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Pour un être citoyen : actions et enjeux du pôle public et médiation
Comme nous l’avons vu précédemment, le Grand T est historiquement un théâtre de service public, il a ainsi tres rapidement développé une politique des publics afin de toucher le plus grand nombre d’habitants de Loire-Atlantique. Cette politique integre aujourd’hui les nouvelles valeurs qui sont celles de : la parité, la diversité, l’accessibilité, la participation citoyenne et l’inclusion sociale. La médiation et la relation avec les publics occupent ainsi une place prépondérante au Grand T, avec un travail approfondi et de multiples partenaires institutionnels et associatifs.
C’est pourquoi on retrouve sept employés au sein du pôle public et médiation, ce qui est tres rare dans les théâtres. Nous pouvons nous en rendre compte notamment a travers une comparaison avec les autres théâtres nantais qui comptent souvent au maximum une ou deux personnes dédiées a la médiation (Lieu Unique, Théâtre Universitaire, Piano’cktail…). Le pôle public et médiation participe a la définition de la politique des publics et la met en œuvre. Ma tutrice de stage Marion Fraslin-Echevin était la directrice de ce pôle, elle est en charge de la coordination et du management d’équipe, elle fait également le lien avec la direction et les autres pôles. Puis, au sein de l’équipe la répartition s’effectue en rapport direct avec les publics que le Grand T cherche a toucher. Olivier Langlois est responsable du théâtre solidaire et amateurs, Manon Albert, actuellement en congé maternité, remplacée par Emmanuelle Corson, est responsable de l’éducation artistique et culturelle (des éleves de primaire aux étudiants).
Fabrice Boscherel, Caroline Urvoy, Florence Danveau sont répartis sur les différentes actions envers ces publics variés et enfin Marie Avril occupe la place d’assistante de médiation.
Dans un objectif de transmission et de démocratisation des arts et de la culture sur l’ensemble du territoire Loire-Atlantique, le Grand T cherche a mener des actions envers des publics diversifiés qui se repartissent dans le fonctionnement, comme suit17 :
• L’education artistique et culturelle : pour les jeunes du primaire a l’Université
Le projet d’éducation artistique et culturelle du Grand T, a vu le jour il y a quinze ans. Chaque année il touche plus de 20 000 éleves de l’école au lycée, ainsi que 200 professeurs qui suivent des formations a Nantes et dans le département afin d’accompagner au mieux leurs éleves dans la découverte du spectacle vivant et de promouvoir l’éducation par l’art. Le Grand T est ainsi au cœur du dispositif départemental « Grandir avec la culture » qui favorise le théâtre a l’école.
• Les pratiques theâtrales amateurs : pour les amateurs qui aiment pratiquer ou voir du théâtre
Le Grand T a réussi a fédérer 50 compagnies amateurs du département, soit 200 comédien(ne)s amateurs, et leur propose ainsi des actions dédiées : un abonnement de six spectacles a un tarif préférentiel accompagné de rencontres avec des artistes, des parcours artistiques qui combinent venue a un spectacle, formation, pratique au plateau avec des professionnels et interventions dans les évenements du Grand T.
• Hospitalite, inclusion et solidarite : pour les personnes les plus fragiles socialement.
Le théâtre étant envisagé aussi comme une pratique sociale qui relie aux autres, le Grand T tente de faire en sorte que les personnes en situation de handicap physique, mental ou sensoriel, aient acces a la salle de spectacle. Des projets sont mis en place avec des artistes et des professionnels du milieu social, médico-social ou socio-culturel, pour renforcer la cohésion et l’insertion. Des propositions diverses leur sont faites : découverte des coulisses, rencontres avec les artistes, ateliers de pratique, spectacles en audio-description ou en LSF. Ces actions sont menées en collaboration avec les délégations territoriales du Département.
Ainsi, le Grand T cherche a toucher des publics diversifiés par ces nombreuses actions proposées.
