Nationale. J’ai élaboré un questionnaire à son attention comme son profil était différent.

Questionnaire à l’attention des artistes étant intervenus en milieu scolaire

Elaboration du questionnaire

Enfin, j’ai construit le questionnaire à destination des artistes intervenants. Afin de cibler mes questions sur les interventions de ces derniers en milieu scolaire, j’ai choisi de ne pas les interroger sur leur pratique artistique en elle-même. Leur site internet personnel est souvent très complet, il consiste une bonne ressource pour établir leur profil. Ainsi, j’ai axé mes questions vers leur motivation, leurs interventions : leur nature, leur durée, leur élaboration, la relation et le travail avec les enseignants, la rencontre avec le public scolaire, sur leur perception d’un partenariat réussi, et enfin sur leur vision de la place de l’artiste à l’école.

Hypothèses

Ce questionnaire destiné aux artistes a été conçu pour m’apporter des réponses aux hypothèses suivantes :
– La motivation des artistes influence les apprentissages des élèves.
– L’artiste intervenant doit percevoir sa place comme étant justifiée au sein du milieu scolaire.
– L’artiste se doit de travailler avec l’enseignant et ce, en sachant quel est son rôle par rapport à celui de l’enseignant.

Contacts

Pour trouver des artistes étant intervenus en milieu scolaire et acceptant de répondre à mon questionnaire, j’ai cherché en premier lieu dans mon environnement proche. J’ai pu rentrer en contact avec des parents d’amis étant artistes ; l’une d’entre eux a accepté de répondre à mon questionnaire par mail et un autre artiste m’a proposé de nous rencontrer dans son atelier afin que je l’interroge. Ayant travaillé au sein des musées d’Angers, j’ai contacté par courrier électronique plusieurs médiateurs culturels pour leur demander s’ils connaissaient des artistes intervenants. En effet, ces personnes travaillent avec les artistes pour construire leurs médiations, et elles travaillent avec les enseignants pour présenter ces médiations aux classes. J’ai contacté ainsi une galerie d’artistes intervenants dans le milieu scolaire mais je n’ai pas eu de réponse. J’ai alors recherché des artistes sur internet. J’ai contacté par mail une artiste que j’ai trouvé par hasard, qui a accepté de répondre à mon questionnaire. Ensuite, le site d’Enfance Art et Langages a été ma plus grande ressource pour trouver des contacts. Cet organisme situé à Lyon, a été créé afin de développer un réseau de pratiques artistiques et pédagogiques, de fournir une base d’informations dans ce domaine, et constitue également un pôle de recherche. Il s’agit également d’une résidence d’artistes intervenants dans le milieu scolaire. J’ai pu alors me fournir une liste de noms d’artistes ayant travaillé au sein d’écoles et les contacter via leur site personnel. Ainsi, j’ai envoyé un mail à huit artistes, trois m’ont répondu mais ne m’ont pas renvoyé mon questionnaire.

RECHERCHE

Réponses aux hypothèses à partir des questionnaires

Réponses des conseillers pédagogiques.

L’hypothèse selon laquelle l’enseignant est à la tête d’un triangle enseignant-artiste-élèves n’est pas validée. En effet, il semblerait qu’il s’agisse plutôt d’un binôme enseignant et artiste avec les élèves au centre. Cependant, l’enseignant est le maître d’œuvre du projet. Selon un conseiller pédagogique en arts visuels que j’ai interrogé, l’artiste est présent pour enrichir la classe. De part son rôle de spécialiste de la pédagogie et du fait qu’il s’agisse de sa classe à temps pleins, l’enseignant a évidement un rôle plus conséquent. Lorsque l’artiste intervient, les deux professionnels collaborent et travaillent ensemble face à la classe mais l’enseignant poursuit le projet entre les interventions de l’artiste. Il prépare également les élèves aux visites de l’artiste. De plus, comme l’enseignant est le garant des contenus pédagogiques, c’est à lui de s’assurer de la pertinence des activités proposées avec l’artiste, cela implique donc qu’il a une place au dessus de celle de l’artiste dans la classe.
Parmi ses différentes missions au cours d’un partenariat, l’enseignant est le médiateur entre l’artiste et les élèves. Cette hypothèse est validée par les conseillers pédagogiques en arts visuels. Tout d’abord, pour assurer cette médiation l’enseignant doit choisir un artiste ayant un comportement et un discours adaptés aux élèves. Si ce n’était pas le cas, il n’y aurait pas d’échanges possibles entre l’artiste et les élèves. De la même façon, l’enseignant doit gérer la discipline et maintenir les élèves dans un comportement correct sans quoi le partenariat ne fonctionnerait pas et les apprentissages ne seraient pas assurés. Face à l’artiste, le professeur des écoles explique qu’il y a des objectifs d’apprentissage visés, c’est son rôle de pédagogue de les garantir. Ceci est la raison pour laquelle le projet doit être construit en binôme entre l’artiste et l’enseignant : l’enseignant connait sa classe, le niveau des élèves, ce que recommandent les instructions officielles. Cela ne peut pas être garantit si l’artiste arrive dans la classe avec un projet construit d’avance. Enfin, comme cela a déjà été expliqué auparavant, l’enseignant poursuit le projet en dehors des interventions de l’artiste et il prépare les élèves à celles-ci. Il s’agit bien d’un rôle de médiateur.
L’hypothèse selon laquelle les objectifs qu’un partenariat doit atteindre concernent les apports pour les élèves est évidemment validée par les trois conseillers pédagogiques en arts visuels. Il s’agit de la garantie d’un partenariat réussi. Le projet doit faire évoluer le regard des élèves sur le monde de l’art, accentuer leur ouverture artistique et culturelle, et développer leur curiosité. Les élèves doivent agir et s’impliquer dans une vraie démarche créative en apprenant, retenant et en réalisant des choses faisant écho aux textes officiels. Pour cela, il doit s’agir d’une création unique et pas d’une copie de la manière d’un artiste. Comme l’explique un conseiller pédagogique en arts visuels que j’ai interrogé, « le rôle de l’artiste est de faire découvrir aux élèves sont univers, des techniques, ses créations9 ». Le projet est élaboré pour la classe et l’artiste vient « enrichir la pratique pédagogique10 » de l’enseignant.