Les dispositifs EAC proposés par le Grand T
Le Grand T a travers ses parcours d’éducation artistique et culturelle cherche a aiguiser la curiosité des jeunes, pour ceux qui ne connaissent pas, en s’appuyant sur une sortie au théâtre, former leur sens critique et développer leur imagination. Ils ont mis en place L’école du spectateur avec l’Éducation nationale, la Direction diocésaine de l’enseignement catholique et le soutien de toutes les collectivités, un pilier du programme Grandir avec la culture que nous avons présenté précédemment.
Dans tous ces parcours, le Grand T place les enseignants au cœur du projet. En effet des actions de soutien et d’accompagnement leur sont proposés afin de les conseiller et de les accompagner dans la mise en place de leurs projets éducatifs. Un axe fort de cette politique est la formation des enseignants : développer une pédagogie active par le biais d’une pratique théâtrale et des clés d’analyse du spectacle afin qu’ils détiennent un savoir a la fois artistique et pédagogique qu’ils pourront transmettre a leur tour aux éleves. Ces formations sont pensées et animées avec la DAAC, menées avec les artistes des spectacles, que les éleves découvriront dans la saison. Quinze journées de stage sont dispensées chaque saison.
Afin de donner un aperçu concret des parcours d’éducation artistique et culturelle mis en place par le Grand T, voici les actions proposées pour la saison 2016-2017 :
• Un spectacle en tournee dans les collèges du département (Je ne veux plus du Théâtre du Phare), autour duquel étaient proposés : une formation des enseignants, des rencontres dans les classes avec Magali Mougel (auteur du texte), ainsi qu’un atelier trans-media en prolongement du spectacle proposé en partenariat avec Stéréolux.
• Le parcours Passerelle Theâtre : dans le cadre du nouveau cycle 3, impulsé par la réforme de l’Éducation nationale, ce parcours artistique cherche a développer les liens entre les classes de CM2 et de 6eme. L’objectif est d’encourager des écoles et colleges d’un même secteur géographique a construire un projet d’éducation artistique et culturelle avec des spectacles, des ateliers, des temps de rencontre et de formation. Ce parcours est construit en partenariat avec huit salles du RIPLA.
• Mediation en soiree dans les theâtres partenaires : des spectacles jeune public en soirée sont proposés dans les théâtres du département. Ils servent de support a des actions de médiation aupres des jeunes qui s’y déplacent avec leurs enseignants : rencontres avec les artistes, ateliers…
• Des parcours de spectateur sur mesure : chaque établissement (école, college, lycée) peut se rapprocher du Grand T pour venir assister a un ou plusieurs spectacles avec ses éleves et mettre en place des parcours sur mesure en fonction de leurs désirs et des possibilités.
• Des parcours pour l’enseignement superieur : sorties au théâtre, visites d’atelier de construction du Grand T, rencontre avec les artistes ou les professionnels du Grand T.
• T au Theâtre ! : un parcours a destination des colleges de Nantes-Agglomération et du département. C’est a ce parcours que s’intéressera notre étude, nous le présenterons ainsi davantage ultérieurement.
À ces parcours d’EAC s’ajoutent les pratiques amateurs en milieu scolaire. Le Grand T est en partenariat avec les classes d’option théâtre des lycées et leur propose ainsi des parcours complets (rencontres, visites, pratique, spectacles…) qui accompagnent leurs formations.
Enfin, cette pratique amateur scolaire est également encouragée par l’organisation annuelle des Rencontres Théâtrales de Printemps, organisées en partenariat avec l’association COMETE18 qui réunit sur deux journées au Grand T environ 350 éleves de colleges, lycées ou instituts qui ont une pratique théâtrale en milieu scolaire. Les jeunes sont invités a présenter leur travail sur la scene du Grand T et a découvrir le travail des autres éleves. Ces journées sont ponctuées par des ateliers « du regard » pour aiguiser leurs regards de spectateurs.
La journée Grandir avec la culture, organisée par le département et accueilli par le Grand T, propose aussi une fois par an, une journée de présentation des travaux des éleves mais cette fois-ci, différentes formes artistiques sont présentées, pas seulement du théâtre.
Mes missions au sein du Grand T, une implication dans les actions d’EAC
Positionnement au sein de la structure et du pôle public et médiation
En débutant ce stage, il s’agissait pour moi de m’insérer dans cette équipe du pôle public et médiation pour aider a piloter l’ensemble des actions en direction des spectateurs, qu’ils soient familiers du théâtre ou novices, découvrant le Grand T. La grande envergure et la densité des actions mises en place par le Grand T demandent une bonne organisation ainsi qu’un travail transversal avec l’ensemble des pôles qui peuvent être mobilisés. J’ai ainsi dû rapidement comprendre quel était le rôle de chacun pour réussir a mener mes missions, en effectuant ce travail transversal sans empiéter sur les missions et responsabilités des différents salariés du Grand T. Il m’a fallut également comprendre le fonctionnement hiérarchique, entre la direction du théâtre et les différents directeurs de pôle. J’ai en ce sens été amenée a faire régulierement du reporting aupres des différents responsables et plus particulierement aupres de Marion Fraslin-Echevin, directrice du pôle public et médiation.
Des missions variées
Mes missions concernaient différents secteurs et me permettaient ainsi de travailler avec l’ensemble de l’équipe. Pour le théâtre amateur, j’avais pour mission de co-organiser les Rencontres théâtrales de printemps avec l’association Théâtre COMETE 44 (Communication, Expression, Théâtre, Éducation).
Pour l’éducation artistique et culturelle, j’ai été amenée a suivre différentes actions sur le terrain : animer des visites du théâtre, accompagner les artistes lors de rencontres dans les classes, co-organiser la journée Grandir avec la culture avec la Direction de la culture du département de Loire-Atlantique… Enfin, j’étais activement impliquée dans l’organisation du festival, Nous Autres 201719 – créé par le Grand T en partenariat avec le Château des Ducs de Bretagne a Nantes et qui avait pour objectif de mêler histoire et théâtre – a travers la coordination des ateliers en amont du festival et la recherche de publics. Ces différentes missions m’ont offert la possibilité d’être en lien direct avec l’équipe, les partenaires, les artistes et les publics. Cependant, elles n’ont pas réussi a occuper tout mon temps et a étancher ma soif de m’investir pleinement dans un projet. C’est pourquoi, en accord avec ma tutrice de stage et l’équipe, une derniere mission s’est ajoutée a ma fiche de poste, celle d’assister Olivier Langlois sur la partie médiation du projet « Attraction » autour de l’oeuvre de Johann Le Guillerm qui sera mis en œuvre durant la saison 2017-2018. J’ai ainsi coordonné les actions de médiation avec la mise en place de 17 ateliers en lien avec la programmation, en travaillant conjointement avec la compagnie Cirque Ici et l’ensemble des partenaires impliqués dans le projet : ONYX, La Soufflerie, Le Piano’cktail, La Fleuriaye, Le Musée Dobrée, Le Château des Ducs de Bretagne et le Jardin des plantes. Cela représentait une réelle opportunité pour moi, car je pouvais des lors, avoir une vision d’ensemble sur un projet, échanger avec de nombreuses structures culturelles tout en ayant des responsabilités et une grande autonomie.
Six mois d’implication dans les actions d’éducation artistique et culturelle
Pour réaliser ce mémoire, j’ai été nourri par mes différentes missions en lien avec l’éducation artistique et culturelle, c’est pourquoi nous allons a présent nous concentrer sur celles-ci et les expliciter.
• Les Rencontres Théâtrales de Printemps
J’ai activement participé a l’organisation de la 16eme édition des Rencontres Théâtrales de Printemps au Grand T, avec Florence Danveau (médiatrice au Grand T) et Marine Breton (enseignante de l’association COMETE). En amont, je me suis occupée de la logistique de cette journée avec l’association COMETE (nombre de participants, inscriptions spectacle et repas, répartition dans les ateliers du regard), de la communication avec le pôle communication (création du programme, du planning, des affiches), de la technique avec le pôle technique (matériel nécessaire, fiches techniques des classes participantes). Puis j’ai été présente tout au long de ces deux journées pour accueillir, veiller a la circulation des groupes de la salle de spectacle aux différents lieux d’ateliers, entre chaque représentation, aux loges… J’ai pu ainsi observer, interroger les éleves participants sur leur pratique théâtrale et leur vision du théâtre.