Réponses des professeurs des écoles ayant élaboré un projet avec un artiste intervenant

L’enseignant doit élaborer un projet avec des objectifs déterminés avant le choix de l’artiste. Cela implique donc que le projet n’est pas établi à partir d’un artiste précis. Cette hypothèse devrait être validée en théorie si l’on suit les instructions. L’un des conseillers pédagogiques en arts visuels que j’ai interrogé le mentionne notamment. Pourtant, il semblerait que ce ne soit pas tout à fait le cas des enseignants qui m’ont répondu. La construction du projet est souvent à l’origine d’une rencontre avec un artiste ou d’une exposition. La proximité et l’accessibilité de l’artiste, ainsi que la volonté de travailler ensemble sont des critères pris en compte pour l’élaboration d’un projet. Cependant, ces enseignants rappellent que l’objectif est que chaque élève participe et que le thème doit être déterminé par l’ensemble de l’équipe éducative. Nous pouvons alors penser que la découverte d’un artiste peut être l’élément déclencheur d’un projet et que cela ne limite pas la pertinence des objectifs de celui-ci.
Le projet est construit pour les élèves. Cette hypothèse est validée. En interrogeant les enseignants sur leur motivation quant à l’élaboration d’un projet artistique avec un artiste intervenant, il s’est avéré que toutes les réponses obtenues étaient quasiment identiques. L’enseignant souhaite avant tout servir l’intérêt de ses élèves. En effet, la rencontre avec un artiste vivant, l’ouverture culturelle et la formation d’un esprit critique à travers la découverte des œuvres, d’un univers artistique et l’acquisition de nouvelles techniques sont les sources de motivation. De plus, le choix de l’artiste est influencé par son sens du relationnel (échanges et écoute), ainsi que par son ouverture d’esprit face aux enfants. Il faut également que ses œuvres parlent aux enfants, et que l’artiste ait une capacité à co-construire un projet permettant aux élèves d’être le plus actifs et créatifs possible. L’artiste doit maîtriser des techniques afin d’enrichir les élèves et il doit partager avec eux son univers artistique. Une enseignante a répondu « chacun peut apporter une pierre à cet arc et ce dans l’intérêt de l’enfant (…) tout le monde est animé par la même envie, la volonté de partage, de découvrir pour faire passer cela auprès des élèves11 ». Cela illustre bien l’hypothèse élaborée. Dans l’hypothèse où l’enseignant est à la tête du triangle enseignant-artiste-élèves, l’enseignant doit avoir conscience et doit accepter ce fait pour assurer l’efficacité du partenariat. Les réponses à cette hypothèse sont variées. Il semble évident pour les enseignants que j’ai interrogé qu’ils doivent gérer le groupe classe et motiver les élèves à agir et à s’ouvrir, l’enseignant est présent tout au long du projet. Les deux tiers des enseignants définissent leur rôle comme étant la personne qui décide du contenu des séances et des modalités : le professeur des écoles est le garant des apprentissages en lien avec les programmes. C’est à lui de veiller à ce que les choses soient claires avec et pour l’artiste. Par ailleurs, la réponse d’un enseignant m’a interpellé : selon lui, l’enseignant est présent pour seconder l’artiste. Cette réponse va à l’encontre de mon hypothèse et du rôle de médiateur décrit par ses confrères. La moitié des enseignants interrogés considèrent que la préparation et l’entretien du matériel font partie de leur rôle. Ensuite, les professeurs des écoles que j’ai interrogé perçoivent de manières différentes ce triangle enseignant-artiste-élèves. Pour les deux tiers, il s’agit d’un triangle complémentaire : tout le monde y participe et chacun doit être attentif à l’autre. Selon une enseignante, l’artiste apporte des techniques et son expérience vécue. Le professeur des écoles est le guide et accompagne, et les élèves travaillent à partir de ce que l’artiste propose. Cependant, parmi les réponses des différents professionnels (conseillers pédagogiques, professeurs des écoles, et artistes) une vision différente de celle d’un triangle enseignant-artiste-élèves émerge : celle d’un binôme enseignant et artiste _ voir un triangle enseignant-artiste-animateurs de temps d’activités périscolaires pour certains_ avec les élèves au centre. Enfin, pour les professeurs des écoles interrogés, ce qui permet de garantir un bon partenariat est de préparer le projet en détail avec l’artiste en amont, et de faire des bilans régulièrement afin d’atteindre une réalisation finale accessible aux élèves. Les seules limites auxquelles le projet peut faire face selon la majorité des enseignants est l’aspect financier et la question du temps : le temps personnel à consacrer au projet et la disponibilité de l’artiste.