• La journee departementale Grandir avec la culture
Pour cette journée organisée par le département, j’ai travaillé avec Emmanuelle Corson (responsable de l’éducation artistique et culturelle au Grand T) et Jeanine Guibaud (en charge de Grandir avec la Culture au département). J’ai été moins impliquée dans l’organisation, le Grand T représentant surtout le lieu d’accueil, j’effectuais seulement le lien entre le département et le théâtre sur les aspects techniques et logistiques.
Mais j’ai ainsi pu rencontrer et échanger avec des artistes ou fonctionnaires du département qui ont travaillé activement avec les jeunes pendant l’année, dans différents secteurs artistiques (théâtre, danse, musique, création numérique, musée, travail sur les archives…) ainsi qu’avec les éleves et enseignants participants.
• Enseignement superieur
En partenariat avec le Théâtre Universitaire qui accueillait sur le campus le dispositif immersif R3m3 de la Picolla Familia, proposé en parallele de leur spectacle Richard III, présenté sur la scene du Grand T, j’ai participé a l’accueil et aux inscriptions des groupes étudiants qui iraient découvrir ce dispositif.
• Repetitions publiques : Gus, gentil Minou
L’artiste associé au Grand T, Sébastien Barrier, a effectué une résidence de création a la chapelle du Grand T pour la création de son nouveau spectacle jeune public Gus, gentil minou. Durant cette période de résidence des classes de primaire et college venaient assister aux répétitions, a la création. Je me suis occupée de l’accueil de plusieurs de ces groupes ainsi que de l’animation de la discussion entre Sébastien Barrier et les éleves a l’issu du temps de répétition.
• Dispositif T au Theâtre !
Dans le cadre du dispositif T au Théâtre, j’ai été amenée a animer des visites techniques du Grand T (accueillir au classe, présenter le Grand T et les accompagner dans la découverte de trois métiers techniques : son, lumiere et plateau, présentés par des techniciens du Grand T). J’ai également accompagné a plusieurs reprises l’équipe artistique du Monstre du Couloir mis en scene par Philippe Baronnet, spectacle inscrit dans le dispositif « T au Théâtre ! Loire-Atlantique », dans les établissements scolaires pour qu’ils rencontrent les éleves avant et/ou apres les représentations.
L’EAC au Grand T : Une histoire de liens, des partenariats entre différents acteurs et des objectifs diversifiés
Comme nous avons pu le voir précédemment, l’Éducation Artistique et Culturelle réunit historiquement, des sa création, plusieurs acteurs. Nous retrouvons ainsi naturellement ces différents acteurs impliqués dans les parcours d’EAC mis en place par le Grand T dans le territoire. Ils n’agissent pas au même niveau et possedent ainsi au-dela des objectifs nationaux de l’EAC fixés par le Haut Conseil de l’éducation artistique, des objectifs et enjeux qui leur sont propres.
Collectivités territoriales (État, Région, Département, Ville): des enjeux politiques et économiques
Le Grand T est comme nous l’avons vu précédemment, un EPCC, il est a ce titre subventionné par différentes collectivités territoriales qui deviennent ainsi dans un premier temps des partenaires financiers de l’EAC au Grand T. On retrouve une implication de la Direction de la culture de la Ville de Nantes, de la Région Pays de la Loire, du Ministere de la culture via la DRAC Pays de la Loire, et du département de Loire-Atlantique via le plan Grandir avec la culture qui est le principal subventionneur de ce théâtre départemental. Ces collectivités répondent par le soutien financier des PEAC a une directive ministériel. On retrouve ainsi de façon inhérente des enjeux politiques. L’EAC est aujourd’hui soutenu par l’ensemble des partis politiques, même si des divergences peuvent apparaître en termes de budgets alloués a la culture, tous encouragent la perspective d’une généralisation de l’art a l’école et en font une priorité nationale. Nous pouvons ainsi nous demander d’où vient cet engouement, quels sont véritablement les enjeux politiques de l’éducation artistique ?
Jean-Gabriel Carasso lors de son intervention au Forum du Regard Pessac en mars 2007, sur Les enjeux politiques de l’éducation artistique 20 met en lumiere quelques unes des principales raisons.
D’une part, il s’agirait d’une question de génération. L’EAC s’est développé tardivement comme nous avons pu le voir. La génération des élus politiques actuels a été l’une des premieres a pouvoir vivre ces expériences artistiques étant jeunes (classe artistique, pratique a l’école, projets artistiques…) ils peuvent ainsi défendre quelque chose qui pour eux est de l’ordre du réel, qu’ils ont connu. Ils ont ainsi pu se rendre compte par eux-mêmes de ce que ces expériences peuvent apporter a l’individu, c’est pourquoi ils veulent davantage les défendre.
La seconde raison avancée par Jean-Gabriel Carasso est celle de l’état des politiques culturelles aujourd’hui, du bouleversement de ce secteur : « Stagnation des publics, difficultés d’élargissement social, explosion de l’offre artistique, diversité des formes, métissages des arts, nouvelles technologies, multiplication des festivals, développement du numérique… mais aussi décentralisation, prise en charge croissante des questions culturelles par les collectivités territoriales, nécessité d’évaluation toujours repoussées, incertitudes sur le rôle de l’Etat… ». Pour sortir de cet état, il leur semble nécessaire de passer par l’école, de sensibiliser des le plus jeune âge pour que les prochaines générations soient mieux formées et davantage touchées et investies dans l’offre culturelle. De plus, se servir de l’école pour sensibiliser a l’art, permet en plus de sensibiliser les éleves, de sensibiliser également les enseignants qui sont formés pour les accompagner dans ces parcours artistiques, voire même impliquer les parents… Nous pouvons ainsi dire que cet enjeu politique avancé par Jean-Gabriel Carosso, rejoint également un enjeu économique : élargir ou récréer un public pour la culture, permettrait aussi d’augmenter la consommation culturelle.
Selon l’auteur , pour les politiques, encourager l’EAC possede également un enjeu social. Actuellement, les questions sur le lien social, le vivre ensemble et l’intégration, sont omniprésentes et inhérentes a un certain climat social. Une partie importante de la jeunesse se trouve actuellement « en marge d’une vie sociale « normale », aux prises avec les difficultés cumulées, de l’urbanisme, de la précarité, de la langue, de l’échec scolaire, du consumérisme exacerbé, du chômage, de la violence… ». L’éducation artistique et culturelle aurait ainsi également pour objectif de rétablir une paix sociale, un retour au dialogue, a la civilité pour ces jeunes. Une façon finalement pour l’Etat et les collectivités de canaliser cette jeunesse en les encourageant a s’exprimer d’une autre maniere et en favorisant l’intégration sociale.
Education nationale (rectorat, DAAC, COMETE, Direction diocésaine) : des enjeux pédagogiques
Le Grand T dans le cadre des PEAC, travaille également bien sûr en étroite collaboration avec le ministere de l’Éducation Nationale via le Rectorat et plus particulierement la Délégation Académique a l’Action culturelle (DAAC21), un service spécifique du Rectorat. La DAAC a pour objectif le développement des projets d’action culturelle des établissements scolaires, elle a donc naturellement un rôle important dans la mise en place du PEAC. La DAAC possede un réseau de coordonnateurs académiques et départementaux, ainsi que des professeurs chargés de mission dans les institutions culturelles de la région, cela représente environ 80 personnes. Le Grand T travaille ainsi dans l’élaboration des parcours EAC en lien direct avec les coordinatrices académiques et départementales théâtre a travers des échanges réguliers, des réunions et des actions de terrain.