Réponses des artistes étant intervenus dans le milieu scolaire.

La motivation des artistes influence les apprentissages des élèves. Cette hypothèse est validée par la réelle implication que peuvent avoir les artistes. Dans le cas présent, elle n’est pas validée par une confrontation à son contraire. En effet, au cours de mes lectures pour ma partie théorique, j’ai lu que des artistes pouvaient parfois ne pas être motivés par le projet, qu’ils ne cherchaient pas à adapter leur discours et par conséquent, pouvaient paraître inaccessibles, et même hautains . Cela limitait bien évidemment les échanges avec les élèves et donc les apprentissages. Ce n’est pas le cas des artistes que j’ai interrogé. Si l’aspect financier est un facteur de motivation, la volonté d’échanger avec le jeune public et de leur présenter leur travail en est un également. Les artistes avec lesquels j’ai échangé souhaitent aussi permettre aux élèves d’atteindre quelque chose : cela peut être concret en leur offrant la possibilité d’accéder au monde du spectacle ou bien personnel en faisant émerger quelque chose qu’ils avaient en eux. Pour les deux tiers des artistes interrogés, leur formation même les incitait à travailler avec le public scolaire. De plus, à la question concernant l’image d’un bon partenariat en milieu scolaire, les apports pour les élèves émergent : pour qu’ils puissent s’exprimer correctement, il faut que les élèves se sentent dans le projet donc ils doivent pouvoir faire confiance à l’artiste qui doit s’adapter et bien expliquer. Ainsi, un artiste a répondu : « c’est important de donner de la valeur au travail accompli [par les élèves] 12 « . Cependant, la motivation des enseignants apparait également dans les différentes réponses. Il semblerait que si la motivation des artistes envers les élèves se pose, celle des enseignants le peut aussi et ne doit pas être si évidente malgré la création d’un projet.

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Table des matières

INTRODUCTION
I THEORIE : De l’enseignement traditionnel des arts visuels au partenariat
1.1 Instructions officielles et généralités sur l’enseignement des arts visuels.
1.1.1 Généralités sur l’enseignement des arts visuels
1.1.2 Les nouveaux programmes de 2015
1.1.3 Le guide pour la mise en œuvre du parcours d’éducation artistique et culturelle
1.2 Historique du partenariat
1.2.1 Avant les années 2000
1.2.2 Le plan pour les arts et la culture à l’Ecole
1.2.3 Autour du partenariat
1.3 Modalités du partenariat
1.3.1 En amont du projet
1.3.2 Le projet
1.3.3 Les partenaires pour aider le professeur des écoles
II METHODOLOGIE
2.1 Questionnaire à l’attention des conseillers pédagogiques en arts visuels
2.1.1 Elaboration du questionnaire
2.1.2 Hypothèses
2.1.3 Contacts
2.2 Questionnaire à l’attention des enseignants ayant élaboré un projet incluant un artiste intervenant.
2.2.1 Elaboration du questionnaire
2.2.2 Hypothèses
2.2.3 Contacts
2.3 Questionnaire à l’attention des artistes intervenants.
2.3.1 Elaboration du questionnaire
2.3.2 Hypothèses
2.3.3 Contacts
III RECHERCHE
3.1 Réponses aux hypothèses à partir des questionnaires
3.1.1 Réponses des conseillers pédagogiques
3.1.2 Réponses des enseignants
3.1.3 Réponses des artistes intervenants
3.2 Autres éléments abordés à travers les questionnaires
3.2.1 La place d’artiste à l’école et ses interventions
3.2.2 Autour du projet : famille et périscolaire
3.2.3 Les trois piliers de l’éducation artistique
3.3 Pourquoi des artistes et des professeurs des écoles ne feraient pas de projet en partenariat ?
3.3.1 Raisons pour lesquelles un artiste et un enseignant interrompraient un partenariat en cours.
3.3.2 Pourquoi des enseignants ne font-ils pas de projet incluant un artiste intervenant ?
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE 

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