Ces coordinatrices interviennent également aupres des enseignants mobilisés dans les projets, pour les accompagner et les former. Les enseignants et par conséquent les établissements scolaires sont également des partenaires privilégiés qui participent a l’élaboration des projets EAC. Le Grand T est aussi en partenariat avec la Direction diocésaine de l’enseignement catholique 44 car le département Loire-Atlantique accueille de nombreux établissements privés du secondaire, réunissant a Nantes autant d’éleves que les établissements publics.22
Enfin, l’Association Théâtre Comete 44 est aussi tres impliquée dans les actions d’EAC portées par le Grand T. Cette association citée précédemment, a été créée en 1987 et cherche a informer et former ceux qui souhaitent mener des projets théâtre en milieu scolaire. Comete est également a l’initiative des Rencontres Théâtrales, des journées programmées dans différents lieux du département et qui permettent aux éleves qui suivent des cours de théâtre a l’école de venir présenter leurs travaux devant les autres éleves, ainsi que suivre des ateliers. Cette association est composée d’enseignants et d’artistes.
Ces différentes partenaires, possedent des connaissances/compétences artistiques et tendent ainsi a des objectifs artistiques. Cependant ils restent cadrés par l’Éducation Nationale, ainsi les enjeux portés sont aussi et surtout éducatifs et pédagogiques. Nous reviendrons plus tard sur les enjeux éducatifs variés pour les éleves qui suivent des PEAC, pour ici nous intéresser davantage a un enjeu éducatif plus global pour ces acteurs qui serait celui de l’enjeu de l’art pour le systeme éducatif français. Le systeme éducatif français est en perpétuel changement, il subit le joug des décisions politiques, des réformes, de certaines visions plus ou moins réactionnaires. Il a également du mal a s’adapter aux évolutions technologiques, télévisuelles, culturelles (diversité), a la paupérisation de certaines catégories sociales, a certaines influences religieuses… C’est pourquoi la culture et l’art pour le systeme éducatif peuvent apparaître comme de nouveaux éléments structurants pour une rénovation ou une refondation d’une école en crise, grâce a l’art. Le fait de proposer des PEAC pourrait permettre une réappropriation de l’école pour les éleves et les enseignants. Un enjeu important qui a été intégré par le biais de l’insertion de la dimension artistique et culturelle dans le « socle commun des connaissances » du ministere de l’éducation nationale.
Compagnies ou artistes intervenants : enjeux artistiques et éducatifs ?
Les spectacles jeunes public ont toujours existé, cependant depuis quelques années, ils inondent la scene contemporaine française. Un des éléments déclencheur a été celui de La Belle Saison avec l’enfance et la jeunesse, initié par le Ministere de la Culture et de la Communication durant la saison 2014-2015. La Belle saison proposait une série de manifestations pour découvrir la création contemporaine pour l’enfance et la jeunesse a l’échelle nationale et pour amener des temps de réflexion entre professionnels, artistes et penser a l’avenir du secteur. À ce titre, l’Etat et les collectivités, en mettant sous le feu des projecteurs la scene de la jeunesse, proposaient un accompagnement des artistes avec des moyens financiers mis en ce sens (production, diffusion, création de réseaux et mutualisation). Le secteur du jeune public était déja riche d’une vitalité artistique avec une hybridation des formes et d’une structuration de plus en plus importante de la profession. Cet élan ministériel fait également écho aux politiques culturelles que nous avons déja évoquées précédemment qui encourage l’éducation artistique et culturelle. Créer des spectacles jeune public, c’est participer au grand projet pour l’éducation artistique et culturelle en milieu scolaire, avec des spectacles adaptées, qui possedent souvent au-dela de la valeur artistique, une valeur éducative et citoyenne pour ces jeunes éleves. L’art et les artistes, quelques soient leurs disciplines sont mobilisés au profit de l’éducation, avec une préoccupation pédagogique. La Belle Saison a finalement était pensé au service de l’EAC.
C’est pourquoi, a juste titre, la scene jeunesse attire de plus en plus d’artistes, car elle répond aussi a une demande politique, sociale et culturelle. Faire un spectacle jeune public pour un artiste est également un moyen de tourner plus facilement. En effet, il est souvent moins onéreux qu’un spectacle tout public car il répond a un format bien spécifique : peu de comédien(ne)s, une durée d’1h environ, une mise en scene (décor, éclairage, son, costume) peu imposante ou en tout cas facilement transportable.
Cependant, cet attrait des compagnies pour le jeune public pose question. En effet, toutes les propositions jeunes public ne sont pas de qualité, il s’agit d’une maniere de créer spécifique, qui demande également de penser les enjeux d’éducation artistique et culturelle pour les jeunes spectateurs. L’apport éducatif des artistes créant pour le jeune public est totalement tributaire de la démarche artistique elle-même. Ces spectacles doivent être adaptés, créés et pensés pour le public auxquels ils s’adressent. Parallelement proposer un spectacle jeune public demande aussi une implication de l’artiste au-dela de la présentation de son œuvre. Dans ce soucis d’EAC, il est presque toujours demandé aux artistes de penser en lien avec la structure productrice ou non, la médiation autour du spectacle : dossier pédagogique, bord de scene, voire projet sur le long terme avec les éleves (résidence dans les établissements, ateliers de pratique…). Ainsi faire du jeune public demande également une certaine pédagogie de la part de l’équipe artistique, car l’oeuvre au-dela d’une œuvre artistique devient une œuvre éducative.
Un artiste, même reconnu, ne peut ainsi pas être certain de proposer une création jeune public de qualité aux vues des nombreux enjeux de celle-ci.
Les artistes proposant des œuvres jeunes public tendent ainsi vers des enjeux mêlés. Pour être certain d’atteindre avec leur piece, l’enjeu pédagogique inhérent a la création jeune public, il est nécessaire d’être attentif aux réactions des spectateurs, plus encore que lors de la diffusion d’un spectacle tout public. Ainsi les éleves deviennent également acteurs dans cette création par la réception qu’ils font de l’oeuvre. La démarche artistique jeune public se nourrit du public avec des retentissements jusque dans le travail de création. Une confrontation apparaît ici, celle entre « l’art au service de… » et « l’art pour l’art ». L’artiste, même s’il doit se montrer pédagogue, doit garder son statut d’artiste pour ne pas passer du côté du résultat, d’une demande qu’on lui fait, au risque de perdre le sens même de ces interventions artistiques.
Le Grand T en partenariat avec ces différents acteurs dans le cadre de sa proposition d’actions d’éducation artistique et culturelle, se trouve a la frontiere de ces différents enjeux : politiques, économiques, éducatifs, culturels et artistiques. Comprendre ces différents enjeux est essentiel pour la suite de notre étude, car pour comprendre ce que l’art apporte au college, il nous faudra analyser l’ensemble de ces enjeux pour les confronter aux résultats effectifs.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. L’ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE EN LOIRE-ATLANTIQUE : UN AXE PRIORITAIRE
A) L’Éducation Artistique et Culturelle : d’une directive ministérielle a la mise en pratique par les collectivités territoriales
B) LE GRAND T, Théâtre de Loire-Atlantique, porteur de projets EAC
C) Le PEAC « T au Théâtre ! » : composition du terrain d’étude
II. FAMILLE, COLLÈGE ET EXPÉRIENCE ARTISTIQUE : UN BOULEVERSEMENT DES VALEURS ET DES NORMES ?
A) Les valeurs et normes familiales des éleves interrogés
B) La norme scolaire
III. LES ENJEUX DE L’EAC CONFRONTÉS À LA RÉALITÉ DU TERRAIN
A) Ce que l’EAC apporte aux éleves : enjeux et résultats
B) Ce que l’EAC apporte aux adultes participants : enjeux et résultats
CONCLUSION
SOURCES DOCUMENTAIRES
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